L'histoire
Yamina est née en Algérie en 1949 à Msirda en Algérie. Son père militant pour l'indépendance réussit a échapper aux persécutions en se réfugiant au Maroc et en se cachant. A 30 ans, il marie cette dernière fille à un homme de 10 ans son aîné. Deux mois plus tard ils partent pour la France dans l'espoir d'un avenir meilleur. Hlm, quatre enfants nés en France, pour lesquels l'Algérie n'est qu'un vague souvenir, et des non-dits car la pudeur est avant tout une qualité.
Mon avis
Un roman presque autobiographique (l'histoire de sa mère) très facile à lire, qui pose le problème des conflits intergénérationnels. Yamina est élevée dans la pure tradition musulmane, on lui a appris à être une femme discrète, une bonne épouse et surtout une bonne mère. Elle débarque dans un pays qui n'est pas du tout un eldorado. Son mari travaille dur pour gagner une misère, elle se sent étrangère, ostracisée. Alors pendant des années Yamina opte pour la discrétion, se faire le plus invisible possible. Sa famille restée au pays s'est disloquée géographiquement, les voyages se font de plus en plus rares.A Yamina, la si discrète et si seule femme s'oppose sa fille aînée Hannah qui elle rejette en bloc la tradition musulmane, veut vivre comme une française, connectée aux réseaux, habillée à la dernière mode..
Quelle femme Yamina : elle a traversé tant d'épreuves, quitter la ferme en Algérie pendant la guerre d'Indépendance, l'exil avec se famille au Maroc, se cacher, le retour à la fin de la guerre, abandonner l'école qu'elle aime tant pour donner un coup de mains à sa mère : elle coud des vêtements pour tous sur sa machine à coudre à pédale, tricote avec des aiguilles de fortune, plumes d'oiseaux puis, rayons de vélo récupérés dans une décharge.
Avec son mari qui se révèle un brave homme ils font tout pour les enfants. Tout pour que ceux-ci soit heureux. Mais sans jamais pouvoir intégrer cette société française qui les ignore. Toujours discrets et dignes, les enfants font des études mais ne trouvent d'emplois sérieux, l’aînée divorce, un drame pour cette famille, la fougueuse Hannah refuse tous les prétendants possibles, Imanne la 3ème fille quitte le domicile familial sans être mariée, et Omar, le fils tant aimé, chauffeur de taxi tombe amoureux d'une femme riche et élégante mais comprend vite qu'il ne sera jamais assez bien pour elle.
Le récit alterne entre le passé (de 1949 à 2019) dans une langue simple, sans fioritures Ici pas de revendications, pas d'accusés ni d'accusateurs. On se contente de ce que l'on a, on finit par s'habituer à n'être pas grand chose, sans violence, dans la délicatesse des faits.
C'est aussi pour cela qu'on aime l'écriture de cette auteure qui finalement pose la question fondamentale : qui est-on ? Un cours roman qui vous fera partager le quotidien d'une famille où l'amour reste toujours la valeur.Galerie Photos des lieux où se situent l'action avant 1981
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| Msirda, ouest de l'Algérie |
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| Autre vue de Msirda |
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| le douar, la ferme à Msirda |
| Temouchent - Algérie |
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| Berkane au Maroc |
Extraits :
Et si, aujourd'hui, pour cette femme de soixante-dix ans, refuser de se laisser envahir par le ressentiment était une façon de résister ?
Mais la colère, même enfouie, ne disparaît pas. La colère se transmet, l'air de rien.Il n'y a pas de Mode d'emploi à l'usage des musulmans pacifiques, pas de Manuel de désolidarisation en cas d'attentat terroriste sur le site de la FNAC.
Pour les Taleb, et les autres, il n'y a pas de règlement. Si être simplement affecté en tant qu'être humain et que citoyen ne suffit pas à convaincre, que doivent-ils faire ?Les Taleb, comme tant d'autres, ne partagent pas les croyances des terroristes.
Eux, ça leur paraît évident. Ils n'ont rien en commun avec ces monstres, si ce n'est leur nom "à consonance", et leurs gueules de métèques, qui, elles, contrairement à leur histoire, ne s'effacent pas.L’idée de vieillir n’effraie pas Yamina. Depuis quelques années, elle ressent même une certaine quiétude. On dirait qu’elle n’est pas embarrassée par les petits tracas de l’âge. De toute façon, Yamina ne se plaint jamais. C’est comme si cette option lui avait été retirée à la naissance.
Les sentiments, c'est grand, ça demande de l'espace pour s'exprimer, et le problème, avec la guerre et la misère, c'est qu'elles prennent toute la place.
Elle a toujours le sentiment de devoir réparer l’offense subie par ses parents. Et ce que Hannah ne supporte pas, c’est l’idée qu’un jour ils seront enterrés sans avoir eu la reconnaissance.
Biographie :
Née
en 1985 à Bobigny, Faïza Guène est une romancière et
réalisatrice.
Française d'origine algérienne, elle est la
cadette d'une famille de trois enfants. Elle a grandi et vit dans la
cité des Courtillières à Pantin.
Au collège, elle
participe aux ateliers de lecture et doit réaliser pour le journal
de l'établissement un reportage sur l'association " Les
engraineurs " qui propose aux jeunes du quartier un atelier
d'écriture cinématographique. Faïza Guène n'a jamais quitté
l'association depuis ce reportage. Grâce à l'association, elle
réalise en 2002, son premier court-métrage, RTT qui raconte
l'histoire de Zohra, mère célibataire joué par Mme Guène. Le film
remporte trois prix dans les festivals. Cinq courts-métrages
suivront et un documentaire sur le 17 octobre 1961.
Son
premier roman, "Kiffe kiffe demain", a été l'une des
meilleures ventes de l'année 2004. Elle publie en 2006 "Du rêve
pour les oufs", puis, en 2008, "Les gens du Balto",
aux éditions Hachette Littératures. En 2014, "Un homme, ça ne
pleure pas" chez Fayard est lauréat du Prix littéraire des
lycéens et apprentis de Bourgogne en 2015.
Faïza Guène est
réalisatrice de plusieurs courts-métrages. Parmi ceux-ci, on notera
: "La Zonzonnière" en 1999, "RTT et Rumeurs" en
2002 et "Rien que des mots" en 2004.
voir :
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