Sorein Sveistrup- Octobre - Livre de poche

 

Certains le considèrent comme le polar de l'année. Soren Sveistrup, ce nom ne vous dis peut-être rien, mais c'est l'auteur de la série culte "The Killing" (3 saisons diffusée sur Arte et rediffusée l'été 2020). 

 

Depuis, il s'est mis à la littérature avec son premier polar. On y retrouve quelques ingrédients qui ont fait le succès de la série : Copenhague dans le froid et la nuit de cet automne meurtrier. Deux inspecteurs de police dont l'un est aussi mutique que le fut Sara Lund dans la série sus-nommée, à la vie chaotique, l'autre tenace jusqu'au bout (toujours inspiration de l'enquêtrice de The Killing. 

Une intrigue qui - si il manque le coté politique, quoique, qui vous fera haleter car impossible de trouver le coupable, rebondissements, intrigues, fausses pistes, l'auteur sait maintenir le suspens d'une écriture fluide. Attention aux petits bonshommes fait en châtaignes et allumettes....

Sorti en poche mais déjà adapté par Netflix. Mieux vaut lire cet excellent livre. Dans toutes vos bonnes librairies et bibliothèques

Catherine Ingelman-Sundberg - Le gang des dentiers - Poche Pocket

Vous avez le moral en berne ? J'ai la solution littéraire, sous forme de romans hilarants.

5 retraités, 80 ans et toutes leurs dents s'estiment mal traités dans la maison de retraite un peu mouroir qui les accueille. Donc, entrainé par l'irrésistible Martha, ils vont passer à l'acte. Avec les péripéties que l'on imagine.

Attention pas d'armes, pas de gouttes de sang, nos octogénaires ont la classe d'un Arsène Lupin et l'âme de Robin des bois. Plein de vie, dans un style vif qui va nous redonner un certain coup de fouet.

La suédoise Catherine Ingelman-Sundberg est une star dans son pays. D'abord archéologue spécialisée dans la recherche des drakkars ensevelis. Elle a écrit des ouvrages à ce sujet puis se tourne vers la série de polars des octogénaires. Voici les deux premiers de la série.

Un pur régal !

 

Camilla Lackeberg "La cage dorée" - Actes Sud

 

Ah elle est belle la grande bourgeoisie de Stockholm. Appartement luxueux, meilleurs écoles pour les enfants, et des femmes minces habillées chez les plus grands couturiers qu'on exhibe comme des trophées.

Mais pour Faye, au passé déjà chargé, cela ne se passe pas comme cela. Sous des airs angéliques, le mari est un homme violent, qui la rabaisse chaque jour, et la trompe sans scrupules avec des jeunettes qui cherchent surtout l'argent.

Mais Faye est intelligente, et rendra coups pour coups.

 

"La cage dorée", l'avant dernière roman de Camilla Lackberg ne fait pas dans la dentelle. Il est vrai que son sujet de prédilection reste la position des femmes, dans un pays où l'on pense que tout est merveilleux de ce coté.

Délicieusement amoral, voilà un roman (une suite est parue en 2020) qui ne déplaira pas à toutes les âmes féministes.

"la cage Dorée" de Camilla Lackberg chez Actes Sud - collection actes noirs.

 

Benoit Phillipon

 

Mamie Luger - en livre de poche

Berthe 102 ans se retrouve en garde à vue pour avoir tiré une ou deux chevrotines dans l'arrière train de son voisin. A 102 ans, on est toute fragile, on a le sonotone, les lunettes loupes, le palpitant qui cogne mais par contre son franc parler, elle l'a toujours notre mamie. Et voilà qu'elle raconte un siècle (elle est née en 1914) de sa vie d'auvergnate perdue dans un village du Cantal mais aussi sa façon bien à elle de régler quelques petits problèmes conjugaux.

Ecrit dans un style hilarant à souhait, on passe des rires aux larmes devant ce petit bout de femme qui en a sous le coude (et la fameuse liqueur de sa grand-mère, 65° minimum.

