L'histoire
Sal et Peppa, 13 et 9 ans, se retrouvent dans une forêt des Highlands (Écosse) où elles vivent en mode « survie ». Elles ont fui le foyer conjugal, invivable entre une mère alcoolique et le copain de celle-ci, drogué, délinquant et qui viole Sal depuis 3 ans.
Dans cette forêt, elles se construisent un abri de fortune, et vivent de chasse et pêche. Et puis il y a la rencontre d'Ingrid, une vieille femme, un peu sorcière, et aimante qui va mettre du baume au cœur aux enfants.
Mon avis
Pour les amateurs de « Nature Writing » ce livre est parfait. Il nous fait penser à « Dans la forêt » de Jean Heagland, et à « My absolute darling » de Gabriel Tallent par le pouvoir rédempteur de la Nature. L'amour que porte Sal l’aînée à sa petite sœur est infini et pourtant les deux fillettes sont à l’opposée l'une de l'autre. Sal est réfléchie et pragmatique. Si elle a peur, surtout qu'on les retrouve, elle est sans cesse occuppée dansce camps de fortune. Sans spoiler, puisque c'est révélé dans les premières pages du livre, Sal a tué son beau-père violent et violeur pour éviter que sa sœur ne subisse le même sort. Peppa est joueuse, adore les gros mots et les expressions gaéliques mais elle est aussi gaffeuse tant elle est spontanée
Avec Sal, nous avons un personnage assez unique. Elle n'éprouve pas de regrets, elle veut avant tout protéger ceux qu'elle aime, sa sœur et sa mère, les personnes qui comptent le plus dans sa vie. Mauvaise élève mais très intelligente, Sal se cultive sur internet, prépare son plan pendant 8 mois, et apprend vite la survie en milieu sauvage.
Et puis il y a la mystérieuse Ingrid, une femme âgée qui s'est volontairement coupée du monde pour vivre elle aussi en forêt. Elle va jouer le rôle de mère de substitution aux fillettes, et leur apprendre encore des techniques de survie.
Un petit livre agréable à lire, qui nous parle de la vie dans la nature sauvage des Highlands. On se prend à espérer que Sal, une fois sortie de ce mauvais pas gardera en elle cet amour de la vie sauvageonne et suivra le chemin de la magnifique Ingrid.
Hélas la traduction est une catastrophe ce qui est étonnant pour les éditions Métaillé. Soit c'est un choix de la traductrice pour respecter la langue écossaise mais cela n'est pas mentionné, soit c'est une traduction bâclée qui nuit au roman.
Extraits :
Quand on était petites, on avait souvent faim parce que m'man était sortie ou bourrée alors on n'avait pas d'argent et Peppa faisait le tour des appartements de l'immeuble pour demander à manger. (…) Et quand Robert a commencé à s'en prendre à moi il a dit que si j'en parlais, même si j'en parlais à m'man, on viendrait nous cherchait et on nous séparerait. Il a dit que Peppa serait recueillie et adoptée par des Africains parce qu'elle était à moitié africaine et que moi je serais adoptée par des vieux et qu'on ne serait pas ensemble.
En grimpant dans la lande en direction du sommet Ingrid nous a expliqué en quoi elle croyait.
"Je crois qu'il y a une Déesse Mère qui contrôle l'ensemble de la nature et du monde. En fait l'ensemble de la nature est la Déesse Mère elle-même et c'est elle qui crée et qui soigne toute forme de vie. On peut lui parler et sentir sa chaleur dans le soleil et dans la terre au printemps. On la sent sur sa peau dans l'herbe douce, dans la fourrure des animaux et les plumes des oiseaux. On sent son goût dans la nourriture qu'on tire de la nature et l'eau douce d'un ruisseau. On sent son odeur dans la forêt de pins, les feuilles mortes, le chèvrefeuille et les feuilles de chêne sous la pluie. On entend sa voix dans le chant des oiseaux et le vent dans les arbres, dans la neige qui crisse sous nos bottes et dans les cris des chouettes. Et on la voit dans les collines qui ondulent à perte de vue et dans la lande.Mais dès qu'on avait eu allumé le feu je m'étais sentie mieux. Rien que le fait d'être assis devant et de regarder et de sentir sa chaleur vous calme et vous avez l'impression d'être à votre place là où vous êtes. Et assise près du feu ce premier soir j'avais eu l'impression qu'on avait fait ce qu'il fallait, que tuer Robert avait été une bonne chose et que tout allait bien se passer pour nous. Et c'était le feu qui m'avait donné ce sentiment. C'est pour ça qu'on ne peut pas négliger son feu comme je l'avais fait ce matin.
Et je croyais que ça marcherait parce que quand on croit que quelque chose va se produire alors ça se produit donc il faut faire attention à ce qu'on croit qu'il va se produire.
Je ne sais pas pourquoi tout le monde s'inquiète autant de ce qu'il ressent. Ce qu'on ressent n'est pas vraiment important. Ce qui compte c'est de savoir des trucs et de faire des choses.
On s'était installées à exactement huit cents mètres à l'intérieur de la forêt derrière une crête qui monte en direction d'un sommet culminant à un peu plus de neuf cents mètres d'altitude. En fait il ne lui manque que huit mètres cinquante pour être un "munro" et là ça aurait grouillé de grimpeurs et de branleurs en K-way venus en faire l' ascension.
Survivre se résume en grande partie à prévoir, prendre le temps de réfléchir et faire un plan. Le Guide de survie des forces spéciales dit que le facteur le plus important dans la survie à long terme est l'attitude. La façon dont on réfléchit affecte nos chances de réussite. Si on est négatif et si on pense seulement que les choses vont empirer ou qu'on ne peut pas continuer alors on commence à agir dans ce sens. Et plus on pense et agit dans ce sens plus les choses empirent et plus on prend de mauvaises décisions. Et c'est là qu'il faut prendre le temps de réfléchir, faire un plan et entreprendre une action capable d'améliorer la situation. Même une chose minime peut aider.
Biographie
Mick Kitson a
étudié l’anglais à l’Université de Newcastle upon Tyne avant
de lancer le groupe de rock "The Senators" dans les années
80, avec son frère Jim.
Journaliste pendant plusieurs années,
il est devenu professeur d’anglais à l'âge de 40 ans. "Manuel
de survie à l’usage des jeunes filles" (Sal, 2018) est son
premier roman.
Il vit avec sa femme dans le Fife, en Écosse, il
aime pêcher à la mouche, jouer du banjo, cultiver des framboises,
et il construit des bateaux.
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