L'histoire
Elles sont 12 femmes, noires, qui vivent en Angleterre. De toutes les générations confondues, elles ont chacune une histoire personnelle à raconter. Elles sont reliées par des liens d'amitiés ou de famille, ou de rencontres. Elles sont en lutte pour leur liberté, pour trouver un but à leur vie. Elles sont très riches ou très pauvres, elles ont subi des violences racistes. Mais elles sont liées par un même lien : s'en sortir !
Mon avis
Voilà un roman original, sans ponctuation, mais tout à fait lisible, qui va vous entraîner dans la vie de 12 femmes noires, soit venues en Grande Bretagne (à Londres essentiellement) soit nées dans ce pays.
Elles revendiquent leur double liberté : celles d'être femmes, celles d'être noires. La plus âgée à 93 ans et la plus jeune 17, et les réalités sont différentes. Certaines sont nées sous la bonne fortune de l'argent, d'autres moins chanceuses ont subi des viols ou des brimades racistes. Autour d'Amma, autrice de pièce de théâtre, lesbienne assumée mais ayant quand même eu une fille avec un homme gay et ami, elle motive ses amies, pour toujours lutter contre leurs doubles libertés : féministe et exclusion raciales. Beaucoup sont lesbiennes, mais d'autres ont des petits amis. Certaines ont abandonné le foyer en raison d'un mari violent ou alcoolique et par un système d'entraide, elles sont hébergées chez les unes ou les autres. Car toutes ses femmes sont reliées par des liens amicaux ou familiaux ou de rencontres amicales ou amoureuses.
Ici, on dit les choses comme on le pense. Arrivés récemment au Royaume Uni ou pas. A l'intersection de cette caractéristique, ils sont majoritairement femmes. Et subissent les violences symboliques ou physiques qu’entraîne ce sexe. Ils sont quelques-uns à venir de quartiers populaires, à lutter pour récupérer le capital culturel qui leur faisait défaut en naissant là. Nés aux Antilles ou à la Barbade, en Écosse de parents noirs, expatriés en Amérique ou en venant tout juste. Mais ils sont aussi propriétaire terrier, entrepreneur, érudit, directeur de banque. Bref, ça foisonne et rien ne semble pouvoir contenir le flot puissant de ces volontés, de ces identités qui ne se réduisent jamais aux assignations que l'on plaque sur elles.
Sans la focale d'un
personnage principal sagement identifié, sans le recours à des
péripéties bien calibrées, sans unité spatio-temporelle, il
fallait une sacrée armature à ce roman pour que, de force
majestueuse, il ne se transforme pas en chaos illisible. Et
l'armature, elle est là. le travail de fond est colossal.
L'enchaînement des chapitres ne souffre quasi aucune longueur. Les
personnages sont discrètement reliés les uns aux autres. Pas à
tous, ç’aurait été détruire l'illusion d'une exhaustive
représentation de ces voix multiples, mais selon deux ou trois
nébuleuses qui cadrent l'attention du lecteur.
Et puis
surtout, il y a une énergie, une dérision, un humour qui traversent
le livre et l'unifient mieux que tout.Ce roman, c'est un rire, rauque
et profond, c'est le triomphe des paroles qu'aucun barrage n'arrête,
qui proclament sa propre puissance à être, magistralement. Un
best-seller déjà en Grande Bretagne et aux États-Unis. Unique,
superbe, un livre aussi émouvant que drôle, à lire absolument.
