lundi 21 novembre 2022

MAGGIE O'FARELL – Hamnet – Poche 10/18 - 2021

 

L'histoire 

Hamnet , 11 ans, cherche un moyen de sauver sœur Judith malade. Agnès, la mère est partie rechercher des herbes médicinales en forêt et le père William est à Londres pour son travail. Mais le petit garçon est malade lui aussi. Une épidémie de peste sévit en Angleterre et touche aussi la région de Stratford où vit la famille. Un drame familial historique.



Mon avis 

Ce dernier roman de l'irlandaise Maggie O'Farrell s'inspire d'une histoire vraie. Celle de la famille de William Shakespeare, marié à Agnès Hathaway et qui eut 3 enfants : l’aînée Susanna, puis les jumeaux Hamnet et Judith. Lors de l'épidémie de peste en 1556, le garçon mourût, rendant sa famille inconsolable. Environ quatre ans plus tard, Shakespeare écrivit sa plus célèbre pièce de théâtre Hamlet.

Mais ici, il ne s'agit pas de raconter la vie du grand écrivain mais plutôt celle de sa famille, vivant à la campagne dans le petit village de Stratford, et le rôle de cette mère Agnès, une paysanne qui ne savait ni lire ni écrire, mais qui connaissait le secret des plantes médicinales. Le futur grand écrivain tomba amoureux de cette femme simple, et l'épouse malgré le refus paternel. Le grand père d'Hamnet est un homme riche, mais malhonnête et violent, ce qui oblige le fils a travailler dur à Londres pour rembourser les dettes, loin de sa famille. Mais ce n'est pas Shakespeare qui intéresse l'auteure, mais la vie à la campagne, le poids des traditions, la différence sociale avec un époux qui s'éloigne petit à petit pour rechercher le succès à Londres. Agnès, femme forte et fragile, mère jusqu'aux bout des ongles ne réussit pas à sauver son fils mais sauve sa sœur.
Le livre alterne des aller-retour entre le passé et le présent, le passé de l'amour fou qui a lié deux être différents et un présent qui est douloureux. Agnès, presque sauvageonne, éprise de nature et qui gambade dans les bois, lit dans les âmes mais ne pense pas qu'elle a un don.

Et puis il y a cette nature magique, si bien dépeinte par l'autrice, cette région anglaise riche en rivières,  forêts, prairies et fleurs, telle qu'on l'imagine au 14ème siècle, où l'on communique par lettres qui mettent longtemps à arriver, ou l'éclairage d'une bougie réchauffe un intérieur simple,

Il règne un climat étrange dans ce roman, envoûtant, triste mais beau, sublimé par l'écriture (le roman est écrit au présent, ce qui lui donne justement cette étrangeté). On sait que Maggie O'Farrell fait de la mort ou de la perte un de ces sujets de prédilection. Mais il n'y a pas de pathos larmoyant, juste une histoire universelle, celle d'un amour déjà condamné, celle de la perte d'un être cher, et la vie qui continue malgré tout.


Extraits :

  • Ce qui est donné peut être repris, à n'importe quel moment. La cruauté la dévastation vous guettent, tapies dans les coffres, derrière les portes, elles peuvent vous sauter dessus à tout moment, comme une bande de brigands. La seule parade est de ne jamais baisser la garde. Ne jamais se croire à l'abri. Ne jamais tenir pour acquis que le cœur de vos enfants bat, qu'ils boivent leur lait, respirent, marchent, parlent, sourient, se chamaillent, jouent. Ne jamais, pas même un instant, oublier qu'ils peuvent partir, vous être enlevés, comme ça, être emportés par le vent tel le duvet des chardons.

  • la maison d’Henley street fonctionne comme une structure hiérarchique : il y a d’abord les parents, puis les fils, la fille; viennent ensuite les cochons de la porcherie, les poules du poulailler, l’apprenti et, pour finir, tout en bas de l’échelle, les bonnes. Agnès dirait que sa position, en tant que nouvelle belle-fille, est encore floue, se situe entre l’apprenti et les poules.

  • Elle se souvient d’avoir examiné leurs paumes, à lui et à Judith, lorsqu’ils étaient bébé, allongés ensemble dans leur berceau. Elle avait déployé ces mains miniatures, avait promené leurs doigts le long de leur ligne : les mêmes que les siennes en plus petit. Hamnet avait une fossette profonde, bien marquée, au centre de sa paume, comme dessinée d’un coup de pinceau, annonçant une longue vie ; les lignes de Judith étaient quant à elles mal définies, incertaines, s’essoufflaient pour réapparaître plus franchement plus loin. Cette vision avait fait froncer les sourcils à Agnès, lui avait fait poser les doigts sur ses lèvres — ces lèvres qui les embrassaient, sans cesse, avec un amour presque féroce, presque dévorant.

