dimanche 24 avril 2022

ROMAIN PUERTOLAS – La police des fleurs, des arbres et des forêts – Albin Michel – ou livre de poche. 2019

 

Pendant l'été 1961, un très sérieux inspecteur de police est envoyé enquêter dans le petit village de P. par la procureure : Joël 16 ans est retrouvé mort et coupé en 4. Si l'inspecteur finit par résoudre l'enquête, celle-ci est particulièrement hilarante.

Certes l'auteur nous balance quelques petits indices ici ou là, mais nous suivons les aventures (racontées par des lettres au style particulièrement ampoulées de l'inspecteur, ce qui rend encore plus jubilatoire ce polar totalement fantaisiste. A lire pour se remonter le moral.

On se replonge dans les petits villages des années 1960 qui semblent figés dans le temps, avec leur patois, leur traditions.



Extraits

  • Je connais un peu la mentalité de la campagne, où les enfants commencent à fumer à dix ans, où on leur apprend à conduire à douze, où on les envoie travailler en toute impunité pendant les vendanges, la récolte des pêches ou des poires. Je suis un produit cent pour cent de la ville, mais mon oncle, qui avait une exploitation (le mot veut tout dire) dans le sud de la France, ne se gênait pas, durant les grandes vacances, pour m'envoyer, en dépit de ma jeunesse, cueillir ses tomates pour pas un sou, avec les mêmes horaires que ses ouvriers adultes et salariés.

  • Je n'ai jamais connu mes parents biologiques, et je doute de les connaître un jour.
    - T'as pas la curiosité de le savoir ?
    - Disons que je considérerais cela comme un manque de respect vis-à-vis de ceux que j'appelle papa et maman, qui m'aiment et qui m'ont toujours tout donné comme ils l'auraient fait pour leur propre fils de sang. Pour l'instant, disons que je suis heureux sans savoir. Je n'éprouve pas le besoin de savoir.

  • Ne vous inquiétez pas, les ouvriers des Postes et Télégraphes (P & T) sont à la tâche et la communication devrait être rétablie en fin de semaine. Mais avouez qu'il y a un certain charme à retrouver le plaisir d'une bonne lecture, d'une conversation entretenue au rythme du courrier et un peu de lenteur dans ce monde au tempo effréné.



Repères bibliographiques

Né en 1975,à Montpellier dans une famille de militaires connaît de multiples déménagements durant sa jeunesse.

Romain Puértolas fut capitaine de police, professeur de langues, traducteur, steward.

Romain Puértolas est né le premier jour de l’hiver 1975 à Montpellier. Conscient de la brièveté de la vie, il décide de devenir dresseur de poupées russes et de vivre plusieurs vies en une seule. Tour à tour professeure de langues, traducteur, DJ, nettoyeur de machines à sous, employé dans le contrôle aérien. Il se consacre depuis les succès des romans à l'écriture.Tous ses livres sont des petites merveilles d'humour et d’exercices de style, pour notre plus grand bonheur.

En savoir plus

- https://www.youtube.com/watch?v=h-Opi7e4FsQ

- https://www.youtube.com/watch?v=8rsFBnQ5848

- son site : https://romainpuertolas.com/

- https://www.franceculture.fr/emissions/du-jour-au-lendemain/romain-puertolas


mardi 19 avril 2022

ABBY GENI – Farallon Islands – Actes sud - 2017


 

Miranda, la trentaine est une photographe de l'extrême. Elle a parcours le globe, de l’Arctique glacial aux déserts du monde pour ramener des clichés insolites. Elle est tous le temps en voyage et elle décide de passer un an aux Îles Farallon, archipel inhospitalier où vivent des biologistes peu avenants à 50 kùm de San Franscico.

L’île principale est le repère des requins blancs, des baleines à bosse, des phoques macareux et goélands qui profitent de ce sanctuaire classé pour se reproduire. La vie est simple, frugale, entre les attaques d'oiseaux, les conditions rudimentaires, une maison peu entretenue. Chacun est à son poste, sans se soucier des autres sauf en cas de danger ou de blessures.

