dimanche 19 février 2023

ANTHONY DOERR – La cité des Anges et des Oiseaux – Albin Michel - 2022

 

L'histoire

Konstance, 14 ans vit sur un vaisseau spatial commandé par une intelligence artificielle, en 2100. Anna vivait en 1453, brodeuse à Constantinople qui est en train de chuter, reprise par les ottomans et initiée à la lecture par un vile homme. A la même époque, une jeune berger bulgare Omeirn très pauvre est enrôlé dans l'armée ottomane. De nos jours Zeno dans l'Idaho, ancien soldat, se prend de passion pour la littérature antique. Seymour, un orphelin pauvre qui a pour ami une chouette se désespère de la mort de celle-ci, mais finit par apaiser sa violence dans la poésie. Enfin Aeton personnage grec ami de l'écrivain voyageur Antoine Diogène (332 avant JC) découvre un manuscrit caché attribué à l'écrivain. Tous ces personnages sont à la recherche de la traduction et des indications du livre de Diogène « la Cité des Anges et des Oiseaux », sorte de paradis sur terre ou ailleurs. Ils y passent leur vie, au détriment de vivre la leur, dans un puzzle magnifique et magistralement orchestré par l'auteur.



Mon avis

Comment qualifier ce roman de 700 pages qui mêlent le passé antique, le début de l'Empire Ottoman, le présent et un futur et 4 voix distinctes et les personnages secondaires qui sont des amis ? Est-ce un roman onirique, d'anticipation, d'histoire, de quête personnelle de son destin ? Un peu de tout cela, magnifiquement écrit par Doerr, un écrivain inclassable. Et quelle est donc cette Cité des Anges et des Oiseaux pour laquelle les héros se battent. Il faut comprendre le texte transmis par Aeton et découvert assez facilement par Diogène qui obtient d'autres informations sur cet homme, un personnage ambigu, sorte de demi dieu grâce à ses pouvoirs de transformations. Les tablettes gravées en ancien grec « La cité des Anges et des Oiseaux » est pourtant un manuscrit mythique. L’écrivain Antoine Diogène a suivi Alexandre le Grand dans ses conquêtes dont il relate les faits et recuille aussi les mythes des contrées conquises. Ces œuvres sont regroupées dans un codex conservé à la BNF.

Y a-t-il des erreurs de traduction ? Et surtout où se situe cette cité de paix absolue ? C'est à cette question que tentent de répondre les personnages mais aussi de l'interpréter à travers d'autres écrits de Diogène. Ces héros qui ne se connaissent pas, puisqu'ils vivent dans des époques et des lieux différents mais leurs histoires personnelles ont quelques choses de commun. Omein ce jeune homme très pauvre, enrôlé de force dans l'armée ottomane, est aidé par un gradé érudit qui en fera son fils adoptif. Anna brideuse avec sa sieur vit chichement dans une chambre à Constantinople et est la pire brodeuse de la ville, elle se pique régulièrement avec l'aiguille mais son intelligence et son amour des livres la laisse indifférente à la conquête ottomane qui saccage la ville. Zeno lui, est un émigré quia subi les moqueries des gamins de l'école et à fait l'armée, un homme solitaire qui sauvera Seymour d'un acte terroriste raté et le prendra sous son aile alors qu'il est devenu un vieil homme.

Nous notons que tous ces personnages ont les mêmes parentés : la pauvreté, un guide spirituel ou amical, et une passion infinie pour les livres. Car c'est un véritable hommage à la littérature et à son pouvoir rédempteur, son capacité à nous émerveiller et à chercher qui est au centre de ce roman si original des Doerr. Certes les premiers chapitres sont un peu fastidieux car ils préparent les aventures de nos 5 personnages, leur quête et leur parcours de vie. Ce n'est pas un hasard si tout tourne autour de Constantinople dont la fabuleuse librairie a brûlé dans le siège de ottomans. Konstance en a le prénom, Zeno est émigré turc, Anna y vit, Omein y est amené et Seymour est ne sait pas que son père inconnu était stambouliote.

Mais Boerr qui met en place un véritable puzzle littéraire, par sa forme, en alternant les voix et les époques est aussi un écologiste. L'amour de la nature est présente chez tous les personnages, et rêvée par Konstance, puisqu'en 2100 la vie sur notre terre n'est plus possible, peut-être le personnage le plus audacieux du livre.

Et le style à la fois simple mais avec des jolies pages de pure poésie, une part d'onirisme qui habite chaque personnage dans sa différence, là aussi une ode aux humains humbles et peu gâtés par la vie qui trouvent leur échappatoire dans cette quête de la fantasmagorique Cité des Anges. Tous nos héros ont chacun des difficultés de vie : homosexualité tacite de Zeno, handicap d'Omeir, violence de Seymour, isolement de Konstance, le deuil d'Anna. Mais Doerr ne juge pas ses héros. Ils leur offre à chacun une rédemption, un apaisement, un guide physique ou spirituel. Une œuvre brillante comme vous n'en n'avez jamais lu, qui repasse l’histoire à l'aube des mythes que l'on transmet, et des livre que seul l'Humain sait conserver et passer à d'autres. Un livre qui restera dans ma bibliothèque mais que j'offrirais mes proches, tant il est intense et magnifique.