Extraits
Et n’allez pas croire que l’enfant qu’elle a élevée est du genre à s’affirmer féministe plus tard" Le féminisme c’est tellement grégaire, lui a dit Yazz, franchement, même être une femme c’est dépassé aujourd’hui, à la fac nous avions une activiste non-binaire, Morgan Malenga, qui m’a ouvert les yeux, je pense que nous serons tous non-binaires à l’avenir, ni males ni femelles, qui sont d’ailleurs des prestations sexo-spécifistes, ce qui signifie que ta politique « féminine », m’man, deviendra obsolète, et tant que j’y suis, que je te dise, je suis humanitaire, ce qui se situe à un niveau beaucoup plus élevé que le féminisme. As-tu une idée de ce que ça signifie ?
je dis toujours à Mum qu’elle a épousé un patriarche. regarde les choses autrement, Amma, me répond-elle, ton père est né homme au Ghana dans les années 1920 et toi femme à Londres dans les années 1960. et alors ? tu ne peux pas attendre de lui qu’il « te pige » comme tu dis. je lui répète qu’elle fait l’apologie du patriarcat et se rend complice d’un système qui oppresse les femmes.elle répond que les êtres humains sont complexes. je lui dis de ne pas le prendre de haut
quand elle quitteront l'université avec une énorme dette sur le dos et la perspective de la course délirante aux boulots, et le prix scandaleux des loyers qui signifie que leur génération devra retourner habiter chez ses parents pour l'éternité, ce qui les poussera à désespérer encore plus de l'avenir sans compter la merde de cette planète avec le Royaume-Uni qui va se séparer de l'Europe qui elle-même dévale la voie de la réaction et redonne du lustre au fascisme et tout ça est si cinglé que l'ignoble milliardaire éternellement bronzé a tellement abaissé le niveau intellectuel et moral en devenant président des Américains et fondamentalement tout ça veut dire que l'ancienne génération TOUT DETRUIT et que la nôtre est condamnée, à moins qu'on arrache aux aînés leur autorité intellectuelle. Le plus tôt sera le mieux.
Mum travaillait huit heures par jour comme salariée, a élevé quatre enfants, tenu son foyer, veillant à ce que le diner du patriarche soit sur la table tous les soirs et ses chemises repassées tous les matins. Pendant ce temps il était dehors en train de sauver le monde, et sa seule tâche ménagère consistant à acheter la viande du déjeuner du dimanche chez le boucher - variation banlieusarde du chasseur-cueilleur.
L'enfant qui quitta l'appartement en larmes ce matin-là, remerciant Mama de s'être remise à lui parler parce que, dit-elle, quand ta propre mère veut faire croire que tu n'existes plus, c'est comme si tu étais morte.
le feminisme a besoin de plaques tectoniques pour changer, pas d'un relooking branché
une fille blanche qui marche à côté d'une fille noire passe toujours pour aimer les hommes noirs
elle court pour vivre parce que rester plantée c’est commencer à glisser le long de la pente qui mène à l’échec, à l’inertie, à l’apitoiement sur soi, cet épisode de son existence qui s’immisce toujours dans sa mémoire quand elle s’y attend le moins
ces temps-ci elle est une joueuse d’orchestre enthousiaste au milieu de la cacophonie de la gare la plus animée de Londres, que foulent près de cent cinquante millions de paires de pieds chaque année, convergence de banlieusards génétiquement identiques à 99,9 %, peu importe l’emballage extérieur, peu importe leur câblage psychique – que les fils soient tordus, enchevêtrés, raccourcis. Tous ces gens si posés, si équilibrés et maîtres d’eux-mêmes, préparés à assumer publiquement leur rôle de membres raisonnables de la société en ce lundi matin où tous les drames sont intériorisés
Roxanne Gay, répondit Courtney, nous a mis en garde contre l’idée d’« une vie de privilèges » et a écrit dans Bad Feminist que les privilèges sont relatifs et contextuels, et je suis d’accord, Yazz, finalement à quoi ça rime ? Est-ce qu’Obama est moins privilégié qu’un péquenaud blanc élevé dans une caravane avec une mère junkie célibataire et un père taulard récidiviste ? Est-ce qu’une personne gravement handicapée est plus privilégiée qu’un demandeur d’asile syrien qui a été torturé ? Roxane affirme que nous devons trouver un nouveau discours pour définir l’inégalité. Yazz reste bouche bée, quand Courtney a-t-elle lu Roxane Gay – qui est ab-so-lu-ment stupéfiante ? Est-on en présence d’une étudiante plus maligne que le professeur ? #filleblancheéclipsefillenoire
