samedi 30 juillet 2022

Sarah MARQUIS – Sauvage par nature – Poche Pocket

 

L'histoire

Sarah Marquis est une aventurière. Elle marche à travers le Globe, équipée d'une charrette de 50 kilos et d'un sac à dos. Elle a parcouru la planète lors d'expéditions soigneusement préparées. Ici elle relate son parcours de 2010 à 2013, où elle marche 20 000 kilomètres.


Mon avis

Sarah Marquis a choisi la marche, avec un équipement minimal. Pour ce défi, elle va traverser la Mongolie, le désert de Gobi, le Laos, la Thaïlande puis le bush australien en 3 ans. Elle fera 2 tentatives de marche dans le désert du Gobi avant de réussir son pari. Conditions de vie particulièrement difficiles, vent, sécheresse, froid, tempêtes de pluie, elle fera des rencontres très tranquilles et amusantes avec la faune, mais plus difficiles avec les humains. Les hommes mongols qui ne respectent pas les femmes, et encore plus cette étrangère « nez long », mais aussi des amis, des aides solidaires. On imagine la difficulté de cette entreprise et le mental d'acier qu'il faut avoir.

Les récits sont assez brefs (on aurait aimé en savoir plus), mais elle nous livre ses réflexions personnelles, son amour des grands espaces et de la solitude, sa difficulté à se nourrir, étant végétarienne, et la tristesse de voir la civilisation « occidentale » faire des ravages sur la nature (déboisement, feux de brousse, exploitations minières.

Sarah aime la solitude et se fondre dans le paysage. Elle n'est pas anti-sociale, mais dans des coins reculés du globe, on imagine facilement les dangers que peut courir une jeune femme qui marche seule.

Il est regrettable que les cartes ne soient pas plus détaillées. Et Sarah Marquis n'est pas écrivain, mais on ne lit pas ce genre de livre pour la prose et les jolis mots, même si on la sent sincère et avec un joli sens de l'autodérision. Plus pour voyager avec l'auteure et imaginer son environnement. Un livre parfait pour les vacances.



Biographie :

Née en 1972 dans le Jura Suisse, Elle passe sa jeunesse à Montsevelier et se passionne pour les aventures et la vie sauvage. Après avoir essayé le cheval et le canoë, elle choisit la marche à pied sur de longues distances.En 2000 elle effectue sa première longue randonnée en solo du Nord au Sud de l'Ouest des États-Unis (4260 km en 4 mois) en passant par les Montagnes rocheuses et le Désert des Mojaves.

 La traversée des déserts australiens en 2002-2003 en 17 mois et 14000 km est racontée dans son premier livre (L'aventurière des sables, 2004).  

En 2006 elle suit la Cordillère des Andes, du Chili au Machu Picchu (7000 km en 8 mois).

En 2014, le magazine National Geographic a nominé Sarah Marquis "Aventurière de l'année".

En 2018, Sarah Marquis traverse à pieds, du Sud au Nord, la forêt primitive de la Tasmanie. Ses explorations et ses observations personnelles sont décrites dans son livre "J'ai réveillé le tigre".


Extraits :

  • Ce jour-là, en Mongolie centrale, cette femme me fait le plus beau des cadeaux. Elle me rappelle que j'appartiens à la tribu des femmes de cette planète. Et qu'entre elles les femmes doivent s'aider et non se déchirer.

  • Ce jour-là, en Mongolie centrale, cette femme me fait le plus beau des cadeaux. Elle me rappelle que j'appartiens à la tribu des femmes de cette planète. Et qu'entre elles les femmes doivent s'aider et non se déchirer.

  • On ne vole pas l'histoire des gens, des plantes, des arbres, on attend patiemment qu'ils daignent la partager avec vous.

  • Mes habits de nuit sont pleins de couleurs et féminins, ils me font sourire, c'est important pour le moral. Ceux de jour me camouflent de par leur couleur sable, leurs odeurs, mais surtout ce sont des vêtements d'homme. Je plie mon camp et effectue mes premiers pas sans regarder au loin. Mon corps mettra deux heures avant de reprendre ses marques et fonctionner sans trop de douleurs.

  • L'histoire qui suit est mon histoire. Je la dédie à toutes les femmes de par le monde qui luttent encore pour leur liberté et pour celles qui l'ont obtenue mais qui ne l'utilisent pas. Mettez vos chaussures. On part marcher.

  • La sensibilité est l'unique réponse pour comprendre un paysage. Il faut laisser de côté la logique, les théories, le bon sens et tout le reste. Les blocages de l'esprit sont comme des barrières imaginaires que nous nous créons et qui nous empêchent de voir.

  • Dans la nature, il est impératif de se lever très tôt. Ce matin est un jour particulier qui m’annonce de belles rencontres. C’est magique d’être témoin d’une scène de vie animale en milieu naturel. Je m’enfonce loin du monde et des lois qui le régissent. Je pénètre en terre aborigène.

