L'histoire
Une vie romancée d'Alexandre Le Grand, homme présenté comme complexe, tiraillé entre l'amour du beau et l’irrésistible goût de la conquête de sa Macédoine natale jusqu'aux portes de L'Inde. Son amour fou pour Alestria, une amazone venue des steppes de Mongolie, un amour passionné, exclusif, intense. Faire de sa Reine pour ce conquérant est un défi, mais à force de défier les lois, que gagne-t-on.
Mon avis
Quel plaisir de retrouver la merveilleuse écriture de San Sha, cette chinoise qui vit à Paris et écrit en français avec la poésie et la subtilité toute orientale.Ici, elle ne cherche nullement à faire une biographie d'Alexandre, mais de nous montrer la folie des hommes et des femmes, dans les grands tournants de l'Histoire.
C'est un roman fait de délicates confrontations, raconté par les voix d'Alexandre lui-même, d'Alestria et de Tania/Ania sa scribe et amie.Nous avons Alexandre, élevé à la dure par son père, Philippe de Macédoine, un homme guerrier, brutal qui martyrise sa femme et son fils après des beuveries fêtant ses victoires. Son jeune fil est un être sensible, qui aime la poésie, la douceur la nature. Mais élevé dans les corps guerriers d'élite et de son père, il devient un être cynique, assoiffé de pouvoirs et de conquête. Conscient de sa beauté, il se croit fils d'Apollon, mais se montre un guerrier impitoyable qui va conquérir la Grèce, l’Égypte, la Perse et poursuivre sa quête vers l'Orient. Dans un rêve, lui est apparu une femme, la seule femme dont il tombe follement amoureux et qu'il donne comme justifications à ses conquêtes sanglantes, ses complots et trahison. Un être double car tout est double dans ce roman comme le yin et le yang.
Alestria est la reine des Amazones, une tribu nomade, guerrières impitoyables quand on les attaquent. Chassée par le refroidissement de leurs terres ancestrales, l'actuelle Sibérie, elles refusent tout accouplement avec un homme, tout contact avec lui. Elles ne cherchent pas la gloire ou la fortune, elles n'ont rien, à part leurs chevaux, leurs armes et recueillent les femmes ou fillettes maltraitées, abandonnées. Elles aiment la nature, et en connaissent les secrets. Mais voilà, Alestria tombe amoureuse d'Alexandre et ce coup de foudre réciproque va les amener au pire. Car Alexandre ne comprendra jamais la philosophie de cette femme qui pourtant lui sera fidèle, au risque de détruire à jamais sa tribu.
Entre les mythe et les contes, on peut dire que ce roman oppose aussi deux visions du monde, et deux visions de l'amour. Le monde d'Alestria est celui de la vie simple, nomade, proche de la nature, dont les pouvoirs magiques peuvent transformer une steppe aride en jardin de fleurs. Celui d'Alexandre est celui des conquêtes pour s'approprier les biens matériels, or, pierres précieuses, tissus luxueux qui lui permettent de garder son empire en soudoyant tous ces généraux.Sa sexualité est double, on sait que la Grèce Antique considérait comme normale les relations entre hommes. Mais Alexandre qui couvre sa femme de présents, qu'elle méprise, cherche avant tout à assurer sa dépendance croyant que son futur fils, avec les sangs mêlés de la plus grande des guerrières et le sien sera capable d'assurer la pérennité de son empire. Il croit en un universalisme des peuples, que ses victoires permettront une fusion de cultures.
Car Jung démontra la relation entre l'animus et l'anima, l'anima est la part féminine de l'homme (la sensibilité bafouée d'Alexandre) et l'animus, la part de masculinité chez la femme (le cas des Amazones).Voir ps://fr.wikipedia.org/wiki/Anima
Le roman donne tour à tour la parole tour à tour à Alexandre, Tania et Alestria puis plus la fin approche plus les voix de mêlent dans le même chapitre, pour tenter de contrer le destin inéluctable. En tout cas, le lecteur n'y perd en aucun cas le fil.Chacun comprendra les motivations des héros, contraires, et sans jamais jouer sur le féminisme tel que l'on entend, il est évident que le cœur vibrera plus pour la simplicité des Amazones (personnages légendaires).Et puis il y a cette écriture poétique, sublime de cette autrice qui manie le français avec art. Je vous conseille également de lire : La joueuse de Go et Impérative.
