vendredi 1 avril 2022

Pessoa, la multitude


 

Définir la beauté, c'est ne pas la comprendre. Pessoa

En portugais, Pessoa signifie personne. Est-ce pour cela que celui qui est considéré comme "le plus grand écrivain de tous les temps" a toujours publié sous des noms d'emprunt ? Parmi ses hétéronymes les plus connus, Bernardo Soares, Alvaro de Campo, Alberto Caipo et Ricardo Reis, chacun ayant son style d'écriture et son caractère propre.
Né le 13 juin 1888 à Lisbonne, il fera ses études à Durban (Afrique du Sud) et fondera la revue littéraire "Orfeu", au ton libertaire qui ne dure que deux numéros... Il travaille ensuite comme journaliste pour diverses revues, mais sans connaitre de véritables succès. Il semble d'ailleurs que sa vie soit marquée par une certaine solitude, dédiée à l'écriture, publiant peu (et en langue anglaise) mais écrivant avec acharnement et entassant dans une malle ses écrits. Certains manuscrits ne seront d'ailleurs publiés qu'après sa mort, en 1935. Mort inconnu du grand public, il n'est redécouvert qu'en 1968, à l'ouverture de la fameuse malle contenant plus de 27000 manuscrits, écrits sous 72 hétéronymes. Il est alors reconnu dans son pays comme "le plus grand poète portugais".

Pessoa aborde tous les sujets et tous les thèmes dans ses poèmes et ses écrits. Son livre le plus connu, le Livre de l'intranquilité, sorte de journal ésotérique est considéré comme son chef d'oeuvre. Vivant plus dans l'imaginaire que dans le réel, réussissant à faire vivre en lui plusieurs entités littéraires, tel un schizophrène lucide.

Voici quelques aphorismes
La littérature comme toute forme d'art, est l'aveu que la vie ne suffit pas.

Je n'ai ni ambition ni désir. Mon ambition à moi n'est pas d'être prophète. C'est peut-être ma façon à moi d'être seul.

Je n'ai peut-être reçu aucune mission sur terre.

Qu'il est dur d'être soit même, et de ne voir que le visible.

Le monde n'est pas pour que nous pensions à lui - penser c'est être malade des yeux - mais pour que nous le regardions et soyons un créateur.

Je cherche à dire ce que je ressens. Sans me dire ce que je sens.

Toute émotion vraie est un mensonge pour l'intelligence, puisqu'elle lui échappe.

C'est l'émotion qui m'a formée. Pour voyager, elle m'a toujours pris la main. J'ai toujours aimé, détesté, parlé, pensé grâce à elle. Chaque jour je regarde à travers sa fenêtre, et chaque heure ainsi me semble être à moi.

Dieu le veut, l'homme rêve, l'oeuvre nait.

Je ne crois pas en Dieu parce que je ne l'ai jamais vu. S'Il voulait que je croie en Lui, Il viendrait sans doute me parler.

Dieu n' a pas d'unité. Pourquoi en aurais-je ?

Il y a bien assez de métaphysique dans "Ne penser à rien".

Il est nécessaure de naviguer. Vivre n'est pas nécessaire. Ce qui est nécessaire, c'est de créer.

Je ne me soucie pas des rimes. Il est rare que 2 arbres côte à côte soient égaux.

La mort c'est le tournant de la route. Mourir, c'est seulement ne plus être vu.

Je peux tout imaginer, parce que je ne suis rien.

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