lundi 28 octobre 2024

Jonas Jonasson – Douce, douce vengeance – Presses de la Cité - 2021

 

 

L'histoire

Victor Akderheim est un sale type. Non seulement il adhère à des idées fascistes, mais il se débrouille pour épouser la jeune Jenny, fils du Galeriste qui l'a adopté comme le fils qu'il n'a pas eu, la ruine et l'isole dans un studio en lointaine périphérie de Stockholm n après avoir tenté d'assassiner son fils Kevin, noir de peau, en le lâchant en pleine savane. Mais c'est sans compter sur la société d'Hugo « La vengeance est douce SA » qui, tout en restant dans les voies de la légalité se charge de réparer quelques petits conflits (mésentente entre voisins, épouses bafouées etc). Ce qui est très lucratif car Hugo adore l'argent. Quand 2 clients fauchés, Kevin et Jenny justement arrive.... la douce vengeance sera terrible.


Mon avis

Lire un Jona Jonasson est un régal. Tel un inventaire à la Prévert, il réussit à réunir : un marchand d'art ignare et horrible, un gérant de société aimant l'argent, une jeune ingénue et son ami Kevin, fils rejeté mais sauvé, ainsi qu'un petit village massai perdu au Kenya dont le Chamane Ole Mbatian adopte Kevin comme son fils, un enquêteur de la police suédoise qui a du mal à démêler le vrai du faux et la peintre célèbre sud-africaine Irma Stern.

Avec un rebondissement par page au moins, des purs moments de cet humour absurde qui est sa marque de fabrique, l'auteur suédois se surpasse dans un polar réjouissant.

Mais au-delà des apparences, l'auteur règle quelques comptes avec le coté sombre d'une société suédoise où les idées nauséabondes survivent et infusent discrètement dans la société, mais aussi l'absence de développement de l'Afrique, ici le Kenya reculé où la médecine sérieuse manque et que les remèdes traditionnaux n'arrivent pas toujours à soigner.

Les personnages sont particulièrement haut en couleurs, mais sans tomber dans le cliché et l'écriture fluide et amusante de Jonasson prouve qu'à 61 ans, il en a encore sous le coude. Il rend aussi hommage à une peintre peu connue du public français Irma Stern (1894 – 1966) qui en tant que juive fuira l’Allemagne nazie pour se réfugier au Cap en Afrique du Sud. Plusieurs expositions lui seront consacrées au Cap

Bref un polar joyeux, qui se lit tout seul tant il est addictif !


Extraits

  • À Londres, certains commençaient à dire tout haut qu’ils ne trouvaient pas normal que l’empire s’empare de territoires à l’autre bout du monde et réduise quasiment en esclavage leurs occupants. Selon d’autres, cet engouement pour les nègres n’était qu’une forme de communisme primaire, mais le débat s’enracina dans l’opinion populaire. Un jour, les Britanniques furent contraints de laisser les Kényans se débrouiller tout seuls. Le 12 décembre 1963, le pays - Mombasa incluse – retrouva son indépendance.

  • Ah, le grand homme médecine au couteau émoussé. Tu es venu couper ce qui tient encore ?Vingt ans après il boudait toujours. -Non pour te demander d'être mon chauffeur en échange d'une vache. Pareil paiement en nature ne se refusait pas quand on travaillait dans une station service. -Où veux-tu aller ? - En Suède.Hector vit la vache s'envoler.-Connais pas. Ca risque d'être de l'autre côté du lac, encore plus loin que le Kilimandjaro.

  • Jusqu'à très récemment, il dirigeait une entreprise fondée sur une idée brillante : convertir en espèces sonnantes et trébuchantes le désir des gens de se nuire mutuellement. Cent pour cent d'entre subissaient une injustice à un moment ou un autre. Cinquante pour cent souhaitaient obtenir réparation. Dix pour cent avaient les moyens de payer. Si seulement 1 % sautait le pas, La Vengeance est douce SA aurait des perspectives d'avenir plus que douces.

  • Curieux, le conseiller décida de commencer par le jeune homme. Il cherchait donc un emploi de guerrier massaï ? Nul besoin de consulter la base de données pour répondre que l’offre était limitée. Pouvait-il envisager autre chose ? Chauffeur de taxi par exemple ?

  • La Bible avait une tendance, assez pratique, à se contredire souvent. Il suffisait de choisir le passage qui nous arrangeait le plus pour une situation donnée.

  • Il convoqua la directrice artistique et déplora que l'exposition manque de masques africains. Il suggéra que les femmes du chef en produisent dans une hutte à l'abri des regards. En les enfouissant dans la terre et en les arrosant d'une eau ferrugineuse, on pouvait les faire vieillir de 200 ans en une semaine.

