Dans le cadre du marathon des mots, manifestation littéraire à Toulouse la littérature africaine était à l'honneur cette année.
L'histoire
Le commissaire Habib doit enquêter sur un mystérieux crime commis à Kokri, en plein pays Bozo, une ethnie qui vit le long du fleuve Niger au Mali. Mais les croyances ancestrales en « Maa » le dieu tout puissant du fleuve ne vont pas être faciles pour le commissaire et son jeune adjoint Sosso.
Mon avis
Cet adorable petit polar est le troisième de la série du Commissaire Habib que nous a concocté Moussa Konabé. Entre les croyances animistes et un islam à la sauce malienne, le poids des croyance est implacable. Écrit avec beaucoup d'humour, et de vivacité, l'auteur puise dans les traditions du peuple bozo, qui vit traditionnellement de la pêche et dont les croyances mélangent leurs propres divinités et un 'islam quelque peu fantasque.Le livre vaut surtout pour ce voyage un peu court dans le delta du Niger et dans le style amusant de ce qui est en fait un joli conte. Konaté a tout du griot. Son regard est aussi bienveillant et il nous passe un message de respect et d'empathie.
Biographie :
Moussa Konaté est né en 1951 à Kita au Mali et mort en 2013. Il est diplômé de lettres à l'université de Bamako puis enseignant. Il se met à écrire en 1998/ Les enquêtes du commissaire Habib (6 romans) se situent dans différentes régions du Mali. Il est est d'ailleurs reconnu comme l'un des grands écrivains de ce pays dont il a exploré les croyances et les ethnies dans ces romans.
Extraits :
En fait, c'est comme si tu me disais : "Fais comme font les autres, rentre dans le rang et ne cherche pas plus loin."
Si tu le monde courbait la tête, avalait sa conscience, tu imagines dans quel état serait notre pays ?
Je ne veux pas être une exception, je veux être honnête, c'est tout.De quel droit des gens n'ayant aucun lien avec la police pouvaient-ils se donner l'autorité d'imposer au chef de la brigade criminelle d'abandonner une enquête ordonnée par le procureur de la République ? Était-ce la république ou la gérontocratie ? Certes, on pouvait comprendre l'attachement des personnes âgées aux traditions ancestrales, mais elles n'étaient ni élues ni nommées. À supposer qu'on leur cédât une fois, ne faudrait-il pas céder toujours ? Ne deviendraient-elles pas les vrais maîtres du pays, qu'elles gouverneraient strictement selon les traditions millénaires ? À quoi cela pourrait-il mener, sinon au chaos ?
Si tu me demandes s'il y a un pouvoir, je te répondrai qu'il y en a en fait deux. Il y a ceux qui sont au pouvoir par la grâce de la colonisation, et ceux qui s'estiment les héritiers du pouvoir ancestral.
Au sommet même de l'état, on reconnaît cette dualité. Une autre m'a trouvé au bureau sans rendez-vous; ils pourront rencontrer n'importe quel ministre, n'importe quel président de la République de la même façon.Écoute, mon cher, ne perdons pas de temps : tu as fauté et du dois payer. Ou c'est à moi que tu paies directement et ça te fera six mille francs, ou tu vas payer à la fourrière et ça te coûtera douze mille francs. Décide-toi vite et laisse-moi faire mon boulot.
Ah, quel pays ! se désola le commissaire. Des agents de police qui rackettent au su et au vu de tous !
En savoir plus :
sur les Bozos : http://bamada.net/mali-les-bozos-un-peuple-de-leau

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