vendredi 29 septembre 2023

REBECCA AYOKO– Quand les étoiles deviennent noires – Editions GAWSEVITH 2012.

 

L'histoire

Qui se souvient aujourd'hui de Rebecca Ayoko, mannequin vedette et cabine d'Yves Saint-Laurent, qui a défilé en compagnie des mannequins célèbres et popularisées comme des stars dans les années 80/90?

Dans ses mémoires, co-écrites avec la journaliste Carol Mann, la toute première mannequin africaine (et non afro-américaine) revient sur son incroyable parcours, de la misère de son enfance aux grands défilés Haute-Couture, puis à son oubli progressif.


Mon avis

Un petit livre qui passe inaperçu entre les grands romans et ouvrages des bonnes bibliothèques. Pourtant ce petit livre, écrit simplement, nous fait revivre l'extraordinaire destin d'une petite fille née dans un village de Côte d'Ivoire qui rencontre son destin à l'âge de 17 ans.

Rebecca naît dans un village du Ghana, dans une famille togolaise reconnue. En tant que fille aînée, elle devra être initiée comme prêtresse vaudou. Mais voilà, son père quitte sa mère avec 5 enfants à charge, et Rebecca est placée chez une tante lointaine qui fait d'elle une esclave. Ménage, cuisine, toujours de remontrances et des claques, elle n'a que 7 ans et vit dans la peur et le martyre. Elle finit par s'échapper et se place comme bonne, le seul travail qu'elle connaisse pour envoyer un peu d'argent à se mère. Son employeur abuse d'elle et elle se retrouve enceinte à 13 ans. Elle accouche d'une petite-fille Affie qui sera confiée à la garde de sa mère, tandis qu'elle cherche toujours des emplois, elle ne sait ni lire ni écrire, mais elle sait compter. A 17 ans, elle remporte le concours Miss Côte d'Ivoire, et peut alors s'envoler pour Paris. Elle est engagée par l'Agence Glamour, une des plus célèbres de Paris. On l'éduque, on lui apprend à marcher avec des talons hauts et elle est photographiée pour diverses couvertures de magasine, notamment pour Vogue. Elle est alors remarquée par Yves Saint-Laurent, le grand couturier, qui la remarque et fait d'elle son mannequin cabine et mannequin star. C'est la grande période des défilés où les stars ne sont plus des actrices de cinéma mais ces filles longilignes, portant des fortunes en vêtements et bijoux. Une vie aussi remplie par les fêtes, ou l'on croise la jet-set du moments. Rebecca vit dans un monde merveilleux où le champagne coule à flot, tout comme les voyages : USA, Japon, et autres pays qu'elle n'a pas le temps de voir. Être top-modèle c'est se lever tôt, passer au maquillage, puis enchaîner les tenues, savoir marcher avec 20 cm de talons sur les podiums dans des chaussures trop petites (la taille doit être du 39 alors que ces grandes filles taillent bien plus, au point que certaines trichent en piquant des chaussures à leur taille, ni vu ni connu. Elle se lie d'amitié avec Azzedine Alaïa, Mouss Diouf et bien sur Yves Saint-Laurent. Mais Rebecca commence à vieillir imperceptiblement, et en plus, elle commet 2 impairs : faire rentrer chez Saint-Laurent une jeune mannequin noire qui va savoir la supplanter, et arriver un jour avec des tresses africaines, alors que dans la célèbre maison de couture, le maître veut que sa mannequin soit les cheveux tirés en chignon et sans maquillage. Rebecca qui a toujours vécu au jour le jour, sans penser au jour où sa carrière va s'arrêter, n'a pas mis d'argent de coté, ne s'est pas acheté un appartement, s'est montrée bien trop généreuse avec des petits-amis qui ont profité d'elle, sans jamais trouver le grand amour.Mais comment aimer quand on n'a jamais reçu d'amour dans l'enfance ? Elle finit par se retrouver au RSA, et les amitiés d'hier ne comptent plus pour une femme déclassée. Elle tente bien de monter un commerce de bijoux qu'elle confectionne avec des perles africaines, mais elle ne sait pas gérer son entreprise et c'est la faillite.

Mais Rebecca est une femme forte. Aidée par des amis, elle sort de la misère en s'engageant dans des causes humanitaires. Elle dédie ses mémoires à ses 2 enfants Affie et Vincent resté vivre aux USA auprès de son père.

Un livre simple où l'on découvre aussi les dessous de la mode, le monde cruel d'une industrie où le moindre dérapage, l'ambition d'une collègue, l'utilisation du corps de la femme « parfaite ». Et ce destin à la fois tragique et beau, raconté avec humilité par Rebecca avec l'aide de la journaliste Carol Mann.


Extraits :

  • Au-delà d’un certain âge, une mannequin ne vaut guère mieux qu’un yaourt périmé. On vous regarde comme si vous aviez failli à votre promesse de beauté éternelle.

  • La pauvreté est une lèpre sociale qui fait fuir l'entourage,comme s'il craignait d'être contaminé.On vous évite,on écourte la conversation dès que vous avez le malheur d’évoquer votre situation.


Rebecca Akoyo a aujourd'hui 63 ans. Elle donne des conférences dans le monde entier sur le statut des femmes en Afrique et s'engage dans des projets humanitaires. Elle est nommée ambassadrice de l'ONU.


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