L'histoire
1976, Saint-Sauveur, une petite ville à mi chemin entre Tucson (Arizona USA) et le Mexique. Une bourgade tranquille, avec sa « main street » (rue principale et souvent commerçante), ses petites maisons, son shérif. La vie s'écoule tranquillement jusqu'à l'arrivée d'une communauté religieuse avec un gourou, ex-homme d'affaires mexicains qui a vu Dieu. Avec cet étrange groupe, composé de hippies, de fans, de voyous qui peuvent se planquer tranquillement, des petites dégradations arrivent ainsi qu'un peu de circulation de marijuana, et quelques petits délits mineurs. Mais quand tour à tour 5 adolescents de 12 à 16 ans se volatilisent, la population s'inquiète. Ont-ils été enlevés ? Tués par un serial killer ? Le shérif Golden aura bien du mal à résoudre l'affaire, après plusieurs péripéties.
Mon avis
J'avais déjà lu du même auteur le très amusant roman, « la police des fleurs, des montagnes et des forêts », voici son dernier roman, dans un genre très différent, façon polar américain, et assez réjouissant aussi.
D'abord par la structure. C'est un journaliste qui raconte l'histoire en commençant par l'interview du coupable. Mais nous suivons l'enquête du shérif Golden et de son adjoint à travers une galerie de personnages haut en couleurs. Il y a e gourou Emilio surgit de nulle part et qui a vu Dieu, lui même qui lui demander de construire une communauté d'être humains meilleurs. Pas très sympa Dieu qui se présente sous la forme d'une boule de feu. Et puis les parents affolés parmi lesquels un couple divorcé qui ne s'entend pas du tout, la gérante et son époux d'un des bons restaurants de la ville qui avant la disparition de sa fille a vu son restaurant saccagé, ce qu'elle attribue à la communauté du gourou qui vit retranché dans une sorte de forteresse et en quasi autarcie. Avec des épisodes fantasques : un paysan est certain d'avoir vu des ovnis, une voyante réputée qui ne voit rien, une pluie de feu qui embrase les voitures, bref des incidents sans explications logiques qui viennent trouver le lecteur. Et puis nous sommes dans les années 70, les hippies sont à la mode à San Francisco mais sûrement pas dans une petite ville bien tranquille. Et si ce gourou était un Charles Manson finalement ? Avec une grande subtilité, l'auteur analyse le phénomène des « fake-news » et du rejet d'une population face à des inconnus (cette secte). Mais aller savoir si tout cela est vrai ??? On se demande même si Puertolas ne nous raconte pas un fait divers survenu aux USA.
Très page turner, avec le ton typique des polars classiques, une fois de plus, l'auteur s'amuse avec nous, déjoue notre attention et prend un malin plaisir à brouiller les pistes, alors que la solution est bien plus simple. Toujours doué dans les « exercices de styles », on s'amuse beaucoup avec ce polar malicieux, mais qui ne restera pas non plus un chef d’œuvre du genre.
Extraits :
il jeta un coup d’œil distrait à la rue à travers la fenêtre. Une femme était plantée sur le trottoir, regardant son caniche en train de se soulager dans le carré d’herbe où était fixé le panneau « BUREAU DU SHÉRIF ». Ne se sachant pas observée, elle le laissait faire. Le policier se demanda si elle aurait fait de même si elle l’avait vu derrière la fenêtre. Un philosophe grec, il y a très longtemps, avait démontré que l’homme devenait mauvais à partir du moment où il ne se savait pas observé. Deux mille ans après, ses paroles étaient toujours d’actualité.
–Par où me faut-il commencer ? –Il y a cette phrase que dit le roi dans Les Aventures d’Alice au pays des merveilles : « Commencez au commencement et continuez jusqu’à ce que vous arriviez à la fin, ensuite, arrêtez-vous. » Je pense que cette méthode a fait ses preuves.
Nous n'avons pas besoin d'argent. Votre société, qui repose sur le dollar, a prouvé sa faiblesse. Nous nous auto-suffisons. Nous produisons des fruits et des légumes, nous avons des chèvres, nous fabriquons du fromage dont nous vendons le surplus au marché, nous troquons, nous offrons notre art, des céramiques, des bibelots que je bénis, moyennant une obole. Se contenter de ce que l'on a est le chemin le plus court vers la sagesse, Shérif. Faites l'amour, pas les magasins...
On va le retrouver, Susan, réussit-il toutefois à dire. Il avait parlé fort, un volume mal dosé, une intonation maladroite, il avait essayé de prendre un air convaincant, mais c’était la troisième fois qu’il mentait cette semaine et cela commençait à s’entendre.
J’ai entendu dire qu’il s’y passait des choses étranges, continua Denise d’une voix douce mais ferme. On parle d’orgies, de rites sataniques. Vous avez vu ce qui est arrivé avec la secte de Charles Manson il y a quelques années ?
À la fois heureux d’avoir la solution à cette éprouvante enquête et soucieux de son dénouement cocasse.
Il se sentait dépassé par les événements, il ne contrôlait plus rien. Cette ville était devenue une cocotte-minute qui menaçait d’exploser à tout moment.
Quand cela s’arrêterait-il donc ? L’enlèvement d’un enfant avait déjà une répercussion médiatique immense, l’enlèvement de trois était tout bonnement ingérable.
Bibliographie
Né le
21/12/1975, Romain Puértolas est un écrivain français. Né dans
une famille de militaires (son père est colonel dans l'armée de
terre et sa mère adjudant-chef), il connait de multiples
déménagements durant sa jeunesse. Ballotté entre la France,
l’Espagne et l’Angleterre, il a été tour à tour DJ,
compositeur-interprète, professeur de langues,
traducteur-interprète, steward, magicien, employé de navigation
aérienne...
Il est titulaire d'une maîtrise en Lettres et
Civilisation Espagnoles, une maîtrise en Français Langue Étrangère,
une licence en Lettres et Civilisation Anglaises et d'un diplôme en
météorologie de Météo France.
Durant plus de 3 ans, Romain
a animé "The Trickbusters Show" un programme d'anti-magie
sur Youtube (60 épisodes) où il expliquait tous
les trucs des plus grands magiciens, mais également démystifiait
les charlatans.
Il a passé et réussi les examens pour être
traducteur-interprète d'espagnol et d'anglais à la DGSE (Direction
générale de la Sécurité extérieure) dont il a finalement renoncé
au poste. Il a enchaîné en réussissant le concours d'Officier de
Police.
Son premier roman, "L'extraordinaire voyage du fakir
qui était resté coincé dans une armoire Ikea" (2013), a reçu
le prix du livre audio (lu par Dominique Pinon). Il a été adapté
au cinéma en 2018 et en bande dessinée, en 2017."La petite
fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel", son
deuxième roman, est sorti en 2015 et "Un détective très très
très spécial", en 2017. Tous les noms des personnages de ses
romans sont de vrais noms légèrement modifiés d'amis, de parents,
de collègues de travail.
En savoir plus :
En savoir Plus :
Sur le roman
https://www.ledevoir.com/culture/733959/roman-les-ravissantes-romain-puertolas
https://www.dailymotion.com/video/x8a4ofu

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