  • Et un désir brûle en lui, force lui est de l'avouer, celui de retrouver les quatre murs de sa petite chambre où personne ne vient jamais, où personne ne le regarde, le le demande, ne lui parle, ne le dérange, où il n'y a qu'un lit, un coffre, un bureau. Il n'y a que là-bas qu'il peut échapper au bruit, à la vie, aux gens qui l'entourent ; il n'y a que là-bas qu'il peut oublier le monde, se dissoudre, n'être plus qu'une main tenant une plume trempée dans l'encre, et regarder les mots se déverser de sa pointe. Et c'est alors que ces mots viennent, les uns après les autres, qu'il parvient à s'absenter de lui-même, à se réfugier dans une paix si prenante, si apaisante, si intime, si joyeuse que plus rien d'autre n'existe.

  • Ce qui est donné peut être repris, à n'importe quel moment. La cruauté la dévastation vous guettent, tapies dans les coffres, derrière les portes, elles peuvent vous sauter dessus à tout moment, comme une bande de brigands. La seule parade est de ne jamais baisser la garde. Ne jamais se croire à l'abri. Ne jamais tenir pour acquis que le cœur de vos enfants bat, qu'ils boivent leur lait, respirent, marchent, parlent, sourient, se chamaillent, jouent. Ne jamais, pas même un instant, oublier qu'ils peuvent partir, vous être enlevés, comme ça, être emportés par le vent tel le duvet des chardons.

  • Et c'est alors qu'Agnès comprend une chose : elle peut tout supporter, mais pas la souffrance de son enfant. la séparation, la maladie, les coups, la naissance, le manque de sommeil, la faim, l'injustice, le rejet des autres, Agnès peut tout endurer, mais pas cela : pas son enfant fixant du regard son jumeau décédé. Pas son enfant pleurant la mort de son frère. Pas son enfant accablé de chagrin.

  • Elle sort le cadre de la ruche, s'accroupit pour l'examiner. La couche grouillante qui le recouvre semble se mouvoir comme une seule et même entité, brune, striée d'or, aux ailes semblables à de tout petits cœurs. Cette couche est composée d'abeilles, de centaines d'abeilles, serrées les uns contre les autres, agrippées au cadre, à leur trophée, au fruit de leur travail.

  • Chaque arbre répond aux caprices du ciel à un tempo différent de son voisin, ploie, frémit, projette ses branches, comme par nécessité de fuir l’air, de fuir le sol même que le nourrit.

  • What is the word, Judith asks her mother, for someone who was a twin but is no longer a twin? Her mother, dipping a folded, doubled wick into heated tallow, pauses but doesn’t turn around.
    If you were a wife, Judith continues, and your husband dies, then you are a widow. And if its
    parents die, a child becomes an orphan. But what is the word for what I am? I don’t know, her mother says. Judith watches the liquid slide off the ends of the wicks, into the bowl below. Maybe there isn’t one, she suggests. Maybe not, says her mother.

  • Le nuage au-dessus de sa tête s’assombrit, empeste de plus en plus. Agnes aimerait poser la main sur son bras, aimerait lui dire, Je suis là. Mais si ses mots ne suffisent pas ? Si le baume qu’elle voudrait être ne fonctionne pas sur ce mal sans nom ? Pour la première fois de sa vie, elle ne peut aider quelqu’un. Ne sait pas quoi faire. (…)
    Tandis qu’elle ramasse les assiettes, Agnes s’étonne, qu’il est facile de passer à côté de la douleur, de la colère qui peuvent habiter quelqu’un, surtout si cette personne ne dit rien, les garde pour elle comme une bouteille trop bien fermée où la pression s’accumule, s’accumule jusqu’à ce que… quoi ?
    Agnes ne le sait pas.

  • Agnès a planté des pommiers le long du haut mur en briques. Quatre poiriers de part et d'autre de l'allée principale, des pruniers, un sureau, un bouleau, des groseilliers, de la rhubarbe aux pieds rouges. Elle prélève une bouture sur l'églantier au bord de la rivière qu'elle plante près du mur chaud du grenier à houblon. Puis repique un sorbier à côté de la porte du jardin. Elle sème partout sur le sol des graines de camomille, de souci, d'hysope, de sauge, de bourrache et d'angélique, d'absinthe et de partenelle; installe sept ruches dans le coin le plus éloigné; par les chaudes journées de juillet, il est possible de les entendre bourdonner depuis la maison.



Bibliographie

Née en Irlande du Nord en 1972, Maggie O’Farrell est une romancière et journaliste britannique. Elle a grandi entre le Pays de Galles et l'Écosse. A l'âge de huit ans, elle est frappée par un virus qui l'empêche d'aller à l'école pendant un an. Cet événement sera repris dans l'un de ses romans, "La distance entre nous" ("The Distance Between Us", 2004, Prix Somerset-Maugham 2005).

