Très aimé par les villageois, Roykan n'hésitait pas à descendre boire un verre de saké, discuter avec les paysans et honorer les fêtes du village proche de son lieu de retraite. On raconte qu'il fabriquait aussi des jouets pour les enfants. Si son surnom de Taigu (littéralement grand sot) peut nous paraître indélicat, il toujours vénéré pour sa bonté innocente.
Sur le bouddhisme
Eveil et illusion sont dépendants l'un de l'autre.
Le destin et les phénomènes sont liés.
Le jour, je récite des sutras sans paroles. La nuit, je médite sans méditer.
Le coucou chante près de la rivière où baigne le saule. Le chien aboie dans la clarté de la lune.
La loi du Bouddha n'est pas contraire à l'harmonie de la nature. Qu'ai-je d'autres à transmettre ? Il y a un joyau qui existe depuis toujours, jour et nuit. Il illumine l'obscurité du monde. Quand tu le possèdes, tu ne peux pas le transmettre, mais le contempler sans douter ni hésiter.
Un tel joyau existe, dans le ciel ou sur la terre, mais qui le sait ?
Il est en toi.
Errances
Toujours errant avec ma robe et mon bol
Je m'assois pour brûler de l'encens malgré mon corps malade
La nuit, je regarde la pluie qui tombe en silence par la fenêtre sombre. Et je revois ma vie d'errance pendant plus de 10 années.
Richesses et honnneurs m'indiffèrent.
Je n'espère pas l'immortalité. Ma condition de moine me suffit. Le nom n'est rien, à quoi sert-il ?
J'emporte toujours avec moi mon bol et un sac de toile. Parfois je me promène devant l'entrée du temple, je rencontre des enfants.
Comment rendre compte de mon existence ?
Vivant ainsi, je demeure dans la sérénité.
J'ai fini de mendier dans le village.
Heureux, je rentre en portant ma besace.
Voulez-vous savoir où je rentre ?
Ma demeure se trouve à la limite des nuages blancs
Passé
De passage dans le temple d'Arima,
J'écoute la grêle sur les feuilles de bambou
Dans ma maison natale, on voit peut-être la lune ce soir.
C'est la fin de l'année, le temps passe paisiblement. Sous la voûte du ciel, le givre est dense. Mille montagnes, mille arbres dépouillés. Dix mille sentiers mais personne ne passe. Pendant la nuit, je brûle des feuilles sèches. Parfois on entend le vent et la pluie.
Me remémorant ma vie passée, elle m'apparait comme un vaste songe.
Voici mes préférés :
Solitude
J'habite une forêt profonde
Les glycines poussent chaque année un peu plus
Nulle préoccupation moderne ne m'atteint.
Parfois un bûcheron chante.
Je recouds ma robe de moine au soleil
Je lis des poèmes à la lumière de la lune
Je voudrais dire aux hommes que peu de choses sont nécessaires pour être heureux.
Une cabane délabrée de quelques mètres carrés
Toute la journée sans voir personne
Assis seul devant la fenêtre paisible
On entend juste le bruit des feuilles qui tombent.
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La nuit est froide et la pièce vide
L'encens brûle, le temps passe
Dehors la forêt de bambous
Sur le lit quelques livres
La lune apparaît et la fenêtre devient blanche
Les insectes chantent
les quatres voisins sont silencieux
Habité par un sentiment de plénitude
Aucune parole n'est possible.
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Une lampe à la main
Nuit de neige en montagne
Dans le silence les flocons s'envolent librement
Le vrai, le faux, quelle importance ?
le voleur m'a tout pris
sauf la lune
à ma fenêtre
Montrant leur envers
Puis leur endroit
les feuilles dispersées par le vent d'automne
un iris
près de ma cabane
m’a enivré
Des journées entières
Sous la pluie
L'homme se fait toujours plus vieux
L'automne se termine
Qui pourrait comprendre
Ma mélancolie ?
Sa vie, telle qu'elle est racontée par les moines, est une légende et de nombreuses anecdotes louent son détachement, sa bonté, son humilité, tout ce qui fait la voie du Zen.
Le chemin du Zen
En rangeant ma bibliothèque, j'ai retrouvé un livre de poésie de Roykan, qui est considéré au Japon comme une sorte de saint bouddhiste.
Sa vie, telle qu'elle est racontée par les moines, est une légende et de nombreuses anecdotes louent son détachement, sa bonté, son humilité, tout ce qui fait la voie du Zen.
Né en 1758, dans un village au Nord-Ouest du Japon, un pays froid et humide, il était fils d'un homme lettré, qui se suicida après un échec politique. Il acheva des études consacrées à l'art de la calligraphie et l'étude des maîtres (Confucius, Han Chan),puis il entra, à 17 ans, comme novice au temple zen Khôsho d'Amaze, puis au Temple d'Entsu plus au sud.
Elève studieux, puis moine ardent, il partit en Chine, pour étudier le bouddhisme.
Nommé maître, il enseigna à Kyoto, au Kosho-ji. Il finit sa vie rétiré dans les montagnes.
Il est mort le 6 février 1831, en laissant plus de 2800 poèmes en japonais et en chinois, aux termes d'une vie consacrée à la méditation, à l'étude et à l'enseignement.
(extrait du livre Roykan, le chemin du vide aux Editions Dervy - 2003)

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