vendredi 22 décembre 2023

Guillaume COQUERY – Oskal – M+ Editions 2020

 

L'histoire

Une artiste de cirque est retrouvée morte dans un village près de Saint-Gaudens (Ville de Haute-Garonne). Le jeune capitaine Damien Sergent qui vient de monter une brigade de police judiciaire est chargé de l'enquête. Mais très vite il fait le rapprochement avec un autre féminicide jamais élucidé en 2010 à Besançon. Avec l'aval de la procureure de sa ville, lui et son équipe se déplacent à Besançon et au fil des investigations, d'autres femmes tuées dans des circonstances horribles apparaissent...


Mon avis

Dans la littérature polar pur jus, voici l'arrivée de Guillaume Coquery qui publiait en 2020 le premier volet d’une trilogie. Avec un nouveau héros, le capitaine Sergent et une fine équipe qui englobe un vétéran de la police, une jeune femme musclée et un petit génie de l'informatique.

Du sud-ouest au Doubs, voici une énigme facile à lire, avec un style bien à lui, genre « langage de flics », qui apporte un peu de légèreté dans une intrigue à rebondissements, entre le passé et le présent, mais tout est bien identifié en tête de chapitres.

Coquery n'a pas une vocation a écrire autre chose que du bon polar, bien ficelé et dont la fin amorce forcément une suite. Certes ses héros se plaignent du manque de moyens humains et financiers pour une petite brigade de PJ (police judiciaire, chargée des assassinats, crimes, meurtres), que cela soit dans une petite ville de province ou dans une plus grande métropole.

Et puis il y a les implications et les magouilles entre des policiers ripoux et l'élite de la ville, qui se tiennent par chantage entre eux. A cela s'ajoute les personnalités contraires d'Irina, la danseuse du cirque, qui après une phase de perte totale (drogue, sexe, psychotropes) est redevenue une personne clean, amoureuse et enceinte de 3 mois lors du drame. Sa sœur aînée Anka vit à Besançon d'où est originaire cette famille d'émigrés russes, une femme maniaque, un peu revêche et qui ne semble pas trop aimer sa cadette à laquelle elle reproche la mort en couches de la mère lors de l'arrivée de la petite dernière.

L'enquête se complique car les femmes assassinées n'ont pas été violées sauf une, et les enquêteurs ne comprennent pas (tout comme le lecteur dans ce premier opus) ce qui motive le tueur.

Si cela se lit facilement, ce roman ne restera pas dans les mémoires. D'une part parce qu'il marche déjà dans les pas d'auteurs connus, parce que le style n'est pas aussi affirmé qu'il n'y paraît, (on pense à Benoît Philippon et son style unique et hilarant), d'autre part on aimerait, que ces enquêteurs ne fassent pas si clichés, chacun ayant son histoire, ses traumatismes, ses doutes, même si l'équipe reste totalement soudée.

Même si les critiques littéraires se sont emballés face à ce nouveau venu, on est bien loin d'un Franck Thilliez (qui caracole toujours en tête des ventes, mais qui sait se renouveler à chaque polar).

Donc une lecture facile qui vous fera passer 2 ou 3 bonnes soirées, les plus curieux iront lire les suites avec « Putain de karma » et « Karma » chez le même éditeur.




Extraits

  • Où est le problème, bon sang ? – Vous vous souvenez, lorsque les colis piégés étaient arrivés à la préfecture ? On avait prélevé l’ADN de tout le personnel préfectoral, pour pouvoir isoler l’empreinte génétique du terroriste ? C’est dans ce fichier que l’on a trouvé une correspondance. – Vous voulez dire que l’auteur de l’enlèvement de cette bonne femme est parent avec un de mes employés ? – C’est tout à fait ça, monsieur le préfet. – Qui donc ? – Euh, c’est un peu embarrassant, comme ça…– Dépêchez-vous de balancer le morceau, triple idiot. – Vous ! Monsieur le préfet !

