L'histoire
Un des classique de la littérature américaine, un gros pavé de 547 pages.
Nous sommes en 1757, alors que la guerre fait rage entre la France et la Grande Bretagne pour la conquête des futurs Etats d'Unis d'Amérique. Les batailles se concentrent dans le nord-est des USA, autour des états actuels du Maine jusqu'à l'embouchure du fleuve Hudson.
Un jeune lord anglais, les 2 filles du général anglais Monro, et un garde amérindien s'égarent dans la forêt aux abords du lac champlain. Attaquée et prises en otages par les Hurons, elles sont sauvées par Chaux-de-Fonds, un chasseur aidé par deux amis fidèle mohicans (tribu amérindienne qui vit dans la vallée de l’Hudson rattachée aux Algonquins et donc à la très grande famille sioux. S'en suit une épopée épique à travers cette région, entre les guerres que se livrent aussi les indiens Hurons(de la famille des Iroquois), et Delaware (peuple Lenape vivant dans les régions du Delaware, et de l'Hudson
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dernier_des_Mohicans
Mon avis
Comme beaucoup de monde j'avais lu ce livre « culte » à l'adolescence, dans sa traduction originale de A.J Defauconpret et puis dans une traduction excellente demandée par les éditions Gallmeister de François Happe, plus adaptée à un lecteur du 21ème siècle.La traduction originale reflète bien la langue de l'époque, celle des Balzac, Sand, Dumas qui accueillirent avec joie l'écrivain américain, et qui fut à la mode d'autant que celui-ci appréciait les fastes et la culture française. Ce fut le best-seller littéraire étranger en pleine époque romantique dans toute l'Europe.
Pourtant si l'auteur s'est renseigné sur les coutumes des amérindiens qu'il n'a jamais côtoyé vraiment, on ne sait pas trop si il apprécie leur mode de vie, assez bien décrit pour faire rêver, ou pas. On voit aussi le traitement différent entre Alice la fille cadette blonde et fragile créature et son aînée Cora, métisse, au cœur plus dur peut-être mais beaucoup plus attachante dans ce rôle de femme forte, dont je ne pense pas que Cooper avait l'idée. Cependant il crée aussi un contexte multiracial où on épouse une femme noire, où un blanc est élevé par des indiens. Mais il fonde aussi l'un des mythe du western américain, celui de la femme blanche souillée par les « indigènes ».
Cooper est un conservateur et prône la suprématie des blancs (où des tribus indiennes originelles), refuse le métissage. Il vit par procuration le rêve des grands espaces, de la vie sauvage. Le roman est donc complexe puisqu'il y a d'une part l'admiration pour la communion avec la nature mais en même temps le respect des bonnes manières et la distinction des classes sociales. .Mais Cooper dans toute son ambiguïté reste fasciné par cette nature (la haine qu'il a des petits agriculteurs qui dévastent les forêts primaires).
70an pus tard, Thoreau prônera aussi la vie en communion avec la nature mais aussi le rejet du capitalisme et le rejet du racisme.
Néanmoins, c'est une jolie épopée qui va aussi à sa façon relancer le « nature wrtiting », qui touche de plus en plus de pays. Des romans où la nature à la part belle que cela soit aux USA, en Australie, ou en Europe, ce dont Gallmeister s'est fait le spécialiste. Un genre que j'aime particulièrement quand il s'accompagne d'une histoire forte.
Extraits :
- Il peut y avoir ici quelque méprise, dit-il : un mocassin est si semblable à un autre !
- Un mocassin semblable à un autre ! s'écria Œil-de-Faucon ; autant vaudrait dire que tous les pieds se ressemblent, et cependant tout le monde sait qu'il y en a de longs et de courts, de larges et d'étroits ; que ceux-ci ont le cou-de-pied plus haut, ceux-là plus bas ; que les uns marchent en dehors, les autres en dedans. Les mocassins ne se ressemblent pas plus que les livres, quoique ceux qui lisent le mieux dans ceux-ci ne soient pas les plus capables de bien distinguer ceux-là.- Des livres! […] Des livres! Qu’en ferais-je, moi, guerrier du désert, au sang sans mélange? Je n’ai jamais lu qu’un seul livre, durant quarante années. Et ce qui y est écrit s’est gravé clairement, et pour toujours, dans mon esprit. Pas besoin de commentaires! - Et comment nommez-vous ce livre? demanda le musicien, qui n’avait pas saisi l’allusion du chasseur.
