L'histoire
Dernier volet de sa trilogie des mille femmes blanches, récit de fiction, Jim Fergus continue les journaux de Mary Dodd, Molly Mac Gill à travers la voix d'une des arrières-petites filles de Molly, surnommée Molly Standing Bear qui a conservé des extraits des journaux de son aïeule, et autorise leur publication par le fil de Todd l'éditeur des premiers journaux (Mille femmes blanches, La vengeance des mères).
Molly Stand Bear, cheyenne vivant sur une des réserves du Montana, se soucie aussi de sauver de la prostitution, de la drogue des jeunes femmes amérindiennes
Mon avis
Jim Fergus entame en 2013 une trilogie fictive concernant mille femmes blanches. Selon un accord passé en 1875 par le président américain Grant avec un chef Cheyenne mille femmes blanches sont échangées contre mille chevaux. On sait que le chef Little Wolf rencontra le président américain en 1874 à Washington, la teneur de leurs propos restent inconnus.Dans la trilogie de Fergus, les mille femmes envoyées sont des prostituées, des prisonnières de droit commun ou des femmes mise en asile psychiatrique. Accueillie cérémonieusement par les Amérindiens, elles y trouvent une rédemption et une forme de vie très différentes où elles sont respectées. Les Cheyennes, peuple nomade des grandes plaines sont pourchassés par l'armée américaine. Les regrettables guerres indiennes de 1868 à 1884 firent de nombreux morts, surtout des femmes et des indiens. Les femmes blanches acclimatées à leur nouveau statut décidèrent donc de former un bataillon secret pour lutter contre les « blancs ».
Dans
ce dernier tome, le bison qu'ils appellent
leur frère, vit en nombre et leur apporte l'essentiel pour se
nourrir, se vêtir, s'abriter mais l'armée US n'a de cesse de
détruire les troupeaux pour installer le chemin de fer et s'emparer
des terres. Ce que nous considérions comme le progrès apporte en
fait maladies, perversion, trafic et destruction.
Au travers des
récits détaillés de May et Molly, nous partageons la vie
quotidienne, espoirs, souffrances, bonheurs, plaisir charnel mais
aussi la peur, l'effroi devant les massacres systématiques perpétrés
dans les villages indiens où femmes, enfants, vieillards étaient
massacrés sans pitié.
Les Amazones sont ces femmes guerrières, inspirées par l'antiquité, qui s'entraînent, se musclent et deviennent aussi performantes que les hommes. C'est aussi l'occasion d'apprendre l'histoire du cheval sur le continent américain.
L'auteur ne se contente pas de me faire vivre avec les Indiens de 1876, constamment pourchassés par l'armée aidée par les Crows, les Loups, ces Indiens qui ont trahi leur peuple pour passer du côté des Blancs, mais il connecte tout cela à la situation actuelle. Il donne à voir la vie des Indiens aujourd'hui dans les réserves et le résultat n'est pas folichon. D'ailleurs, « les trois quarts des Indiens d'Amérique, l'Alaska y compris, vivent aujourd'hui dans les villes et non dans des réserves. Beaucoup de filles sont enlevées en pleine rue et tombent dans les griffes des réseaux de prostitution. » Tout cela en toute impunité.
Évidemment lire les 3 tomes est un plus mais si comme moi vous êtes curieux de connaître la vie d'autres peuples, le travail de Fergus est remarquable.
Mille Femmes Blanches le tome 1, est resté 57 semaines en tête des ventes en France et a recueilli les louanges de la presse. Le tome 2 « La Vengeance des mères » a connu le même succès. Le charme de Fergus est de donner la parole aux femmes, et d'y mêler des événements historiques, avec beaucoup de rebondissement. Ici petit plus les commentaires de Molly Standing Bear nous éclairent sur l'actualité dans les réserves Cheyennes.
Galerie photos :
Extraits :
Nous continuons de recueillir des vagabonds plusieurs familles et quelques bandes de jeunes guerriers qui, pour la plupart, s'étaient échappées des agences afin de participer au grand rassemblement de tribus à la Little Bighorn. Après quoi, plutôt que de se transformer en loups pour les soldats bleus, de harceler leur propre peuple, ils ont décidé de profiter un peu plus longtemps de leur liberté, d'une dernière chance de chasser le bison, dont les troupeaux se réduisent à grande vitesse. Ils sont donc les bienvenus parmi nous. Il reste si peu de traces du monde qu'ils ont connu et pour lequel ils ont été préparés au cours de leur brève existence. Un monde dans lequel ont vécu cent générations avant eux. A l'approche de l'hiver, ils rejoindront les agences, où ils auront grand-peine à subsister grâce aux rations de famine que l’État leur fournit, amputées de la part volée par les fonctionnaires chargés de leur distribution. Voilà l'autre monde que l'homme blanc leur réserve et qu'ils doivent adopter, car ils voient bien l'ancien se refermer derrière eux. Nous-mêmes avons perdu le nôtre et il semble bien que le suivant nous échappe.
Wind a les cheveux noirs, le teint très mat, un visage large, osseux, et des pommettes saillantes. Son nez est proéminent, légèrement busqué, son regard perçant et ses yeux d’une couleur indéfinissable qui change suivant son humeur, le temps et la lumière. Parfois d’un jaune cuivré, telle une lune d’automne, ou ceux d’un loup, ils peuvent s’assombrir jusqu’à devenir profonds comme la nuit. D’une taille supérieurs à la moyenne des femmes cheyennes, elle a une stature qui la grandit encore. De larges épaules, des bras fermes et robustes qui ont eu plus que leur part de dur travail, des jambes puissantes dont on devine qu’elles ont parcouru bien des miles.
