dimanche 3 juillet 2022

Jenny OFFILL – Atmosphère – Éditions Dalva - 2021

 


L'histoire

Lizzie est bibliothécaire à New-York. Elle répond aussi aux mails de son ancien professeur de lettres devenue spécialiste de la crise climatique. Elle doit aussi soutenir son frère dépressif et un mari qui ne fait pas grand chose à part finir une thèse sur Démocrite un philosophe grec oublié.Sous forme de petites chroniques, nous faisons connaissance avec une galerie de personnage du monde intellectuel de la Grosse Pomme.


Mon avis

Ce livre reste un incontournable de la littérature américaine classique où il s'est écoulé à des millions d'exemplaires. C'est une chronique un peu farfelue des villes urbaines et des pseudos intellos qui ne se posent pas les bonnes questions. C'est aussi une critique acerbe de la classe moyenne.

La narratrice laisse son esprit vagabonder, du concret à l'abstrait, du plus trivial au plus profond, du noble au ridicule et du drôle au tragique. On suit sa pensée sans linéarité, en passant parfois du coq-à-l'âne, en retournant dans le passé ou en se projetant dans l'avenir. Un avenir qui n'est pas rose, d'ailleurs. Pour mettre du beurre dans les épinards, Lizzie accepte d'aider Sylvia, son ancienne directrice de thèse, qui donne des conférences et produit des podcasts sur les dérèglements climatiques : comme Sylvia est débordée, Lizzie répondra à ses courriels, réponses qu'on retrouve, souvent en encadré, dans le texte. Ainsi, entre ses proches, les abonnés déjantés de la bibliothèque et les correspondants aussi anxiogènes que leurs questions, l’auteure nous présente une image de la société d'aujourd'hui. Encore plus actuelle (le livre a été publié aux USA en 2016, a l'arrivée de Bush au pouvoir). Il pose les questions aussi du totalitarisme, de l'avenir incertain, des transhumanistes aux survivalistes.

Le ton est très amusant, et des petits encadrés nous dévoile les réponses hilarantes auxquelles Lizzie, pleine d'empathie, toujours en questionnement, répond.

Un livre qui reste d'actualité, facile à lire, plein de petites réflexions, avec des allers-retours dans le passé de l'héroïne.. Un livre à la fois drôle mais inquiétant sur nos perspectives d'avenir.


Biographie :

Née en 1968 dans le Massachusetts, Jenny Offill est enseigne l’écriture à Queens University, Brooklyn College et l’université de Columbia. Elle écrit aussi des livres pour la jeunesse.


Extraits :

  • Le problème d’un mariage assorti, avait-elle dit, c’est que sur le moment, il a l’air parfait. C’est comme une clef qui glisse toute seule dans une serrure. Mais la question, c’est : est-ce vraiment dans cette pièce là que vous avez envie de passer votre vie ?

  • Est-ce qu’on doit se procurer une arme ? demande Ben. Mais c’est l’Amérique. Quelque-un qui tue moins de trois personnes ne passe même pas aux informations.

  • Une tortue est attaquée par une bande d'escargots. La police enquête mais la tortue ne leur est d'aucune aide. "Ça s'est produit si vite", dit-elle.

  • Je suis assise face à un type sexy en manteau vert qui donne l’impression de me connaître. Quand j’étais plus jeune, je savais pourquoi un homme me regardait, mais désormais ce n’est en général qu’à cause d’un trou de mémoire.

  • Question : Quel est le moyen de préparer mes enfants au chaos à venir ?
    Réponse : Vous pouvez leur apprendre à coudre, à jardiner, à bâtir. Même si les techniques de maîtrise de la peur sont peut-être plus utiles

  • Question : quelle est la différence entre une catastrophe et une urgence ?
    Réponse : une catastrophe est un événement brutal qui entraîne de gros dégâts et des pertes importantes. Une urgence est une situation où les actions normales ne peuvent se poursuivre et où il faut réagir de façon immédiate pour éviter une catastrophe.

  • Question ; Quelle est la philosophie du capitalisme tardif ?
    Réponse : Deux randonneurs rencontrent un ours affamé sur un sentier. L'un d'eux sort ses chaussures de course et les enfile. "Tu peux pas courir plus vite qu'un ours", lui murmure l'autre. "J'ai juste besoin de courir plus vite que toi", répond le premier.

  • Je lui explique que je ne suis inscrite nulle part parce que les plateformes me donnent l'impression de me transformer en écureuil. Pas vraiment en écureuil, mais en rat qui peut s'empêcher d'appuyer sur un levier.

En savoir plus :


Les éditions Dalva se sont spécialisées dans l'écriture au féminin et mettent en avant de jeunes auteures qui veulent comprendre et changer le monde.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.