Extraits :

  • Dans l'esprit de Seymour, c'est comme si un mécanisme s'était grippé : il ne voit plus dans la planète qu'un processus d'agonie, et les gens qui l'entourent sont tous complices du meurtre. Les occupants d'Eden's Gate remplissent leurs poubelles de déchets, roulent en SUV entre leurs deux résidences et écoutent de la musique dans leur jardin sur des enceintes Bluetooth tout en se répétant qu'ils sont des gens bien, des personnes honnêtes et respectables qui vivent le prétendu "rêve américain", comme si leur pays était un Eden où les bienfaits d'un Dieu généreux se trouvaient équitablement répartis entre les êtres. Mais en réalité, ils participent à un système pyramidal qui broie la masse des plus défavorisés, dont sa mère fait partie. Et en plus, ils s'en félicitent.

  • Je sais pourquoi les bibliothécaires t'ont lu ces vieilles histoires : si elles sont bien racontées, celui qui les écoute reste en vie aussi longtemps que dure le récit

  • Un reposoir, dit-il enfin. Tu connais ce mot ? Un lieu de repos. Un texte - un livre - est un lieu de repos pour les souvenirs de ceux qui ont vécu avant nous. Un moyen de préserver la mémoire après que l’âme a poursuivi son voyage. »
    Alors il ouvre grand les yeux, comme s’il contemplait le fond des ténèbres infinies.
    « Mais les livres meurent, de la même manière que les humains. Ils succombent aux incendies ou aux inondations, à la morsure des vers ou aux caprices des tyrans. Si personne ne se soucie de les conserver, ils disparaissent de ce monde. Et quand un livre disparaît, la mémoire connaît une seconde mort 

  • Mon enfant, chacun de ces livres est un portail, une ouverture qui te donne accès à un autre lieu, à une autre époque. Tu as toute la vie devant toi, et ils ne te feront jamais défaut

  • Quelque part dans la ville, un rougeoiement éclot : un soleil qui se lève au mauvais endroit et au mauvais moment. C'est étrange, comme la souffrance peut paraître belle quand on la regarde d'assez loin.

  • Les maisons avaient été bâties avec des ossements de griffons, et le froid était si vif que, lorsque les sauvageons velus prenaient la parole, les mots se pétrifiaient dans l'air, et leurs compagnons devaient attendre le printemps pour comprendre ce qu'ils avaient voulu dire.

  • Anna est médusée. Depuis sa naissance, on tâche de la persuader qu'elle a vu le jour dans un monde qui s'achève : fin d'un empire et d'une époque, fin du règne de l'homme sur la Terre. Mais l’enthousiasme qui irradie de ce scribe lui laisse penser que, dans une ville telle qu’Urbino, bien loin d'ici, d'autres possibilités existent peut-être, et elle rêve tout éveillée, survolant la mer Égée au-dessus des navires, des îles et des tempêtes, le vent s'engouffrant entre ses doigts écartés, pour se poser enfin dans un palais pur et radieux où règnent Justice et Tempérance, et dont les salles sont garnies de livres que chacun peut consulter librement.

  • Quelle formule magique ? - Gobelune, craquedingue et virevague. Konstance éclate de rire. La dernière fois, tu as dit « claquefigue » et « crissecrosse ». - Ah oui, elle le dit aussi. Alors la lampe brille très, très fort, et pfft, elle s'éteint d'un coup. Il fait sombre dans la pièce, mais Aethon voit à la clarté de la lune les plumes qui poussent dans le dos de la femme, sur son cou et jusqu'au bout de ses doigts. Son nez durcit et s’incurve, ses pieds se recourbent pour former des serres jaunes, ses bras se changent en de magnifiques ailes brunes, et ses yeux… - Deviennent trois fois plus grands et prennent une teinte de miel liquide. - Absolument. Et après ? - Après ça, elle déploie ses ailes et s'envole par la fenêtre, pour disparaître dans le jardin et dans la nuit.

  • Zeno reprend son souffle, le feu crachote, les murs du baraquement se dissolvent, et dans un recoin de son esprit inaccessible à la douleur, à la faim et aux gardiens du camp, le sens du vers grec se dessine, franchissant les siècles.
    "Ainsi font les dieux", dit-il, "ils tissent les fils du désastre à l'étoffe de nos vies, afin d'inspirer un chant pour les générations à venir."

  • Il y a tout de même de beaux moments, quelques heures où, tandis qu’il s’acharne sur ces vieux textes, les mots s’effacent pour laisser les images venir à lui à travers les siècles : des navires débordant de soldats en armure ; la mer pailletée de lumière ; les voix des dieux portées par le vent. Il a un peu l’impression d’avoir de nouveau six ans, et de se trouver simultanément devant la cheminée auprès des jumelles Cunningham et en compagnie d’Ulysse perdu au large de la Schérie, avec le fracas des vagues heurtant les rochers.