Après des études littéraires à l'Université de Cambridge, elle exerce de nombreux emplois, notamment celui de critique littéraire. Parallèlement à son activité de romancière, Maggie a travaillé comme journaliste, notamment à Hong Kong. Elle a également enseigné l'écriture créative.
Face au succès de son premier roman, "Quand tu es parti" ("After You'd Gone", 2000, Betty Trask Award), elle prend la décision d’abandonner sa carrière de rédactrice en chef des pages littéraires de l’Independent on Sunday pour se consacrer à l’écriture.
"Cette main qui a pris la mienne" ("The Hand That First Held Mine") est lauréat du prestigieux Costa Book Award 2010.
Les romans de O'Farrell tournent autour de thèmes récurrents : la complexité des relations entre deux sœurs, la perte d'un être cher et les conséquences que celle-ci entraîne dans l'existence de ses personnages.
Elle est mariée au romancier William Sutcliff, avec lequel elle vit à Édimbourg.

Voir aussi :

En savoir Plus :

Sur le roman


Sur Shakespeare et Agnès Hathaway

Sur Hamlet


Sur Stratford


Play List


mercredi 16 novembre 2022

CHARLES PORTIS – True Grit – Poche Totem 227 - 2022

 

L'histoire 

Mattie, 14 ans, a une obsession : venger la mort de son père, un cultivateur de coton dans l'Arkansas, assassiné publiquement par un de ces employés. Le voyou appartient aussi à une bande de voyous coriaces. La gamine n'a peur de rien ou presque et voir le meurtrier se balancer au bout d'une corde ou lui tirer quelques pruneaux dans la tronche la réjouit. Mais seule, en territoire hostile, elle peut compter sur l'aide d'un marshall un peu porté sur le bourbon et encore plus quand il s'agit de dégainer son 6 coups. Un autre shérif est également à la recherche de la bande de mécréants. Un road movie très western qui vous promet de joyeux moments.



Mon avis 

Les éditions Gallmeister ont demandé la traduction en français paru en 1968 aux USA. Son adaptation au cinéma par Henri Hataway  « Cent dollars pour un shérif » avec John Wayne en 1969, puis celle des frères Coen en 2010 avec Matt Damon et Jeff Bridges ont eu des succès populaires.Si vous aimez le western un peu cliché où il y a les bons shérifs et les vilains méchants, avec beaucoup d'humour, ce livre est fait pour vous.

Mattie 14 ans, sait se débrouiller dans la vie. Elle est bien élevée dans une église évangélique (et tout ce que dit l’Évangile est vrai de vrai), mais elle sait aussi faire les comptes, négocier, menacer du haut de son 1m20. Mais ses valeurs sont très tranchées en cette fin du 19ème siècle : un assassin doit être puni comme il se doit, 6 pieds sous terre. Par contre elle est dans le camps des démocrates comme le fut son père, et ça non plus on ne plaisante pas avec.Elle s'adjoint les services dûment payés de Cogburn, un marshall qui ne fait pas dans la nuance : on tire d'abord et on négocie après. Et du sérieux shérif LaBoeuf un peu plus pointilleux sur la loi, mais pas trop non plus.

C'est vif, très amusant, parce que la gamine a de la répartie. Ici pas de psychologie, on est au Far West, mais on y retrouve des éléments réels de l'histoire américaine. Et un personnage féminin épique qui va faire son chemin vers l'âge adulte et on sait déjà que la vie ne sera pas de tout repos.

C'est drôle, cela reprend les codes du western classique pour les détourner et on voyage dans des paysages magnifique de l'Arkansas à la réserve indienne des Choctaws.Ce livre considéré comme un grand classique est étudié par les lycéens américains, tout comme Mark Twain ou Fenimoore Cooper. Excellent cadeau de Noël pour votre ado.


Extraits :

  • Les marshals faisaient descendre les détenus en les poussant avec le canon de leurs winchesters à répétition. Ces hommes, enchaînés les uns aux autres comme des poissons à une ligne, étaient essentiellement des Blancs, mais il y avait aussi des Indiens, des métis et des Noirs. C'était un triste spectacle mais rappelez-vous qu'il s'agissait de meurtriers, de voleurs, de pilleurs de trains, de bigames, de faussaires, parmi les pires représentants du genre humain. Ils s'étaient écartés du droit chemin et avaient goûté aux fruits du mal et la justice venait à présent leur en faire payer le prix. Tout se paie sur cette Terre, d'une manière ou d'une autre. Rien n'est gratuit en dehors de la grâce de Dieu. Mais elle ne se gagne pas plus qu'elle ne se mérite.

  • Je n'ai jamais eu le temps de me marier mais, que je le sois ou non, ça ne regarde personne. Je me fiche de ce qu'ils disent. Si je le voulais, j'épouserais un horrible babouin et j'en ferais un caissier. Je n'ai jamais eu le temps de m'en occuper. Une femme franche et réfléchie comme moi, avec un bras en moins et une mère invalide, n'est pas un parti très avantageux. Pourtant, j'aurais facilement pu mettre le grappin sur deux ou trois vieillards négligés qui lorgnaient sur ma banque. Non, merci ! Vous seriez surpris de connaître leurs noms.

  • J'ignorais si le texan avait lancé cette remarque à mon intention mais, si c'était le cas, l'allusion me glissa dessus comme de l'eau sur les plumes d'un canard.les paroles d'un ivrogne ne pèsent rien et, quand bien même je leur aurait accordé le moindre crédit, je ne pense pas que Rooster m'incluait dans sa harangue contre les femmes, vu le salaire que je lui versais.