  • Définition de l’aventure : "Toute entreprise où le risque est considérable et dont la réussite est douteuse".


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mercredi 27 juillet 2022

James CRUMLEY – Le dernier baiser – Totem Poche N°146 - 2021

 

L'histoire

Le détective C.W. Sugrue, est chargé d'une mission. Retrouver un écrivain qui jouit d'une petite célébrité, ivrogne patenté. L'homme est vite retrouvé, accompagné d'un bulldog amateur de bières, dans un bar minable dans la banlieue de San Francisco. Devenu amis, notre détective accepte une autre mission quasi impossible, retrouver une jeune fille disparue, il y a 10 ans. Mais qui était donc Betty Sue ? Et qui manipule qui ?


Mon avis

Dans le genre polar amusant, voici James Crumley auteur prolifique qui abandonne son premier enquêteur pour un nouveau privé haut en couleurs. Grand buveur de bières et autres bourbons, amateur de jolies filles,il n'en oublie pas son travail, dans une « enquête dans l'enquête ».Crumley fait partie de l'école du « Montana » avec Jim Harrison, Thomas Mc Guane et Richar Ford.

Âmes sensibles s'abstenir, ici à l'eau de source, on préfère l'eau de vie, même si ces personnages sont des cabossés, des handicapés des sentiments et de la vie saine. L'intrigue nous entraîne à travers divers états des USA, à la rencontre de personnages tout aussi déjantés, imbus d'eux-mêmes, manipulateurs mais aussi des sacrées amitiés, franches et la vie à la mort. Quelques bastons, un brin de tendresse et un style à se tordre de rire, tous les ingrédients de l'anti-polar sont réunis pour notre plus grande joie.

Sans temps mort, cette quête éperdue ne s'embarrasse pas de délicatesse, ça picole, ça baise, ça canarde dans tous les coins. Autour des trois compères, le privé, le poète et le bouledogue, s'agitent des gangsters, des femmes fatales, des pornographes, des filles perdues, des mères inquiètes, des amoureux éconduits. Des collines du Montana jusqu'à la baie de San Francisco, mais en passant par les chemins de traverse, le trio cherche une femme mais aussi une rédemption, un sens à la vie, une réponse à des questions existentielles qui n'en trouveront jamais. Noir et drôle, chacun en prend pour son grade, dans un deuxième degré (ou 40° aussi) qui pourrait être aussi vu comme un pastiche du polar américain. Mine de rien, l'auteur pose un regard désabusé sur la société américaine, où les pauvres errent sans but, où la réussite se paie au prix fort pour les femmes, et un petit souffle de féminisme, car Betty Sue, cette mystérieuse héroïne est une femme qui veut avant tout sa liberté.


Biographie :

Né au Texas en 1939, James Crumley est mort en 2008 au Montana. Après avoir fait ses études au Texas et servi pendant deux ans dans l'armée, il devient professeur de composition littéraire. Il "visite" ainsi de nombreuses universités, il a la bougeotte et le métier de professeur ne lui convient pas. Attiré par le poète Richard Hugo, comme d'autres écrivains de sa génération (Jim Welch, Bob Reid, Neil Mac Mahon, John A. Jackson), il débarque à Missoula, Montana au milieu des années 60. Il s'essaye à la poésie et l'écriture de nouvelles, et anime des ateliers d'écriture en compagnie de Richard Hugo, James Lee Burke et d'autres...

En 1967, il écrit son premier roman, "Un pour marquer la cadence" (One to Count Cadence), qui n'est publié qu'en 1969. Sur fond de guerre du Vietnam, ce roman raconte une histoire d'amitié entre un sergent dur à cuire et un soldat gauchiste. Crumley met déjà le pied dans le roman noir, genre dans lequel il excellera par la suite. James Crumley a reçu de nombreux prix dont le Trophée 813 de la meilleure réédition en 1987 pour "Le dernier baiser", le Prix Mystère de la critique en 1989 pour "Fausse piste" ou encore le Dashiell Hammett Award en 1994 pour "Le bandit mexicain et le cochon".

Extraits :

  • Lorsque enfin je rattrapai Abraham Trahearne, il buvait de la bière en compagnie d’un bulldog alcoolique du nom de Fireball Roberts dans un bar décati juste à la sortie de Somona, en Californie – il buvait, consciencieusement, la sève d’un bel après-midi de printemps.

  • La maison, c’est l’endroit où on reste le temps de soigner sa cuite.

  • J’ai traversé la route pour aller me laver la figure dans le torrent, histoire de rincer tous ces kilomètres dans l’eau glacée. Fireball m’a jeté un sale œil, mais il en a finalement lapé une petite gorgée. Il s’est immédiatement ébroué, secouant la tête, comme horrifié par le gout. Je l’ai ramené sur la route et lui ai donné une bière. On en avait bien mérité une, tous les deux. Je tiens à préciser que FireBall est un chien !

