mercredi 3 août 2022

Andrea CAMILLERI – l'Age du doute – Poche Pocket 2013

 


L'histoire

Le commissaire Montalbano a 58 ans. Il doit résoudre une enquête, qui s'avère complexe, mais il est en plein crise de voir la vieillesse se profiler. Et surtout il tombe amoureux d'une jeune femme qui pourrait être sa fille. Entre les palpitements du cœur et la raison, va-t-il réussir cette enquête dont il ne voit pas le fin ?


Mon avis

Le commissaire Montalbano est pour les italiens, l’équivalent d'un Hercule Poirot ou d'un Sherlock Holmes pour les britanniques, d'un Commissaire Maigret pour les français. Les adaptations télévisuelles sont particulièrement suivies, et les lieux de tournage sont devenus des parcours touristique privés.

D'emblée de jeu, le traducteur nous explique les difficultés de traduire Camille ri, qui mélange à l'italien classique, les expressions spécifiques de la région d'Agrigente en Sicile à l'ouest. Des mots que l'ont qualifieraient d'anciens, des expressions donnent un genre unique, qui sont un régal à lire, car la compréhension n'en est pas du tout altérée. Même si dans ces derniers romans, il abandonne un peu son langage favori, le lecteur italien qui le suit étant déjà largement familiarisé avec cette forme d'écriture.

Comme toujours, on retrouve la fine équipe qui entoure le commissaire, haute en couleur, et la bonne chère qu'apprécie tant le Commissaire Montalbano, tout comme les bons vins, ce qui lui vaut des heures de marche autour du Port. La ville de Vigata est fictive.

Sur le fond c'est un roman un peu sombre. Tiraillé par un amour qu'il sait impossible, alors qu'un vrai coup de foudre existe entre lui et une jolie et intelligente jeune femme, Montalbano se rend compte qu'il n'est plus tout jeune, et que cet amour est impossible. Aussi il apparaît lunaire, ou de très mauvaise humeur dans l’enquête qu'il mène, ce qui va lui valoir les foudres du Questeur, les remarques acerbes du légiste, et le haut mécontentement de sa compagne de toujours Livia. Ici, le tragique l’emporte sur l'humour, les multes interrogations du héros donnent à ce roman un charme particulier.


Biographie :

Andréa Camilleri est né en 1925, dans le village d'Empédocle qui donnera la ville fictive de Vigata et mort en 2019 à Rome.

Andrea Camilleri est un metteur en scène et un écrivain italien.
Fils unique dans une famille de la haute-bourgeoisie, mais désargentée, il poursuit ses études à Palerme où il fréquente la bohème. Il commence alors sa carrière d'écrivain par des nouvelles et des articles pour des journaux et des revues ainsi que de la poésie.

En 1947, il remporte le prix de poésie Libera Stampa devant Pasolini et en 1949, à Florence, un prix prestigieux pour une pièce de théâtre, "Jugement à minuit". Quelque temps après, il reçoit une bourse de l'Académie des arts dramatiques et quitte la Sicile.C'est le début de sa première carrière : il est metteur en scène et enseignant et théoricien d'art dramatique. Il collabore à "L'Enciclopedia dello Spettacolo" et enseigne au Centro sperimentale di cinematografia.

En 1982 enfin, à cinquante-sept ans, il publie son premier roman, "Le cours des choses" ("Il corso delle cose"), bientôt suivi de nombreux autres. C'est sa deuxième carrière, celle du romancier, dont l'inspiration suivra une double voie. Le commissaire Montalbano tirerait son nom de l'admiration que porte Camilleri à Manuel Vázquez Montalbán et son héros Pépé Carvalho, autre investigateur gastronome.Il connaît un énorme succès en Italie comme ailleurs, notamment grâce à ses romans mettant en scène le commissaire Montalbano. Traduit en trente langues, il est l'auteur de plus de cent ouvrages littéraires et a vendu vingt-six millions de livres rien qu'en Italie.
Andrea Camilleri a aussi travaillé comme directeur de télévision et de théâtre à Rome.



Extraits :

  • Avant de sortir, il lui jeta un coup d’œil. On aurait dit un chien mouillé : les vêtements qu'elle s'était remis encore humides, étaient tout froissés, le chignon de ses cheveux noirs s'était défait et ils lui cachaient la moitié du visage. Et elle avait une manière de s'asseoir que le commissaire avait déjà remarquée chez certains réfugiés, prêts à quitter pour toujours le siège qu'ils occupaient ou à y rester pour l'éternité.

  • l areçoit ‘n appel tiliphonique de l’acapitainerie annonçant que l’Havanna vient de signaler qu’il entre au port avec un naufragé à son bord. Enfin, pas lui pirsonnellement en pirsonne mais l’un de ses adjoints qui a une forte propension à déformer les noms propres. Le Vanna a donc arepêché un cadavre gisant dans ‘n canot.

  • Mieux valait ne pas y pinser, à ces histoires, passque ce que racontaient les pêcheurs était terrible : les filets qu'on jetait à l'eau remontaient souvent avec des cataferi, des cadavres,ou des morceaux de cataferi qui étaient nouvellement balancés à la mer. Des restes de centaines d'hommes, de femmes, d'enfants qui avaient espéré arriver, après un voyage affreux à travers les déserts et les lieux désespérés qui les avaient décimés, dans un pays où ils auraient pu gagner leur quignon de pain.

  • Un pauvre type tué comme ça, ce n'est pas que de nos jours ça fasse les gros titres, comme disent les journalistes. la presse nationale peut y consacrer au maximum cinq lignes, la locale une demi-colonne.

  • On dit souvent que le mort est 'ne libiration. Pour les morts, naturellement, passque en fait, pour ceux qui restent, c'est presque toujours un grandissime tracassin.

  • Appelle-moi tout de suite le lieutenant Belladonna à la Capitainerie ! - C'est pas un lieutenant, Dottori.- Et qu'est-ce que c'est ,- Une femme.
    Il ne pouvait pas perdre de temps avec Catarella et poursuivit sa course.


En savoir Plus :

Nota : les adaptations télévisuelles de la RAI, diffusée sur F3 sont assez réussies surtout par les choix des lieux, la musique et une distribution qui correspond assez aux personnages des romans. D'autant qu'André Camilléri a participé aux premiers scénarios.

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