vendredi 27 mai 2022

Joël DICKER – l'énigme de la chambre 622 – Editons Rosie Wolfe – 2020


 

L'histoire

En 2001, un banquier est assassiné dans un palace des Alpes Suisses. L'enquête de police n'aboutit pas à confondre un suspect. En 2018, alors qu'il est très affecté par la mort de son éditeur (Bernard de Fallois) et la rupture avec sa petite amie, l'auteur se voit proposer d'élucider ce nouveau mystère et de remonter le temps. Qui a tué ce banquier et pourquoi ? Une machination implacable va alors être démontée.


Mon avis

Après avoir lu le dernier roman de Dicker (L(affaire Alaska Sanders), j'ai décidé de lire d'autres livres de Dicker. Celui-ci ne m'a pas déçu. Ce 5ème roman se passe dans sa ville natale, Genève et une station touristique cotée. Il y a du Agatha Christie dans ce roman, et comme toujours avec Dicker, un rebondissement à chaque chapitre, le tout assez clairement identifié, comme il en a l'habitude.

De plus il rend un hommage à son éditeur, un homme cultivé et sage qui le guidera jusqu'à son décès.

Le mécanisme du pouvoir est assez bien démontré, tout comme un amour passionnel fait de ruptures et de retrouvailles.

Mais Dicker interroge aussi sur la filiation, ce que l'on lègue. Et sur les 3 personnages principaux, l'héritage moral n'est pas brillant : un père banquier qui pense que son fils est un imbécile et le renvoie à l'échec. Une mère, comtesse déchue qui tient d'une main de fer ses filles qui doivent se marier avec un homme riche et puissant. Un comédien raté qui s »oppose au carriérisme de son fils. Tous ces troubles semés à l'adolescence vont engendrer un mal de livre des protagonistes qu'ils traîneront comme un boulet et qu'ils auront du mal à surmonter. Car à Genève, dans la haute société suisse, la réussite doit se faire à tout « prix ». On note aussi la persistance d'un anti-sémitisme notoire dans ce joli monde.

Par ailleurs le roman fait référence au roman policier classique (référence à Agatha Christie, mais aussi à Gaston Leroux. Il emprunte aussi les codes du théâtre de boulevards dans des passages irrésistiblement drôles, et des « feuilletons populaires » du 19ème siècle.

Mais comme à son habitude malicieuse, le roman s'écrit sous nous yeux, l'écrivain se fait appeler Joël, et le roman est écrit parfois au « je » quand il s'agit de l'enquête menée par l'écrivain et sa complice, et au « il/elle) quand il s'agit des récits ou témoignages recueillis. Sur ce cold case, il y a sans cesse des retours au passé.

Extraits :

  • Le plus important n’est donc pas comment notre histoire s’achève, mais comment nous en remplissons les pages. Car la vie, comme un roman, doit être une aventure.

  • La vie est un roman dont on sait déjà comment il se termine: à la fin, le héros meurt. Le plus important n’est donc pas comment notre histoire s’achève, mais comment nous en remplissons les pages. Car la vie, comme un roman, doit être une aventure. Et les aventures, ce sont les vacances de la vie.

  • Transmission mon fils, très important la transmission. C'est comme ça que les gens ne meurent jamais vraiment : quand bien même leur corps peut être rongé par les vers de terre, leur esprit survit au travers de quelqu'un d'autre. Et ainsi de suite.

  • -Quand rentrez vous à Londres ?demandai-je à Scarlet.
    -Lundi prochain, dans huit jours. Et vous ?
    -Je ne sais pas très bien. Je n'ai personne qui m'attende à Genève. Certains appellent ça la liberté, moi j'appelle ça la solitude.

  • Le paradis, c'était d'un ennui mortel à la longue. Si Eve avait fini par bouffer cette pomme, c'était parce qu'elle cherchait une bonne excuse pour ficher le camp !

  • Le rire constitue une forme de perfection inaltérable. On ne le regrette jamais, on le vit toujours pleinement.


Biographie :

Né en 1985 à Genève, après une formation en droit et une année au cours Florent à Paris, Joël Dicker publie quelques nouvelles puis en 2012 « la vérité sur l'affaire Harry Québert » qui en fait une star du polar.

Bernard de Fallois (1926 – 2018) fonde en 1987 sa propre maison d'éditions, de taille réduite pour échapper aux contraintes des grands groupes financiers. Son catalogue édite Marcel Pagnol, Robert Merle, Françoise Chandernagor, Raymond Aron. Connu pour ses goûts simples et vivant de façon modeste, ce grand éditeur est passé par les grandes maisons d'éditions dont il a enrichit les catalogues.


 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.