L'histoire
Ils sont trois (une adolescente, un jeune homme et une femme de 45 ans) a été accueillis en stage de réinsertion/pause aux Censes Perdues, une ferme écologique dans un vallon perdu des Vosges. Ils vont devoir aider le sympathique couple de fermiers qui leur offre l'hébergement et la nourriture en échange de petits travaux (jardinage, monter une clôture, cuisiner). Une ambiance idyllique pour chasser les démons intérieurs qui les entravent et un hymne au ressourcement dans la pleine nature.
Mon avis
Voilà un livre charmant, très facile à lire où même les situations les plus difficiles sont traitées par la douceur.
Karine, la plus âgée, est une femme séduisante, mais en dépression, suite à une liaison avec un pervers narcissique, et une dévalorisation de soi. Rémy, un jeune homme qui est en liberté conditionnelle après 4 ans de prison et un grand gaillard protecteur. Il a tué le compagnon de sa petite sœur, elle même décédée sous les coups du dit compagnon et reste rongé par la culpabilité. Enfin Clémence, à peine majeure est anorexique et a passé de longs mois en hôpital spécialisée. Son père, un homme violent a tué sa mère sous ses yeux. Un drame qui la fait se réfugier dans la privation de nourriture pour ne surtout pas devenir une femme autrement dit pour elle, une proie.
Et puis il y a le couple d'hôtes, charismatiques, qui ont choisi de retaper une vieille ferme et qui rêvent de vivre en autonomie. Sans parler de Jean, le seul qui parle à la première personne, toujours assis sur un banc pas loin de la ferme, un vieil homme rongé par la maladie qui observe ce petit monde, et discute poliment avec les nouveaux arrivés, dont il a tout de suite cerné les problèmes. Très vite, les règles sont établies, et les nouveaux arrivant sont mis au travail, progressivement. Bientôt des chèvres vont arriver, pour faire des fromages, et il faut bâtir leur grand enclos. Lors de ce travail difficile, Karine ancienne professeures d'histoire découvre un escalier étroit, caché dans la végétation luxuriante, et puis les tombes de 3 bébés. La gendarmerie est prévenue, un technicien de la police scientifique est présents. Les petits squelettes sont datés de 50 ans. Pas un cas très passionnant pour les institutions mais têtue Karine mène son enquête, aidée par Rémy qui gagne en force et Clémence qui gagne en assurance.
Ici les féminicides et les violences faites aux femmes sont le fil du livre, mais sans aucun pathos. D'ailleurs les explications du pourquoi ces 3 inconnus sont envoyés là ne sont divulguée qu'à petites touches, le lecteur lui aura compris depuis longtemps. Mais c'est la nature luxuriante, malgré la sécheresse, qui apaise les âmes. Belle démonstration de ce que l'immersion dans une ferme loin de tout peut être une excellente thérapie.
Si ce livre n'est pas le chef d’œuvre du siècle, il a le mérite de nous rendre heureux, l'écriture simple et apaisante de l'autrice, ainsi que des petits suspens, nous offre une bien jolie pause, dans nos vies sur-actives. Sans oublier l'histoire des Vosges, pendant la deuxième guerre mondiale, entre collabos et résistants où l'on peut encore trouver des bombes ou des mines. Ici on réinvente sa vie, on se découvre des passions, on se laisse bercer par le chant des oiseaux ou du coq malicieux qui braille à toute heure. Car la romancière n'oublie pas des petits traits d'humour. Bref si vous voulez faire une jolie pause, ce livre est pour vous ! Et nous incite à faire des pauses dans des forêts, des jolis paysages, loin des smarphones, ordinateurs et télévision !!
Extraits
Elle interrogeait son coeur, il répondait avec sa tête. Elle l'a fait remonter plus loin, quand il était petit, adolescent, toutes les situations où le couteau était là et tournait inlassablement. Ils ont décortiqué ses écorchures d'enfance qui s'étaient métamorphosées en rage enkystée. Les cicatrices invisibles qui tiraillent en profondeur. Les béquilles qu'il a trouvées pour mettre un couvercle sur sa rancoeur. Elle lui a fait revivre le jour où tout s'est déchiré d'avoir tellement gardé, encaissé, ruminé. La cuve pleine de fiel et de déception qui déborde de cette crasse des autres qu'on a trop acceptée.
Il se souvient avoir beaucoup pleuré. Elle a été la première à lui avoir parlé de sensibilité. Au fil des séances, elle lui a appris à se comprendre et à se protéger.