  • La lassitude finit par me gagner : j'avais effectué un bien long voyage, sans me rapprocher pour autant de ma destination. Je n'étais qu'un poisson dans la mer, à l'intérieur d'un autre poisson plongé dans une mer bien plus vaste, et j'en vins à me demander si le monde lui-même ne flottait pas dans le ventre d'un poisson plus volumineux encore -un emboîtement sans fin de spécimens de plus en plus gros. Fatigué par ces réflexions, j'abaissais les membranes de mes yeux.

  • Au cours d'une existence, on accumule une infinité de souvenirs, le cerveau ne cesse de les trier, pesant les répercussions et refoulant la souffrance, mais à l'âge qu'il a atteint, on traine malgré tout une charge écrasante de souvenirs, un fardeau aussi lourd qu'un continent, et le moment vient où il faut quitter ce monde en les emportant avec soi.

  • Arbre et Clair-de-Lune attendent patiemment sous le joug, le dos fumant, la pluie s'égouttant de leurs cornes, et le garçon cherche les cailloux sous leurs sabots et les plaies à leurs épaules, jaloux à l'idée qu'ils ne vivent que dans l'instant, sans redouter ce qui vient.

  • Celui qui connait la totalité des Savoirs jamais écrits sait uniquement ceci : qu'il ne sait encore rien.

  • La culture occidentale a transmis l'idée selon laquelle l'humanité était là pour soumettre la Terre. Que l'ensemble de la création existait seulement pour que nous en tirions profit. Et pendant deux mille six cents ans, nous nous en sommes à peu près sortis. Les températures sont restées stables et les saisons prévisibles, nous avons abattu des forêts, pillé les océans et donné la préséance à un Dieu unique : la Croissance. Accumulez des biens, augmentez vos richesses, étendez vos murs. Et si tous les trésors que vous serrez entre vos murs ne suffisent pas à soulager votre souffrance ? Cherchez-en de nouveaux.

  • Je suis Aethon, simple berger d’Arcadie, et l’histoire que je vais vous conter est si absurde, si invraisemblable, que vous n’allez pas en croire un traître mot. Et pourtant, elle est bien vraie. Moi, que l’on traite de bécasse et d’écervelé, Aethon le benêt et la tête de linotte, j’ai voyagé autrefois jusqu’aux confins de la terre et au-delà, vers les portes étincelantes de la Cité des nuages et des oiseaux, là où nul ne manque de rien et où un livre contenant tous les savoirs.

  • Derrière elle, dans un cylindre transparent qui s’élève sur cinq mètres de hauteur, se trouve une machine composée de milliards de fils dorés, dont aucun n’est plus épais qu’un cheveu humain. Chaque filament s’entrelace à des milliers d’autres pour former des écheveaux d’une extraordinaire complexité. De temps en temps, une pelote à la surface de la machine émet une lueur clignotante : tantôt ici, tantôt là. C’est Sybil.

  • La chouette cligne des yeux dans la lumière déclinante. Sa tête a
    la grosseur d’un ballon de volley. A la voir, on dirait que les âmes de dix mille arbres se sont condensés en une forme unique.

  • Un texte - un livre - est un lieu de repos pour les souvenirs de ceux qui ont vécu avant nous. Un moyen de préserver la mémoire après que l'âme a poursuivi son voyage

  • Tu vois, petite, les choses qui paraissent les plus solides en ce monde - les montagnes, la fortune, les empires : leur stabilité n'est qu'illusoire. Nous les croyons destinées à durer, mais cela vient seulement de la brièveté de notre existence. 

     

Biographie

Né en 1973 à Cleveland Ohio), Anthony Doerr est un écrivain américain, romancier et nouvelliste.
Diplômé en histoire au Bowdoin College à Brunswick, Maine (1995), il est titulaire d'un MFA à l'Université d'État de Bowling Green, en Ohio.
Couronné à plusieurs reprises par des prix importants, Anthony Doerr construit peu à peu une œuvre inclassable et étonnante.
Sélectionné par la revue Granta comme l'un des meilleurs jeunes auteurs écrivains américains, il a publié: "Le nom des coquillages" ("The Shell Collector", 2002), "A propos de Grace" ("About Grace", 2004), "Le mur de mémoire" ("Memory Wall", 2010), couronné par le Story Prize et par le Sunday Times Short Story Award, l'un des plus importants prix récompensant des nouvelles).
Son roman "Toute la lumière que nous ne pouvons voir" ("All the Light We Cannot See", 2014), figurant sur la New York Times Best Seller list, lui vaut le prix Pulitzer en 2015. Il vit avec sa femme et ses deux fils à Boise, Idaho.

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vendredi 17 février 2023

CHRIS OFFUT – Les gens des collines – Gallmeister 2022

 

L'histoire

Mick, un inspecteur des armées profite d'une permission dans son village natal du Kentucky pour rendre visite à sa femme. Celle-ci, enceinte de 8 mois d'un autre homme, la pression de son travail le laissent dans un état déplorable. Il enchaîne bouteilles de bourbon sur insomnies dans la vieille cabane insalubre de son père.