Benoît Philippon né en 1976 est scénariste, auteur de film d'animation et écrivain.

Ames sensibles s'abstenir. En effet, sous l'humour grinçant de l'auteur, on assiste à une véritable reconstitution historique du sort des femmes modestes. A la fois poignant et amusant.

*************************************

Joueuse  en Livre de poche

 

Maxine, magnifique jeune femme de 35 ans gagne sa vie en tant que joueuse de poker talentueuse. Pour les besoins d'une partie, elle recrute Zack, bon joueur de poker et son pote, Baloo, boxeur qui soigne sa déprime en allant envoyer au tapis quelques vilains qui ne se comportent pas correctement avec les femmes. A ce trio qui ont tous un passé triste s'ajoute le petit protégé de Maxine, un enfant surdoué. Ce quatuor est parti pour faire un carton implacable et surtout devenir une famille aux liens indéfectibles.

J'avais adoré Mamie Luger de Benoit Philippon, le plus féministe auteur de polars. Il récidive avec ce roman bourré d'humour et de son style hilarant. On s'amuse beaucoup à la lecture de "Joueuse, qui vaut surtout par son écriture pleine de vie.

En livre de poche, pour un bon moment d'humour noir sans occulter le fond.

Ario Paasarina - Editions Piment

Des contes pour grands enfants.

Le pasteur finnois Oskar Huuskonnen est à 50 ans, un homme irascible, malheureux en ménage et décrié par son Eglise. Pour son 50ème anniversaire on lui offre un ourson abandonné. Entre l'homme et l'animal un lien fort se noue, et nous entraine dans des aventures cocasses du froid glacial de la Finlande en passant par la Russie, la Baltique et Malte.

 

Ecrit dans un style maitrisé jusqu'à la dernière ligne, ce petit livre est un bijou d'humour, et d'une certaine vision du monde.

 

Arto Paasilinna (1942 - 2018) est l'un des plus célèbre auteur finnois. Il met toujours en scène un protagonniste face à la société de son temps, avec humour et burlesque. Attaché à la nature, qui est souvent le principal héros de ces romans, il nous propose à travers 35 romans l'exploration de la Finlande ou d'autres lieux. Un petit trésor d'humour et d'humanisme sur le ton détaché mais un joli conte pour moi.

Joseph Incardona

 

 La soustraction des possibles - Joseph Incardona - Poche Pocket

A travers les histoires des principaux protagonistes liés au monde la finance, ultra-riches, petits malfrats, maffia, sous-fifres (une représentation des classes sociales impitoyables) l'auteur passe en revue tous les travers de la société 1980/1990, la naissance de l'ultra libéralisme et du mondialisme à la veille de l'effondrement du bloc soviétique, dans une intrigue machiavélique, ou l'argent est le roi insatiable du jeu.

 

Ceux qui n'en n'ont jamais assez et qui se gavent encore, en toute impunité, ceux qui aimeraient bien mais qui ne font pas partie du cercle, le rôle de la femme, victime ou déesse, cruelle ou soumise

.Au passage, J. Incardona analyse et passe en revue de façon, parfois cynique, tous les travers de la société de l'époque où le smartphone n'existait pas encore et le web venait à peine d'éclore.

 

Il a reçu des prix littéraires pour ce livre sorti en 2020. "La soustraction des possibles" de Joseph Incardona, italien vivant en Suisse, où se passe l'action et surtout UBS qui blanchit à tour de bras l'argent sale en toute impunité. Le roman n'est pas encore sorti en poche. Un excellent livre à offrir ou à s'offrir !

 

-----------------------------------------------------------

 

 "Derrière les panneaux il y a des hommes". Joseph Incerdona. En poche pocket.

[fan de polar].

Mais est-ce un polar, une réflexion sur la vie, une descente aux enfers sans fin ?

