L'histoire
A Paris, un homme est retrouvé assassiné dans son appartement. Quelques jours plus tard un autre homme est retrouvé poignardé de 10 coups de couteaux. Puis à Toulon, un journaliste en vue est retrouvé mort, empoisonné. Point commun de ces trois meurtres, les victimes qui ne se connaissaient pas entre elle sont retrouvées sans sous-vêtements. Certains éléments des trois dossiers font penser au Capitaine Sterling que les meurtres pourraient bien avoir été commis par une ou des femmes. Hors les suspectes ont toutes un alibi, et l'enquête n'avance pas.
Par ailleurs, l'autrice nous compte l'histoire de trois autres femmes qui ont toutes un point commun : elles sont moches, trop grosses, et sont objets de vexations notamment des hommes qui les rejettent.
Mon avis
Voilà un polar jubilatoire et amusant que nous livre Anne Roquois, et qui prolonge à sa façon les mouvements « me-too » et « balance ton porc ».
Sauf qu'ici les solutions sont plutôt radicales. De plus, pour brouiller un peu plus le lecteur, l'autrice insère une autre histoire de femmes malmenées en raison de leur physique (que l'on pourrait croire les suspectes des trois meurtres) mais qui ne le sont pas. Car les trois meurtrières ont le point commun d'avoir été trompées par leur mari ou compagnon.
Le tout mené tambour battant avec une écriture amusante. La fin est aussi très amusante, je ne spoile pas. Évidemment ici, on parle de ces femmes trompées, battues, méprisées, qui ont décidé qu'on est jamais aussi bien servies que par soi-même. Mais l'autrice introduit aussi des thématiques comme l'islam radical, la solitude, la dépression, mais ce n'est pas le thème principal du livre, juste des caractéristiques de certains personnages. Si la série des 3 meurtres trouve une solution in extremis, on ne peut s'empêcher de ressentir une forme d'empathie pour Nadia et ses deux copines : des femmes qui ne correspondent pas aux critères de la beauté dictées par les magasines, la publicité et qui du coup se heurtent aux remarques désobligeantes aussi bien des jolies filles mais surtout des hommes. Des relations durables avec un compagnon aimant leur sont comme interdites. Bien évidement l'écrivaine exagère un peu mais combien de jeunes filles deviennent anorexiques ou font des régimes yoyo pour tenter d'avoir l'image séduisantes qu'elles voudraient montrer à la société.
Mais jamais l'autrice ne tacle le patriarcat ou les hommes en général (à l'opposé d'une Virginie Despentes). Le Capitaine Sterling son héros est un homme charismatique et entouré d'une équipe soudée composée de femmes et d'hommes qui font juste leur travail et apprécient leur chef, qui les laisse prendre des initiatives.
Nous ne sommes donc pas dans une guerre des sexes mais dans un polar amusant, qui fait écho à l'actualité mais sans se prendre totalement au sérieux.
Il plaira aux lectrices mais aussi aux lecteurs, car la psychologie féminine est bien exploitée et le tout se lit presque tout seul. Les citations en début de chaque chapitre sont aussi très bien trouvées.
Extraits
Si tu veux avoir la paix, pisse de la copie. Si tu veux avoir la guerre, pisse de la page blanche." Le capitaine [...] se mit à pisser... ou plutôt à pondre, terme qu'il jugeait plus approprié à cet exercice particulier qu'est la rédaction d'un rapport dont la plume est tenue par un poulet.
J'aurais aimé être plus trash et plus rock'n'roll. Or, la personne que vous voyez en moi, infidèle, meurtrière, fille indigne..., ressemble à s'y méprendre à cette vision fantasmée de moi-même. Mais on a beau lutter, difficile de contrecarrer sa nature profonde.
dans une époque où la superficialité est reine, raisonner vous rend immédiatement suspecte
j'aime les hommes compliqués mais je voudrais qu'ils adoptent des attitudes simples.
Le seul moment où une femme réussit à changer un homme, c'est quand il est bébé. Nathalie Wood
C'est bien la pire folie que de vouloir être sage dans un monde de fous. Erasme
Une femme qui n'a pas peur des hommes leur fait peur. - Simone de Beauvoir
Il est plus facile de désintégrer un atome qu'un préjugé. - Albert Einstein
Histoire banale : on s'est croisés, on s'est séduits, on s'est aimés, on s'est lassés.
On drague souvent plus haut que son cul.
Biographie
Anne Dhoquois est journaliste indépendante,
spécialisée dans les sujets "société".
Elle
travaille aussi bien en presse magazine que dans le domaine de
l'édition (elle est l'auteur de plusieurs livres sur la banlieue,
l'emploi des jeunes, la démocratie participative).
Elle fut
rédactrice en chef du site Internet Place Publique durant onze ans
(1998-2009) et a assuré la coordination éditoriale de la plateforme
web Banlieues Créatives (2012-2015), inspirée de son livre
"Banlieues Créatives" (2006).
Elle est auteur aux
éditions Ateliers Henry Dougier depuis 2014.
son site :https://www.dhoquois.com/

Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.