Mais sa sœur Linda, la shérif de la ville a besoin de son aide pour élucider un meurtre. C'est alors un parcours dans les collines des contreforts des Appalaches qui va redonner un peu de sens à a vie d'un homme cabossé.


Mon avis

Ce livre n'est pas du tout un polar au sens suspens du mot. C'est une occasion pour Chris Offutt de nous parler de ce Kentucky de moyenne montagne où le temps semble s'être figé, d'un siècle. Ici tout le monde connaît tout le monde, il y a des clans qui s'allient, s'opposent, se détestent et surtout règlent les différents à coups de fusil. Pas simple pour la première femme shérif, que l'homme fort du coin (qui possède aciérie, scieries, charbon, il fait vivre la région et rêve d'en être le prochain gouverneur) déteste par pur machisme.

Les gens sont des taiseux, des éleveurs et des fermiers, nichés dans les vastes collines du coin, et qui savent disparaître dans la nature fertile. Il ne s'agit pas seulement de « nature writing », même si il y a de nombreuses références à la faune (notamment les oiseaux) et la flore (notamment les pacaniers qui donnent la noix de pécan si appréciée des américain. Les gens ne sont pas très riches. Le plus souvent, malgré l'ouverture promise d'une université, ils ne sont pas allés à l'école, n'ont jamais ouvert un livre, et se contentent des potins devant une bière. C'est encore une vision d'une Amérique rurale, sans convictions. La politique n'intéresse personne, les délits sont souvent des excès de vitesse, un peu de marijuana, des querelles entre voisins. Mais les meurtres presque jamais. Et les informations pour retrouver le coupable que tout le monde connaît (et surtout les habitants et la famille qui compte bien régler le problème à sa façon se monnaient par des services rendus. Si Mick a une bonne réputation parce que c'est un chef dans l'Armée, c'est un homme brisé. Par l'infidélité de sa femme, mais il n'est jamais là, toujours en mission dans les zones de conflit, et ce travail lui pèse. Des morts ils en voit par wagons, il n'a aucune chance d'avoir un travail de bureau près de chez lui parce que c'est un des meilleurs enquêteurs. Un roman qui alterne des pages des poésie sur la nature de ce coin perdu et le pessimisme d'un héros qui doit faire ses choix de vie.

Pas un chef d’œuvre comme d'autres titres de Gallmeister, mais qui rentre bien dans leur catalogue. Son roman « les nuits Appalaches » est bien plus fort.


Extraits :

  • Un oiseau moqueur entonna son chant.L'inadapté par excellence:il ne savait qu'imiter les autres et espérer qu'on le comprenne. Mick s'était senti comme ça toute sa vie.

  • Elle riait toujours pareil, un éclat soudain. Ça la déridait, mais après elle se durcissait d'autant plus, comme si la vulnérabilité avait un coût inscrit sur une feuille de comptage invisible.

  • Partout ailleurs, les gens vivent un peu plus longtemps chaque année. Nous, nos vies raccourcissent. Ça arrive nulle part ailleurs dans le pays. Il y a vingt ans de ça, l’espérance de vie était plus élevée ici. Les collines nous tuent à petit feu.

  • Tous les griefs de Peggy sur la vie à Morehead étaient les mêmes raisons pour lesquelles Linda aimait cette ville. Le sentiment réconfortant de voir les mêmes gens, parfois trois fois en une seule journée dans différents magasins. Il y avait un protocole pour ces rencontres. La première fois, on posait des questions sur la famille. La deuxième, on souriait et on plaisantait sur le fait d’avoir le même emploi du temps. La troisième fois on souriait et on faisait un signe de main. Cela créait une intimité rassurante. Une des raisons pour lesquelles elle avait rejoint les forces de l’ordre était de maintenir l’ordre pour tout le monde, un ordre dont Peggy ne voulait plus

  • Il voulait mesurer le temps à la croissance des arbres.

  • Les Appalachiens obéissaient à des codes anciens qui les forçaient à agir. Les affronts étaient toujours personnels. Les actes de vengeance se perpétuaient d’une génération à l’autre. Quand il était à l’école, Mick récitait tous les matins le serment d’allégeance au drapeau et le Notre Père. Tous les enfants apprenaient les mots “Comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés”, un message fort et généreux qui ne prévoyait pas de calendrier spécifique. Dans les collines il était plus pratique de pardonner les offenseurs après les avoir tués.

  • Ne cherche pas les champignons, regarde là où ils poussent. La nuit, ne cherche pas la piste d’un animal, va juste là où il n’y a pas d’arbres. Vois des formes et des couleurs, pas la chose elle-même.

  • Il avait lu l'histoire d'un scientifique qui parlait à l'eau, puis la congelait et examinait les cristaux. Les mots gentils prononcés avec douceur donnaient de meilleurs cristaux. L'idée paraissait tirée par les cheveux mais peut-être que c'était vrai. Les humains étaient composés d'environ soixante pour cent d'eau et ça ne pouvait pas faire de mal d'essayer. Rien ne risquait de faire plus mal que sa tête, de toute façon. Il enfonça sa tête dans l'eau et parla.