  • J'aurais dû lui coller une balle dans la tête plutôt que dans la clavicule. Mais j'ai pensé à ma note de frais. On laisse parfois l'argent interférer avec notre sens de la justice.

  • Je vais vous le dire avec plaisir. Vous verrez que j’ai raison. Tom Chaney, là, a abattu mon père à Fort Smith et il lui a volé deux pièces d’or et sa jument. Elle s’appelle Judy, mais je ne la vois pas ici. On m’a dit que Rooster Cogburn avait du cran, et je l’ai engagé pour retrouver le meurtrier. Il y a quelques minutes de ça, je suis tombé sur Chaney alors qu’il était en train de faire boire ses chevaux. Il a refusé d’obtempérer, et je lui ai tiré dessus. Si je l’avais tué, je ne serais pas dans ce pétrin. Mon révolver n’a pas fait feu, à deux reprises.

  • Un beau jour de printemps, je me suis retrouvé à Las Vegas au nouveau Mexique. J’avais besoin d’argent et j’ai dévalisé l’une de leurs petites banques aux taux d'intérêts exorbitants. Je croyais rendre service. On ne vole pas un voleur pas vrai ?

  • Les gens ne croient pas qu'une fille de quatorze ans puisse quitter sa maison pour aller venger la mort de son père en plein hiver. Cela ne semblait pas si étrange alors, mais j'admets que cela n'arrivait pas tous les jours. Je venais juste de fêter mon anniversaire lorsqu'un lâche du nom de Tom Chaney abattit mon père à Fort Smith en Arkansas.

  • La nature nous enseigne qu'il faut se reposer après les repas et les gens trop occupés pour suivre ses conseils meurent souvent avant cinquante ans.

  • Mais je n'avais ni la force ni l'envie de débattre avec un pochard. Quel mérite y a-t-il à dominer un idiot ?

  • Je ne vous ralentirai pas. Je suis bonne cavalière.
    — Je ne compte pas non plus m'arrêter dans des pensions aux lits douillets où l'on se fait servir des bons petits plats. On voyagera vite et on mangera léger. Et le peu de sommeil qu'on prendra, ce sera à la belle étoile.— J'ai déjà dormi à la belle étoile. L'été dernier, papa nous a emmenés à la chasse au raton laveur, moi et Petit Frank.— À la chasse au raton laveur ?— Nous y avons passé toute la nuit.

 

 

Bibliographie 

Né en Arkansas en 1955 et mort en 2020, Charles McColl Portis est un écrivain américain. D'abord engagé dans les marines et promu sergent, au moment de la Guerre de Corée, Charles Portis fréquente à partir de 1955 l'Université de l'Arkansas où il commence sa carrière de journaliste en écrivant dans les journaux étudiants.
Diplômé en journalisme en 1958, il travaille pour l'Arkansas Gazette puis pour le New York Herald Tribune pour lequel il couvre en particulier la période du combat pour les droits civiques dans son Sud natal.
En 1964, il abandonne le journalisme et commence une carrière d'écrivain en écrivant ses premiers textes de fiction.
Son premier roman "Norwood" paraît en 1966 et rencontre le succès. En 1970, il sera adapté au cinéma par Jack Haley Jr. avec Glen Campbell et Kim Darby. Le roman mêle un road movie du Texas à New York avec les rencontres et le regard décalé d'un vétéran des marines sur la société américaine du Sud ou des grandes métropoles.
Son deuxième roman "True Grit" utilise les ressorts classiques du western et demeure l'œuvre la plus connue de Charles Portis.
Charles Portis a publié trois autres romans, "Un chien dans le moteur" ("The Dog of the South", 1979), "Masters of Atlantis" (1985), "Gringos" (1991), et un certain nombre de nouvelles et d'articles.

Voir aussi :

 

En savoir Plus :

Sur le roman


Sur le film des frères Coen


Sur l'Arkansas


Play List

mardi 15 novembre 2022

Richard WAGAMESE – Les étoiles s'éteigent à l'aube – poche 16/17 – 2017

 

L'histoire

Franklin Strarlight, 16 ans est demandé par son père qui vit dans une ville en Colombie Britannique (Canada). Élevé par le « vieil homme qui est son tuteur légal, ce tout jeune homme ne connaît pas ce père, qui à chacun de leurs rencontres était toujours ivre et sans grande affection pour son fils qui ignore la vérité sur sa famille.

Cependant, alors qu'il est mourant, Franck accepte plus par devoir d'accompagner cet étrange père pour mourir comme un indien (tous deux sont des indiens Ojibwés), dans la montagne, et être enterré face à l'est comme le veut la coutume.

S'ensuit un voyage difficile, avec ce père mourant, dans un climat aussi sauvage et désert entre montagnes et forêts. C'est aussi pour Eldon, le père, de raconter sa vie et de révéler à son fils une passé qu'il ne pouvait pas connaître


Mon avis

Ce roman est coup de cœur par le canadien Richard Wagamese, tant la réalité de la vie des Indiens Ojibwés est montrée dans sa force et sa faiblesse.

