mardi 8 novembre 2022

Peter ROBINSON – l'amie du diable – Livre de poche - 2007

 

L'histoire

A Eastvale, l'inspecteur Banks enquête sur un crime commis dans le « Labyrinthe » un dédale de ruelles obscures. Au même moment, l'inspectrice Annie Cabbot découvre le cadavre d'une handicapée tétraplégique égorgée sur une falaise près de Thirby où elle est mutée. Deux affaires éloignées, mais quand les démons du passé ressurgissent, il pourrait s'agir d'une vengeance.


Mon avis

Une des maîtres du polar anglais que je ne connaissais pas, et qui publie régulièrement les aventures des inspecteurs Banks et Cabbot dans le Yorkshire, qu'il connaît bien. Sa spécialité, le double jeu et une écriture très cinématographique. L'intrigue est bien fichue, cela s'accélère dans les derniers chapitres.

L’inspecteur Banks vieillit et il encaisse moins l'alcool mais il aime toujours autant la musique jazz. Annie Cabbot mutée du coté de la mer du Nord boit aussi de plus en plus, tente des régimes sans succès et se retrouve à avoir une aventure avec un petit jeune, ce qui pourrait lui nuire.

L'intrigue est bien menée. Il y a ce viol et l'étranglement d'une étudiante un peu trop jolie dans les vieux quartiers (imaginés pour l'occasion) d'Eastvale. Puis le meurtre d'une femme tétraplégique qui se révèle être en fait la femme d'un sérial killer, de son vrai nom Lucy Payne, qui s'est jetée d'une fenêtre pour échapper à l'arrestation. Protégée sous une fausse identité, ne pouvant ni parler, ni entendre, elle vit comme un légume dans une maison spécialisée. Qui connaissait sa véritable identité ? Pourquoi ce meurtre 6 ans après les faits ?

Ici on parle de féminicides avec mutilations, de jugements et de justice. Celle que l'on fait soi-même, quitte à causer quelques « dommages collatéraux ». Bien avant Me too et les revendication féministes de ces derniers temps, le livre pose la question de savoir comment protéger les femmes, encore considérées dans cette partie rurale de l'Angleterre autrement que comme des inférieures. Parce qu'on s'habille trop sexy, parce qu'on est noire de peau comme l'inspectrice Winsome ou parce que personne ne peut réparer l’innommable du corps à jamais détruit.

Selon les spécialistes il s'agirait d'une des meilleures enquêtes de Peter Robinson. La lecture est aisée, alternant un chapitre sur ce qui se passe à Eastvale, et ce qui se passent en mer du nord.

Mais on aurait bien aimé un plan dessiné par l'auteur, car on se noie un peu dans l'abondance des lieux quand on ne connaît pas la région. Bref cela se lit tout seule mais on risque aussi de l'oublier dans quelques temps.


Extraits :

  • La nuit venait de tomber quand Annie se retrouva à flâner sur le port de Whitby, passant sur le petit pont reliant les deux rives et le tableau noir où s'affichaient les horaires des marées. Les guirlandes lumineuses du pont s'étaient allumées et formaient un halo rouge et jaune dans la brume. Elles se reflétaient, en se balançant, dans les courants de la marée descendante. Des bateaux de pêche étaient couchés dans la vase, penchés. Leurs mâts étaient inclinés en direction de la lumière évanescente et cliquetaient sous la brise. Une lune spectrale était tout juste visible du côté de la mer, au dessus des volutes de brume. Ça sentait l'iode et le poisson mort. Il faisait frisquet, et Annie se félicita d'avoir mis son manteau de laine et une étole.

  • la frustration ou de la jalousie. C’étaient des affects puissants. Sous l’effet de la jalousie, un individu – homme ou femme – était capable de tout, ou presque.

  • on change en vieillissant, et nul ne change plus vite et de façon plus imprévisible qu’un jeune. Cela inclut copains et copines, frères et sœurs, et tutti quanti…

  • Elle n’avait que vingt-huit ans, mais semblait avoir la quarantaine bien tassée. Ses cheveux étaient différents, plus courts, poivre et sel, et ils avaient perdu leur lustre. Sa figure était bouffie et sa silhouette… elle était devenue informe. Je doute qu’un individu l’ayant vue il y a six ans aurait pu la reconnaître.

  • Sais-tu ce que c’est, d’être dévisagée ou vue comme un être inférieur, un animal, à cause de la couleur de sa peau ?

  • Ils étaient pleins de minables noyant leur chagrin dans l’alcool et un parfum d’échec flottait dans l’air, avec les relents de bière et de tabac froid.

  • A présent, il était temps de suivre le vieux précepte zen et de « lâcher prise » des deux mains. La vie n'est que souffrance, et la cause de la souffrance est le désir, dixit les bouddhistes. Si l'on ne peut éliminer ses désirs, ses souvenirs, ses pensées et ses sentiments, selon cette philosophie, on n'est pas non plus obligé de s'en saisir et de s'y cramponner pour se torturer; on peut les lâcher, les laisser s'en aller telles des baudruches ou autres bulles de savon.

Biographie :

Né Canada en 1950 et décédé à Eastvale en Angleterre en 2022, Peter Robinson est un auteur canadien, d'origine britannique, auteur de roman policier. Après des études supérieures à l'Université de Leeds, où il obtient en 1974 une licence en lettres, il émigre au Canada. Il exerce le métier d'enseignant et poursuit ses études à l'Université de Windsor et décroche en 1975 une maîtrise en création littéraire sous la tutelle de la romancière américaine Joyce Carol Oates. En 1983, il obtient son doctorat de l'Université d'York et continue d'enseigner.

Il amorce sa carrière littéraire dès 1979 par la publication d'un recueil de poésie. À partir de 1987, il se consacre à l'écriture de romans policiers, inspirés par les œuvres de Georges Simenon, P. D. James et Ruth Rendell. L'action de ses intrigues policières se passe le plus souvent à Eastvale, et met en scène l'inspecteur Alan Banks, un policier méthodique, passionné de jazz, de musique classique et de lecture.
Il remporte le prestigieux Anthony Award 2000 et, en France, le Grand Prix de littérature policière 2001 avec "Saison sèche" (In a Dry Season, 1999), le dixième titre de la série des enquêtes de l'inspecteur Banks.

Tout en continuant à publier de nombreux thrillers, Peter Robinson enseigne occasionnellement l’art de l’écriture de romans policiers à la School of Continuing Studies de l'Université de Toronto.
En 2020, il est nommé grand maître des écrivains de romans policiers canadien.
site officiel : https://www.inspectorbanks.com/

En savoir Plus :

Sur le roman


Sur le Yorkshire


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