  • Etant donné que vous foutez rien aussi bien que n’importe qui, je me suis dit qu’on pourrait rien glander ensemble.

  • Un jour, il y a deux ans, il m'a appelée de Sun Valley pour m'annoncer qu'il demandait le divorce. Cela ne m'a pas surprise. Il avait déjà fait ce genre de chose. Cette fois-là, pourtant, il est allé au bout, et laissez-moi vous dire qu'il l'a payé très cher. Comme il l'a dit lui-même, je l'ai dépouillé comme un grizzly qui dépiaute un saumon, pour ne laisser de lui que deux yeux de poisson mort et une longue arête.

  • J'essaie de garder deux verres d'avance sur la réalité et trois de retard sur les ivrognes.

  • Des fois j’arrive plus à savoir si c’est moi qui débloque ou si c’est le monde qu’est devenu une fosse septique.

  • Vous laissez pas cogner le cul par la porte en sortant.

  • Le bon temps, c’est le cinquième verre qu’on prend dans un patelin inconnu, ou soulager une gueule de bois avec une douche bien chaude et une bière bien froide dans une chambre de motel, ou alors avec le goût salé d’un sein d’autostoppeuse à demi morte de fatigue dans la saleté duveteuse de son sac de couchage. Right on. The good times are hard times, mais c’est le seul bon temps que je connaisse.

 

 

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Pete FROMM – Chinook – Gallmeister Totem N° 200 - 2022

 

L'histoire

Le dernier Pete Fromm est un recueil de nouvelles. De son Montana adoré en passant par l’Utah, l'Arizona, vous ferez des rencontres avec des gens « comme tout le monde », dans leurs fragilités, leurs doux rêves, leur gentillesse ou leur humour.


Mon avis

On reconnaît bien l'écriture de Pete Fromm, à la fois drôle et poétique. Même si ces nouvelles mettent en scène des personnages inédits, on retrouve un peu de ses autres romans, notamment la sulfureuse « Lucy in the Sky » et un peu de ses propres rencontres, romancées. A la fois doux, triste, amusant.

On connaissait les vents comme la tramontane, l'Autan, le sirocco. Voici le Chinook, un vent d'ouest venu des montagnes Rocheuses. Selon les légendes, des indiens Lilliooet, sous-groupe des Statmics raconte qu'une fille nommée Chinooka, se maria à Glacier, et partit vivre dans sa région près de l'actuel fleuve Birkenhead. Elle fut bientôt nostalgique de sa tribu et envoya un message à son peuple. Ils vinrent à elle, lors d'un rêve, sous la forme d'un flocon de neige, lui disant qu'ils viendraient la chercher sous-peu. Ils arrivèrent et se disputèrent avec Glacier à son sujet, mais ils finirent par l'emporter et purent la ramener chez elle. De nombreuses légendes l'entoure. Ce vent ne souffle qu'en hiver et fait fondre la neige des glaciers, puis il rapporte de la neige.

Tout comme les personnages de ce livre, qui se perdent dans les rêves d'une autre vie ou dans les plaisirs simples. Amour, amitié, désillusion, toutes les émotions défilent au long de 16 nouvelles dans une nature sublime, dangereuse ou protectrice.

Un livre à emporter sur la plage.


Biographie :

Né en 1958 dans le Wisconsin, Pete Fromm est un écrivain américain. Il a d'abord été maître-nageur ou ranger avant de se consacrer à l'écriture. Il a publié plusieurs romans et recueils de nouvelles qui ont remporté de nombreux prix ( dont le prix de la Pacific Northwest Booksellers Association pour "Chinook", "Comment tout a commencé" ou "Lucy in the sky") et ont été vivement salués par la critique. "Indian Creek" est son premier livre traduit en français. Il vit à Great Falls dans le Montana.


Extraits :

  • Je ne parlais pas, sauf pour répondre à ses rares questions sur la rivière, les étangs et le reste. Je savais bien qu'elle n'était pas venue jusqu'ici pour aller à la chasse. Elle avait besoin de parler de toutes ces choses qui l'avaient fait crier et pleurer au téléphone, ce soir-là. Alors j'ai attendu, pagayant quand il le fallait, l'oreille aux aguets au cas où un son s'échapperait de son monde fier et brisé. le fait d'habitude, une petite rodomontade au crépuscule pour nous rappeler que nous ne sommes pas le centre de la terre, mais un détail mineur condamné à errer à sa surface.