Franklin a été confié par son père à un vieil homme qui l'a éduqué comme son fils avec les moyens du bord. Un fermier pauvre, mais qui a enseigné le mieux possible à l'enfant les choses essentielles dans cette région difficile. Chasser sans excès et en remerciant l'animal, savoir réparer tout ou presque, savoir entretenir ses outils et savoir monter à cheval mieux que personne. Connaître les forêts et les montagnes par cœur, pour y repérer les baies comestibles, les traces des animaux, effrayer un ours sans le tuer. Des vertus amérindiennes que le vieil homme qui est blanc connaît pour avoir vécu avec des amis indiens. Frank n'a jamais connu sa mère, une cree (tribu affiliée aux Ojibwés) une femme belle et d'une grande sagesse.

Eldon, le père a quitté la misérable ferme familiale où il vivait seul avec une mère sans grande affection pour lui et cela à 14 ans. Sans instruction, sachant à peine lire et compter, il est engagé sur des chantiers divers dans l'industrie du bois omni présente dans la région. Des emplois où il faut travailler dur pour gagner peu d'argent, de quoi survivre, dans des conditions déplorables. Puis il s'est engagé dans l'armée, et envoyé comme éclaireur dans en Corée, en raison de sa force et sa capacité à voir la nuit. Puis est arrivé un drame et il s'est mis à boire.

C'est tout ce passé qu'il confie petit à petit à son fils lors de ce dernier périple, où il lui révèle également qui était sa mère, alors qu'il meurt, lors de ce périple où sa santé se dégrade. Au fond de lui, malgré toutes ses erreurs dues à sa peur viscérale, le mépris des blancs, Eldon n'est pas un sale type, juste un être égaré, incapable de se sortir de la misère, incapable de décrocher de l'alcool. Un destin brisé raconté avec simplicité, car on n'a pas le temps de philosopher quand on cherche à manger, et à survivre dans un monde dont est exclu. Voyage initiatique, dans la beauté des paysages et la signification de la tribu des Starlight qui ont la mission de « conter » ce qu'Eldon fait si bien, malgré la douleur, la mort mais surtout le pardon de son fils car le sang indien fait que l'on respecte les siens même si ils sont imparfaits.

Sublime.


Extraits :

  • Cette nuit là, tandis qu'il était allongé dans le grenier, il aperçut le liseré de la lune entre les lattes de la grange. Elle était suspendue dans l'indigo et projetait un rayon de lumière bleuâtre en travers du lit. Il y avait l'odeur du bétail. L'odeur riche et franche de l'avoine, de la paille et le foin séchant après la coupe. Le trottinement des souris dans les coins. Il y eut un bruit sur l'échelle. Il releva la tête de l'oreiller rudimentaire et la vit grimper les derniers échelons et arriver dans le grenier. Elle portait une chemise de nuit blanche. Elle marcha en silence jusqu'à lui, si bien qu'on aurait dit qu'elle planait, il retint son souffle.
    Elle arriva au bord du lit de camp et il ferma les yeux. Il sentait qu'elle le regardait. Il ouvrit les yeux d'un coup, s'assit sur le bord du fin matelas et trouva sa main qu'elle prit entre les siennes. Ni l'un ni l'autre ne parla. Elle tint sa main, puis ouvrit les siennes et la garda au creux d'une paume en caressant le dos du bout des doigts.

  • Seul. Il n'avait jamais su ce qu'était la solitude. Même s'il y réfléchissait bien, il n'arrivait pas à donner une définition du mot. Il était en lui, indéfini et inutile comme l'algèbre – la terre, la lune et l'eau établissaient la seule équation qui donnait de la perspective à son monde et il le traversait à cheval revigoré et rassuré de sentir ces terres autour de lui comme le refrain d'un hymne ancien.

  • Il avait quitté l'école dès qu'il avait atteint l'âge légal. Il ne s'intéressait pas aux livres et là où il passait le plus clair de son temps libre, nul besoin de grandes idées... Il entendait les symphonies du vent sur les crêtes, et les cris stridents des faucons et des aigles étaient pour lui des arias ; le grognement des grizzlis et le hurlement perçant d'un loup contrastaient avec l’œil impassible de la lune. Il était indien.

  • Des fois, les choses tournent mal. Quand elles arrivent dans la vie, on peut presque toujours les régler. Mais quand elles arrivent à l'intérieur d'une personne, elles sont plus difficiles à réparer.

  • La guerre ce fut savoir que la vie peut te dénuder jusqu'à la moelle, que certains trous ne seront jamais comblés, certaines fentes jamais colmatées, que certains vents glacés se déchaîneront et hurleront, impitoyables.

  • Il disait que les choses qu'ils faisaient, ces Indiens d'autrefois, c'était rien d'autre que d'apprendre à vivre avec ce mystère. Pas s'y résoudre, pas s'y attaquer, pas même le deviner. Juste être avec.

