L'histoire
Franklin Strarlight, 16 ans est demandé par son père qui vit dans une ville en Colombie Britannique (Canada). Élevé par le « vieil homme qui est son tuteur légal, ce tout jeune homme ne connaît pas ce père, qui à chacun de leurs rencontres était toujours ivre et sans grande affection pour son fils qui ignore la vérité sur sa famille.Cependant, alors qu'il est mourant, Franck accepte plus par devoir d'accompagner cet étrange père pour mourir comme un indien (tous deux sont des indiens Ojibwés), dans la montagne, et être enterré face à l'est comme le veut la coutume.
S'ensuit un voyage difficile, avec ce père mourant, dans un climat aussi sauvage et désert entre montagnes et forêts. C'est aussi pour Eldon, le père, de raconter sa vie et de révéler à son fils une passé qu'il ne pouvait pas connaître
Mon avis
Ce roman est coup de cœur par le canadien Richard Wagamese, tant la réalité de la vie des Indiens Ojibwés est montrée dans sa force et sa faiblesse.Franklin a été confié par son père à un vieil homme qui l'a éduqué comme son fils avec les moyens du bord. Un fermier pauvre, mais qui a enseigné le mieux possible à l'enfant les choses essentielles dans cette région difficile. Chasser sans excès et en remerciant l'animal, savoir réparer tout ou presque, savoir entretenir ses outils et savoir monter à cheval mieux que personne. Connaître les forêts et les montagnes par cœur, pour y repérer les baies comestibles, les traces des animaux, effrayer un ours sans le tuer. Des vertus amérindiennes que le vieil homme qui est blanc connaît pour avoir vécu avec des amis indiens. Frank n'a jamais connu sa mère, une cree (tribu affiliée aux Ojibwés) une femme belle et d'une grande sagesse.
Eldon, le père a quitté la misérable ferme familiale où il vivait seul avec une mère sans grande affection pour lui et cela à 14 ans. Sans instruction, sachant à peine lire et compter, il est engagé sur des chantiers divers dans l'industrie du bois omni présente dans la région. Des emplois où il faut travailler dur pour gagner peu d'argent, de quoi survivre, dans des conditions déplorables. Puis il s'est engagé dans l'armée, et envoyé comme éclaireur dans en Corée, en raison de sa force et sa capacité à voir la nuit. Puis est arrivé un drame et il s'est mis à boire.
C'est tout ce passé qu'il confie petit à petit à son fils lors de ce dernier périple, où il lui révèle également qui était sa mère, alors qu'il meurt, lors de ce périple où sa santé se dégrade. Au fond de lui, malgré toutes ses erreurs dues à sa peur viscérale, le mépris des blancs, Eldon n'est pas un sale type, juste un être égaré, incapable de se sortir de la misère, incapable de décrocher de l'alcool. Un destin brisé raconté avec simplicité, car on n'a pas le temps de philosopher quand on cherche à manger, et à survivre dans un monde dont est exclu. Voyage initiatique, dans la beauté des paysages et la signification de la tribu des Starlight qui ont la mission de « conter » ce qu'Eldon fait si bien, malgré la douleur, la mort mais surtout le pardon de son fils car le sang indien fait que l'on respecte les siens même si ils sont imparfaits.
Sublime.
Extraits :
Cette nuit là, tandis qu'il était allongé dans le grenier, il aperçut le liseré de la lune entre les lattes de la grange. Elle était suspendue dans l'indigo et projetait un rayon de lumière bleuâtre en travers du lit. Il y avait l'odeur du bétail. L'odeur riche et franche de l'avoine, de la paille et le foin séchant après la coupe. Le trottinement des souris dans les coins. Il y eut un bruit sur l'échelle. Il releva la tête de l'oreiller rudimentaire et la vit grimper les derniers échelons et arriver dans le grenier. Elle portait une chemise de nuit blanche. Elle marcha en silence jusqu'à lui, si bien qu'on aurait dit qu'elle planait, il retint son souffle.
Elle arriva au bord du lit de camp et il ferma les yeux. Il sentait qu'elle le regardait. Il ouvrit les yeux d'un coup, s'assit sur le bord du fin matelas et trouva sa main qu'elle prit entre les siennes. Ni l'un ni l'autre ne parla. Elle tint sa main, puis ouvrit les siennes et la garda au creux d'une paume en caressant le dos du bout des doigts.Seul. Il n'avait jamais su ce qu'était la solitude. Même s'il y réfléchissait bien, il n'arrivait pas à donner une définition du mot. Il était en lui, indéfini et inutile comme l'algèbre – la terre, la lune et l'eau établissaient la seule équation qui donnait de la perspective à son monde et il le traversait à cheval revigoré et rassuré de sentir ces terres autour de lui comme le refrain d'un hymne ancien.