Le pitch : tout commence sur une aire d'autoroute poisseuse d'un week-end caniculaire. Pierre, devenu SDF, observe et attend. Ailleurs une femme alcoolisée et s'offrant au premier venu cherche à noyer le chagrin d'une vie devenue sans but. Le prédateur a beau se croire le plus cynique, au fond il sait que c'est la fin.

 

Encore une fois Joseph Incardona éprouve nos nerfs dans ce roman qui n'est qu'un prétexte pour parler de nos solitudes. Celles que l'on a choisi avec un ultime but, celles subies par l'abandon ou la folie. Ici le style est bref, incisif, cette économie de mots (tout en étant très facile à lire, l'auteur ne cherche pas à faire de la littérature moderne) renforce le sentiment de fatalité, d'isolement. 

A travers une galerie de personnages lambda c'est une fois de plus la société que l'écrivain suisse démonte. Puissant.

C'est le deuxième roman d'Incardona (après la Soustraction des possibles paru cette année et dont je vous avais parlé) que je lis. J'aime de plus en plus cet univers qui flirte avec l'étrange équilibre de l'être. Et l'analyse si fine de la société dans ces petits travers (nos petites mesquineries quotidiennes) mais aussi dans de cours instants de grâce est magnifiée par des phrases ciselées d'un trait humour 3ème degré.

 

 

 

Ito Ogawa - Le Ruban - Picquier poche

 

Une grand-mère (Sumire = violette en japonais) fascinée par les oiseaux et sa petite fille Hibari (alouette en nippon) couvent et élèvent un petit oiseau qu'elles nomment ruban en français, car il représente le lien invisible et éternel qui relie cette vieille dame pleine de grâce et la fillette pleine de vie. Mais un jour Ruban s'envole et on suit ses aventures tendres et le lien invisible qui le lie aussi à Hibari sur laquelle il veille. J'ai rarement lu un livre aussi beau, si loin de notre monde plein de haine, la délicatesse du Japon (l'histoire se passe de nos jours) et tout ce qui incite à la bienveillance. Un petit bijou de littérature. (en poche Picquier).

A glisser sous le sapin.

Ito Ogawa a 48 ans aujourd'hui, elle a écrit des livres pour enfants avant de passer aux romans adultes.

 

Extrait 

L'âme c'est ce que nous avons de plus précieux, .. L'âme est protégée par le coeur qui est

protégé par le corps.

- Comme un daifuku à la fraise, j'avais eu une illumination

- Voilà c'est exactement cela a répondu Sumire. L'enveloppe est la pâte de riz, le coeur est la päte de haricots rouge et la fraise est l'âme.Hibari, à votre avis quel est le meilleur dans la daifuku à la fraise ?

- la fraise, ai-je répondu. Ben oui si on ôte la fraise du daifuku ce n'est plus un daifuku

- Exactement et voilà le plus important, mon âme est reliée à la votre Hibari par Ruban (la perruche élevée par Sumire la grand-mère et Hibari la petit fille).

 Nous étions unies par un ruban invisible, transparent. Il me suffisait d'y penser pour que quelque chose se gonfle dans ma poitrine, je ne sais pas exactement quoi, quelque chose de triste et chaud..

 

****************************

 

"Mon tempérament ne me permet pas de vivre longtemps avec quelqu'un, homme ou femme. Je n'aime ni m'ouvrir ni m'appuyer sur autrui. Même si je suis très proche de quelqu'un, mêmes dans les pires difficultés, je tiens à rester bien droite sur mes deux pieds et à vivre seule, c'est mon caractère"

"j'avais toujours vécu sans déranger personne.

 

 **********************************************

Au bord de la route, je marchais bien sur le côté, attentive à ne pas gêner les automobilistes et les cyclistes. Je faisais continuellement attention où je mettais les pieds pour ne éviter d'écraser par mégarde les fleurs sauvages."

 

***********

Nota

Au Japon où les logements sont petits, les habitants n'ont pas de chiens ou de chats comme nous mais ils ont souvent des perruches (calopsitte jaune) qu'ils élèvent et qui tiennent compagnie aux enfants ou aux personnes seules.