Il a fait de grands progrès. Maintenant, il se maîtrise, apprend à lâcher prise. A accepter. OK, je n'y peux rien, je passe mon chemin.Tu ne peux pas mentir à un cheval en cachant tes émotions. C'est un animal subtil, d'un sensibilité sensorielle remarquable. Il nous perçoit très finement. Son statut de proie lui fait privilégier la relation aux autres, instinct grégaire.
- C'est pour ça qu'ils sont malheureux s'ils sont seuls ?
- Absolument.
Un peu comme les humains, pense Rémy. Cette peur de la solitude pousse parfois à de mauvais choix. Comme sa soeur.
Adrien a réfléchi un moment avant de poursuivre.
- Nous, nous avons tendance à conscientiser tout ce qui nous anime, le cheval va te proposer de vivre et de le ressentir. Il réactive le coeur et le corps là où le cerveau prend trop de place. Il te ressent comme si tu étais un autre cheval. Si tu mets un couvercle sur tes émotions, il montrera des signes de stress, et dès que tu acceptes ce qui te traverse, il se détend. Une sorte de contagion émotionnelle. Un miroir grossissant. Tu ne peux pas mentir à un cheval en cachant tes émotions. C'est un animal subtil, d'un sensibilité sensorielle remarquable. Il nous perçoit très finement. Son statut de proie lui fait privilégier la relation aux autres, instinct grégaire.
- C'est pour ça qu'ils sont malheureux s'ils sont seuls ?
- Absolument.
Un peu comme les humains, pense Rémy. Cette peur de la solitude pousse parfois à de mauvais choix. Comme sa soeur.
Adrien a réfléchi un moment avant de poursuivre.
- Nous, nous avons tendance à conscientiser tout ce qui nous anime, le cheval va te proposer de vivre et de le ressentir. Il réactive le coeur et le corps là où le cerveau prend trop de place. Il te ressent comme si tu étais un autre cheval. Si tu mets un couvercle sur tes émotions, il montrera des signes de stress, et dès que tu acceptes ce qui te traverse, il se détend. Une sorte de contagion émotionnelle. Un miroir grossissant.
- C'est pour ça qu'ils sont malheureux s'ils sont seuls ?
- Absolument.
Un peu comme les humains, pense Rémy. Cette peur de la solitude pousse parfois à de mauvais choix. Comme sa soeur.
Adrien a réfléchi un moment avant de poursuivre.
- Nous, nous avons tendance à conscientiser tout ce qui nous anime, le cheval va te proposer de vivre et de le ressentir. Il réactive le coeur et le corps là où le cerveau prend trop de place. Il te ressent comme si tu étais un autre cheval. Si tu mets un couvercle sur tes émotions, il montrera des signes de stress, et dès que tu acceptes ce qui te traverse, il se détend. Une sorte de contagion émotionnelle. Un miroir grossissant. Tu ne peux pas mentir à un cheval en cachant tes émotions. C'est un animal subtil, d'un sensibilité sensorielle remarquable. Il nous perçoit très finement. Son statut de proie lui fait privilégier la relation aux autres, instinct grégaire.Autour de lui, les cimes des grands arbres oscillent avec le vent, les feuilles bruissent, les insectes volent en tous sens dans une étrange danse, le bois mort repose et nourrit les vivants. Et lui, assis là, immobile, à se demander pourquoi. Pourquoi lui, pourquoi là, pourquoi cet éternel recommencement, quand le soleil se lève ?
Il rêve de l’odeur d’une pluie d’orage sur un sol brûlant, d’un lever de soleil sur une colline endormie, de toucher un arbre, qu’il ait cent ans ou deux seulement, de s’égratigner contre l’écorce, de regarder les feuilles tomber puis d’autres repousser au printemps suivant. Il rêve de tout ce qui raconte les recommencements. Les cerisiers en fleur qui annoncent le printemps, les agneaux dans les champs qui tapent dans les pis de leur mère pour grandir goulûment, les colchiques à l’automne qui font oublier l’été brûlant, les rentrées littéraires, le réveillon de Noël.
Il confie aux fleurs et aux feuilles immenses ses funestes pensées et sa colère. Les plantes n'ont qu'à onduler dans le vent pour les dissiper. Ce jardin est un filtre qui transforme le noir en couleur. Il vous happe, vous donne envie de danser dans les allées, vous bouscule, vous perd et vous retrouve, vous envoie dans la mousse et le long des ruisseaux, vous caresse la peau, vous prend par la main, vous ouvre les yeux sur le merveilleux et vous relâche à la sortie, lavé de vos émotions les plus tristes.
Enfouir des graines dans le sol, c'est un acte d espoir. On plante le récit d un désir possible.