  • Je comprenais comment ses sentiments s’étaient émoussés. Elle avait vu le monde entier, mais elle pensait que j’avais vu plus de choses, que j’avais su voir ce devant quoi elle était passée trop vite. Alors elle avait ralenti, pensant que c’était un choix possible pour elle. Et ça aurait pu marcher. Elle était terriblement forte. Mais elle avait aussi suffisamment ralenti pour se rendre compte de qui j’étais.

  • Quand le vent tombait, le silence devenait à nul autre pareil. Peut-être l'avenir ressemblait-il à cela, le silence seulement brisé par des moments qu'il n'aurait jamais cru devoir espérer un jour.

  • C'est moche de voir des gens sortir du sommeil quand on sait que le jour qui se lève n'a rien à leur apporter.

  • - Tu veux venir en Arizona avec moi ? demande-t-il enfin.Joey lève les yeux. Dans le haut-parleur, il déclare :- On mourrait de faim, Papa. Stil s'efforce de sourire. - On pourrait manger de l'herbe. - Y en a pas, en Arizona. - Sur les terrains de golf. - On nous donnerait jamais de carte de membre. Stil regarde l'autoroute. - Tu n'as pas tort. En tout cas, pas pour venir brouter leur herbe.

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lundi 25 juillet 2022

Mark et Délia OWENS – Le Cri du Kalahari – Poche point - 2022

 


L'histoire

Âgés de 23 et 26 ans, Délia et son mari Mark interrompent leurs études de biologie et zoologie animale pour aller étudier la faune et la flore dans le désert du Kalahari au Botswana. Ils y feront des découvertes importantes notamment sur l'organisation sociale des hyènes brunes (espèce protégée depuis) et sur le triste sort des antilopes et lions du désert peu nombreux. Le récit de leurs aventures est passionnant.


 

Mon avis

Paru en 1986, les éditions Points viennent de ressortir en poche ce livre, après le succès planétaire de « Là où chantent les écrevisses » de Délia Owens. On pourrait parler d'opportunisme, mais on sait que Délia Owens qui vit modestement en Caroline du Nord reverse les profits de ses livres des associations pour la sauvegarde de la vie sauvage et pour l'aide humanitaire.

Il s'agit d'un résumé de leurs carnets de note dans le séjour qu'ils ont effectués de 1974 à 1980 à « Deception Valley » dans le désert du Kalahari au Botswana. La ville la plus proche Maun est à une journée de route. Ils doivent donc faire très attention à leurs ressources en eau, en carburant et en vivres, sachant que dans cette partie du Botswana, les frigos sont rares et chers et que la nourriture se constitue de farines de blé et de maïs, de lait en poudre, de conserves.

Passionnés par la vie sauvage, ils nous racontent leurs rencontres avec les chacals, les hyènes brunes, les lions mais aussi des oiseaux. Nous sommes en 1974, le téléphone portable n'existe pas, pas plus que l'ordinateur, le GPS. Le désert du Kalahari n'est pas un désert de sable, mais un désert avec une végétation d'arbres (acacias), buissons épineux, herbes. Il comporte 3 saisons, celles des pluies, suivi de la saison sèche (+ 45° le jour, 10° la nuit), la saison froide (-30° à 10°). Il faut s'adapter aussi aux conditions extrêmes. Délia souffrira d 'anémie, de la malaria et d'une mononucléose.

Les deux écritures alternent révélant aussi les caractères des deux chercheurs. Mark assez fonceur et parfois inconscient du danger et Délia plus poétique, plus posée mais avec une volonté farouche.

Ils devront lutter contre les feux de brousse qui se propagent jusqu'au désert, les safaris de chasse (interdits depuis), et des périodes de sécheresse.

Alors qu'en 1974, l'écologie est un concept flou, ils se battront pour obtenir des subventions pour continuer leurs recherches et réussiront avec l'aide du WWF à créer une réserve pour les antilopes. En effet dans la chaîne alimentaire, les antilopes qui se reproduisent en nombres nourrissent les lions qui se reproduisent peu, puis les hyènes brunes et enfin les chacals.

Ce livre est à la fois émouvant, drôle avec des anecdotes amusantes. Parfait pour les vacances. A lire !

lire aussi : https://nathbiblio.blogspot.com/2022/05/delia-owens-la-ou-chantent-les.html

samedi 16 juillet 2022

David Heska Wanbli Weiden – Justice Indienne – Totem Poche - 2022

 

L'histoire

Réserve Indienne lakota de Rosebud, Dakota du Sud (USA).Virgil Wounded Horse est un justicier qui pallie aux manques de la police tribal (dont les moyens et les effectifs sont des plus absents). Sa méthode : contre quelques dollars, il va faire sauter quelques dents où un bras à des des violeurs de mineur(e)s, des types alcoolisés qui tabassent leur femme.Mais un jour, on lui confie une mission très différente : démanteler un réseau d'héroïne qui arrive dans la réserve... Va-t-il réussir ce défi, qui implique un membre de sa famille, et aussi ébranler ses convictions ?