En sortant de la caverne pour entrer dans le passage, ou pour mieux dire la crevasse qui la séparait de l’autre, ils sentirent leurs forces se renouveler dans une atmosphère rafraîchie et purifiée par les eaux limpides de la rivière. Une brise en ridait la surface, et semblait accélérer la chute de l’eau dans les gouffres où elle tombait avec un bruit semblable à celui du tonnerre. À l’exception de ce bruit et du souffle des vents, la scène était aussi tranquille que la nuit et la solitude pouvaient la rendre. La lune était levée, et ses rayons frappaient déjà sur la rivière et sur les bois, ce qui semblait redoubler l’obscurité de l’endroit où ils étaient arrivés au pied du rocher qui s’élevait derrière eux.
Quoique les arts de la paix fussent inconnus dans cette fatale région, les forêts étaient animées par la présence de l’homme. Les vallons et les clairières retentissaient des sons d’une musique martiale, et les échos des montagnes répétaient les cris de joie d’une jeunesse vaillante et inconsidérée, qui les gravissait, fière de sa force et de sa gaieté, pour s’endormir bientôt dans une longue nuit d’oubli.
Le massacre de William-Henry - c'est le nom qui reste dans l'Histoire pour désigner l'ignoble tuerie perpétrée par les sauvages Iroquois, sous l’œil même des troupes françaises, à l'égard de la malheureuse garnison anglaise désarmée – Cela a définitivement compromis la réputation du général Montcalm. Sa mort glorieuse, survenue peu après dans les plaines d'Abraham, n'a pas totalement effacé cette tache honteuse. C'était un héros sur le champ de bataille; mais il manquait de ce courage moral qui fait la véritable grandeur d'un homme.
Oui, il n'y a qu'un seul être qui nous gouverne tous, quelle que soit la couleur de notre peau.
Il fut un temps où nous entendions la colère du lac salé de l'endroit où nous dormions. Nous avions alors des dirigeants et des sagamores partout sur notre terre. Mais quand le visage pâle fut aperçu près de chaque ruisseau.. les Delawares étaient partis.
Once we slept where we could hear the salt lake speak in its anger. Then we were rulers and sagamores over our land. But when a pale-face was seen on every brook..the Delawares were gone.En un mot, Chingachgook et son fils se convertirent à l’avis du chasseur, renonçant à l’opinion qu’ils avaient d’abord soutenue, avec une candeur qui, s’ils eussent été les représentants de quelque grand peuple civilisé, aurait ruiné à jamais leur réputation politique, en prouvant qu’ils pouvaient se rendre à de bonnes raisons.
Une brise en ridait la surface, et semblait accélérer la chute de l’eau dans les gouffres où elle tombait avec un bruit semblable à celui du tonnerre.
En sortant de la caverne pour entrer dans le passage, ou pour mieux dire la crevasse qui la séparait de l’autre, ils sentirent leurs forces se renouveler dans une atmosphère rafraîchie et purifiée par les eaux limpides de la rivière.
Le sauvage s'apercevant qu'un de ses compagnons s'était déjà emparé du châle qu'il convoitait, foula aux pieds tous les autres objets qu'elle lui présentait, et, sa férocité se changeant en rage, il brisa la tête de l'enfant contre un rocher et en jeta les membres encore palpitants aux pieds de la mère. L'infortunée resta un instant comme une statue ; ses yeux égarés se fixèrent sur l'être défiguré qu'une minute auparavant elle serrait si tendrement contre son sein tandis qu'il lui souriait. Elle leva ensuite la tête vers le ciel, comme pour appeler sa malédiction sur celle du meurtrier de son fils ; mais le barbare, dont la vue du sang qu'il avait fait couler augmentait encore la fureur, lui fendit la tête d'un coup de tomahawk. Elle tomba et mourut sur le corps de son enfant.