  • Mick songea à plusieurs réponses, puis décida de laisser couler. Inutile de débattre de l'espérance de vie des bêtes sauvages ou de ce que qu'entendait Tucker par "connaître un écureuil". Comment pouvait-on connaître un écureuil ? C'était à peine si on pouvait connaître un humain, même sa propre femme.

  • Rien chez Tanner ne trahissait un tueur, ce qui signifiait qu’il pouvait être sociopathe ou innocent. Ou les deux. Ses yeux brillaient d’une intelligence enfouie, un trait que partageait Mick. Les gens des collines apprenaient tôt à ne pas montrer à quel point ils étaient futés. 

     

Biographie

Né en 1958 à Lexington dans le Kentucky, Chris Offutt est un écrivain américain de roman policier. Fils de l'écrivain Andrew J. Offutt (1934-2013), il suit les cours de l'Université d'État de Morehead. Diplômé, il entreprend un voyage à travers les États-Unis et exerce différents métiers pour vivre.
Il publie, en 1992, un premier recueil de neuf nouvelles, intitulé "Kentucky Straight", qui dépeint le quotidien rural du Kentucky. Il commet par la suite deux romans semi-autobiographiques: "Le Fleuve et l'Enfant" ("The Same River Twice", 1993) et "Les hommes ne sont pas des héros" ("No Heroes: A Memoir of Coming Home", 2002), un roman de fiction: "Le Bon Frère" ("The Good Brother", 1997) et un second recueil de nouvelles: "Sortis du bois" ("Out of the Woods", 1999).
En 2018, il publie son deuxième roman, "Nuits Appalaches" ("Country Dark").

Principalement connu pour ses romans et ses recueils de nouvelles, il a également collaboré, de manière épisodique, comme scénariste à plusieurs séries télévisées américaines dont "True Blood" (2008), "Weeds" (2009) et "Treme"(2012).
En parallèle à sa carrière d'écrivain, Chris Offutt a été professeur dans plusieurs universités américaines et a collaboré avec différentes revues et journaux américains (New York Times, Men's Journal …).

En savoir plus : https://www.etonnants-voyageurs.com/OFFUTT-Chris.html

 

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vendredi 10 février 2023

INGA VESPER – Un si long long après-midi – Éditions de la Martinière- 2022

 

L'histoire

Ruby, jeune afro(américaine vient faire le ménage dans un très chic quartier de Los Angeles. Nous sommes en août 1959 sous un soleil de plomb. Mais ce jour-là, la jeune fille ne trouve pas son employeuse, Joyce, mais sa fille aînée de 6 ans en pleurs et la petite sœur couchée, la couche souillée. Du sang dans la cuisine, et pas de maîtresse de maison suffisent à alerter les forces de police et le lieutenant Ranke, un inspecteur chevronné mais placardisé en raison d'une supposée bavure. Avec l'aide de Ruby et alors que le combat pour les droits civiques, ils vont mener l'enquête et découvrir l’impensable vérité. .


Mon avis

Pour ce premier roman, Inga Vesper dit s'être souvenue d'une publicité des années 50 montrant l'Américan Way of Life, avec sa maison soigneusement décorée, sa cuisine toute moderne avec les innovations techniques de l'époque, le mari, les 2 enfants blondinets et la femme qui avait l'air absente. Cela lui a donné l'envie d'écrire ce livre qu'elle revendique comme féministe, surtout après le mouvement « Me too ».

Quelle était donc cette génération de femmes américaines, bien habillées, avec leurs petits jardins bien entretenus, les beaux enfants polis et les barbecue le samedi. On en croise des femmes dans ce roman. Des femmes qui ne travaillent pas ou peu, des femmes qui ont une bonne, noire, peu payée et mal traitée, qui passent leur temps à aller dans les supermarchés qui prennent leur essor, bref des femmes qui s’ennuient sans s'en rendre compte dans ces petites vies étriquées.

Joyce pourtant n'était pas de ce monde là. Enfant adoptée, elle épouse un homme très bien pour les normes de l'époque : bonne situation, jolie maison, confort dans un quartier paisible. Joyce, qui cache un lourd secret, est aussi une excellente peintre et elle aimerait bien percer dans ce domaine, encouragée par Geneviève, l'animatrice éveillée du club des femmes du quartier. Joyce n'aime pas son mari, n'a pas vraiment d'amies, si ce n'est une serveuse mal lotie qui a rejoint le club, et Ruby, avec laquelle elle papote (ce qui est totalement méprisable pour cette communauté de femmes bien pensantes) en toute discrétion. Joyce ne connaît pas le racisme ordinaire et veut enfin vivre sa vie. Disparition ? Homicide ? Pendant ce temps, dans les quartiers pauvres de la ville, occupés par les afro-américains et les latinos, une prise de conscience se fait et amorce aussi la lutte pour les droits civiques, que Ruby, associée à l’enquête, regarde de loin, trop occupée à chercher la vérité et éviter qu'un innocent ne soit condamné à la peine de mort.

