L'histoire
Taz et Marnie retapent difficilement une maison en piteux état à Missoula (Montana). Marnie tombe enceinte mais meurt lors de l'accouchement. Voilà Taz confronté au chagrin dévastateur et à s'occuper d'un bébé, Midge. Les amis sont là, la belle-mère aussi, ainsi que la présence d'une étudiante baby-sitter qui prend les choses en main. Mais le chagrin est difficile à surmonter, il f faut reprendre le travail, et tenter de terminer enfin cette maison.
Mon avis
Un charmant roman écrit sans pathos par Pete Fromm qui s'attaque à deux sujets importants, la perte d'un être cher et la paternité que le héros assume tant bien que mal. Menuisier chevronné, il n'en reste pas moins pauvre. Mais il n'y a ni noirceur ni culpabilité dans ce roman où Taz discute avec Marnie, l'épouse défunte, comme un rituel secret.Toute la jolie écriture de Pete Fromm témoigne d'une beauté qui se diffuse tout au long du livre, sans rechercher l'esthétique littéraire mais les sensations authentiques, les non-dits, C'est aussi un livre sur l'amitié profonde, dont Taz ne se rend pas compte, la vie simple dans une petite ville avec ses beaux quartiers hors de prix et celle des artisans, pas riches, mais qui se contentent des joies simples : un pique-nique dans une zone secrète de la rivière, un beau meuble poli et vernis, des petites fêtes pour Midge, sans chichis mais avec ce qu'il y a de plus beau, le cœur. Et le très beau personnage d'Elmo, la baby-sitter subtile, mère de substitution à la fois pour la petite fille que pour le papa.
Mais la beauté évoquée ne s'exprime pas
uniquement dans les sentiments. L'auteur américain nous laisse la
possibilité d'accompagner dans son deuil un artisan qui doit
apprendre à se construire sans la pièce maîtresse qu'il formait
avec sa femme, un ébéniste méticuleux et sensible aux essences de
bois qu'il travaille dans un Montana qui nous charme avec des
paysages préservés et intimes.
Si le symbolisme de la
reconstruction de soi n'est pas spécialement novateur, il fait
pourtant mouche dans ce récit. L'auteur montre sans effort au-delà
de ce que le deuil détruit, tout ce qui soude.
Biographie :
Pete Fromm est né en 1958 dans le Wisconsin. Il a d'abord été ranger avant de se consacrer à l'écriture. Reconnu comme un grand écrivain, il vit à Missoula (Montana) avec sa famille.
Extraits :
Au lieu des pins ponderosa sur la colline, des trembles sur la berge, de leurs feuilles sous l'eau encore dorées, constellant le barrage des castors, il voit des troncs calcinés se détachant sur le bleu glacial du ciel telles des pointes de lances noircies.
Même les peupliers ne sont plus que l'ombre d'eux-mêmes, leurs doigts griffus se refermant sur du vide. La terre est carbonisée. Les étangs sont comme huilés, graissés. Il ne reste rien.Une fois, j'ai récupéré du vieux bois dans une distillerie du Tenessee. Des grosses poutres d'un mètre sur deux, encochées et mortaisées, qui servaient à retenir les tonneaux de bourbon. C'était tout un boulot, de réussir à les couper suffisamment pour pouvoir en faire quelque chose. Mais quand je m'y mettais, la vache, tout l' atelier embaumait...
Une odeur de whiskey, de caramel et de vanille. J'avais envie de les couper rien que pour parfumer l'atelier.Lorsque le futur marié lève le voile sur ses tempes délicates, je me dis qu'on devrait les prévenir : un avenir fait d'enterrements, d'emprunts automobiles, d'impôts et d'enfants malades la nuit. C'est un boulot que vous ne saurez pas faire, le bras nu enfoncé jusqu'au coude dans l'évier bouché, parmi les pelures d'aubergine brûlées à la dérive absurde.
Malgré la chaleur torride de ce tout début de mois de juillet, l’eau est si froide qu’elle les saisit .
Ils y pénètrent en riant , le souffle court, avant de nager plus loin jusqu’aux rapides, puis ils se laissent repousser en aval et tournoient dans le courant , la respiration plus régulière à présent .
Taz passe les bras autour du ventre de Marnie, ils regardent les nuages glisser dans le ciel , aussi inoffensifs que des coups de pinceau : cela fait des mois qu’aucune goutte n’est tombée …..J'ai appelé la Nouvelle-Zélande, hier soir, dit Taz.- Ça fait quoi ? D'appeler un pays tout entier ? (Rudy le copain de Taz)
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