Mon avis

Dans le genre polar amérindien, les amateurs connaissent Tony et Anne Hillerman qui sont des porte-paroles de la nation navajo.Voici David Weiden qui lui, pour être un lakota (une tribu sioux), nous entraîne dans son univers.

Il met surtout l'accent sur les difficultés de vie dans cette réserve indienne, où les gens sont pauvres, nourris par la mal-bouffe et s'abreuvant de bières de basse qualité. Les plus démunis vivent dans des mobile-home, mal chauffés l'hiver où il gèle, vivant de maigres allocations et n'ayant pas beaucoup d'espoir de trouver un emploi digne de ce nom.

Et puis il y a les origines. Métissé (fils d'un lakota et d'une osage, il n'est pas très bien considéré dans sa communauté car il n'est pas un pur lakota. D'ailleurs, les coutumes ancestrales ne l'intéressent pas, contrairement à Mary, sa petite amie, promise à un avenir de médecin grâce à la richesse de sa famille indienne, mais dont le père siège au conseil tribal.

Un livre qui est une tribune politique contre la politique des blancs à l'égard des lakotas ou des autres tribus indiennes issues des sioux. Parqués dans des réserves de allant du Dakota à Montana (la région des grandes plaines), ils ont certes droit à un Conseil Tribal qui a peu de moyens financiers, mais la pauvreté, l'absence de perspective et le sentiment d'injustice historique les laisse au banc de la société blanche ou riche.

C'est aussi un livre qui nous contente les traditions lakotas, dans un univers magique, à la philosophie simple d'entraide, de cérémonies de guérison (l'auteur précise bien que les coutumes décrites dans le livre sont partielles, les lakotas ne dévoilent pas aux non-initiés la totalité de leurs rites), jusqu'à la cuisine qui se rapproche de celle des anciens, plus saine et diététique. Il semble d'ailleurs que le retour aux traditions soit la seule parade qu'on trouvé les lakotas face au mépris des « wasicus », les blancs qui sont détestes et redoutés.

C'est aussi une quête interne, celle de Virgil, ancien alcoolique, homme costaud et violent qui ne trouve pas sa place au sein de la réserve, et son chemin pour faire cohabiter la justice, la modernité et la tradition salvatrice.

Quand au style de l'auteur, il peut faire penser à un Raymond Chandler du 21ème siècle, entre humour, réflexion sur la vie, le pouvoir et les origines. Un livre que j'ai adoré, étant donné ma passion pour les Amérindiens et que je vous conseille pour un extraordinaire voyage dans ces grandes plaines mythiques de l'ouest américain, loin des clichés western Hollywood.


Biographie :

David Heska Wanbli Weiden est un membre de la Nation Lakota Sicangu. Il est diplômé de l’Institute of American Indian Arts, et a reçu un doctorat de l’Université du Texas à Austin. Justice indienne est son premier roman.

Les critiques sont excellentes.



Extraits :

  • Le lendemain matin, je partis tôt pour mon rendez-vous à Rapid City. Les Indiens l'appellent Racist City, à cause des innombrables histoires de gens qui s'y font harceler par des habitants ou la police du seul fait qu'ils sont indigènes. À peine quelques années plutôt, un groupe de collégiens de Pine Ridge venu assister à un match de hockey en récompense de leurs bons résultats scolaires s'était fait arroser de bière et d'insultes par une bande de quinze hommes blancs installés dans une loge au-dessus d'eux. Les enfants avaient quitté le stade profondément humiliés. Les coupables avaient été identifiés et un seul avait été mis en accusation, seulement un, pour trouble à l'ordre public. À la surprise de personne, le jury acquitta le prévenu et les enfants apprirent une amère leçon sur la manière dont la justice fonctionne dans cette bonne vieille Amérique. Et les gens se demandent pourquoi les Amérindiens veulent rester dans leurs réserves.

  • En regardant la pierre tombale de ma mère, je me souvins de ce qu'elle m'avait dit juste avant de mourir.
    - Akita mani yo.
    "Observe tout en marchant." Je crois qu'elle voulait dire qu'il fallait que j'aie conscience du monde tel qu'il était vraiment, pas tel que je voulais qu'il soit. La conscience indienne.

  • Le ciel immense s'ouvrait devant moi tandis que je parcourais les prairies vallonnées et les étroits canyons ; la beauté de notre terre me remplit de joie.

  • Je me demandai comment ce serait, de vivre sans ce poids sur ses épaules, sans le poids des ancêtres assassinés, de la terre volée, des enfants maltraités, le fardeau qui pesait sur tous les Amérindiens.

  • Les Indiens ont toujours su qu'il fallait guérir l'esprit en même temps que le corps. Je veux utiliser les cérémonies, les herbes et les prières combinées aux remèdes allopathique pour aider les gens à marcher dans la beauté.