Derrière le joli confort et les robes élégantes, se cache le sexisme ordinaire où la femme n'est là que pour s'occuper de la maison et des enfants, se faire belle pour l'honneur de son mari. Le pire est que ces femmes désœuvrées, qui ont pour seul diplôme celui des arts ménagers (si si cela existait dans les années 50/60) s'épient, se surveillent et déversent leurs frustrations en ragots ou mensonges face à un policier obstiné.

Les portraits en miroir de Joyce, femme qui veut être libre de vivre sa vie et de Ruby qui économise pour aller à l'Université, sont très réussis. Mais il manque à ce livre aux chapitres courts, bien structuré, un petit quelque chose qui aurait pu en faire un excellent livre. L'emploi alterné du présent et de l'imparfait me semble plus plomber le livre que de l'alléger. Peu ou pas de touches d'humour, et comme une impression de déjà vu. Mais c'est le tout premier roman de la britannique Vesper qui en prépare un autre dit-on


Extraits :

  • Ta gueule, grogne Mme Ingram. Tu crois que c'est si facile? Tu crois que toutes les femmes devraient désirer être libres? Mais être libre, c'est sacrément difficile, Geneviève. C'est... c'est tellement difficile, putain.

  • - Je connais un restaurant à trois blocs d'ici, dit-il. Le Tropicana. - Je ne peux pas aller là-bas. L'inspecteur a l'air étonné. - Pourquoi pas ? La réponse est simplement parce que. Parce qu'elle n'est pas la bienvenue. Parce que le proprio va sortir son fusil. Parce qu'ils vont la regarder avec tant de haine qu'elle ne pourra pas avaler la moindre bouchée. Ils pourraient même empoisonner son burger à la pisse et à la strychnine. L'inspecteur ne comprend pas. - Allez, insiste-t-il en rigolant. On n'est pas en Alabama. - Seigneur, encore heureux. La colère monte dans le ventre de Ruby. Ce type est parfois vraiment, vraiment idiot. - Vous pensez que ça va aller parce qu'il n'y a aucune pancarte sur la porte qui m'oblige à aller dehors ? Allez donc interroger le gars qui dirige le Tropicana. Ils n'ont pas besoin de pancarte.... Je... Je ne peux pas y aller. Il soupire et détourne le regard, un peu mal à l'aise. Elle connaît cette attitude. Joyce avait la même, quand elles s'approchaient trop près de la vérité.

  • C'est un bon gars, ce Joseph, dit-il. Mais il s'emporte trop facilement. Ils sont tous comme ça, ces jeunes. Et ça ne conduira à rien de bon. Vous devriez vous rabibocher. Il a besoin d'une fille comme toi. Quelqu'un qui lui permette de se poser. De s'ancrer.
    Ruby essaie de croiser le regard de son père sans y parvenir. Ce n'est pas qu'il ait tort - au contraire. Mais le coeur de Ruby joue une autre mélodie, ces derniers temps.

  • C'est pour ça qu'on doit continuer le combat. Ils disent que l'esclavage est terminé et que la ségrégation est en train de disparaître. Mais tu as eu une ambulance pour ta mère ? Tu vois des écoles mixtes ? Tu vois des noirs avec des cravates et des carrières, qui vont au bureau tous les jours ? Hein ? Tu vois tout ça ?

  • Il y a tant de couleurs différentes. Le vert du gazon de mai. Le rose saumon des tomettes du patio. La palissade blanche qui entoure la maison. Les géraniums pourpres dans leurs pots en terre cuite. Le ciel aux frontières troubles, comme mon esprit rendu brumeux par la fatigue. Le bleu de la piscine est si profond et vif que je voudrais y tomber, y couler et me dissoudre comme une aspirine.

  • Vous ne comprenez pas. Elle était folle. Je vous ai dit qu’elle ne voulait plus de moi, qu’elle ne m’aimait plus. Elle me traitait d’idiot et de crétin, elle disait que j’avais gâché sa vie...des trucs qu’une femme normale ne dirait jamais à son mari. J’ai dû en parler aux médecins. Ils l’ont mise sous traitement. Un traitement fort.

  • En disposant les appareils ménagers indispensables de la manière la plus efficace, une femme au foyer peut gagner un temps considérable. Nos tests en laboratoire ont montré qu'avec une bonne configuration, le nombre de pas nécessaires à la préparation d'un gâteau de Savoie peut être réduit de cent sept à soixante-dix-neuf. Imaginez à quel point vous économiserez votre énergie et éviterez d'user vos chaussons.

  • Pa dit que les façades en pierre coûtent plus cher - c'est pour cette raison que les habaitants de Sunnylakes ont choisi ces ornements quand ils ont fait construire leurs maisons, avec leurs dollars durement gagnés. Mettez-moi de la fausse pierre, monsieur. Que ça ressemble à une forteresse qui protège mes biens des cocos, des Japs et des Nègres. Ruby laisse échapper un petit rire. " C'est trop tard. Je suis déjà dans votre maison, monsieur."

  • C'est toujours une histoire d'hommes. Ils guident leur existence, et elles n'en tirent aucune leçon. Elles se relèvent, remettent du rouge à lèvres et courent après le suivant.