  • En plus, les amis de Jenks m'auraient à moitié tué si j'étais resté là-bas, finit par dire son père. Le garçon détourna la tête. Son visage avait quelque chose de sinistre et de sévère dans le vacillement des flammes. - Se faire à moitié tuer une fois, ça doit être mieux qu'être à moitié vivant pour toujours.

  • Les étoiles dessinaient des figures et se chargeaient de significations; il sentait leur attraction comme une convocation et il pénétra plus profondément dans la coupe perlée de la nuit, il y vit une multitude de mondes potentiels, suspendus hors du temps, et il ferma les yeux pour essayer de les ressentir au fond de lui-même, mais il ne sentit rien d'autre que du vide.

  • Alors le whisky tient à l'écart des choses que certaines personnes ne veulent pas chez elles. Comme les rêves, les souvenirs, les désirs, d'autres personnes parfois.

  • J’avais honte de moi, Frank. Honte jusqu’aux os. J’avais peur de m’effondrer si je commençais à parler de moi, et je voulais rester fort pour elle. Je le voulais vraiment. Mais de rester allongé là en sachant combien j’étais faible m’a vraiment fait broyer du noir. Ce noir qui m’a toujours fait sombrer dans la boisson.

  • Le vieil homme lui avait fait le don de la terre à partir du moment où il avait été capable de s’en souvenir, et il lui avait montré comment la traiter et l’honorer, disait-il, et le garçon avait senti l’importance de ces enseignements et il avait appris à les écouter et à bien les reproduire.
    Tes grands parents étaient tous deux des sang-mêlé. on n'était pas des Métis comme on appelle les indiens français. On était tout simplement des sang-mêlé. Des Ojibwés. mélangés à des Écossais. Des McJib. C'est comme ça qu'on nous appelait. personne en voulait de nous. Ni les Blancs. Ni les Indiens.

  • Il entendait les symphonies du vent sur les crêtes, et les cris stridents des faucons et des aigles étaient pour lui des arias ; le grognement des grizzlis et le hurlement perçant d'un loup contrastaient avec l’œil impassible de la lune. Il était indien.


Bibliographie

Né au Canada (Ontario) le 14/10/1955 et mort en Colombie Britannique à le 13/03/2017, Richard Wagamese était un auteur et journaliste canadien.En activité depuis 1979, il a exercé comme journaliste et producteur pour la radio et la télévision, et est l’auteur de treize livres publiés en anglais par les principaux éditeurs du Canada anglophone. Wagamese appartient à la nation amérindienne ojibwé, originaire du nord-ouest de l’Ontario, et est devenu en 1991 le premier indigène canadien à gagner un prix de journalisme national. Il est notamment le lauréat du Prix national de réussite indigène pour les médias et les communications 2012, et du prix 2013 du Conseil canadien des arts.L’auteur a reçu le titre de docteur ès lettres honoris causa à la Thompson Rivers University de Kamloops en 2010 et à la Lakehead University de Thunder Bay en 2014.

"Les étoiles s’éteignent à l’aube" (Medicine Walk) est son premier roman traduit en français. E livre a été adapté en BD.

Voir aussi :

En savoir Plus :

Sur le roman

Sur les indiens crees


Sur les Ojibwés


Sur la Colombie Britannique

Quelques Photos

Cree

femmes crees

cree


Ojibwé sur son canoe

Art ojibwé

chef Ojibwé

Ojibwés aujourd'hui


Les 3 vallées Colombie Britannique

Une vieille grange qui servait aussi de maison

Région des 3 vallées

région des 3 vallées où se situe l'action

Play-list inspirée par ce livre

samedi 12 novembre 2022

JAMES FENIMORE COOPER – Le dernier des Mohicans – Totem N°84 - 2017

 

 

L'histoire

Un des classique de la littérature américaine, un gros pavé de 547 pages.

Nous sommes en 1757, alors que la guerre fait rage entre la France et la Grande Bretagne pour la conquête des futurs Etats d'Unis d'Amérique. Les batailles se concentrent dans le nord-est des USA, autour des états actuels du Maine jusqu'à l'embouchure du fleuve Hudson.

Un jeune lord anglais, les 2 filles du général anglais Monro, et un garde amérindien s'égarent dans la forêt aux abords du lac champlain. Attaquée et prises en otages par les Hurons, elles sont sauvées par Chaux-de-Fonds, un chasseur aidé par deux amis fidèle mohicans (tribu amérindienne qui vit dans la vallée de l’Hudson rattachée aux Algonquins et donc à la très grande famille sioux. S'en suit une épopée épique à travers cette région, entre les guerres que se livrent aussi les indiens Hurons(de la famille des Iroquois), et Delaware (peuple Lenape vivant dans les régions du Delaware, et de l'Hudson

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Dernier_des_Mohicans



Mon avis

Comme beaucoup de monde j'avais lu ce livre « culte » à l'adolescence, dans sa traduction originale de A.J Defauconpret et puis dans une traduction excellente demandée par les éditions Gallmeister de François Happe, plus adaptée à un lecteur du 21ème siècle.