  • La tendance actuelle était aux opiacés. Hugo avait lu qu'ils faisaient des ravages aux Etats-Unis. Le corps médical prescrivait des antidouleurs à base d'opioïdes à un rythme jamais vu, encouragé par les laboratoires. L'espérance de vie masculine avait chuté à une vitesse telle que, selon les estimations, si rien n'était fait, il n'y aurait plus d'hommes d'ici trois cent quatre-vingts ans.
    - C'est triste pour les hommes , dit Kevin. - Presque autant pour les femmes, je trouve, ajouta Jenny.

  • Merci, monsieur le policier d'être venu si vite, dit-il en essayant - comme l'exigeait la tradition - de l'embrasser sur les joues et le front.

  • Son professeur de sciences naturelles à Bollmora avait eu l'amabilité de leur parler des animaux sauvages du continent africain. Les plus affamés chassaient la nuit, pendant que les plus féroces dormaient. Quand l'aube arrivait, les rôles s'inversaient.

  • Hugo envisagea également de planter une haie de genévriers à la lisière du terrain de son voisin. Seul inconvénient, il lui faudrait attendre une ou deux décennies avant de savourer sa vengeance, le temps que les genévriers aient suffisamment poussé. Mais alors, la haie serait dense, elle atteindrait jusqu’à 20 mètres. Ces arbres étant sacrément coriaces, ils feraient de l’ombre au voisin et à son potager pendant au moins cinq cents ans.

  • Une épouse ne suffit pas, deux épouses sont un casse-tête.

  • On naissait, on apprenait à manier les armes, on était circoncis, on se mariait, puis on passait sa vie à déplorer cette union.

  • Pour remercier l’homme qui lui avait sauvé la vie, elle avait peint un portrait de sa première épouse sous une ombrelle, et de son fils aîné près d’un ruisseau.

  • Tandis que les politiciens, les médias traditionnels et la télévision nationale sombraient main dans la main au fond du gouffre, les gens se mobilisaient en silence.


    Biographie

Jonas Jonasson est un écrivain et journaliste suédois.
Après des études de suédois et d'espagnol à l'université de Gothenburg, il a longtemps travaillé comme journaliste, consultant dans les médias puis producteur de télévision. Il a travaillé comme journaliste pour le quotidien de Växjö "Smålandsposten" et pour le tabloïd suédois "Expressen" jusqu’en 1994. En 1996, il crée une société de médias, OTW, qui a compté jusqu’à cent employés. Il arrête de travailler en 2003 après deux grosses opérations du dos et du surmenage. Peu après, il vend sa société.

Décidant de commencer une nouvelle vie, il se met à la rédaction d'un manuscrit, vend tout ce qu'il possède en Suède et part s'installer dans un village suisse, près de la frontière italienne, dans le canton du Tessin. En 2007, il achève son premier roman, "Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" ("Hundraåringen som klev ut genom fönstret och försvann"). Il est publié en Suède en 2009. Bestseller international, il a été adapté au cinéma par Felix Herngren, sorti en 2013. L'Analphabète qui savait compter" ("Analfabeten som kunde räkna", 2013), son deuxième roman, traduit en plusieurs langues, a été un best-seller en Suède, en Allemagne et en Suisse. "Douce, douce vengeance" ("Hämnden är ljuv AB", 2020), son cinquième roman, est suivi de "Dernier gueuleton avant la fin du monde" ("Profeten och idioten", 2022).
Depuis 2010, Jonas Jonasson vit avec son fils sur l’île suédoise de Gotland.

site officiel : http://jonasjonasson.com/
En savoir plus : Irma Stern : onas Jonasson est un écrivain et journaliste suédois.

Après des études de suédois et d'espagnol à l'université de Gothenburg, il a longtemps travaillé comme journaliste, consultant dans les médias puis producteur de télévision. Il a travaillé comme journaliste pour le quotidien de Växjö "Smålandsposten" et pour le tabloïd suédois "Expressen" jusqu’en 1994. En 1996, il crée une société de médias, OTW, qui a compté jusqu’à cent employés. Il arrête de travailler en 2003 après deux grosses opérations du dos et du surmenage. Peu après, il vend sa société.

Décidant de commencer une nouvelle vie, il se met à la rédaction d'un manuscrit, vend tout ce qu'il possède en Suède et part s'installer dans un village suisse, près de la frontière italienne, dans le canton du Tessin.

En 2007, il achève son premier roman, "Le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire" ("Hundraåringen som klev ut genom fönstret och försvann"). Il est publié en Suède en 2009. Bestseller international, il a été adapté au cinéma par Felix Herngren, sorti en 2013.

"L'Analphabète qui savait compter" ("Analfabeten som kunde räkna", 2013), son deuxième roman, traduit en plusieurs langues, a été un best-seller en Suède, en Allemagne et en Suisse. "Douce, douce vengeance" ("Hämnden är ljuv AB", 2020), son cinquième roman, est suivi de "Dernier gueuleton avant la fin du monde" ("Profeten och idioten", 2022).
Depuis 2010, Jonas Jonasson vit avec son fils sur l’île suédoise de Gotland.

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