  • Je ne devrais pas peindre. Franck n’aime pas ça, bien que Genevieve Crane dise que j’ai un talent incroyable. C’est un mauvais exemple pour les enfants, une mère qui se fait plaisir, quand il y a des repas à prévoir, des tapis à aspirer et des bouquets de fleurs à arranger.

  • - Comment était-elle à l'école ? - Oh, plutôt intelligente. Nous l'avons rapidement détournée des sciences pour l'inscrire en arts ménagers. Elle a insisté pour aller à l'université, mais Dieu merci, c'est à ce moment-là qu'elle a rencontré Frank.

  • Les géraniums ont besoin d’eau ; ils vont devoir patienter. Ruby n’arrivera pas avant l’après-midi et c’est le dernier jour de mes règles. Franck n’aime pas quand j’arrose mes fleurs pendant mes règles. Il dit que les émanations féminines les feraient faner. Mieux vaut laisser la bonne s’en charger.
    Je me range à son avis, bien sûr. Je ne lui fait pas remarquer qu’il dit aussi que les Noirs n’ont aucun talent pour faire pousser les choses, ce qui explique qu’ils n’aient pas de jardinières et que leurs bébés meurent souvent. 

     

Biographie

Inga Vesper est journaliste et écrivaine, auteure de roman policier.
Elle a déménagé d'Allemagne au Royaume-Uni pour travailler comme aide-soignante, avant que l'envie d'écrire et d'explorer ne l'amène au journalisme scientifique. Elle est titulaire d'une maîtrise en gestion du changement climatique du Birkbeck College à Londres. Inga a travaillé et vécu en Syrie et en Tanzanie, mais est toujours revenue à Londres, car il n'y a pas de meilleur endroit pour trouver une bonne histoire que le pont supérieur d'un bus. "Un long, si long après-midi" ("The Long, Long Afternoon", 2021) est son premier roman. Elle vit à Glasgow.

En savoir plus : son site : https://ingavesper.com/

En savoir Plus :

Sur le roman


Dans l'univers du roman

les lieux

Sur l'Américan way of life


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lundi 6 février 2023

PIERGiORGIO PULIXI – L’illusion du mal – Gallmeister 2022

 

L'histoire

Pour cause de prescription, un pédophile est relaxé par la cour d'appel de Cagliari (Sardaigne). Deux jours plus tard, des millions de citoyens sardes et italiens reçoivent une vidéo : un homme déguisé présente le pédophile ligoté sur une chaise de dentiste, il lui a arraché 28 dents. Il rappelle l’acquittement et les méfaits de son otage puis propose aux internautes de juger eux mêmes : peine de mort ou acquittement. La vidéo devient virale et en masse, le public savamment manipulé par celui qu'on surnomme vite le Dentiste votent pour la mort. Le cadavre est retrouvé dans un coin perdu dans la campagne sarde . Mais le Dentiste ne s'arrête pas là. De quoi donner des sueurs froides aux deux inspectrices Eva et Mara qui seront épaulée par un criminologue réputé, le charismatique et très bel homme, le vide-questeur Strega. .


Mon avis

Nous retrouvons le romancier sarde Pulixi pour un deuxième polar où il reprend ses deux enquêtrices, Eva Croce, la rebelle et Mara Rais la distinguée. Deux femmes que tout oppose mais qui sont les meilleures inspectrices de Cagliari. On leur adjoint un bel homme, Strega vice-questeur à Milan, un génie de la criminologie et de profilage mais aussi un homme détruit par la mort de son co-équipier.

Il s'agit de traquer un «sérial killer » qui se prend pour un justicier. Un homme invisible mu par l'idée que la Justice Italienne est fautive et qui veut changer le système. Il prépare méthodiquement ses crimes et fait voter le public à travers des liens intraçables puisqu'ils transitent par certains pays peu fréquentables, dans une totale impunité. Si on a une idée vague de son physique, l'homme est introuvable et sème la panique jusqu'au sommet de l’État

Un défi pour ce trio d'enquêteurs chevronnés, qui en plus doit faire face à une émission de télé-poubelle qui se saisit de l'affaire pour influencer aussi le public.

Ici, notre écrivain s'attaque aux dangers des réseaux sociaux, où l'anonymat permet à chacun de laisser cours à ses pulsions violentes sans se rendre compte qu'il y a une manipulation derrière. On pense bien évidement aux affaires de harcèlement informatique qui tournent parfois au drame (suicide d'adolescents) ou à des fraudes tout genre.

La lenteur de la justice (tout comme chez nous) devient la cible. Se faire justice soi-même est interdit en France et en Italie, mais face à un système défaillant en Italie, le débat est relancé. Que voterions-nous dans l’anonymat le plus total face à un criminel relaxé alors qu'il a commis des horreurs ? Quelles sont nos limites entre le bien et le mal ?

Mais l'auteur tacle aussi ces émissions de télé qui n'informent pas, mais sont là pour pousser l'audience à coup de fake-news, de désinformations et de reportages bidons. En France, on pourrait penser aux chaines CNEWS, C8 avec TPMP.