Fragilisée depuis la mort de sa mère quand elle avait 14 ans, Miranda lui écrit des longues lettres qu'elle ne postera jamais comme un journal intime.Mais tout ne se passe pas comme prévu dans cet univers où la nature règne et ou les humains n'ont pas d'empathie.

Ce qui est frappant dans ce premier roman d'Abby GENI c'est la faculté de l’auteure à analyser humains et animaux. Inimitiés ou amitiés, Miranda se sent parfois bien seule dans ce monde étrange et magnifique.

C'est un roman initiatique. L'évolution d'une femme sans attaches qui va finalement trouver sa voie. C'est aussi une réflexion sur l'art et notamment la photographie, ce qui plaira aux amateurs.

Ce roman aussi une réflexion sur la mort. Les biologistes ne sont pas là pour sauver un animal en danger, mais répertorier. Les morts humaines dues à des accidents sont chassées des esprits, le chagrin est intériorisé.

J'ai lu beaucoup de livres mais celui-ci détonne par son sujet, le choix de l'action sur une minuscule bout de terre qui semble loin de tout, La fascination de l'héroïne qui croit y trouver un refuge, encore une échappatoire pour fuir la mort tragique de sa mère, sa famille avec laquelle elle n'a pas beaucoup de liens, ses amours sans lendemain. Mais quelque chose va se fissurer et je vous laisse lire le livre pour comprendre.


Extraits :

- Les seuls souvenirs fiables, j’imagine, sont ceux qui ont été oubliés.

  • A bord du ferry se trouvait une carte postale pour mon père. J‘étais sur les îles depuis presque deux mois et, durant ce temps, je n’avais que cela à envoyer sur le continent. Au dos, j’avais écrit, Preuve de vie.

  • Chaque fois que nous nous souvenons de quelque chose, nous le transformons. Ainsi fonctionne notre cerveau. J’envisage mes souvenirs comme les pièces d’une maison. Je ne peux pas m’empêcher de les modifier quand j’entre à l’intérieur – je laisse des traces de boue par terre, je bouscule un peu les meubles, crée des tourbillons de poussière. Avec le temps, ces petites altérations s’additionnent.
    Les photos accélèrent ce délitement. Mon travail est l’ennemi de la mémoire. Les gens s’imaginent souvent que prendre des photos les aidera à se souvenir précisément de ce qui est arrivé. En fait, c’est le contraire. J’ai appris à laisser mon appareil au placard pour les événements importants parce que les images ont le don de remplacer mes souvenirs. Soit je garde mes impressions à l’esprit, soit j’en fait une photo – pas les deux.
    Se souvenir c’est réécrire. Photographier, c’est substituer. Les seuls souvenirs fiables, j’imagine, sont ceux qui ont été oubliés. Ils sont les chambres noires de l’esprit. Fermées, intactes, non corrompues.

  • Plus que toute autre forme artistique, la photographie requiert d’être froid et dépassionné. (…)
    Ce travail exige un esprit qui sache se tenir à distance. (…)
    Le traumatisme et la souffrance sont les fondements de l’art. J’y crois. Mais confronté à la tragédie, un peintre spécialisé dans les fresques ou dans les aquarelles peut vivre ce moment en être humain et redevenir artiste après. Face à la mort d’un être cher, un sculpteur ou un portraitiste peut d’abord souffrir, faire son deuil, guérir – puis créer. La plupart des artistes traversent l’existence de cette manière. Ils peuvent avoir des réactions normales face aux vicissitudes de l’expérience humaine. Ils peuvent traverser le monde avec compassion et camaraderie.
    Ils peuvent créer plus tard. En dehors, ailleurs, au-delà.
    Mais la photo est immédiate. Elle n’offre pas le luxe du temps. Confronté au sang, à la mort ou au changement, un photographe n’a pas d’autre choix que de saisir son appareil. L’artiste vient en premier, l’être humain en second. La photo est la captation neutre des événements, la chronique du sublime comme de l’effroyable. La nécessité veut que ce travail soit effectué sans émotion, sans attache, sans amour.