Elle se sent vide de savoir. Certes, elle a étudié l’histoire, mais tant d’autres compétences s’offrent à elle comme à chaque être humain qui peuple cette terre et ne discerne du monde qu’une partie infime et ridicule. Elle en a le vertige.
Dans ce jardin, elle retrouve un sentiment de sécurité. Les plantes lui veulent du bien. Elle peut même ressentir leur gratitude d'avoir été arrosées, ou délivrées d'une herbe étouffante. En en prenant soin, elle se libère elle-même du processus envahissant du passé.
Ils aiment l'idée de cette clairière au milieu du vivant, qui traverse le temps. Les feuilles d'automne y tomberont, l'herbe de printemps y poussera. Des animaux sauvages viendront frôler les stèles, des insectes les escalader ont, le vent les caressé ra. Et elles seront toujours là, comme les absents dans le cœur de ceux qui restent.
Le vert, une couleur qui ne demande pas d’ajustement de l’œil, qui diminue physiologiquement l’excitation neuronale et les angoisses du passé.
Elle n'a pas seulement savouré un œuf frais, elle a aussi mangé un peu de gentillesse qui flotte au dessus de ce lieu, de la fantaisie qui pousse un peu partout, des nuages calmes qui passent sans se poser de questions et de l'insouciance des poules de M. Seguin qui se fichent des buses tournoyant plus haut dans le ciel.
A l'aube du premier jour en compagnie de cette nouvelle communauté, Adrien déambule dans la hêtraie avec son chien. Il aime ce moment où le soleil n'a pas encore dépassé la montagne. Où les nuages se colorent de rouge pour l'annoncer. Où les bancs de brume dans les coins froids des champs s'attardent à l'abri du vent avant de se dissiper. Où chante l'écho du premier train qui progresse dans la vallée en contrebas. Où il se sent plus proche des arbres que des humains. Il aime l'odeur d'humus des matins de printemps, le chant du pic épeiche dans la canopée, ses pas dans les feuilles de l'automne précédent.
Qui pensait qu'on en serait à ce point aujourd'hui en terme de sécheresse, de feu de forêt, d'inondation ? Tout s'accélère. Ici, nous voyons souffrir les arbres, les plantes, le sol, les rivières, au quotidien. Nous constatons la dégradation précipitée des conditions météo. Il faudra revenir à des métiers basiques, et à l'objectif simple de se lever le matin pour travailler à se nourrir, et se coucher le soir avec la gratitude d'avoir l'estomac satisfait.
Regarde là-haut, toutes les étoiles. Quand j'étais petite, mon père me disait qu'elles étaient là pour absorber nos soucis. Il y en a des milliards dans l'univers, alors on a le droit d'avoir chacun la nôtre pour veiller sur nous et aspirer nos peines. Il suffit de choisir la tienne et de lui faire confiance.
Biographie
Agnès Ledig est une
romancière française, Après une expérience en agronomie, elle
décide d’intégrer l’école de sages-femmes de Strasbourg.
Spécialisée en prévention, contraception et accompagnement
émotionnel des femmes, elle obtient son diplôme et devient
sage-femme libérale. Elle est sage-femme libérale en Alsace
jusqu'en 2015. Elle est l'épouse d'un agriculteur normand et mère
de trois enfants.
Agnès Ledig commence à écrire en 2005,
pendant la maladie de son fils Nathanaël, souffrant d'une leucémie.
Pour répondre aux questions que posaient tous ceux qui se
préoccupaient de Nathanaël, elle tenait un bulletin hebdomadaire.
Un professeur de médecine qui suivait l'enfant lui a révélé son
don de transmission et l'a encouragée à écrire. Quand Nathanaël
est parti, elle ne s'est plus jamais arrêtée.
"Marie
d’en haut" (2011), son premier ouvrage, a remporte le prix
"coup de cœur des lectrices" du roman Femme Actuelle 2011.
En moins de cinq ans, Agnès Ledig s'est imposée comme l'une des
romancières françaises les plus aimées du grand public. Ses trois
best-sellers, "Juste avant le bonheur" (2013), prix Maison
de la Presse 2013, "Pars avec lui" (2014) et "On
regrettera plus tard" (2016) sont aujourd'hui traduits en 12
langues.
En 2016, elle publie son premier album jeunesse, "Le
Petit Arbre qui voulait devenir un nuage", illustré par
Frédéric Pillot, qui illustrera également son deuxième album, "Le
cimetière des mots doux" (2019). En 2020, elle publie son
septième roman "Se le dire enfin", suivi de "La toute
petite reine" (2021).
voir ici : https://fr.wikipedia.org/wiki/Agn%C3%A8s_Ledig
Son site : https://www.agnesledig.fr/biographie






