L'histoire
Le Shérif Walt Longmire quitte son comté d'Absaroka pour accompagner son ami de toujours Henri Standing Bear convié à une exposition à Philadelphie. C'est aussi l'occasion de revoir sa fille adorée Cady. Mais à peine arrivé dans la capitale de la Pennsylvanie qu'un très mauvaise nouvelle l'attend. Cady a été frappée par un inconnu, lésions cérébrales et coma. Ce crime ne sera pas impuni, et toute la fine équipe qui entoure Longmire sera bien sur au rendez-vous .
Mon avis
Nous retrouvons ici avec son humour et ses personnages attachants, un des épisodes du plus célèbre shérif du Wyoming. L'action se délace des hauts plateaux pour la ville de Philadelphie où vit Cady « la plus grande avocate du pays », la fille adorée de Walt Longmire, mais aussi la ville natale de son adjointe préférée Vic dite « la Terreur ».
Ce voyage se promettait d'être sympathique, en compagnie de son ami de toujours Henri Standing Bear (Henri Ours Debout) dit aussi la Nation Cheyenne, et du chien, un molosse de 70 kilos aussi gourmand que dissuasif. Hélas à peine arrivés dans la capitale de la 4ème ville des USA, Longmire apprend que sa fille a été agressée et qu'elle a du être opérée en urgence pour évacuer un hématome sois-dural. Cady est dans le coma, avec 80% de chance de ne jamais récupérer ses capacités. Plongé dans le chagrin, Walt reste abattu mais il y a une urgence : retrouver le ou les personnes qui sont responsables de cela. Il semble que le petit ami de Cady, Devon soit impliqué, mais il est retrouvé mort « suicidé » du haut d'un pont sur la Schuylkill, affluent du fleuve Delaware. Bien que suivi de près par la police du coin, notre Shérif, entre quelques bagarres, et avec l'aide de l'Ours, de Vic la terreur son adjointe et de toute sa famille qui sont tous flics, va démanteler un trafic de drogue et une ou deux têtes importantes mais corrompues de la capitale.
C'est toujours un plaisir de lire un Craig Johnson. Celui-ci ne déroge pas à sa règle d'humour mais aussi son immense humanité : tout l'amour d'un père pour sa fille mais aussi tout l'amour et l'amitié de sa bande, épaulée par Lena, la mère de Vic et ses fils, va y avoir de la baston, quelques points de sutures, du colt.45 à plus gros calibre et un mystère à déchiffrer : qui est donc cet Indien Blanc qui semble vouloir lui aussi venger Cady ?
C'est aussi l'occasion de visiter Phyllie comme la surnomme les américains, une ville bien différente des hauts plateaux des Rocheuses du Wyoming. Et bien évidemment, en digne successeur de Tony Hillermann, on vivra avec plaisir les cérémonies et les visions cheyennes que « La Nation Indienne » prodigue à Cady, Henri Standing Bear étant certain de sa guérison.
Tout en humour et en poésie, l'auteur nous donne encore ici un aperçu de son talent et nous fait voyager dans des émotions subtiles.
Extraits
L'aube approchait et le médecin était venu examiner Cady cinq fois avec toujours le même résultat. Les premières lueurs du soleil caressèrent les bâtiments voisins et j'eus l'impression de me trouver dans la tour d'un immense château. Mes yeux devaient être bien fatigués; le temps d'un clignement, quelqu'un d'autre était apparu dans la pièce. J'essayai d'accommoder, mais la tension de la nuit me donnait l'impression qu'on m'avait passé du papier verre indice 600 sur les globes oculaires. Je les fermai et les ouvris à nouveau, mais l'image de l'homme agenouillé près du lit resta floue.
Une légère panique s'empara de moi et je bougeai sur ma chaise, mais il tendit la main pour m'apaiser. C'est seulement lorsque l'image se fit plus précise et que j'entendis la mélodie complexe du chant cheyenne que je sus que c'était Henry.Je rêvais beaucoup ces derniers temps, et il y avait toujours des indiens dans mes rêves; je ne fus donc pas surpris lorsque je les aperçus du coin de l'oeil. Je sentis le vent, ce vent qu'on ne sent que dans les Hautes plaines et dont la force est juste un point en dessous de celle d'un ouragan. J'étais courbé en avant dans les rafales au bord d'un promontoire près de Cat Creek. J'avais du mal à y voir quelque chose; mes yeux n'étaient plus que des fentes d'où coulaient des larmes. Je tournai un peu la tête et vis un guerrier cheyenne. Il leva les bras en l'air, m'invitant à faire de même. Il portait une chemise de guerre frangée et brodée de perles dont les motifs en bandes blanches et bleues remontaient le long des manches, et je distinguai autour de son cou une petite bourse en cuir peinte en rouge et noir avec le symbole géométrique du vent.
Le vieil indien sourit à demi, avança son bras vers mon visage et me força à me concentrer sur ce qui se trouvait devant moi. Je jetai un coup d'oeil à l'horizon tandis qu'un éclair aussi violent que les attaques dans le cerveau de Cady traversait le ciel dans une explosion silencieuse chargée d'électricité. Je regardai au fond du canyon et un frisson me parcourut l'échine comme un détonateur; il n'y avait rien en dessous de nous sur une profondeur d'au moins cent mètres.C’était un tipi de taille familiale avec des rangées de peintures indiennes qui couraient sur la grosse toile. Il était planté là, un îlot domestique posé au centre d’un désert industriel. Quand nous approchâmes, je vis que les cordes étaient reliées à des bandes velcro qui avaient été attachées au plancher et qu’il y avait des peaux de bisons et des couvertures qui dépassaient sous l’entrée alors même que le rabat était fermé et attaché. Un totem était dressé, avec un crâne de cerf peint et enroulé dans un tissu brodé de perle dans le style crow. IL y avait des plumes et une bande de cuir frangée accrochées à la perche plantée dans un trou découpé dans le sol. L’endroit était propre, le plancher balayé et les centaines de vitres avaient été nettoyées et réfléchissaient la structure posée au milieu.