  • 'avais découvert que la tristesse était comme une vieille voiture abandonnée pour de bon dans un champ - elle change un peu avec le temps, mais elle ne disparaît jamais. On peut l'oublier pendant un moment, mais elle est toujours là, de plus en plus mangée par la rouille, jusqu'à ce qu'on la remarque à nouveau.

  • La lampe vacilla, créant d'étranges ombres sur le portrait de Chief Red Cloud, le seul chef de la tribu qui avait vaincu l'armée américaine sur le terrain qu'ils avaient volé quelques années auparavant. Red Cloud, qui était mort seul, oublié de tous dans son grand âge, à quelques kilomètres d'ici.

  • l n'y a pas de mot pour dire adieu en lakota. Voilà ce que ma mère me répétait. Bien sûr, il existe des mots comme tous, "plus tard", que les gens utilisent comme substitut moderne. Elle m'avait dit que les lakotas n'avaient pas de terme pour l'adieu parce que nous étions connectés pour toujours. Dire adieu signifierait que le cercle était brisé.

  • Beaucoup de gens qui ne sont jamais allés dans une réserve supposent que la population y est exclusivement composée d'indiens. En réalité, un grand nombre de Wasicu s'étaient vu donner un lopin de terre des réserves à la fin du XIX° siècle, quand le gouvernement fédéral avait promulgué une loi pour lotir la plupart des réserves en parcelles de soixante-cinq hectares; ils avaient attribué la majorité des concessions statutaires à des Indiens mais en avaient donné un nombre considérable à - qu'elle surprise - des fermiers et ranchers blancs. Au temps pour leur promesse : " Cette terre vous appartiendra tant que l'herbe poussera."

  • - Des navets ? Depuis quand tu cueilles des navets ?
    - Eh bien, Lack m'a dit que le tinpsila est l'aliment indigène le plus important dans les Plaines. On peut le manger cru, le rôtir comme une pomme de terre, et même le râper comme une farine et fabriquer du pain indien.


En savoir plus :


vendredi 15 juillet 2022

Terry Tempest Williams – Refuge – Gallmeister – Totem - 2022


 


L'histoire

Terry Tempest romance l'histoire de sa famille, qui vit près du Grand Lac salé, à Salt Lake Cit (Utah – Usa). Passionnée d'ornithologie, elle vient faire des recensements des nombreuses espèce d'oiseaux qui vivent dans les marais autour du Grand Lac. En 1993, en raison de pluie importantes, la hauteur du lac atteint le record de 1283,7 m, alors qu'il ne doit pas dépasser les 1282 m. Des inondations noient les marais et chassent les oiseaux. En parallèle, sa mère, déjà victime d'un cancer de sein est atteinte d'un cancer des ovaires, auquel elle ne survivra pas. Très soudée la communauté familiale se ressert. Mais Terry a bien son idée sur ces cancers qui atteignent les femmes depuis quelques années.


Mon avis

Vous 'avez pas besoin d'être un passionné d'ornithologie pour lire ce livre assez enchanteur. En racontant son histoire familiale, l'auteur nous parle de son amour pour sa région et dévoile un scandale important.

L'augmentation des cancers chez les femmes seraient certainement due à des essais nucléaires menées par l'Armée dans le désert du Nevada jusqu'à leur interdiction en 1992. De plus l'exploitation des mines d'uranium, de charbon et de gaz de schiste ont pollué les sols des États du Colorado, de l’Utah, du Nouveau Mexique. Leur exploitations est aujourd'hui terminée (hormis le gaz de schiste) devant les protestation des populations. On se souvient qu'en 1979, la digue du bassin de décantation de la mine d’uranium de Church Rock, au Nouveau-Mexique, se rompit,elle relâcha plus de mille tonnes de déchets radioactifs et plus de 350 millions de litres d’eau acide et radioactive dans le Rio Puerco qui approvisionne en eau une partie de la Nation Navajo.

Mais le charme de ce roman tient à ce lien ténu entre la nature et l'humain. Salt Lake City a été fondée par une communauté de mormons, qui réussirent à implanter une activé agricole dans cette zone désertique. Loin des clichés que l'on peut avoir, les mormons sont certes des chrétiens respectant les vœux d'entraide physique et morale, ne pas vivre au dessus de ces moyens, et surtout respecter la nature et toutes les espèces du vivant ou du non vivant car « Dieu se trouve en chaque chose ». Élevée dans cette tradition, mais sans excès, Terry aime plus que tout la nature dont elle connaît chaque détail. C'est aussi un roman sur la résilience. Alors que les eaux du lac montent, les tumeurs de sa mère s'amplifient. Il faut apprendre à vivre avec le chagrin de la perte, mais aussi l'espoir que la nature redeviendra ce qu'elle fut. Les oiseaux de ce livre sont revenus nicher au Grand lake, et illuminer le ciel de l'infini espoir qui nous maintient en vie, quelque soient nos croyances privées.

