Il est né en 1964 dans un village kurde isolé au sud-est de la Turquie : pas d’école, et un mode de vie traditionnel. La langue kurde est interdite par les autorités turques, mais on la parle un peu à Harun. En 1970, une école est construite. Dagtekin est scolarisé. Il poursuit ses études à Ankara, et se destine à travailler comme journaliste dans l’audiovisuel. En 1974, il part rejoindre son frère en France, à Nancy pour achever sa formation. Séduit par la langue française, il écrit directement en français des textes et des poèmes qui seront publiés aux éditions Le castor Astral, puis un roman « A la source, la nuit » chez Laffont. Peu apprécié des autorités turques, il n’est pas retourné en Turquie depuis 1992. Il aime pourtant rappeler qu’il n’a pas de drapeau qu’il soit turc, français ou kurde En 1974, il part rejoindre son frère en France, à Nancy pour achever sa formation. Séduit par la langue française, il écrit directement en français des textes et des poèmes qui seront publiés aux éditions Le castor Astral, puis un roman « A la source, la nuit » chez Laffont. Peu apprécié des autorités turques, il n’est pas retourné en Turquie depuis 1992. Il aime pourtant rappeler qu’il n’a pas de drapeau qu’il soit turc, français ou kurde.
Extraits
En rêver ne suffit pas, faut le faire " me disait mon père. Je me suis levé et j'ai commencé. J'ai mis une parole dans ma bouche qui puisse me lier au cœur de l'autre, qui puisse ouvrir mon cœur dans la bouche de l'autre.
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Je me dis que le monde, que l'être, sont comme un chaudron, et que l'art, l'écriture, en sont la louche. Plus la louche est longue et grande, plus on peut brasser les fonds et les limites du chaudron, plus on parvient à remuer les fonds et les limites de l'être. C'est le pari que je fais, le sens que je cherche à donner à travers la poésie et l'écriture : essayer d'allonger, d'agrandir le plus possible ma louche, mes moyens de remuer l'être, de pousser le plus en avant sa connaissance et de donner à en entendre le chant."
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L'écriture,
l'art, consistent pour moi à embrasser l'être d'un même regard, du
plus petit au plus grand, pour instaurer une autre façon d'être
ensemble.
Sortir
du rapport de force et de domination pour entrer dans un rapport
d'amour où l'autre est la condition même de mon existence.
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Tandis que je mange la terre
La terre me recrache
L’eau me démange
Pour remonter à nos frémissements premiers
Comme ce liquide qui passe
Sans s’arrêter à ses tourbillons
Toi aussi, laisse-toi aller et goutte
Goutte à cette douceur, avant qu’un crapaud ne t’avale,
avant qu’une mouette n’avale le crapaud, dans le sable mouvant de la langue.
De même qu’ils marchent sur l’eau, l’eau les fauchera dans leur marche.
Êtes-vous contents maintenant de sortir mes yeux de leurs caves
et de les disperser à la suite d’une antilope qui glisse
d’une feuille qui tombe, d’une loutre qui retraverse une vue
chargée de mots que vous auriez voulu lire
de ce paysage que vous auriez voulu porter, comme le déploiement du sourire.
Êtes-vous contents que je reste collé à cette pierre
Que tout m’échappe
Sans que je n’échappe à rien ?
Toi aussi tu diras, tu n’arrêteras pas de dire
ce que tu as commis sur le sang du frère
Pour qu’il se mêle à quoi
Pour que tu deviennes la perte de quel mot
Dans la profondeur trouble de l’œil
Te voici entre routes et sables d’une topographie imaginaire Tu cherches à te pencher pour voir les bords de la ville…
Toi aussi tu me guettes
Je t’ai vue avec mon œil du malin
Je peux plus que te voir
Je peux te dessiner d’un jet

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