L'histoire
Björn la quarantaine est avocat pénaliste, marié et père d'une petite fille qu'il aime plus que tout. Mais sa relation de couple a du plomb dans l'aile. Débordé par son travail, il n'a plus le temps nécessaire pour s'occuper de sa femme et de sa fille pourtant adorée. Il décide donc de consulter, sans trop y croire, un coach spécialisé dans la méditation de pleine conscience et autres techniques qu'il pourra mettre à profit pour déstresser. Et cela marche, il trouve un accord avec sa femme dont il se sépare et prend un week-end par mois pour s'occuper uniquement de sa fille. Sous la menace de l'épouse car Björn a pour clients les pires voyous de Berlin, notamment un maffioso redoutable qui gère ses affaires plus à coups de battes que des conseils avisés de son avocat.
Et par un étrange hasard de circonstances, Björn se retrouve à commettre en meurtre. Qui va en appeler d’autres. Mais toujours sous le principe de la « pleine conscience »
Mon avis
Premier roman d'une série future « les meurtres zen », ce polar a été en tête des ventes pendant un an en Allemagne.
Rien que le titre, on se doute bien que l'on va rentrer dans un univers hilarant, et innovant dans le genre du polar : le suspens sous le signe du bien-être.
Le héros qui nous raconte son histoire est au départ un avocat médiocre, embauché mais pas associé (son grand regret) dans un cabinet d'avocat. E plus son principal client est le pire voyou de tous les temps. Drogues, prostitution, trafic tous genres et illégaux, Dragan s'est pourtant enrichit grâce aux conseils judicieux de son avocat spécialiste des optimisations fiscales, des sociétés fictives etc. Mais Dragan a le chic pour se mettre dans pétrin.
De son coté, la femme de Björn n'apprécie pas du tout ce type de clientèle dont elle pressent un danger pour elle et sa fille. Sur ses conseils, notre héros va consulter un coach spécialisé en méditation de pleine conscience adaptée aux cadres supérieurs. Les préceptes sont vite assimilés trop bien même ! Un meurtre par « inattention » puis quelques autres bien planifiés en toute zénitude, voilà qui devient de l'art.
A la fois désopilant et totalement irrévérencieux, vous vous amuserez bien avec cet ouvrage à l'écriture parfaite et bien rythmée.
Au passage soit vous tirerez profit des cours de méditation et autres conseils relaxants tirés du «Ralentir la voie du dépassement – Manuel de pleine conscience pour cadres dirigeants » écrit par un certain Joshua Breitner( en tête de chaque chapitre), soit vous appliquerez, ce que je vous conseille pas vraiment une utilisation plus radicale de la méthode, sauf si vous prévoyez de passer la fin de votre vie dans un endroit sympathique comme les Baumettes, ou Fleury-Mérogis.
Ici sous son humour décapant et sa galerie de personnages qui par une écriture très drôle ne sont pas trop clichés, Dusse porte un regard un peu amer sur les vagues « new-âge » qui défilent tous comme les super-aliments selon les modes, les enjeux du pouvoir à tout prix, et le sens de la justice et une certaine critique d’une société où la réussite est un devoir. Très « page turner » (addictif en bon français), ce livre vous changera des traditionnels polars, mais ce n'est pas un chef d’œuvre non-plus. Netflix doit adapter en série ou en film ce roman franchement réjouissant.
Extraits :
Par manque d'expérience, je n'avais aucune idée de l'endroit où sectionner un doigt pour pouvoir l'utiliser comme tampon.
Mais les téléphones sont comme les armes : ce n'est pas de l'objet lui-même que vient le danger, mais de celui qui l'utilise. Contrairement à un revolver, le smartphone nuit exclusivement à son propriétaire. OK, il est possible de braquer un pistolet sur sa propre tête. Sauf qu'on fait ça pour en finir avec une vie bousillée, pas pour se la bousiller d'abord.