Repères bibliographiques

Abby Geni est une jeune écrivaine américaine. Après des études littéraires, elle alterne atelier d'écritures et romans et nouvelles. Abby Geni est fascinée par le rapport que l’homme entretien avec son environnement, les liens que l’homme tisse avec la nature constitue ainsi le fil rouge de toute sa création littéraire.

Ses deux autres romans Zoomania et The last animals (ce dernier n'est pas encore traduit en français) sont publiés chez Actes Sud. Elle a aussi écrit des nouvelles qui ne sont pas traduites en français pour le moment.


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jeudi 14 avril 2022

Jean Hegland – Dans la forêt – Gallmeister (poche) - 2017

 

Nell et Eva, deux sœurs de 17 et 18 ans vivent dans un autre monde. Depuis leur enfance, elles ont été élevées dans une famille assez libre, dans une grande maison en lisière de la foret de Redwood (Californie du Nord). Eva veut devenir danseuse classique et Nell envisage des études à Harvard.

Mais ces rêves sont vite devenus illusoires. Petit à petit, en raison d'une guerre quelque part dans le monde, l’électricité vient à manquer, tout comme se font rares les biens de consommations courants.

Lorsqu'elles perdent leurs parents, la maison-refuge se détériore et elles doivent apprendre à vivre dans ce monde détruit. Elles vont apprendre la survie dans cette forêt, qui si on l'apprivoise est pleine de ressources.

Ne nous y trompons Jean Hegland est une conteuse et pas une adepte ni du survivalisme ni de l’apocalypse. Si ce roman écrit en 1996 a été publié en français en 2017, il en prend encore plus de force face à l’actualité internationale. Ne nous parle-t-on pas de restrictions dues à la guerre en Ukraine ?

Mais Jean Hegland tape aussi sur le capitalisme fou, celui qui nous prive de nos valeurs primitives, mais sans agressivité, en délicatesse à travers les anecdotes que raconte Nell dans son carnet.

On suit les aventures de Nell, pragmatique et décidée à tout pour survivre et de sa sœur qui semble vivre dans un monde secret entaché par un viol et un bébé à naître.

J'aime l'écriture de l'auteure, elle n'écrit pas, elle raconte, avec des moments de poésie, d'humour, et nous fait traverser une gamme de sentiments (joie, peur, agacement, rêve) tant on s'associe aux deux héroïnes.

C'est aussi un amour indéfectible ente deux sœurs, la situation rendant impossible tout contact avec les humains qui ont fuit ou sont devenus des pillards.

Il y a aussi une réflexion sur la temporalité.Le temps comme on l’entend, n’existe plus. Ce temps mesurable, palpable qui s’écoule. Tout est flou. Plus aucun instrument n’existe pour le mesurer. La temporalité change de dimension. Nell va se raccrocher à l’environnement dans lequel elle évolue pour estimer les saisons

Et puis il y a surtout cette nécessaire reconnexion avec la nature. Connaître les ressources et identifier les dangers, Nell l'apprend très vite, Sa force de caractère nouas anime aussi d'une folle énergie. Finalement se passer du superflu pour ne garder que l'essentiel, l'amour ici ente les 2 sœurs, mais on aurait pu parler de toutes sortes d'amour.

Un roman que Gallmeister (spécialiste de la nature des grands espaces, et de la nature) a eu la très bonne idée de faire tradurte et publier.


Extraits :

  • Je fais la sieste au creux d’une souche dans un rond de lumière pâle. Je rêve que je suis enterrée jusqu’au cou, mes bras et mes jambes comme des racines. Tandis que je regarde par-dessus la terre, mon crâne enfle comme si j’absorbais le ciel à travers mes yeux. Ma tête grossit jusqu’à devenir une coquille englobant la terre entière. Je me réveille doucement, avec un sentiment de calme infini.

