L'histoire
John, PDG d'une importante firme se retrouve à la retraite. Et bien seul. A part des amis d'enfance vivant loin de Paris, il n'a aucune énergie, ressasse le passé et ne mène aucun des projets qu'il s'était fixé. Mais surtout ce célibataire arrogant manque cruellement d'amour. Il se met alors à rechercher sur internet ces anciennes petites amies et surtout Salomé, la femme de sa vie qu'il n'a pas su écouter.
Mon avis
Hilarant, ce petit livre n'est sans doute pas un chef d’œuvre de la littérature française, mais il est des plus réjouissant. Car si l'histoire en elle-même est banale, c'est la façon de la raconter qui est originale. Le propre PC portable de John nous éclaire sur sa vie, pc en révolte contre les smartphones par ailleurs et qui se reboute quand il n'est pas content. Deux voisines commères à souhait commentent aussi la vie de John. Quant à Salomé, c'est par les trait d'un vieux portait du grand-père du Manoir dont elle a hérité qui commente ses choix, sa vie et le bon vieux temps où les femmes étaient juste bonnes à assure la reproduction de l'espèce et où les enfants se prenaient des coups de ceinture ou des fessées pour remettre tout ce beau monde en marche.Et de temps en temps un narrateur intervient quand le PC est éteint ou le tableau hors de vue.Isabelle Platen fait passer l'air de rien des messages féministes et une critique de la société des bobos, de la culture New-age et de la société de consommation. De plus elle cite des philosophes comme Platon, Nietzsche reconnu pour sa misogynie ou Kierkegaard, pas tendre non plus.
Extraits :
Les littératures de tout temps, des Liaisons dangereuses au Rouge et le Noir, en passant par La Dame aux camélias, regorgent de désillusions amoureuses. Certaines midinettes contemporaines exploitent le filon sans scrupules, flouent les lecteurs naïfs en concluant la romance par une happy end dans le but de les fidéliser. Et ça fonctionne, il suffit de regarder les ventes de Barbara Cartland ou des titres de la collection Harlequin. (le Marquis du tableau)
Le coup de la panne est ma blague favorite, je suis taquin de nature. Un brin tordu aussi. Pour l’agacer je buggais. Ça me prenait toujours quand il ne le fallait surtout pas, au moment où, entre deux calls, il rédigeait un mail à son dircom pour formaliser les next steps business et upgrader le benchmark avant le meeting du lendemain. Furieux, John m’assommait le clavier d’une main rageuse à la recherche d’une touche magique qui lui restituerait ses données asap. En vain. Il tentait alors la méthode douce, me caressait le pavé tactile d’un doigté de plume. Ça me rendait tout chose, je cédais et nous reprenions le business as usual. E crainte qu’il me remplace par un collaborateur sans humour, je n’abusais pas de la plaisanterie. Nous étions en osmose, j’étais sa moelle, il était mon sang et nous turbinions à l’unisson. Chaque clic nous précipitait au cœur des choses. Nous étions suspendus à la pulsation de la messagerie, inscrits dans le vorace tourbillon de affaires comme dans la plénitude de l’existence. C’était le bon temps. Mais depuis que John a vendu sa start-up, il me délaisse. Du big boss tout feu tout flamme qui me sautait dessus dès l’aurore afin que j’illumine son réveil de mon écran, seule subsiste l’ombre. Je passe la plupart de mon temps sur off. Un moribond. Réfugié sur le cloud, je revisite ma mémoire, ce puits sans fond des jours heureux, le lieu de ma nostalgie, et me creuse le disque dur dans l’espoir d’y piocher un élément qui permettrait la résurrection de notre duo. (Le PC)
La voisine : T’as vu les volets de Johnny sont fermés ?
L’autre voisine : Oui j’ai vu. Donc ça y est, il se met en ménage ou quoi ?
La voisine : Tu veux vraiment le savoir ?
L’autre voisine : Oh il peut courir tous les jupons qu’il voudra, je m’en fiche, il ne me fait plus rêver. Et tiens-toi les côtes, je lui ai piqué l’idée.
La voisine : Qu’est-ce que tu veux dire ?
L’autre voisine : J’ai fait comme lui, je suis partie à la chasse aux ex mais en plus moderne, sur les réseaux sociaux. Pour le moment j’ai trouvé deux morts, quatre vieux cons et depuis hier je tchatche avec Roland, un type avec qui j’avais couché le temps d’un été et qui se souvient très bien de moi. J’y passe mes soirées, c’est dingue tout ce que j’avais oublié. Passe tout à l’heure, je te montrerai à quoi il ressemble.Les W, comme on appelle les jumeaux, poussent et s’épanouissent comme des fleurs, arrosés chaque jour par un entourage béat d’admiration qui applaudit des deux mains chacune de leurs galipettes et chacune de leurs apparitions dans une pièce. Ce sont des mioches on ne peut plus ordinaires mais je me tais pour ne pas briser leurs illusions. Le jour où je les ai surpris en train de barbouiller la tapisserie d’Aubusson du grand salon, j’ai cru que j’allais sortir de mon cadre pour leur en coller une. (le Marquis)
Biographie :
Née à Strasbourg en 1957, Isabelle Flaten s'est mise à l'écriture dans la seconde moitié de sa vie. Elle vit à Nancy et a déjà publié 11 romans.
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