Galerie Photos
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| Amazone sculpture |
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| Amazone fresque |
Extraits :
Viens, Alestria! Nous allons grimper les montagnes, prendre d'assaut les citadelles. Nous irons combattre les dragons, les singes, les éléphants conduits par des guerriers recouverts de perles, de diamants. Sois ma reine, Alestria. Je t'offre des paysages grandioses, des milliers de nuits étoilées, la chevauchée de cent mille hommes sous le soleil, dans l'eau, dans les sables, à travers les forêts et les déserts. (Alexandre)
A toi garçon du futur, ce roman écrit en langue des oiseaux. A toi, guerrier intrépide, nos libertés, nos galops. Veille sur nos sommeils, veille sur nos saisons. A toi, jeune fille qui liras dans les étoiles; A toi, jeune fille qui déchiffreras le livre des oiseaux... Le secret de nos âmes, le secret de l'amour, le secret de la force. (Alestria)
Le visage est-il un masque de comédie posé sur la tragédie de l’âme ?
Platon enseignait que chaque homme fait partie d'une entité céleste qui se brise en deux au cours de sa chute, et qu'il est condamné à chercher son autre moitié sur terre, ainsi commence la quête de l'amour. (Alexandre)
Galopant derrière Alexandre comme son ombre, je ne comptais plus les Indiens que j'avais abattus. La folle chevauchée alternait avec des pauses où l'on essuyait le sang, pansait les blessures et mangeait un morceau de pain. (Tania)
La mélancolie est la poésie d'une vie d'insouciance. (Alexandre)
Je m’exerçais à tuer la souffrance. Un jour, l’esclave tuerait les lions. Un jour, Alexandre abattrait le tyran. (Alexandre)
Biographie
:
Shan Sa (Yan Ni de son vrai nom)
est écrivaine, peintre, poète et calligraphe française d'origine
chinoise. Elle est née à Pékin en 1972.
Elle grandit dans une
famille de lettrés traditionnels et écrit et publie des poèmes dès
l’âge de 7 ans. A 14 ans, elle devient la plus jeune membre de
l’Association des écrivains de Pékin. Après les manifestations
de la place Tian'anmen elle quitte Pékin pour poursuivre des études
de philosophie et d’histoire de l’art à Paris. En 1994, elle
rencontre le peintre Balthus et sa femme Setsuko qui l'initie à la
culture japonaise (cithare, jeu de go, calligraphie et épée). Elle
devient leur assistante jusqu'en 1996.
En 1997, elle écrit «
Porte de la Paix céleste » (éditions du Rocher) et remporte le
prix Goncourt du Premier Roman. En 1999, elle écrit « Les quatre
vies du saule » et remporte le prix Cazes. En 2001, elle est de
nouveau récompensée par le prix Goncourt des Lycéens pour son
roman « La Joueuse de go » qui rencontre un grand succès auprès
du public. En 2003 paraît "Impératrice".
Puis elle
publie d’autres romans ainsi qu’une collection d’essais, un
recueil de poèmes et des albums de peintures.
En 2009, Shan Sa
est nommée Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres et en
2011, Chevalier de l’Ordre National du Mérite.
Sur San Sha : son site : https://www.shan-sa.com/
En savoir Plus :
https://www.telerama.fr/livres/alexandre-et-alestria,15897.phpSur Alexandre le grand :
https://www.histoire-pour-tous.fr/biographies/1430-alexandre-le-grand.html
https://www.herodote.net/Un_conquerant_de_legende-synthese-185.php
Sur les Amazones






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