  • Après toute cette pluie, les bois étaient humides- vaporeux et voluptueux dans la soudaine générosité de la lumière du soleil, et je me suis sentie à la fois déroutée et emplie d'une vie nouvelle, comme si je venais de me réveiller après une longue maladie. L'eau gouttait de toutes les feuilles et brindilles, un après-la-pluie étincelant qui gazouillait tel un lointain ruisseau, tandis que celui tout proche bouillonnait à la manière d'une rivière.

  • « On tient le coup, jour après jour et tout ce qui nous manque, ce sont les souvenirs, tout ce qui me fait souffrir ce sont les regrets. 

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Repères Bibliographiques

Jean Hegland est née 1956 dans 'l'état de Whasington. Après des études littéraires, elle devient ensignante. Depuis, elle partae son temps entre éccriture et apiculture. Son prochan roman « till times » devrait bientôt sortir en éditions française. Elle écrit aussi des essais.

Son site : https://jean-hegland.com/



lundi 11 avril 2022

Piergirogio PULUXI – L'île des âmes – Gallmeister ( 221)

 

Voilà un magnifique roman signé d'un jeune écrivain (né en 1982) qui vient d’être traduit en français.

La Sardaigne, ces jolies plages de sable fin, ses paradis pour touristes, son image de de carte postale... Mais ici nous somme dans la Sardaigne profonde, agricole dans la région montagneuse  de la Barbagia où l'on parle encore le vieux patois sarde et où les familles ont le culte de l'omerta et de la vie en autarcie.

En 1975 puis en 1986, 2 corps de jeunes filles ont été retrouvés, sur des sites nuragiques, des meurtres rituels semble-t-il. Et un troisième cadavre est également retrouvé alors que les 2 inspectrices Rais et Croche se plongent justement dans ces affaires jamais résolues.

Un livre totalement inattendu. Parce qu'il nous parle de la Sardaigne et de ses paysages magnifiques, mais fait aussi référence à l'ancienne religion païenne des nuraghes (datant de l'âge de bronze), ces très lointains ancêtres des Sardes qui croient en la Déesse Mère, et qui lui vouent un culte dévoyé. L'auteur nous éclaire sur un mode de vie agropastoral, sur les vieilles traditions jamais totalement perdues, et sur cette Sardaigne inconnue.

On aime les descriptions poétiques où les paysages, les odeurs, les silences, les lumières, leur beauté mais aussi leur violence sous-jacente, sont finement exprimés. Ils créent l’ambiance. Celle d’un temps suspendu, où le passé envahit le présent, où la frontière entre les morts et les vivants est infiniment ténue. L'écriture somptueuse et riche se met au service d'une enquête difficile, animées par 2 femmes que tout oppose mais qui doivent apprendre à faire front. Un polar envoûtant. bien différent de ceux que nous lisons.


Extraits :

Elle était face contre terre au seuil du temple, à proximité de l’escalier qui descendait au sous-sol, à côté d’un autel où, à l’époque tragique, étaient pratiqués les sacrifices d’animaux et les rites ordaliques requérant l’usage de l’eau.

Billa cilla plusieurs fois, comme s’il était victime d’un mirage. Mais il eut beau cligner des yeux, la figure humaine était toujours là, à genoux, comme en position de prière, recouverte d’une toison de mouton, les mains nouées derrière le dos, le visage caché par un masque en bois aux longues cornes bovines.   
Rassemblant son courage, il s’approcha lentement et, en voyant la flaque de sang presque sèche à côté de l’ancien trou destiné à l’écoulement des fluides autour de laquelle les mouches s’en donnaient à cœur joie, il se retourna brusquement et porta une main à sa bouche. Aux rondeurs du corps nu sous le manteau ovin et aux longs cheveux noirs qui dépassaient du masque, il comprit qu’il s’agissait d’une fille.


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En Sardaigne, le silence est presque une religion. L’île est composée de distances infinies et de silences ancestraux qui ont quelque chose de sacré. Tout en est imprégné : les collines de maquis qui se découpent jusqu’à l’horizon, les champs de blé à perte de vue, les plaines recouvertes de ciste, de lentisques, de myrte et d’arbousiers qui saturent l’air de parfums enivrants ; les montagnes qui se dressent timidement vers le ciel, comme par peur de le profaner. Les hauts plateaux et les pâturages où paissent les troupeaux et souffle le mistral.