La traduction originale reflète bien la langue de l'époque, celle des Balzac, Sand, Dumas qui accueillirent avec joie l'écrivain américain, et qui fut à la mode d'autant que celui-ci appréciait les fastes et la culture française. Ce fut le best-seller littéraire étranger en pleine époque romantique dans toute l'Europe.

Pourtant si l'auteur s'est renseigné sur les coutumes des amérindiens qu'il n'a jamais côtoyé vraiment, on ne sait pas trop si il apprécie leur mode de vie, assez bien décrit pour faire rêver, ou pas. On voit aussi le traitement différent entre Alice la fille cadette blonde et fragile créature et son aînée Cora, métisse, au cœur plus dur peut-être mais beaucoup plus attachante dans ce rôle de femme forte, dont je ne pense pas que Cooper avait l'idée. Cependant il crée aussi un contexte multiracial où on épouse une femme noire, où un blanc est élevé par des indiens. Mais il fonde aussi l'un des mythe du western américain, celui de la femme blanche souillée par les « indigènes ».

Cooper est un conservateur et prône la suprématie des blancs (où des tribus indiennes originelles), refuse le métissage. Il vit par procuration le rêve des grands espaces, de la vie sauvage. Le roman est donc complexe puisqu'il y a d'une part l'admiration pour la communion avec la nature mais en même temps le respect des bonnes manières et la distinction des classes sociales. .Mais Cooper dans toute son ambiguïté reste fasciné par cette nature (la haine qu'il a des petits agriculteurs qui dévastent les forêts primaires).

70an pus tard, Thoreau prônera aussi la vie en communion avec la nature mais aussi le rejet du capitalisme et le rejet du racisme.

Néanmoins, c'est une jolie épopée qui va aussi à sa façon relancer le « nature wrtiting », qui touche de plus en plus de pays. Des romans où la nature à la part belle que cela soit aux USA, en Australie, ou en Europe, ce dont Gallmeister s'est fait le spécialiste. Un genre que j'aime particulièrement quand il s'accompagne d'une histoire forte.


Extraits :

  • - Il peut y avoir ici quelque méprise, dit-il : un mocassin est si semblable à un autre !
    - Un mocassin semblable à un autre ! s'écria Œil-de-Faucon ; autant vaudrait dire que tous les pieds se ressemblent, et cependant tout le monde sait qu'il y en a de longs et de courts, de larges et d'étroits ; que ceux-ci ont le cou-de-pied plus haut, ceux-là plus bas ; que les uns marchent en dehors, les autres en dedans. Les mocassins ne se ressemblent pas plus que les livres, quoique ceux qui lisent le mieux dans ceux-ci ne soient pas les plus capables de bien distinguer ceux-là.

  • - Des livres! […] Des livres! Qu’en ferais-je, moi, guerrier du désert, au sang sans mélange? Je n’ai jamais lu qu’un seul livre, durant quarante années. Et ce qui y est écrit s’est gravé clairement, et pour toujours, dans mon esprit. Pas besoin de commentaires! - Et comment nommez-vous ce livre? demanda le musicien, qui n’avait pas saisi l’allusion du chasseur.

  • En sortant de la caverne pour entrer dans le passage, ou pour mieux dire la crevasse qui la séparait de l’autre, ils sentirent leurs forces se renouveler dans une atmosphère rafraîchie et purifiée par les eaux limpides de la rivière. Une brise en ridait la surface, et semblait accélérer la chute de l’eau dans les gouffres où elle tombait avec un bruit semblable à celui du tonnerre. À l’exception de ce bruit et du souffle des vents, la scène était aussi tranquille que la nuit et la solitude pouvaient la rendre. La lune était levée, et ses rayons frappaient déjà sur la rivière et sur les bois, ce qui semblait redoubler l’obscurité de l’endroit où ils étaient arrivés au pied du rocher qui s’élevait derrière eux.

  • Quoique les arts de la paix fussent inconnus dans cette fatale région, les forêts étaient animées par la présence de l’homme. Les vallons et les clairières retentissaient des sons d’une musique martiale, et les échos des montagnes répétaient les cris de joie d’une jeunesse vaillante et inconsidérée, qui les gravissait, fière de sa force et de sa gaieté, pour s’endormir bientôt dans une longue nuit d’oubli.

  • Le massacre de William-Henry - c'est le nom qui reste dans l'Histoire pour désigner l'ignoble tuerie perpétrée par les sauvages Iroquois, sous l’œil même des troupes françaises, à l'égard de la malheureuse garnison anglaise désarmée – Cela a définitivement compromis la réputation du général Montcalm. Sa mort glorieuse, survenue peu après dans les plaines d'Abraham, n'a pas totalement effacé cette tache honteuse. C'était un héros sur le champ de bataille; mais il manquait de ce courage moral qui fait la véritable grandeur d'un homme.

  • Oui, il n'y a qu'un seul être qui nous gouverne tous, quelle que soit la couleur de notre peau.

  • Il fut un temps où nous entendions la colère du lac salé de l'endroit où nous dormions. Nous avions alors des dirigeants et des sagamores partout sur notre terre. Mais quand le visage pâle fut aperçu près de chaque ruisseau.. les Delawares étaient partis.
    Once we slept where we could hear the salt lake speak in its anger. Then we were rulers and sagamores over our land. But when a pale-face was seen on every brook..the Delawares were gone.