Pulixi dont j'avais déjà beaucoup aimé le premier livre « l'iles de âmes » a une écriture très cinématographique. Des chapitres courts, des dialogues ciselés qui mélangent le patois corse, sarde, lombard, le petit coté onirique qui sont ses marques de fabrique. Bref on est totalement happé par cette enquête qui laisse quelques surprises et pas mal de rebondissement. Pulixi joue avec nos nerfs et la fin est totalement inattendue.


Extraits :

  • On a la lumière et les ténèbres qui dansent ensemble, échangeant les rôles. La lutte éternelle entre le bien et le mal.

  • La haine est comme un orchestre. Elle a besoin de quelqu’un qui la dirige, qui fait monter la tension et la cadence, pour laisser ensuite exploser toute cette impétuosité dans une chevauchée majestueuse. Le Dentiste était en train d'éduquer les gens à la haine. Et la haine est toujours l'antichambre de la violence.

  • Au bas de l’écran défilaient les messages envoyés par les téléspectateurs : la teneur des propos aurait fait pâlir un officier de la SS.

  • Milan ou Inter ? demanda-t-il au vice-questeur. - Ni l'un ni l'autre. Je suis allergique au foot.- Quelle horrible maladie. Mais vous n'êtes pas supporter de la Juventus, c'est déjà cela.

  • Il y avait une phrase qu’il aimait à répéter à ses étudiants en criminologie, et qui constituait la règle d’or du profilage criminel : « Si vous voulez comprendre un peintre, étudiez ses tableaux ; ils vous en diront beaucoup plus sur lui que n’importe quel témoignage. » Le même principe, expliquait-il, valait pour les tueurs en série. En analysant leurs crimes, en découvrant comment et pourquoi la victime avait été tuée, on avait beaucoup plus de chances de déterminer qui l’avait tuée.

  • Pour revenir à l'affaire, c'est précisément ça qui me préoccupe, dit-il. Dans cette époque de haine numérique, avec cette hostilité diffuse et la rage sociale qui anime les gens, la situation risque d'exploser, si on ne l'arrête pas à temps

  • Le facteur critique, c’est que ce raisonnement part d’un constat malheureusement exact : l’Italie est un pays où il est courant de poursuivre les victimes, surtout si ce sont des femmes, tandis que les coupables courent en liberté.

  • Il songea que les réseaux sociaux étaient devenus le nouveau valium spirituel, un anesthésiant pour survivre à l'aliénation urbaine. La connexion numérique comme antidote à la déconnexion identitaire.

  • Cchiù scuru di mezzanotti nun pò fari [Il ne peut pas faire plus sombre qu’à minuit], pensa Palamara. Mais contrairement à ce que soutenait le proverbe sicilien, la situation pouvait encore empirer.

Biographie

Né en 1982 à Cagliari, Piergiorgio Pulixi est un écrivain italien, auteur de romans policiers et de romans noirs, membre du collectif Mama Sabot, créé par Massimo Carlotto, dont il est l'élève.
Après une expérience d’écriture collective de romans noirs, il s’est lancé dans une saga policière en 4 volumes, primée par le prix Glauco Felici et le prix Garfagna. Il est aussi l’auteur d’une série intitulée I canti del male (Les Chants du mal). L’Île des âmes est son dernier roman, publié en 2019 par Rizzoli, et le premier traduit en France.

En savoir plus :


En savoir Plus :

Sur le roman


Dans l'univers du roman

Sur la Sardaigne

Sur Milan (Italie)


Sur Cagliari (Sardaigne)


Chez le dentiste (pure sadisme de l'auteure de ce site)


Play list

L'inspecteur Strega est grand amateur de jazz. Alors je vous proprose les titres suivants.

Muse : https://www.youtube.com/watch?v=d55ELY17CFM

Jazz NewOlreans : https://www.youtube.com/watch?v=gIPIB60DtqM

Coltrane : https://www.youtube.com/watch?v=HNnM2iRwHLE

Mina : https://www.youtube.com/watch?v=RN8IenPlQmo

The Boss : https://www.youtube.com/watch?v=129kuDCQtHs

Ron Smithe Quarter : https://www.youtube.com/watch?v=Ub24CgSedS4

Monk : https://www.youtube.com/watch?v=-yg7aZpIXRI

Clann : https://www.youtube.com/watch?v=w_ZTEKk8Ml0

Beath Hart : https://www.youtube.com/watch?v=w_ZTEKk8Ml0

A. Whinhouse : https://www.youtube.com/watch?v=CxYRbzGi8Rg&list=PLnrezQ1h5sNXKkBV4CGMQLld0Ze0VC5MZ


Photos

Cagliari 

Centre de Cagliari


 
Port de Cagliari

La magnifique plage Poetto où va surfer Eva

Le parc Monte Urppinu où se balade le Dentiste

Le village de Villarcidrooù vivait le Dentiste

La Questure de Cagliari

La Pierda Fitta, sculpture primitive représentant la déesse mère

L'ancien complexe industriel du Mixeddu, refuge du tueur

La vallée de Compidano aux alentours de Cagliari


Pinces anciennes pour les arracheurs de dents