Partout règne un silence pénétrant.

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L'homme ne cherche pas à dominer la nature, car il la craint. C'est une peur inscrite dans son sang, fille d'époques révolues. Il sait d'instinct que la nature gouverne le destin des hommes et des animaux, et il apprend vite à connaître et à traduire tous les faits naturels qui l'entourent, car, aussi étrange que cela puisse paraître, ce silence parle. Il instruit et met en garde. Il conseille et dissuade. Et malheur à celui qui ne témoigne pas la déférence attendue.


Bibliographie

Piergiorgio Puluxi est né en 1982 à Cagliari (sud de la Sardaigne. Arès une carrière de libraire il se tourne vers l'écriture. Il a déjà écrits plusieurs romans et poèmes. L’Île des Âmes est son premier roman traduit en français. Il est possible que le duo d'enquêtrices au caractère bien trempé se retrouvent dans de prochaine publications.


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vendredi 8 avril 2022

Michael FARRIS SMITH – Une pluie sans fin – 10/18

 

La Limite.

Le gouvernement américain a décidé d'imposer une frontière entre les états du Nord et ceux du Sud (la ligne correspondant au Mississippi. Coté sud, les ouragans, les tempêtes, les vents violents ont détruit tout, les habitations, les commerces, les hommes. C'est devenu une zone de non-droit où la pluie est continue.

Pourtant certains humains ont décidé de rester dans ces zone infernale. Comme Cohen, le héros toujours bouleversé par la mort de sa femme tant aimée et de sa fille. Mais un jour, on lui vole sa jeep (remplie de vivres, d'essence et de cartouches pour son fusil. Bien décidé à récupérer son bien, Cohen va tomber sur une étrange communauté et va se révéler un décideur.

On a souvent comparé ce roman à celui de Comarc Mac Carthy « La route ».

Mais ce roman a plusieurs niveaux de lectures :

  • roman d'aventures avec ses multiples rebondissements, qui n'en font pas une histoire linéaire mais très haletante.

  • roman écologique : bien sur on pense au dévastateur ouragan Katrina qui compte un lourd bilan humain et matériel, mais l'auteur étend cela à toute une zone, de la Louisiane à la Floride, avec les conséquences sur une nature déchaînée qui reprend ses droits.Une anticipation pour nous faire comprendre la fragilité de notre planète.

  • Roman politique : dans cette zone dévastée, les pilleurs profitent de tout, tant ils manquent de tout. Mais aussi une légende qui dit que l'argent des casinos serait enterré quelques parts attire une faune peu recommandable. Le culte des armes est à son comble, il faut tuer le premier si on ne veut pas être tué. De plus le roman laisse entendre que du bon coté de la Limite, la vie des réfugiés ne serait pas si idéale que cela. Parqués dans des foyers, ils sont au sec et mangent à leur faim, mais toute perspective d'un avenir heureux semble exclue. De même les dérives des sectes sont démontrées dans leur totale folie.

  • Roman féministe : Cohen va sauver des femmes des mains d'un gourou complètement débile. Malgré son amour pour sa femme qui parfois se superpose à la réalité, il noue une relation bancale avec une jeune latino qui est un peu son garde-fou.

Contrairement à la « route », le style n'est pas épuré ou laconique. Le caractère du principal héros est approfondi, entre la nécessaire survie, le rôle de chef qu'il va devoir assurer au mieux et des belles pages où il se souvient de sa femme, devenue iconique pour lui, car dans ce monde en détresse il faut se rattacher à quelque chose.

« Une pluie sans fin » est le deuxième roman de Michael Farris Smith publié en 2016.

Né en 1970 à Mc Comb (Mississippi), après des études littéraires, il a voyagé en France et en Suisse, dont il a tiré son premier roman. Il a publié 5 romans à ce jour, qui se situent dans sa région natale, qu'il analyse avec humanisme et lyrisme poétique. Il vit aujourd'hui dans sa région natale. Il est aussi l'auteur d'essais et de nouvelles


lundi 4 avril 2022

Jean -Louis Fournier – Ca m'agace – chez A vue d’œil - livre de poche

 

Voilà un petit livre qui plaira aux grincheux.