On a tous une âme soeur dans ce monde
she's the one who's made it, not her older brothers
who didn't have to do any housework or even wash their own clothes, whereas she had to spend her Saturdays mornings doing both
who were given first helpings at meals they never had to cook, and extra portions because they were growing lads, including mega-helpings of the most desirable desserts who weren't punished for speaking their mind, whereas she was sent to her room at the slightest sign of insurrection, keep your thoughts to yourself, ShirlGotcha, so here goes: women are designed to have babies, not to play with dolls, and why shouldn’t women sit with their legs wide open (if they’re wearing trousers, obv) and what does mannish or manly mean anyway? walking with long strides? being assertive? taking charge? wearing ‘male’ clothes? not wearing make-up? unshaved legs? shaved head (lol), drinking pints instead of wine? preferring football to online make-up tutorials (yawn), and traditionally men wear make-up and skirts in parts of the world so why not in ours without being accused of being ‘effeminate’? what does effeminate actually mean when you break it down?
it's easy to forget that England is made up of many Englands
Megan was part Ethiopian, part African-American, part Malawian, and part English which felt weird when you broke it down like that because essentially she was just a complete human being
Biographie
Professeur
d'écriture créative à l'Université Brunel de Londres et
écrivaine, née en 1989 à Londres, d'une mère anglaise et d'un
père nigérian.
Quatrième de huit frères et soeurs, elle a été
élevée à Woolwich, dans le sud de Londres, et a suivi une
formation d'actrice. Elle a travaillé dans le théâtre. Elle est
l'auteur de deux romans en vers appréciés par la critique: Lara
(1997), qui retrace les racines d'une famille métisse
anglo-nigériane-brésilienne-irlandaise de plus de 150 ans, trois
continents et sept générations; et The Emperor's Babe (2001),
l'histoire tragi-comique révolutionnaire de Zuleika, une fille de
parents soudanais, qui a grandi à Londres il y a 1800 ans et qui
entretient une liaison avec l'empereur romain Septimius Severus. Son
roman, Soul Tourists (2005), parle d'un voyage en voiture en Europe
mettant en vedette un couple mal assorti, Stanley et Jessie, avec des
apparitions de fantômes de couleurs de l'histoire européenne, tels
que Pushkin, Alessandro de Medici et Mary Seacole. Son roman Blonde
Roots a été publié en 2008 et en 2010, elle a écrit le roman
Quick Reads, Hello Mum. Son dernier roman, M. Loverman (2014), parle
d'un homme londonien des Caraïbes âgé de 74 ans, homosexuel
caché.
Bernardine a également écrit pour le théâtre, la
radio, la presse écrite et pour une collaboration multimédia.
Cityscapes avec le saxophoniste Andy Sheppard et la pianiste Joanna
MacGregor pour le festival de la ville de Londres en 2003.
Depuis
1997, elle a effectué plus de 50 tournées internationales, allant
de lectures d'une nuit à des séjours d'enseignement de trois mois.
Elle a été professeur invité au Barnard College / Columbia
University à New York, écrivain en résidence à l'université de
Western Cape, au Cap, et écrivain associée à l'université d'East
Anglia. Elle a également représenté la Grande-Bretagne auprès du
romancier Glenn Patterson à Literaturexpress Europa 2000, qui a
amené 105 écrivains européens dans 11 pays européens pendant six
semaines en train, voyageant du Portugal à Berlin en passant par la
Belgique, les pays baltes et la Russie. Elle est membre de la Royal
Society of Literature et de la Royal Society of Arts et a reçu un
MBE en 2009.
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