Jadis réunie par une langue unique, les tribus s’étaient divisées, parlaient des dialectes différents. Et, à cause des influences pernicieuses de la politique menée par les envahisseurs, Français, Anglais ou Hollandais, des peuplades autrefois amies s’étaient dressées les unes contre les autres ; tandis que d’autres, bien qu’ennemies naturelles, se retrouvaient, au moins provisoirement, combattant sous les mêmes bannières.
Chingachgook signifie grand serpent, non qu'il soit réellement un serpent, grand ou petit, mais on lui a donné ce nom parcequ'il connaît tous les replis et les détours du coeur humain, qu'il sait garderprudemment le silence, et qu'il frappe ses ennemis à l'instant où ils s'yattendent le moins.
Biographie :
Né
à Burlington, New Jersey , le 15/09/1789 et mor à Cooperstown,
État de New York, le 14/09/1851 James
Fenimore Cooper est l'un des écrivains américains les plus
populaires au XIXe siècle.
Il grandit au
manoir d’Otsego Hall à Cooperstown dans l’état de New-York.
Colon et homme politique, c’est son père qui a fondé cette ville
située sur la frontière (elle sera décrite par le romancier dans
"Les Pionniers").
Il commence en 1806 une carrière
navale qu'il abandonnera lorsque ses projets de navigation se
trouveront contrariés. En 1810, il épouse une héritière
new-yorkaise et mène la vie d'un gentleman-farmer dilettante
jusqu'au moment où, ses cinq frères étant morts, il se trouve
responsable de leurs familles.
En 1820, à la suite d'un pari
avec sa femme, Cooper rédige "Precaution", roman de mœurs
dans la manière de Jane Austen ; encouragé, il poursuit avec "The
Spy" (L'Espion, 1821), roman semi-historique et national, qui
rencontre un grand succès.
En 1823, il commence à écrire ses
romans les plus célèbres, qui constitueront le cycle de
"Bas-de-Cuir" (Leatherstocking Tales) : "Les
Pionniers" (The Pioneers, 1823), "Le dernier des Mohicans"
(The Last of the Mohicans, 1826) et "La Prairie" (The
Prairie, 1827). Ces livres retracent la vie d’un trappeur, Natty
Bumppo sur fond d’histoire et de mythologie américaine (guerre
d’Indépendance, recul des indiens, destruction de la Prairie). Le
cycle comprend cinq romans historiques, publiés de 1823 à 1841.
Sa
fortune est établie, et de 1826 à 1833, il vit en Europe car veut
protéger ses intérêts en Grande-Bretagne. Il achève l’écriture
de "La Prairie" à Paris, son talent n’est plus à
prouver et il est récompensé par un triomphe. Quand il rentre en
Amérique, sa popularité est mise à mal à cause de sa réputation
réactionnaire. En mai 1839, Cooper publie son "Histoire de la
marine des États-Unis" (History of the Navy of the United
States of America).
Une partie de son œuvre est basée sur les
récits des Indiens du Nord. "Le Dernier des Mohicans", son
roman le plus célèbre, a connu de nombreuses rééditions et a été
adapté plusieurs fois au cinéma.
Il a écrit également de
nombreux romans sur la mer, tel "L'écumeur de mer" (The
Water Witch, 1830). Mais son œuvre est de qualité inégale et son
roman "Le Démocrate américain" (1835) lui vaut un procès.
En savoir Plus :
Sur le roman
https://www.erudit.org/fr/revues/meta/2003-v48-n1-2-meta550/006956ar.pdf
https://livre.fnac.com/a4086443/James-Fenimore-Cooper-Le-dernier-des-Mohicans
Sur les guerres franco-anglaises
https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_navale_franco-britannique_(1778-1783)
https://www.herodote.net/Anglais_Francais_et_Indiens-synthese-51.php
Sur les amérindiens
https://www.thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/les-haudenosaunee
https://www.peuplesamerindiens.com/pages/amerindiens-des-usa/autres-nations/les-delawares.html
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