samedi 14 janvier 2023

Velma Wallis – Un cadeau du froid – Editions JC Lattès - 2009

 

L'histoire

C'est un conte que l'on raconte toujours en Alaska aujourd'hui encore, celui des 2 grand-mères. C'est un voyage à travers l'histoire des inuits tous là-haut presque au Pôle Nord.


Mon avis

Voilà un bien joli conte que nous traduit et enjolive Velma Wallis, un petit livre qui vous enchante par sa solidarité, le courage qui est la seule survie.

Dans cette tribu athabaskane, composée de nomades qui suivent le gibier, même si c'est cruel, il était coutume d'abandonner les vieilles personnes ou les malades incurables dans le dernier campement. Mais voilà, les 2 grand-mères qui sont abandonnées alors que la saison froide arrive n'ont pas du tout envie de mourir. Avec leurs sagesses et leurs connaissances ancestrales, non seulement elles vont survivre et retrouver leur famille, mais plus jamais la tribu n'oubliera les siens.

Ce conte est tiré d'une histoire réelle dans le passé des amérindiens d'Alaska.

Velma Wallis connaît son sujet. Elle est née dans une famille traditionnelles de 12 enfants. A 13 ans, son père décède et elle doit alors aider sa mère. Elle réussit toutefois à reprendre des études puis revient dans son village natal pour apprendre à vivre comme ses ancêtres. Passionnée de lecture, elle publie en 1993 cette légende que tous les indiens de la rosière Yukon connaissent et se transmettent de génération en génération. Elle décide alors de l'écrire l'ayant apprise de sa mère.

Elle écrit : "Les histoires sont des cadeaux que l'on fait aux plus jeunes. Malheureusement ce cadeau n'est plus souvent donné et reçu de nos jours, parce que la télévision, la rapidité de la vie moderne sont bien plus captivant pour les jeunes. Cette histoire est antérieure à l'arrivée de la culture occidentale, et je me devais de l'écrire ».



Etraits :

  • La nourriture était rare, mais les deux femmes se préoccupaient surtout d'avoir chaud et, la nuit, elles restaient à parler, pour se protéger l'une l'autre de la solitude et de l'angoisse menaçante. La tribu consacrait bien peu de leur précieux temps au bavardage : ils parlaient pour communiquer, pas pour établir des relations. Elles faisaient donc exception aux habitudes, elles parlaient tout au long des interminables soirées. Elles découvraient chacune les épreuves endurées par l'autre et y gagnaient un respect mutuel.

  • Elles ne s'étaient pas bien connues avant d'être abandonnées. Elles avaient été deux voisines rivalisant de jérémiades et échangeant des propos futiles. Là, le grand âge et la cruauté de leur sort étaient tout ce qu'elles avaient en commun. Cette nuit-là, à la fin de leur éprouvant voyage, elles ne savaient pas comment échanger des paroles amicales et chaque femme se repliait donc sur ses propres pensées.

  • En ces temps-là, il n'était pas exceptionnel de laisser les vieux derrière soi en cas de famine, mais c'était la première fois que cela arrivait dans cette bande -là. L'âpreté de la terre primitive semblait le demander, alors, pour survivre, les humains devaient imiter certaines coutumes animales. A l'instar des jeunes loups, les plus capables, qui rejetaient un chef âgé, ces gens devaient laisser les vieux afin d'aller plus vite, allégeant ainsi leur fardeau.

  • Les rapports s'améliorèrent donc entre les deux femmes et le reste de la tribu. Les uns et les autres avaient appris qu'un aspect inconnu de la nature humaine se révélait dans les épreuves. Les autres s'étaient crus forts, alors qu'ils étaient faibles. Et les deux vieilles qu'on avait jugées faibles et les moins utiles avaient été fortes. Une compréhension tacite s'instaura, et tous se trouvèrent friands de la compagnie des vieilles femmes, auprès desquelles ils trouvaient informations et conseils. Ils comprirent que, pour avoir vécu si longtemps, elles en savaient plus long qu'ils ne l'avaient cru.

  • Puis je m'avisai de l'importance d'être au coeur d'un grand groupe. Le corps a besoin de nourriture, mais l'esprit a besoin des gens.

  • L’obscurité s’avança, le pays devint calme et silencieux. Il fallait beaucoup de concentration pour s’occuper durant ces longues heures. Les deux femmes confectionnèrent force accessoires avec les peaux de lapin, mitaines, bonnets, passe-montagnes. Mais, en dépit de ces activités, une grande solitude se referma lentement autour d’elles.


Bibliographie

Née en 1960, Velma Wallis est née à Fort Yukon, Alaska, dans une tribu athabaskane d’environ 650 personnes. Née dans une fratrie de treize, Velma Wallis a été élevée de manière traditionnelle, dans le respect des aînés de la tribu. Puis elle suit des études de littérature à l’Université de Fairbanks puis elle revint et vit seule un an dans une cabane de trappeur près de la rivière Yukon. La légende racontée est hélas aussi une réalité : sa propre grand mère perdit la moitié de sa famille dans la région de Circle City. Adoptée par un chaman, elle fit élevée dans le camps des pêcheurs de Chalkyitisk.

Parlant l'anglais mais aussi plusieurs dialectes Gwich'in', dont les athabaskans sont l'une des 11 groupes ethniques, répartis en clan. La langue n'est pas un problème, les différentes ethnies se comprennent. Elles descendent des asiates qui passèrent de la Sibérie orientale vers l'Alaska, il y a des millions d'années. Les athabaskanes sont des nomades qui vivent le long des rivières, car ils vivent de la pêche (les gwich'in sont des chasseurs vivant en forêt. Mais l'arrivée des colons, de l’alcool, des maladies, la population fut largement décimée. Elle est depuis sédentarisée mais certains groupes continuent de vivre de façon traditionnelle.En 1993, elle publie la première édition du Cadeau du froid qui devient aussitôt un best-seller international traduit en 17 langues, avec plus d’un million d’exemplaires vendus.
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