  • L’homme ne dit rien. Jarier n’osait intervenir... Au bout d’un long moment, le haut fonctionnaire reprit la parole. Toute animosité avait disparu. Il se recentra sur l’essentiel, le seul sujet digne d’intérêt... lui ! – Écoutez-moi bien, Jarier, je n’ai plus que mon fils, et je suis sûr… non, je suis certain qu’il n’est pour rien dans cette affaire. Vous allez vous débrouiller comme vous voulez, mais vous me faites supprimer de votre foutu fichier. Je n’y suis pas et je n’y ai jamais été... Me suis-je bien fait comprendre ?

  • Son aïeul, Alexandre Kourakine, était un homme politique célèbre dont Tolstoï parlait dans Guerre et Paix. Vous l’avez lu peut-être ? - Oh, moi, vous savez, sorti de Norek … - Ah, je ne connais pas Norek, je pense que c’est polonais c’est un classique ? - Non, c’est un ancien flic.

  • Damien, regardait son fils avec une bienveillance émue, souhaitant que le petit conserve son pouvoir d’émerveillement : « J’espère que tu vas garder cette innocence longtemps, petit Tom », se murmura-t-il à lui-même, « Tu as tout le temps de voir le monde tel qu’il est vraiment ».
    Enfin, le Mr Loyal fit l’ouverture de la piste, porté par les cuivres et les tambours. La célèbre fanfare de Jean Laporte, « l’entrée des gladiateurs » résonna. Quand on entend cet air, on sait que le spectacle va commencer. Cette musique, c’est l’ADN du cirque.

  • Le cimetière fut atteint le premier par la vague. Il était juste sous les pieds des habitants de Garnin, une quinzaine de mètres en contrebas. Leur nécropole, de dimension relativement modeste, formait un gros carré d’environ cinquante mètres de côtés. Le mur sud, parallèle à la Vigonne, était bâti au point le plus bas alors que le mur nord culminait trois mètres plus haut. Les tombes se trouvaient donc implantées à flanc de montagne et un chemin en lacets permettait de passer devant toutes les sépultures. Un peu comme chez Ikea, plaisantait la jeunesse de Garnin. Le mur coté est, fut frappé de plein fouet par la furie liquide, l’eau passant par-dessus. Quelques instants plus tard, la moitié du carré était submergée par un flot agité comme une casserole d’eau sur un feu trop vif. Ce mur, contre toute attente, tint le coup. Côté aval, au milieu du mur ouest, il y avait le portail d’entrée, monumental, en fer forgé, encadré de deux cyprès de haute taille.

  • Pour me faire pardonner, je peux vous déposer chez vous ? – D’accord, mais cesse de martyriser le français. Quand tu poses une question, tu commences par le mode interrogatif : « Puis-je vous déposer chez vous, ou bien encore, voulez-vous que je vous dépose chez vous ? » Et gare à toi si tu essaies de me kidnapper. Elle désigna sa canne : je suis armée et je sais m’en servir.

  • Le haut fonctionnaire n’était pas né de la dernière pluie, si le flic lui téléphonait, ce n’était pas pour rien. S’il entamait la conversation, en lui disant que lui, préfet de la République, avait un problème commun avec cet idiot, c’est qu’il y avait bien quelque chose. Il serait désagréable un peu plus tard, voilà tout. – La joggeuse qui a disparu il y a deux semaines, Séverine Bonaud… Le commandant Jarier marqua une pause, pensant être interrompu, il n’attendit pas trop longtemps. Il ne fallait pas lui laisser trop d’ouvertures. – Comme vous le savez sans doute, on a trouvé une trace de sang sur un arbre, à l’endroit où elle est montée dans le 4x4. – Non, je l’ignorais. C’est le parquet qui suit ce genre d’affaires, je ne m’intéresse pas à ces histoires. – Vous devriez, monsieur le préfet, L’ADN a été décodé, j’ai reçu cet après-midi les résultats, il s’agit d’un homme. Il est inconnu du FNAEG.– Et alors, en quoi cela me concerne ?




Biographie

Guillaume Coquery est technicien, concepteur de machines. Il travaille dans une PME de Saint-Gaudens. Primé dans plusieurs concours de nouvelles, avec "Oskal" (2020) il signe le premier opus d'une trilogie.

Voir ici : https://www.youtube.com/watch?v=XdRqFPpVleg





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