lundi 23 mai 2022

Rebecca WATSON – Sous la peau – Editions Grasset - 2021

 

L'histoire

Un traumatisme dont on ne se remet pas. Une jeune femme qui chaque jour a sa routine quotidienne qui se résume à métro-boulot-dodo et surtout des terribles crises d'angoisses qui la font se g atter jusqu'au sang, lui donne des envies de suicide. Et surtout chaque jour la peur de se retrouver face à son agresseur.

Mon avis

Raconter les conséquences d'un viol et la peur de recroiser son agresseur, ce n'est pas une histoire nouvelle. Depuis le mouvement « Me too », nous sommes habituées à ce sujet douloureux et de nombreuses figures de la littérature féminine s'en sont fait écho du sujet. L'américaine Rebecca Watson ne réussit pourtant pas son pari de nous émouvoir ou de nous alerter à cause d'une narration totalement illisible. Tout le monde n'est pas Marguerite Duras, ou Georges Perec ou Cortazar. Le récit est du coup brouillé, le message aussi. Une écriture plus simple, sans pathos, aurait à mon avis été bien plus efficace que ce récit sans ponctuation, avec des mots qui se juxtaposent, pour enchaîner 2 actions (la pensée mentale envahissante et les tâches quotidiennes).

Bref je n'ai pas aimé du tout cette forme sans formes justement, qui ne structurent pas le récit. L'auteure a voulu rendre compte d'un quotidien bouleversé en jetant les mots qui viennent instinctivement mais du coup on se perd dans cette avalanche. C'est très certainement voulu et des critiques ont adoré ce livre. Mais , je ne trouve rien de percutant et de fort dans ce qui aurait pu être un très grand livre, débarrassé de ces mots trop vite jetés.


Extraits :

- Je traverse, dépassant mes propres vaisseaux, des lignes rouges

qui se précipitent, encore plus de rouge, des cavernes autour

de moi comme des fraises équeutées, je sens une douleur dans

mon corps (dans lequel je suis, que je traverse), sourde puis

aiguë, comme une scie qui se déplace à l’intérieur de moi,

régulière, d’avant en arrière, raclant tandis que je voyage, et qui

commence à émettre un son mélodique

qui résonne

qui chante? est-ce mon corps (ça racle) ça s’élève

qui chante? est-ce dans mes veines?

le son devient plus fort (ça racle) ça s’élève

tandis que je continue

à voyager, à rougir (ça racle) ça s’élève

dépassant à toute allure une autre voie, portant ainsi davantage

de sang et cela tout en tombant à travers mon corps jusqu’à

ce que

lumière !

******************************

- non non pas maintenant non non

loin de ça pas cette partie-là

concentre-toi sur l’après, l’après, même si ça ne peut pas

avoir été juste après, je dois louper quelque chose ici, quelque

chose manque, parce que la suite dont je me souviens a lieu

dehors, dehors quand je sens ce gel étrange, cette brûlure, une

douleur chaude et pourtant glacée le choc de ça

mon dieu

mon dieu

fêter un autre putain de matin en se réveillant comme ça

combien maintenant? des douzaines? ramper éveillée

maintenant

bien plus que ça réveillée pour de bon

maintenant, se lever

pour de bon maintenant

*******************

- ça résonne fort et, attends ça s’élève ça s’élève ça racle

attends

non les ongles dans ma peau

non! une alarme qui résonne

non! putain de rêve qui me pousse à gratter ma putain de peau!

merde!

ma tête! un poids lourd sur mes yeux la tête tendue

glissant dedans et dehors elle s’arrête l’alarme!

pianoter sur le téléphone

la bouche sèche


Biographie :

Née en 1980, Rebecca Watson a publié dans plusieurs revues prestigieuses comme le Times Literary Supplement ou The White Review. Grand espoir des lettres britanniques à tout juste 25 ans, elle est également critique littéraire pour le Financial Times. Sous la peau, est son premier roman.


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