L'histoire
Hilton Wise est le fils
unique de l'avocat devenu milliardaire Artur Wise, spécialisé dans
les dommages et intérêts en cas de catastrophe ferroviaire, d'avion
ou autres. Homme imbu de lui- même, méprisant son entourage, il se
fait construire une incroyable maison du coté de Cape Cod, dans le
Massachusetts. Il hérite aussi d'un « boy », un jeune
homme noir qu'il méprise ouvertement en raison de son origine
ethnique. Nous sommes en 1952, la ségrégation raciale bat son plein
mais il est admis que celle-ci est moins difficile à supporter dans
les états du Nord comme Le New-Jersey et le Massachusetts. Hillie
est méprisé par son père qui le croit incapable et fainéant. Mais
il nous des liens d'amitié polie avec Lem, le boy qui lui présente
sa jeune nièce Savannah une très jolie jeune fille de 16 ans qui
vit dans la précarité. Il tombé immédiatement amoureux de cette
fille pas comme les autres et tente de l'aider maladroitement. Quand
le père est sur le point d'apprendre ce flirt, Hillie pour protéger
la jeune fille raconte qu'il a vu Lem, le boy, lire des documents qui
sont dans la mallette qu'échangent régulièrement Artur et son
associé Robert, ce qui est vrai. Lem est aussitôt arrêté et
envoyé en prison où il est assassiné par un autre prisonnier, ce
que l'on attribue à un règlement de comptes.
Les années passent. Même
si il hérite d'un compte en banque bien fourni par son père, Hillie
préfère travailler comme journaliste s'intéressant aux cas de
violences faites aux noirs. C'est surtout un prétexte pour voyager
et tenter de retrouver Savannah, de se faire pardonner d'elle. Il la
retrouve en effet, mais Savannah est mariée, vit dans l'Iowa,
simplement, ne pardonne pas et repousse Hillie.
Alors Hille accepte
l'argent du père pour le distribuer à des associations d'aide,
épouse sa fiancée Jenny qui lui donne quatre filles. Alors qu'il
approche de la vieillesse, il revoit Savannah, elle aussi malade d'un
cancer, qui lui remet une petite boite ayant appartenu à son oncle
Lem. Un lourd secret familial est alors levé.
Mon
avis
N'est pas Ron Rash ou
Colson Withead qui veut. Cela aurait pu être une très belle
histoire d'amour et de problèmes raciaux, mais des pages en trop qui
concerne l'auteur, le fameux Hillie, sur les 3 périodes marquantes
de sa vie. Sa jeunesse à Bluepoint, dans une maison sans charme,
agrandie et embellie par sa mère, ventée et à la plage peut
praticable car envahie par le rochers, la mer souvent déchaînée.
Hillie est seul, il n' arrive pas à se faire des amis dans ce
coin isolé, il est refoulé de l'école qui l'ennuie, ne s'intéresse
qu'au base-ball. L'amitié qu'il noue avec Lem, le boy noir est
superficielle. Lem est sous-payé, maltraité par le père tout
puissant, il n'a que le dimanche pour se reposer, et encore. C'est
lors d'un de ces jours de congés qu'il emmène Hillie rencontrer son
frère Charles, un homme peu commode, alcoolique qui vit dans un
cabanon sans confort avec sa fille, la jolie Savannah. Dont il tombe
follement amoureux. Il sait très bien que cet amour-là, si il veut
le vivre et épouser Savannah ne sera pas un chemin de tout repos. Au
pire, il devra s'exiler. Il tente de l'aider, mais la jeune fille
refuse la charité et pourtant on sent aussi qu'il y a une attirance
réciproque. Bravant le danger, Savannah vient le voir à Bluepoint,
et ils passent la nuit ensemble, plus à se tenir la main et à
discuter qu'autre chose. Lors d'une soirée trop alcoolisée, Artur
et Robert en viennent à se bagarrer. Le lendemain, Artur demande à
son fils pourquoi celui-ci à sa mallette de travail et insinue qu'il
est au courant pour son amourette avec une fille noire. Acculé,
voulant protéger Savannah, Hillie raconte ce qui s'est passé la
veille, il avait surpris le boy en train de lire des documents dans
la mallette, les avait remis ainsi que la mallette. Sans lire les
documents.
Lem est immédiatement
arrêté pour vol même si on ne trouve rien chez lui, et envoyé en
prison. Quelques mois plus tard, il sera tué par un autre détenu.
Il faut ensuite deux gros
chapitres pour nous décrire la vie d'Hillie, ses retrouvailles
houleuses avec Savannah, 20 ans plus tard, une Savannah qui tient un
commerce, même si son mari combat au Vietnam. Parce qu'il ne reste
pas affirmé dans ses choix, parce qu'il ne sait pas obtenir le
pardon de la femme qu'il a toujours aimé, et aussi parce que sa
petite amie blanche se prétend enceinte, il renonce. Et enfin la
troisième partie où il revoie pour la dernière fois Savannah,
qu'il avait presque finit par oublier, c'est pour recevoir une lettre
contenue dans un coffret ayant appartenu à Lem, qui aurait pu
provoquer un scandale monstrueux, mais que par cet amour infini qu'on
ne sait pas dire, Savannah n'a jamais révélé, même si elle aurait
pu obtenir justice pour son oncle.