  • En un mot, Chingachgook et son fils se convertirent à l’avis du chasseur, renonçant à l’opinion qu’ils avaient d’abord soutenue, avec une candeur qui, s’ils eussent été les représentants de quelque grand peuple civilisé, aurait ruiné à jamais leur réputation politique, en prouvant qu’ils pouvaient se rendre à de bonnes raisons.

  • Une brise en ridait la surface, et semblait accélérer la chute de l’eau dans les gouffres où elle tombait avec un bruit semblable à celui du tonnerre.

  • En sortant de la caverne pour entrer dans le passage, ou pour mieux dire la crevasse qui la séparait de l’autre, ils sentirent leurs forces se renouveler dans une atmosphère rafraîchie et purifiée par les eaux limpides de la rivière.

  • Le sauvage s'apercevant qu'un de ses compagnons s'était déjà emparé du châle qu'il convoitait, foula aux pieds tous les autres objets qu'elle lui présentait, et, sa férocité se changeant en rage, il brisa la tête de l'enfant contre un rocher et en jeta les membres encore palpitants aux pieds de la mère. L'infortunée resta un instant comme une statue ; ses yeux égarés se fixèrent sur l'être défiguré qu'une minute auparavant elle serrait si tendrement contre son sein tandis qu'il lui souriait. Elle leva ensuite la tête vers le ciel, comme pour appeler sa malédiction sur celle du meurtrier de son fils ; mais le barbare, dont la vue du sang qu'il avait fait couler augmentait encore la fureur, lui fendit la tête d'un coup de tomahawk. Elle tomba et mourut sur le corps de son enfant.

  • Jadis réunie par une langue unique, les tribus s’étaient divisées, parlaient des dialectes différents. Et, à cause des influences pernicieuses de la politique menée par les envahisseurs, Français, Anglais ou Hollandais, des peuplades autrefois amies s’étaient dressées les unes contre les autres ; tandis que d’autres, bien qu’ennemies naturelles, se retrouvaient, au moins provisoirement, combattant sous les mêmes bannières.

  • Chingachgook signifie grand serpent, non qu'il soit réellement un serpent, grand ou petit, mais on lui a donné ce nom parcequ'il connaît tous les replis et les détours du coeur humain, qu'il sait garderprudemment le silence, et qu'il frappe ses ennemis à l'instant où ils s'yattendent le moins.

Biographie :

Né à Burlington, New Jersey , le 15/09/1789 et mor à Cooperstown, État de New York, le 14/09/1851 James Fenimore Cooper est l'un des écrivains américains les plus populaires au XIXe siècle.
Il grandit au manoir d’Otsego Hall à Cooperstown dans l’état de New-York. Colon et homme politique, c’est son père qui a fondé cette ville située sur la frontière (elle sera décrite par le romancier dans "Les Pionniers").
Il commence en 1806 une carrière navale qu'il abandonnera lorsque ses projets de navigation se trouveront contrariés. En 1810, il épouse une héritière new-yorkaise et mène la vie d'un gentleman-farmer dilettante jusqu'au moment où, ses cinq frères étant morts, il se trouve responsable de leurs familles.

En 1820, à la suite d'un pari avec sa femme, Cooper rédige "Precaution", roman de mœurs dans la manière de Jane Austen ; encouragé, il poursuit avec "The Spy" (L'Espion, 1821), roman semi-historique et national, qui rencontre un grand succès.
En 1823, il commence à écrire ses romans les plus célèbres, qui constitueront le cycle de "Bas-de-Cuir" (Leatherstocking Tales) : "Les Pionniers" (The Pioneers, 1823), "Le dernier des Mohicans" (The Last of the Mohicans, 1826) et "La Prairie" (The Prairie, 1827). Ces livres retracent la vie d’un trappeur, Natty Bumppo sur fond d’histoire et de mythologie américaine (guerre d’Indépendance, recul des indiens, destruction de la Prairie). Le cycle comprend cinq romans historiques, publiés de 1823 à 1841.

Sa fortune est établie, et de 1826 à 1833, il vit en Europe car veut protéger ses intérêts en Grande-Bretagne. Il achève l’écriture de "La Prairie" à Paris, son talent n’est plus à prouver et il est récompensé par un triomphe. Quand il rentre en Amérique, sa popularité est mise à mal à cause de sa réputation réactionnaire. En mai 1839, Cooper publie son "Histoire de la marine des États-Unis" (History of the Navy of the United States of America).
Une partie de son œuvre est basée sur les récits des Indiens du Nord. "Le Dernier des Mohicans", son roman le plus célèbre, a connu de nombreuses rééditions et a été adapté plusieurs fois au cinéma.
Il a écrit également de nombreux romans sur la mer, tel "L'écumeur de mer" (The Water Witch, 1830). Mais son œuvre est de qualité inégale et son roman "Le Démocrate américain" (1835) lui vaut un procès.



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