vendredi 5 août 2022

Larry Brown – Fay – Éditions Totem N° 71 - 2016

 

L'histoire

Fay, 17 ans, uniquement vêtue d'une jupe, d'un chemisier et de son sac s'enfuit de chez elle. Sa famille vit dans la plus pauvre pauvreté, son père est violent et alcoolique et à des penchants pour sa fille. Adoptée par un couple dysfonctionnel, elle apprend les bonnes manières, est bien habillée et coiffée et et devient une magnifique femme. Sans trop sans rendre compte, cette ingénue faussement naïve va tracer son chemin non sans laisser des dégâts.


Mon avis

Dans la série des incroyables héroïnes, Gallmeister, qui ne paye par pour mes chronique, fait encore très fort avec ce personnage incroyable de Fay. Une jeune-fille polie, qui réalise peu à peu son pouvoir de séduction sur les hommes. Ambitieuse mais sans aucune éducation (elle sait à peine lire et on suppose qu'elle ne sait pas très bien pas écrire). A peine majeure, elle fume, boit de bière, mais parle dans un langage très policé que lui a enseigné Amy, la femme d'un policier qui a perdu son bébé dans un accident de voiture. Fay marche, vers son destin, et subit les agressions ou les gentilles des hommes dont elle fait perdre la tête

Uniquement guidée par son instinct de survie, elle chamboulera tout sur son passage, sans ce rendre compte des dégâts qu'elle fait. Fay, cette femme-enfant, est toujours à la recherche de sécurité, un homme qui la protège, encore faut-il que cet homme réponde à ses propres critères et finalement son besoin contradictoire mais tout aussi vital de liberté.

L'écriture est simple, sans effet de style, presque banale, pour mieux se centrer sur les protagonistes. C'est un roman noir , lancinant et sensuel qui explore la misère sous toutes ses formes en faisant la part belle à la nature. Beauté de la nature, présence de l'eau , contre les âmes humaines noires . C'est aussi un roman qui montrent les femmes comme des victimes des hommes , qu'elles soient tout simplement jalouses ou bien des proies .
Et parmi toutes ces âmes , se balade une gamine un peu trop sexy pour son propre bien , qui voulait juste avoir un toit sur la tête et de quoi manger ... et peut-être quelques grammes d'amour dans une Amérique paumée.
Sombre, tendre et implacable .



Extraits :

  • Au loin, dans l'eau, des silhouettes noires et lisses apparaissaient et disparaissaient, humides et luisantes, dans la faible houle et elle les identifia parce qu'elle les avait vues à la télévision chez Sam. Des dauphins. Debout, immobile, elle les regarda pendant quelques instants, se demandant s'ils avaient un endroit qu'ils pouvaient appeler leur foyer.

  • Fumer à nouveau.En avoir une entre les doigts.Tous les chewing-gums et les bonbons qu'elle s'était mis dans la bouche, puis l'hypnose, à laquelle elle s'était soumise, à Tupelo, et arrêter, arrêter jour après jour, tout ça pour quoi?Pour se retrouver à nouveau avec une cigarette entre les doigts. si on se rendait malheureux en arrêtant, pourquoi arrêter? Et si ça tuait, merde, elle pouvait se tuer sur cette route, cet après-midi, mais ça ne signifiait pas que ça arriverait.

  • Dieu avait-il dit : Bon, désolé d'avoir été obligé de tout gâcher mais, maintenant, je vous donne ça ! Peu probable. Dieu ne faisait pas ce genre de truc. Il ne tendait pas la main et ne déplaçait pas les gens comme des pions. Les gens faisaient seuls ce qu'ils voulaient.

  • Il doubla deux voitures et elle regarda les gens qui se trouvaient à l'intérieur, se demanda où ils allaient. Il y avait tant de gens, sur la route. Tout le temps. Parfois, elle avait l'impression qu'il y avait trop de gens, dans le monde.

  • Quand on t'offre un cheval, ne regarde pas ses dents.


Biograhie

Larry Brown (1951 – 2004) est né et a vécu dans le Mississippi. Après avoir servi dans le Corps des Marines de 1970 à 1972 et exercé de multiples petits boulots (bûcheron, charpentier, peintre, nettoyeur de moquette, tailleur de haies), il fut pompier pendant seize ans jusqu'en 1990.

Il commence à écrire des nouvelles à partir de 1980. Un éditeur remarque un jour une de ses nouvelles dans un magazine et, enthousiasmé par son écriture forte, décide de prendre contact avec lui
Son premier roman est publié en 1989. A partir de 1990, il se consacre à l'écriture. Il enseigne l'écriture dans plusieurs universités. En quelques années, Larry Brown est reconnu comme un grand romancier, par la critique qui lui décerne de nombreux prix tel le Southern Book Critics Circle Award for Fiction (qu'il est le seul auteur à l'avoir reçu deux fois), comme par les lecteurs.
Il décède d'une crise cardiaque en 2004 à l'age de cinquante trois ans, laissant une œuvre forte et inachevée de six romans, deux recueils de nouvelles, une autobiographie et un essai. Deux nouvelles et le roman Joe (réalisé par David Gordon Green avec Nicolas Cage) ont été adaptés au cinéma. Il fait un caméo dans le film Big Bad Love d'Arliss Howard en 2001.


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