420 pages pour raconter
une histoire, avec beaucoup trop de nombrilisme sur la petite
personne d'Hillie, ses mauvais choix, sa haine du père que par
devoir il accepte la vieillesse pénible, la richesse à ne plus
savoir qu'en faire au détriment des sentiments et du courage, voilà
tout ce qui manque pour faire de ce livre une histoire forte,
porteuse de sens. Hillie aussi cède aux pouvoirs de l'argent, lui
qui ne voulait rien de son père. Les thèmes abordés :
racisme, rêve américain, argent, homosexualité, relations au
pouvoir sont effleurés, pas creusés, pas mis en abîme comme
d'autre romanciers le font. On pense par exemple à la Couleur de
L'eau de James Mc Bride qui nous montre le mariage réussi entre une
blanche têtue et volontaire et un homme noir, empli de bonté. Ici
la femme têtue mais au cœur en or est bien cette magnifique
Savannah, qui finalement ne fait que passer entre la vie de ce héros
sans relief. Peut-être était-ce un choix de l'auteur ?
Ce choix là ne me
convient pas, moi qui aime les histoires fortes, les émotions
intenses que peuvent procurer un livre, de l'humour à la tristesse,
de la réflexion sur notre passé commun et notre présent.
Extraits :
La génération
actuelle tient la sentimentalité pour une faiblesse,elle croit que
l'amour manifesté sans une pointe d'ironie n'est que guimauve.
Comme ils se trompent ces jeunes ! Ils ont associé les sentiments à
l'émotion factice que leur communiquent les séries télévisées
et le cinéma , et ils en sont venus à refuser d'exprimer ce qu'ils
ressentent en public ou même en privé, par crainte de manquer de
lucidité, par conviction que la spontanéité sur le terrain est
forcement feinte.
- Tu veux cet argent,
c'est ça ? C'est pour ça que tu en parles ? - Et alors, c'est si
mal de le vouloir ? On ne devient pas forcément mauvais parce qu'on
a de l'argent !Non. Mais avoir autant d'argent amplifie ce qu'il y a
de mauvais chez n'importe qui. - Et la pauvreté, hein ? Ça
amplifie quoi, la pauvreté ?
J'ignorais tout en
revanche de Savannah -avait-elle même gardé son nom ?-, mais elle
restait gravée dans ma mémoire. Elle et elle seule.
Tu aimes toujours ce
que tu as devant toi? Personne ne me reconnaît dans ce que je suis
devenue, mais toi, si?
Et puis ce désir
impossible avait perdu de son attrait. C'est l'un des effets que le
temps a sur nous:il efface la magie, il remplace l'infinité de
l'espoir et de l'attente par une lucidité nécessaire et chèrement
acquise.
Un espace public
plongé dans l'obscurité a toujours tendance à vous ramener à
l'enfance, cette période où tout semble encore neuf et inattendu,
où le catalogue des expériences reste d'une réjouissante
brièveté.
Passer le reste de la
nuit dans la Packard avait été son idée. Je lui ai pourtant dit
que c'était risqué, non seulement parce que mon père nous tuerait
s'il nous découvrait, moi le premier et Savannah ensuite, mais
aussi parce qu'il allait
forcément remarquer mon absence le
lendemain matin. Malgré l'état dans lequel Robert l'avait mis, il
serait aussi vigilant et exigeant qu'à son habitude, j'en était
sür. Elle n'a pas voulu en démordre : il était près de deux
heures, elle était épuisée, moi aussi, et la pespective d'un
trajet jusqu'à Emerson Oaks n'était guère tentante. Une
fillenoire conduisant sans permis au beau milieu de la nuit avait
peu de chances d'éviter un contrôle policier. Quand je lui ai
proposé d'entrer chez nous en cachette, ou même chez Robert, elle
a soutenu qu'il était plus sûr de garer la voiture sous un arbre
et de se reposer jusqu'au lever du jour, après quoi elle rentrerait
toute seule.
In September
1949,driving south from Wisconsin to Alabama,or from Wisconsin to
Missisipi,or from Wisconsin to Georgia....,he'd have been carrying
The Green Book with him.The Negro Motorist Green Book.This would
have told him where he could stay on the road,who'd serve him,where
there were toilets to use...
Biographie
Diplômé de l'Université
de l'Iowa, Stuart Nadler a été distingué par la National Book
Foundation comme l'une des cinq révélations 2012 aux Etats Unis.
Il enseigne la littérature dans le Wisconsin.
En savoir plus :
https://fr.wikipedia.org/wiki/Stuart_Nadler
et site : http://stuartnadler.net/