« Ça m'agace » passe en revue, avec humour, tous ces petits trucs du quotidien qui ont le chic de nous énerver : les moustiques, le bruit des voisins, les serveurs vocaux dont on ne comprend rien etc..

Joliment amusant, celui qui a été co-auteur pour Pierre Desproges s'en donne à cœur joie. Romancier, scénariste, metteur en scène, il est membre de l' Académie Alphonse Allais. Il a publié 26 romans, toujours avec un humour féroce. D'ailleurs il publie un roman par an, dicté par l'actualité ou ses humeurs.

Né en 1938, il est surtout connu pour le roman Où va papacrit sa relation avec ses deux fils handicapés. Le livre, qui reçoit le prix Fémina et suscite un certain nombre de controverses1 et une réponse de la mère des deux garçons.

En savoir plus

https://www.franceinter.fr/personnes/jean-louis-fournier


Jon Kalman STEFANSSON – Asta – Grasset - Folio

 

Une histoire d'amour entre son père et sa fille Asta avec les brouilles familiales, et puis celle d'Asta et Josef son éternel amour. Asta, femme libre, peu conventionnelle dans cette Islande des années 60 qui ne fait rien comme personne, qui sait aimer comme son père sait détester et regretter.

L'originalité de l'intimité de cette famille déchirée tient au fait que le roman est totalement déstructuré, ce qui peur perturber le lecteur. Ici, les paroles, les années, les lieux, et l'intervention même de « l’écrivain » ne suivent pas le schéma classique du roman. Ce que revendique d'ailleurs Stefansson car dit-il « la vie n'est pas linéaire ». On passe ainsi de la naissance d'Asta à l'accident mortel du père en Norvège puis on passe lés époques comme des souvenirs qui reviennent. Ce qui fait tout le charme de ce livre d'ailleurs, parce qu'il nous demande un effort, celui de rassembler les éléments du puzzle dans un jeu intellectuel qui stimule notre envie de lire.

Et puis il y a cet amour de l'auteur pour l'Islande, ses terres sauvages et son climat particulier.

Extrait :

«Si tant est que ça l'ait été un jour, il n'est désormais plus possible de raconter l'histoire d'une personne de manière linéaire, ou comme on dit, du berceau à la tombe. Personne ne vit comme ça. Dès que notre premier souvenir s'ancre dans notre conscience, nous cessons de percevoir le monde et de penser linéairement, nous vivons tout autant dans les événements passés que dans le présent.» Les quinze premiers mots sont isolés sur une page. Stefánsson aime aussi les intertitres. Du genre : «Cette planète serait-elle habitable si les pantalons n'avaient pas de poche ?»

Bibliographie

Jón Kalman Stefánsson (né en 1958) grandit à Reykjavík.

Il entreprend ensuite, des études en Littérature, qu'il n’arrive pas à les terminer. Pendant cette période, il donne des cours dans différentes écoles et rédige des articles pour le journal du matin . Puis, il vit à Cophenague , où il participe à divers travaux et s'adonne à un programme de lectures assidues. Il rentre en Islande et s'occupe de la Bibliothèque municipale de d'un petite ville du Sud-ouest islandais jusqu'en 2000,. Avec les succès de ses livres, il figure parmi les grands auteurs islandais, et reçoit de nombreux prix.

En France, son roman "D’ailleurs, « les poissons n’ont pas de pieds" 2013), a reçu les prix Millepages, Meilleur livre étranger 2015 Lire, a été finaliste du prix Médicis étranger.
En janvier 2022, est publié chez Grasset « Ton absence n’est que ténèbres » qui obtient le Prix du Livre du Livre Étranger 2022 (France Inter/ Le Point)

Avec Ásta : où se réfugier quand aucun chemin ne mène hors du monde ?, il obtient le prix Folio des libraires en 2020