Jadis, bien sûr, les tribus avaient toutes différents noms pour s’appeler elles-mêmes et entre elles – des noms qui ont évolué au fil du temps. Nous autres Cheyennes étions les Tsistsistas, ce qui, dans notre langue, signifie les humains, à distinguer des ours, des bisons, des oiseaux, des poissons, des chevaux, etc. Un nom humble et sans prétention qui sous-entend que nous faisons partie du monde animal, sans pour autant nous estimer meilleurs ni supérieurs – juste différents.
Après avoir vécu parmi les chasseurs, les cueilleurs, les trappeurs – chez qui tout s’échange -, revenir dans un monde où les choses s’achètent et se vendent vous procure un drôle de sentiment.
Notre apparence physique … un autre motif qui pousse les colons à exterminer et incarcérer les premiers occupants de ce pays, tout simplement parce qu’ils ne leur ressemblent pas.
Du fait que je m’intéressais à la bible, on m’a considérée comme une élève travailleuse – une candidate pour le noviciat ...à ce qu’affirmait le bon « père » qui me violait. Mon initiation à l’obéissance, par cet émissaire du seigneur, avait un caractère éminemment biblique… Au fait, cela n’est pas par manque d’instruction que j’évite de mettre la majuscule à certains mots, mais à cause du mépris et du dégoût qu’ils m’inspirent.
Peu à peu, nous avons été conquis par les biens de consommation des Blancs, le tabac, les perles, les colifichets, les couvertures… La liste n’en finit pas, avec pour conséquence l’épidémie de diabète qui sévit aujourd’hui dans les réserves. Ils n’ont plus guère de mal à nous exterminer. Il leur suffit de nous intoxiquer avec leurs frites et leurs hamburgers… qui les tuent eux aussi.
Pendant nos pérégrinations, nous avons constaté, Wind et moi, les effets de la ruée vers l'or et les terres agricoles. Les grands troupeaux de bisons ont été décimés, des races étrangères de bovins introduites. Les sols sont forés, défigurés, dégradés pour en extraire ces trésors cachés auxquels les Blancs sont si attachés. Partout l'on construit des voies ferrées, des villages, des ranchs, des forts pour l'armée. Alors, oui, la terre qu'ont toujours connue les Indiens disparaît sous leurs yeux.
Molly Standing Bear : Sur 5 712 femmes et filles indigènes portées disparues en 2016, selon le Centre d’informations criminelles des États-Unis, seulement 116 ont été enregistrées dans le fichier des personnes disparues du Département de la Justice.
506 : le nombre de femmes et filles indigènes disparues ou assassinées dans 71 villes américaines en 2016, d’après un rapport de novembre de l’Urban Indian Health Institute.1 sur 3 : selon le Département de la Justice, la proportion d’Amérindiennes victimes d’un viol ou d’une tentative de viol, soit plus du double de la moyenne nationale.84% : le nombre de femmes indigènes qui ont subi des violences physiques, sexuelles ou psychologiques au cours de leur vie, selon le National Institute of Justice.New York Times, 12 avril 2019. (nota : ces chiffres sont tout à fait vrai, j'ai vérifié)Quel bénéfice l'humanité a-t-elle tiré de ses guerres incessantes ? Que nous ont-elles jamais apporté, à part la mort, la souffrance et le chaos ? La paix et l'harmonie entre les peuples ne sont-elles pas notre but ultime ?
Biographie
:
Né en 1950 à Chicago,
Né
d'une mère française et d'un père américain, il se passionne dès
l'enfance pour la culture Cheyenne alors qu'il visite l'ouest du pays
en voiture avec son père pendant l'été. Ses parents décèdent
alors qu'il a 16 ans et il part vivre dans le Colorado où il
poursuit ses études.
Il vivra ensuite en Floride où il est
professeur de tennis avant de revenir dans le Colorado en 1980. Il
s'installe dans la petite ville de Rand, qui compte treize habitants,
pour se consacrer exclusivement à l'écriture.
Il publie en tant
que journaliste de nombreux articles, essais ou interviews dans la
presse magazine et collabore à des journaux.
Son premier
roman, "Mille femmes blanches" ("One Thousand White
Women"), l'histoire de femmes blanches livrées aux Indiens par
le gouvernement américain pour partager leur vie, est publié aux
États-Unis en 1998 et rencontre le succès. Il a sillonné seul avec
ses chiens le Middle West, pendant plusieurs mois, sur les pistes des
Cheyennes, afin d'écrire ce livre.
En 2016, il publie "La
vengeance des mères" ("The Vengeance of Mothers"),
qui fait suite au premier ouvrage de l'auteur, "Mille femmes
blanches", paru dix-huit ans plus tôt. Avec "Les Amazones"
(2019), Jim Fergus achève la trilogie. Lettres Modernes à la
Sorbonne Nouvelle, il devient scénariste en 2000.
son site :http://jimfergus.com/
En savoir Plus :
Sur Jim Fergus
Sur le peuple Cheyenne




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