jeudi 31 mars 2022

Guillevic, le haïku français

 


Pas d'aile, pas d'oiseau, pas de vent, mais la nuit,
Rien que le battement d'une absence de bruit.

Celui qui fut un grand résistant, aux cotés de ses amis Paul Eluard et Paul Seghers, est le poète de l’économie, du mot juste.
 
Guillevic est entré en poésie comme on entre en résistance et œuvre pour une poésie plus juste, sans académisme, pour un regard simple. On pourrait presque penser à des haïkus, où les éléments de sa Bretagne natale, océan, vent, terre deviennent des allégories qui transfigurent l’homme.
 
Le poète est forcément un révolté, je ne dis pas révolutionnaire, contre tout pouvoir établi. C’est le contraire d’un conservateur, c’est un novateur qui a pour charge de défendre la langue [...] Ce langage doit mettre en contact, doit être un révélateur, un élément de communication, de communion
 
Guillevic a également collaboré avec les plus grands peintres de sa génération : Dubuffet, Bazaine, Ubac, Léger.

 
Dans le poème
Rien que de vertical
Perpendiculairement à ce temps vécu
En dehors de lui.
Le poème est là
Où les mots sont debout
.

 
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Je t'aime d'être habituelle,
Espace pour mes jours,
Pour mon regard les yeux fermés.
En toi j'ai place,
En toi je suis,
Je me bâtis.
En toi,
Cela que j'aime, ceux que j'aime,
Quelques regrets.
En toi silence,
En toi le temps
Que je recueille, je résume.
Sortir de toi,
Ce sera pour n'être plus là,
Pour n'être plus.

Et quand il n'y aurait
Que nous deux pour durer.

 
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Au moins tu sais, toi, océan,
Qu'il est inutile
De rêver ta fin

L'eau
Dans l'étang
Est occupée
À garder le temps

 
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Quand une lumière
Rencontre une autre lumière
On entend monter un chant de prophète
 

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