Il avait quitté l'école dès qu'il avait atteint l'âge légal. Il ne s'intéressait pas aux livres et là où il passait le plus clair de son temps libre, nul besoin de grandes idées... Il entendait les symphonies du vent sur les crêtes, et les cris stridents des faucons et des aigles étaient pour lui des arias ; le grognement des grizzlis et le hurlement perçant d'un loup contrastaient avec l’œil impassible de la lune. Il était indien.
Des fois, les choses tournent mal. Quand elles arrivent dans la vie, on peut presque toujours les régler. Mais quand elles arrivent à l'intérieur d'une personne, elles sont plus difficiles à réparer.
La guerre ce fut savoir que la vie peut te dénuder jusqu'à la moelle, que certains trous ne seront jamais comblés, certaines fentes jamais colmatées, que certains vents glacés se déchaîneront et hurleront, impitoyables.
Il disait que les choses qu'ils faisaient, ces Indiens d'autrefois, c'était rien d'autre que d'apprendre à vivre avec ce mystère. Pas s'y résoudre, pas s'y attaquer, pas même le deviner. Juste être avec.
En plus, les amis de Jenks m'auraient à moitié tué si j'étais resté là-bas, finit par dire son père. Le garçon détourna la tête. Son visage avait quelque chose de sinistre et de sévère dans le vacillement des flammes. - Se faire à moitié tuer une fois, ça doit être mieux qu'être à moitié vivant pour toujours.
Les étoiles dessinaient des figures et se chargeaient de significations; il sentait leur attraction comme une convocation et il pénétra plus profondément dans la coupe perlée de la nuit, il y vit une multitude de mondes potentiels, suspendus hors du temps, et il ferma les yeux pour essayer de les ressentir au fond de lui-même, mais il ne sentit rien d'autre que du vide.
Alors le whisky tient à l'écart des choses que certaines personnes ne veulent pas chez elles. Comme les rêves, les souvenirs, les désirs, d'autres personnes parfois.
J’avais honte de moi, Frank. Honte jusqu’aux os. J’avais peur de m’effondrer si je commençais à parler de moi, et je voulais rester fort pour elle. Je le voulais vraiment. Mais de rester allongé là en sachant combien j’étais faible m’a vraiment fait broyer du noir. Ce noir qui m’a toujours fait sombrer dans la boisson.
Le vieil homme lui avait fait le don de la terre à partir du moment où il avait été capable de s’en souvenir, et il lui avait montré comment la traiter et l’honorer, disait-il, et le garçon avait senti l’importance de ces enseignements et il avait appris à les écouter et à bien les reproduire.
Tes grands parents étaient tous deux des sang-mêlé. on n'était pas des Métis comme on appelle les indiens français. On était tout simplement des sang-mêlé. Des Ojibwés. mélangés à des Écossais. Des McJib. C'est comme ça qu'on nous appelait. personne en voulait de nous. Ni les Blancs. Ni les Indiens.Il entendait les symphonies du vent sur les crêtes, et les cris stridents des faucons et des aigles étaient pour lui des arias ; le grognement des grizzlis et le hurlement perçant d'un loup contrastaient avec l’œil impassible de la lune. Il était indien.
Bibliographie
Né au Canada (Ontario) le 14/10/1955 et mort en Colombie Britannique à le 13/03/2017, Richard Wagamese était un auteur et journaliste canadien.En activité depuis 1979, il a exercé comme journaliste et producteur pour la radio et la télévision, et est l’auteur de treize livres publiés en anglais par les principaux éditeurs du Canada anglophone. Wagamese appartient à la nation amérindienne ojibwé, originaire du nord-ouest de l’Ontario, et est devenu en 1991 le premier indigène canadien à gagner un prix de journalisme national. Il est notamment le lauréat du Prix national de réussite indigène pour les médias et les communications 2012, et du prix 2013 du Conseil canadien des arts.L’auteur a reçu le titre de docteur ès lettres honoris causa à la Thompson Rivers University de Kamloops en 2010 et à la Lakehead University de Thunder Bay en 2014."Les étoiles s’éteignent à l’aube" (Medicine Walk) est son premier roman traduit en français. E livre a été adapté en BD.
Voir aussi :
https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/richard-wagamese
https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1021748/lauteur-ojibwe-richard-wagamese-meurt-a-lage-de-61-ans
https://www.youtube.com/watch?v=E4A1Mqphhfc
En savoir Plus :
Sur le romanSur les indiens crees
https://www.rcaanc-cirnac.gc.ca/fra/1307460755710/1536862806124
Sur les Ojibwés
Sur la Colombie Britannique
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