samedi 11 novembre 2023

Ragnar JONASSON – A qui la faute – Editions de la Martinière 2023

 

L'histoire

Quatre amis d'enfance partent pour une partie de chasse dans le grand ouest islandais. Le temps est particulièrement maussade et en plus une tempête s'abat alors que les 4 voyageurs tentent de gagner un refuge d'urgence en montagne. Mais arrivés au refuge, une drôle de surprise les attend. Les amitiés de jeunesse ne semblent pas résister au temps, et c'est l'heure des règlements de comptes.


Mon avis

Selon le journal américain le Times, Jonasson est le meilleur auteur de polars de son époque. C'est vrai qu'il figure toujours en bonne place dans les ventes, ce qui confirme que les polars nordiques sont toujours à la mode.

Je n'avais jamais lu cet auteur, voilà chose faite. Bon les énigmes en huit-clos, ce n'est pas nouveau, mais ici cela se passe dans des paysages aussi magnifiques qu'inquiétant. C'est un court roman, structuré en petits chapitres où prennent tour à tour les quatre protagonistes. Daniel, exilé en Angleterre où il mène une vie de comédien médiocre, Helena femme froide et calculatrice ne se remet pas de la mort de son mari 5 ans plus tôt. Armann lui a fait fortune dans le tourisme, il fait figure d'homme assuré, solide malgré un passé de drogué et de petit délinquant dans sa jeunesse. Gunnlaugur, juriste dans une société, sans ambition est un homme impulsif, mais falot. Il est amoureux depuis longtemps d'Hélena qui pourtant n'est pas une femme pour lui.

Chacun a donc un passé peu existant qu'il cache soigneusement aux autres.

Si l'intrigue semble un peu du déjà lu, les paysages grandioses et sauvages d'Islande, ici déchaînés et hostiles, donnent à ce récit une dimension particulièrement angoissante, et aucun des personnages n'attire la sympathie et pourtant on continue à lire.

Très page turner, j'attends de lire d'autres livres de Jonasson pour me faire une idée globale de son travail.


Extraits :

  • On lui avait toujours appris à faire les choses correctement, à obéir à ses parents, à travailler, à ne jamais faire de vagues, et il y était parvenu - presque trop. Parfois, il avait eu la sensation de passer à côté de sa vie, de rater toutes les aventures de la jeunesse. Désormais, il avait vécu une expérience extrême, un acte effroyable qui l’avait fait basculer vers le mal.

  • Il repensa à Daniel, perdu et livré à lui-même dans ce désert hostile, sans doute mort depuis longtemps. Mourir de froid pouvait cependant prendre un long moment, bien plus que ce que la plupart des gens soupçonnaient : le corps humain pouvait montrer une capacité extraordinaire à résister dans des conditions extrêmes. Ils n'avaient toutefois aucune chance de tomber sur lui. Dieu seul savait ou son corps gisait dans la neige, coincé entre deux congères, à quel endroit il avait contemplé les ténèbres pour la dernière fois en songeant que c'était terminé, que personne ne viendrait à sa rescousse.

  • Été comme hiver, la nature avait beau être majestueuse, elle n’en demeurait pas moins meurtrière. Se perdre dans les terres hautes d’Islande était sans doute similaire au fait de se perdre dans le Sahara, le froid pouvait être aussi dangereux que la chaleur.

  • Jamais il n'avait eu aussi froid.
    Daniel avait beau être recouvert de plusieurs couches de laine sous son épaisse doudoune, rien n'y faisait : l'air glacial parvenait quand même à s'insinuer à travers ses vêtements. Ses compagnons de voyage ressentaient-ils la même chose ? Il n'osait pas poser la question, de peur de paraître faible. La tête baissée, il avançait péniblement, secoué par le vent et les paquets de neige. Il ne discernait plus le paysage, ni même le sol sur lequel il progressait ; son monde s'était réduit à des tourbillons blancs traversés par des vagues silhouettes en mouvement.

  • Jamais il n’avait éprouvé une telle sensation. Il flottait, quelque part entre le sommeil et la veille alors qu’il était bien réveillé, quelque part sur la frontière entre l’imagination et le monde réel, peut-être précisément parce qu’il savait au fond de lui que la réalité était bien pire que tout ce qu’il aurait pu imaginer.

  • A cet instant, alors qu'elle aurait dû se concentrer sur tout autre chose-le froid, la tempête, l'homme au fusil-, Vikingur se matérialisa soudain dans son esprit. Elle aurait tant aimé qu'il soit là, auprès d'elle. S'il avait été là, il n'y aurait eu aucun problème.

  • On est au milieu de nulle part, on peut s'estimer heureux d'avoir du chauffage et de l'électricité, mais s'il se passe quelque chose... Tu vois, si on...
    - Que veux-tu qu'il se passe ? demanda Daníel qui tenait toujours son verre vide à bout de bras, attendant qu'Ármann le serve. - Je ne sais pas, répondit Gunnlaugur. N'importe quoi... Si on se retrouvait bloqués...

  • On est au milieu de nulle part, on peut s'estimer heureux d'avoir du chauffage et de l'électricité, mais s'il se passe quelque chose... Tu vois, si on...
    - Que veux-tu qu'il se passe ? demanda Daníel qui tenait toujours son verre vide à bout de bras, attendant qu'Ármann le serve.
    - Je ne sais pas, répondit Gunnlaugur. N'importe quoi... Si on se retrouvait bloqués...


BIOGRAPHIE

Ragnar Jónasson est un écrivain islandais, auteur de romans policiers. Il a découvert à 13 ans les livres d'Agatha Christie et entreprend la traduction, à 17 ans, de quatorze de ses romans en islandais.
Diplômé en droit de l'Université d'Islande à Reykjavik (1996-2001), il travaille comme juriste dans la société de gestion des fonds Gamma de 2015 à 2019. Depuis 2019, il est banquier d'investissement à l'Arion Bank. Il enseigne le droit à l’Université de Reykjavik depuis 2009.
Ragnar Jónasson est également écrivain, romancier et nouvelliste. Il se lance dans l'écriture avec la publication d'un roman policier intitulé "Fölsk nóta" (2009), premier volet de la série policière "Dark Iceland" dont le personnage récurrent est le jeune policier Ari Thór. L'intrigue de la série se déroule à Siglufjördur, la ville la plus au nord de l'Islande, d'où sont originaires ses grands-parents et où a grandi son père.

"Mörk" ("Náttblinda", 2014) a été élu "Meilleur polar de l’année 2016" selon le Sunday Express et le Daily Express, et a reçu le Dead Good Reader Award en Angleterre. Découvert par l’agent d’Henning Mankell, Ragnar Jónasson a accédé en quelques années au rang des plus grands auteurs de polars internationaux. Ses œuvres sont traduites dans une trentaine de pays. Il écrit également en anglais.
Il est le cofondateur, avec l'écrivaine Yrsa Sigurðardóttir (1963), du Festival international de romans policiers Iceland Noir, en 2013.
Marié et père de deux filles, il vit avec sa famille à Reykjavik.

Voir ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Ragnar_J%C3%B3nasson

son site : http://www.ragnarjonasson.com/



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