Il semble d'ailleurs que certains aspects de la philosophie mormone se croisent avec celles des Indiens Navajos dont la Grande Réserve s'entend sur les 4 états cités plus haut (les four corners).

Un livre qui, malgré la tragédie, nous offre la beauté de la nature. Extrêmement documenté, il reste aussi très actuel avec les crises énergétiques que nous connaissons, mais aussi avec les crises climatiques.


Biographie :

Terry Tempest Williams est née en 1955 dans le Nevada et a grandi dans l’Utah. Naturaliste et activiste engagée dans la défense des droits des femmes, son combat pour la préservation de l’environnement l’amène à témoigner devant le Congrès à plusieurs reprises. Elle y dénonce les effets des essais nucléaires réalisés dans le désert du Nevada et qui sont alors minorés par le gouvernement. Auteur de nombreux récits, essais et poèmes, elle est aujourd’hui une voix incontournable de l’Ouest américain.


Extraits :

  • Je prie les oiseaux parce que je crois qu'ils portent les messages de mon cœur vers les cieux. Je prie les oiseaux parce que je crois en leur existence, en la façon dont leurs chants commencent et finissent chaque journée - invoquant et bénissant la Terre. Je prie les oiseaux parce qu'ils me font penser à ce que j'aime et non pas à ce que je redoute. Et à la fin de mes prières, ils m'enseignent comment écouter"

  • quand Émily Dickinson écrit: "L'espoir est cette chose avec des ailes qui se perche dans l'âme", elle nous rappelle, comme le font les oiseaux, la force pragmatique et libératoire de la foi.

  • Les paysages que nous connaissons et auxquels nous retournons deviennent des lieux de consolation. Nous nous sentons attirés par eux en raison des histoires qu'ils nous racontent, des souvenirs qu'ils renferment, ou simplement en raison de leur beauté pure qui, sans cesse, nous interpelle et nous appelle.

  • Ne dis rien, me répétait Maman. Tu sais ce que toi tu penses, c'est ça qui compte.Et pendant de nombreuses années, c'est ce que j'ai fait : j'ai écouté, j'ai observé et j'ai forgé mes opinions en silence, au sein d'une culture qui pose rarement de questions parce qu'elle détient toutes les réponses.

  • Les premières étoiles apparaissent. Un croissant de lune. (…) Le calme du désert m'éclaire comme une traînée de lumière sur l'eau.

  • J’ai été élevée dans la croyance en un monde spirituel, dans l’idée que la vie existe avant sa manifestation terrestre et continuera à exister après, que tous les êtres humains, les oiseaux, les joncs, et toutes les autres formes d’existence avaient une vie spirituelle avant d’apparaître physiquement sur terre. Que tous occupaient une sphère d’influence qui leur avait été assignée ; que tous ont une place particulière, que tous servent à quelque chose.

  • Je veux voir cette mer intérieure comme une représentation de la Femme – de moi-même – dans son refus de se laisser domestiquer. L'Utah peut bien essayer de l'endiguer, dévier le cours de ses eaux, entrecouper ses rives de routes, cela ne changera rien au bout du compte. Elle nous survivra. En elle, je reconnais la nature sauvage, brute et indépendante. Elle me dépouille de tout stratagème, de tout conditionnement, et elle me déclare : "Je ne suis pas ce que tu vois. Interroge-moi. Tiens-t'en à tes propres impressions."
    On nous apprend à ne pas nous fier à nos propres expériences. Cette mer m'apprend que l'expérience, c'est tout ce que nous avons.

  • Les oiseaux ont le pouvoir de dénouer les fils de mon chagrin.

  • Tout ce que nous avons, c’est l’instant présent.

     

En savoir plus :




jeudi 7 juillet 2022

Melissa DA COSTA – Tout le bleu du Ciel – Éditions Livre de poche - 2019

L'histoire

Émile, 26 ans est atteint d'un Alzheimer précoce et dégénératif qui lui donne 2 ans à vire au mieux . Il n'a nullement envie de rester allongé sur un lit d'hôpital à attendre des essais cliniques qui de toutes façons ne le guériront pas. En cachette de sa famille et de ses amis, il part en camping car avec Johanne une jeune femme mystérieuse qui parle peut mais qui est d'une redoutable efficacité. Un road movie dans les Pyrénées, avec des amitiés qui se nouent, un drôle de mariage et un vent de fraîcheur en attendant la fin.