Nous étions sous couverture. La Nation Cheyenne était resplendissante dans son jean, sa chemise en batiste délavée et ses baskets. Il s’était acheté une casquette à l’effigie des Phillies à la sortie du métro, à Broad, et avait passé son impressionnante queue-de-cheval par-dessus la bande ajustable à l’arrière. Il aurait pu être de Philadelphie ; il aurait fait un très grand Indien de Philadelphie, mais il aurait pu être de Philadelphie. Moi, je me fondais encore mieux. J’avais lassé mon chapeau à l’hôpital sur la tête de Lena Moretti, je m’étais acheté une pimpante casquette et un large blouson en satin rouge auprès du même marchand sur Broad Street.
Peut-être sommes-nous comme ces voitures délabrées, ces outils cassés, ces vêtements usés, ces disques rayés et ces livres cornés. Peut-être que la mort n'existe pas, peut-être que la vie nous use à force d'amour, c'est tout.
Si vous voulez en savoir plus sur les belles femmes, c'est le diable qu'il faut interroger.
Si vous commencez à appeler des Lakotas des Sioux, vous allez avoir de gros ennuis.
Penser que tu n'as pas d'ennuis et ne pas en avoir sont deux choses différentes.
Est-ce un Colt .45 de service que j'aperçois dans un holster sur vos reins ? Je restais immobile un instant. - Pourquoi ? Il me grossit ?
L’État du Wyoming n’avait jamais élu une femme au poste de shérif, et la probabilité qu’il choisisse une Italienne de Philadelphie avec une aussi grande gueule qu’un crocodile des mers salées était relativement mince.
Nous convînmes de nous rencontrer le lendemain, qu'il pleuve, qu'il vente ou qu'il neige, mais avant tout, à l'heure du petit déjeuner. Ils me dirent de garder le portable de Cady. Je leur demandai si j'avais droit à un insigne en plastique du PPD, mais ils me rappelèrent les restrictions budgétaires.
J'ouvris mon couvercle et contemplait le breuvage décidément très noir. - Il est fort on dirait - Expresso grand format double. Je me suis dit que ça vous ferait du bien. Je pris une gorgée et avalai du même coup l'émail de presque toutes mes dents.
Walt, il faut que tu reviennes au boulot, tu n'es pas fait pour autre chose...
Une nouvelle pause. - Tu manques à Ruby, Ferg s'ennuie, Lucian nous fait chier jusqu'à la gauche parce qu'il se croit redevenu shérif, et Dorothy dit qu'elle est prête à venir jusque chez toi pour te botter le cul, mais elle ne sait pas si elle doit apporter du coleslaw.Osgood lança un regard appuyé à Vic et la détailla de son tour du cou en turquoise jusqu'à ses bottes. J'avais une envie irrépressible de le balancer par dessus la balustrade. - Alors vous venez du Wyoming ? Elle finit son cocktail trouble et sortit une olive qui avait été empalée sur une minuscule épée en plastique. - Je viens de la 9ème rue, espèce de sous-merde, et t'avise pas de l'oublier.
Je sais que c’est idiot… mais il n’y a pas une seule photo de moi. (Je m’éclaircis la voix, espérant que j’aurais peut être ensuite l’air moins stupide et pathétique). Pas de photos de moi, ni chez elle, ni ici. Il resta silencieux tandis qu’il me regardait patauger dans la culpabilité de mes émotions mal placées comme un animal blessé. Je pensais juste que j’étais assez important dans sa vie pour mériter une ou deux photos. Il tendit lentement un bras par-dessus le bureau et appuya sur la barre d’espacement de l’ordinateur.Je levai les yeux et la vague qui me submergea fut une déferlante d’émotions : ruisselante, profonde et très ancienne. Je restais là tandis que le flux redescendait, mais l’eau salée resta dans mes yeux et me brouilla la vue. Le fond d’écran était une photo géante de moi, la tête contre celle de Cady, et il était évident, étant donné l’angle de la prise de vue, qu’elle avait pris la photo en tenant l’appareil à bout de bras. Nous souriions tous les deux et elle avait le nez collé dans mon oreille.
Biographie
Né à Huntington, West Virginia , le 12/01/1961,
Craig Johnson est un écrivain américain, auteur d'une série de
romans policiers consacrés aux enquêtes du shérif Walt Longmire.
Il obtient un doctorat d'études dramatiques et se balade pas mal à
travers les États-Unis. Il devient successivement pêcheur
professionnel, chauffeur routier, charpentier et cow-boy. Il enseigne
également à l’université et fait un temps partie de la police de
New York, avant de se consacrer pleinement à l’écriture.
Outre
la série Walt Longmire, il a publié une dizaine de nouvelles
isolées et recueils de nouvelles.Longmire a été adaptée à la
télévision américaine sous le titre Longmire, avec l'acteur
australien Robert Taylor dans le rôle-titre.
Il vit avec son
épouse Judy, dans les contreforts des Bighorn Mountains, dans le
Wyoming.
Craig Johnson est lauréat de nombreux prix littéraires,
dont le Tony Hillerman Mystery Short Story Contest pour la nouvelle
"Un vieux truc indien", le Prix NouvelObs/BibliObs du Roman
noir étranger, 2010 pour "Little bird" ou encore le prix
Critiques Libres 2013 dans la catégorie Policier - thriller pour "Le
Camp des morts".

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