Tandis que ses principales sources de revenus restaient la drogue, les armes et la prostitution, je faisais désormais passer les gains par différentes franchises, entreprises de transport, établissements commerciaux ou de bars-restaurants dont j’avais acquis des parts en son nom. Je lui montrai aussi comment empocher de l’argent en détournant des subventions européennes pour des plantations d’aubergines inexistantes en Bulgarie, et ponctionner le système d’échange de quotas d’émission en vendant des bons d’option, deux méthodes au moins aussi criminelles que le trafic de drogue, mais qui ne nécessitaient pas de broyer les os de quelqu’un. Et soutenues par l’État qui plus est.
Rétrospectivement, c'était clair comme de l'eau de roche : si la vie d'une personne représente un problème, sa mort est la solution. Mais sur le moment, la solution la plus évidente nous échappe en général.
Et je n'ai tué mon premier homme qu'à quarante deux ans . Ce qui dans mon milieu professionnel actuel, est plutôt tardif. Bon , il est vrai qu'une semaine après, j'en étais déjà à presque six meurtres.
La pleine conscience, ce n'est pas "vivre et laisser vivre". La pleine conscience dit : "Vivez !", et il peut arriver qu'un tel impératif affecte la vie dissipée d'autres gens.
Cet été, Emily serait en âge d'aller à l'école. Il faut savoir que les critères d'attribution de places en maternelle sont bien plus opaques que ceux des licences de débit de boissons pour les bordels.
C’était un excellent avocat de la défense. Employé dans un des cabinets d’affaires les plus renommés de la ville. Opérationnel vingt-quatre heures sur vingt-quatre.C’était stressant, c’est clair. Et difficilement conciliable avec la vie de famille. (...) Il faut dire qu’en contrepartie du stress, j’avais droit à pas mal de choses : une voiture de fonction, des costumes sur mesure, des montres de luxe. Avant ça, je n’avais jamais vraiment accordé beaucoup d’importance aux signes extérieurs de richesse. Mais quand vous représentez le crime organisé, vous vous devez d’en afficher. Ne serait-ce que parce que en tant qu’avocat, vous êtes le signe extérieur de richesse de votre client.
Me serais-je lancé dans cette aventure de la pleine conscience s’il n’avait été question que de nous deux, de ma femme et de moi ? Je ne sais pas. Mais nous avons une petite fille, Emily, et, pour elle, j’aurais accepté d’aller de Sodome à Gomorrhe s’il y avait eu dans une de ces villes une chance pour nous et notre famille.
Pour moi, la nourriture russe m’évoquait un Chinois qui aurait mangé chez un Italien avant de tout revomir sur une assiette de spécialités allemandes.
C’était quoi encore le truc avec la liberté ? Aujourd’hui, j’en avais enfin fait l’expérience : la liberté consistait à na pas faire ce qu’on ne veut pas.
Il existe deux types de douleur: celle de la plaie et celle du couteau qu'on remue dans la plaie. On ne peut pas effacer une plaie. Mais si on renonce à remettre sans cesse le couteau dans la plaie, elle guérira beaucoup plus vite.
Une journée n’a pas assez d’heures, je n’arrive pas à déconnecter, je suis irritable, stressé, ma femme m’énerve, je ne vois jamais mon enfant qui me manque. Quand je trouve du temps pour ma fille, je suis systématiquement ailleurs en pensée. Ma femme méprise mon boulot, mon boulot ne me mérite pas…
Bibliographie
Né
en 1973 à Essen (Allemagne), Karsten
Dusse est avocat." Des meurtres qui font du bien" est son
premier roman. Sa série s'est déjà vendue à plus de deux millions
d'exemplaires.
En savoir Plus :
Sur le roman
https://www.lesechos.fr/weekend/livres-expositions/rayon-polar-la-therapie-par-le-meurtre-1869908
https://actualitte.com/livres/1482573/des-meurtres-qui-font-du-bien-les-meurtries-zen
https://leslivresdek79.com/2022/10/01/792-karsten-dusse-des-meurtres-qui-font-du-bien/
https://www.lepoint.fr/culture/guerir-par-le-polar-ou-par-le-crime-14-10-2022-2493778_3.php
https://www.lexpress.fr/culture/livre/craig-johnson-il-etait-une-fois-dans-l-ouest_1787525.html
https://www.youtube.com/watch?v=bRtT7A5vMDk
Sur la méditation de pleine conscience :
Play-list :

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