Mon avis

Voilà un livre qui a beaucoup fait parler de lui et a reçu des critiques prestigieuses. Il en fallait pas moins pour oser s'aventurer sur le délicat sujet de la fin de vie. Ici, le héros choisit de vivre ces derniers jours en totale liberté. Découvrir des paysages magnifiques et aussi nouer des amitiés profondes. Et puis il y a ce personnage magnifique de Johanne, femme discrète mais dévouée. Elle aussi a souffert de quelque chose et pleine d'empathie et de résilience, elle n'abandonne pas cet homme parfois désemparé, sujet à crises de black out.

La maternité est mise en avant. Celle que refuse Émile à son premier amour Laura, celle perdue par Johanne, et l'attitude de cette femme meurtrie qui devient la maman du héros au fur et à mesure que celui-ci perd la mémoire et régresse dans l'enfance ;

La beauté des paysages, les amitiés nouées font tout le charme de ce livre.

Ce voyage est au fond une quête de soi, de sa propre résilience et de la compassion. Johanne mutique est aussi une femme pragmatique, qui ne va jamais lâcher la tâche qu'elle s'est elle-même confiée. Les personnages féminins dans ce livre sont des femmes fortes, même si elles ont des apparences fragiles. Ce sont les porteuses de vie et d'amour. Sans tomber dans le cliché, mais rien que par le choix des prénoms Émile, Léon sont des prénoms du passé. Johanne, Laura, Laëticia des prénoms actuels.

Hélas, le roman aurait gagné en légèreté si l'auteure avait réduit les histoires d'amour passées des deux protagonistes qui en plus sont des redites qui n'apportent rien à l'intrigue. Et allégé le pathos qui entoure les derniers moments de la vie d'Emile, la simplicité est parfois bien plus touchante que le surplus.

Et puis il y a des références à des auteurs sous forme de citations et un peu trop de Paolo Coelho à mon goût, gourou new-âge qui aligne des vérités que l'on sait déjà.

Un roman à lire si vous avez votre boite de mouchoirs, mais je reste mitigée. Certes l'écriture est facile, sans effets littéraires, mais il y a un peu de « trop » dans ce livre.


Biographie :

Née en 1990 à Lyon, Mélissa Da Costa suit des études d’économie et de gestion à l'Institut d'administration des entreprises de Lyon (IAE) (2008-2011), elle est chargée de communication dans le domaine de l’énergie et du climat.

Elle suit également des formations en aromathérapie, naturopathie et sophrologie.
"Recherche compagnon(ne) de voyage pour ultime escapade" (2017), sortie en librairie sous le titre "Tout le bleu du ciel" (2019), est son premier roman. Salué par la presse, il a reçu le prix du jeune romancier au salon du Touquet Paris Plage.


Extraits :

  • Je pourrais vous faire une liste des raisons qui m’ont poussé à partir. Ça pourrait vous aider à comprendre et à me pardonner. Vous pourriez en trouver au moins une qui serait valable, pour chacun d'entre vous. La première et la plus évidente, c’est que je ne veux pas de cet essai clinique et que je ne veux pas crever branché à des électrodes. Je ne veux pas être un rat de laboratoire. Si la maladie doit m’emporter, qu'elle m'emporte, mais par pitié que tous ces médecins me fichent la paix ! 

  • L’effort physique permet au mental de totalement lâcher prise. Les pensées se succèdent en tourbillon, mais un tourbillon calme et serein. À certains moments on est à peine conscients qu’on pense. Il y a des souvenirs qui remontent tout doucement, qui s’imposent sans provoquer d’émotions douloureuses. On les regarde avec une certaine distance et avec bienveillance.

  • Si nous pleurons parce que le soleil n’est plus là, nos larmes nous empêcheront de voir les étoiles.

  • Son visage est baigné de la lueur dorée du coucher de soleil, ce qui accentue encore l’irréalité de la situation. Émile songe : cette fille est un poème.

  • À faire de vivre dans le passé comme tu dis, ou dans l'angoisse du futur, on finit par oublier qu'il y a de la beauté dans tout... ou presque tout... Quand on est enfant, on le fait naturellement, non ? On s'émerveille devant... devant un caillou qui a des reflets argentés ou... ou devant une plume. On ramasse des pissenlits et on s'extasie devant leur jaune intense. Après ça, on trouve ça laid, les pissenlits... On les considère comme des mauvaises herbes.

  • Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant.

  • Accepter de recevoir est un geste de générosité, tu sais... Peut-être encore davantage que le fait de donner.

  • ..marcher seule... On se retrouve plongé en soi, on n’ est plus vraiment conscient de ce qui se passe autour. L’ effort physique permet au mental de totalement lâcher prise. Les pensées se succèdent en tourbillon, mais un tourbillon calme et serein. À certains moments on est à peine conscient qu’on pense. Il y a des souvenirs qui remontent tout doucement, qui s’imposent sans provoquer d’émotions douloureuses. On les regarde avec une certaine distance et avec bienveillance.

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