L'histoire
Mattie, 14 ans, a une obsession : venger la mort de son père, un cultivateur de coton dans l'Arkansas, assassiné publiquement par un de ces employés. Le voyou appartient aussi à une bande de voyous coriaces. La gamine n'a peur de rien ou presque et voir le meurtrier se balancer au bout d'une corde ou lui tirer quelques pruneaux dans la tronche la réjouit. Mais seule, en territoire hostile, elle peut compter sur l'aide d'un marshall un peu porté sur le bourbon et encore plus quand il s'agit de dégainer son 6 coups. Un autre shérif est également à la recherche de la bande de mécréants. Un road movie très western qui vous promet de joyeux moments.
Mon avis
Les éditions Gallmeister ont demandé la traduction en français paru en 1968 aux USA. Son adaptation au cinéma par Henri Hataway « Cent dollars pour un shérif » avec John Wayne en 1969, puis celle des frères Coen en 2010 avec Matt Damon et Jeff Bridges ont eu des succès populaires.Si vous aimez le western un peu cliché où il y a les bons shérifs et les vilains méchants, avec beaucoup d'humour, ce livre est fait pour vous.
Mattie 14 ans, sait se débrouiller dans la vie. Elle est bien élevée dans une église évangélique (et tout ce que dit l’Évangile est vrai de vrai), mais elle sait aussi faire les comptes, négocier, menacer du haut de son 1m20. Mais ses valeurs sont très tranchées en cette fin du 19ème siècle : un assassin doit être puni comme il se doit, 6 pieds sous terre. Par contre elle est dans le camps des démocrates comme le fut son père, et ça non plus on ne plaisante pas avec.Elle s'adjoint les services dûment payés de Cogburn, un marshall qui ne fait pas dans la nuance : on tire d'abord et on négocie après. Et du sérieux shérif LaBoeuf un peu plus pointilleux sur la loi, mais pas trop non plus.
C'est vif, très amusant, parce que la gamine a de la répartie. Ici pas de psychologie, on est au Far West, mais on y retrouve des éléments réels de l'histoire américaine. Et un personnage féminin épique qui va faire son chemin vers l'âge adulte et on sait déjà que la vie ne sera pas de tout repos.
C'est drôle, cela reprend les codes du western classique pour les détourner et on voyage dans des paysages magnifique de l'Arkansas à la réserve indienne des Choctaws.Ce livre considéré comme un grand classique est étudié par les lycéens américains, tout comme Mark Twain ou Fenimoore Cooper. Excellent cadeau de Noël pour votre ado.
Extraits :
Les marshals faisaient descendre les détenus en les poussant avec le canon de leurs winchesters à répétition. Ces hommes, enchaînés les uns aux autres comme des poissons à une ligne, étaient essentiellement des Blancs, mais il y avait aussi des Indiens, des métis et des Noirs. C'était un triste spectacle mais rappelez-vous qu'il s'agissait de meurtriers, de voleurs, de pilleurs de trains, de bigames, de faussaires, parmi les pires représentants du genre humain. Ils s'étaient écartés du droit chemin et avaient goûté aux fruits du mal et la justice venait à présent leur en faire payer le prix. Tout se paie sur cette Terre, d'une manière ou d'une autre. Rien n'est gratuit en dehors de la grâce de Dieu. Mais elle ne se gagne pas plus qu'elle ne se mérite.
Je n'ai jamais eu le temps de me marier mais, que je le sois ou non, ça ne regarde personne. Je me fiche de ce qu'ils disent. Si je le voulais, j'épouserais un horrible babouin et j'en ferais un caissier. Je n'ai jamais eu le temps de m'en occuper. Une femme franche et réfléchie comme moi, avec un bras en moins et une mère invalide, n'est pas un parti très avantageux. Pourtant, j'aurais facilement pu mettre le grappin sur deux ou trois vieillards négligés qui lorgnaient sur ma banque. Non, merci ! Vous seriez surpris de connaître leurs noms.
J'ignorais si le texan avait lancé cette remarque à mon intention mais, si c'était le cas, l'allusion me glissa dessus comme de l'eau sur les plumes d'un canard.les paroles d'un ivrogne ne pèsent rien et, quand bien même je leur aurait accordé le moindre crédit, je ne pense pas que Rooster m'incluait dans sa harangue contre les femmes, vu le salaire que je lui versais.
J'aurais dû lui coller une balle dans la tête plutôt que dans la clavicule. Mais j'ai pensé à ma note de frais. On laisse parfois l'argent interférer avec notre sens de la justice.
Je vais vous le dire avec plaisir. Vous verrez que j’ai raison. Tom Chaney, là, a abattu mon père à Fort Smith et il lui a volé deux pièces d’or et sa jument. Elle s’appelle Judy, mais je ne la vois pas ici. On m’a dit que Rooster Cogburn avait du cran, et je l’ai engagé pour retrouver le meurtrier. Il y a quelques minutes de ça, je suis tombé sur Chaney alors qu’il était en train de faire boire ses chevaux. Il a refusé d’obtempérer, et je lui ai tiré dessus. Si je l’avais tué, je ne serais pas dans ce pétrin. Mon révolver n’a pas fait feu, à deux reprises.
Un beau jour de printemps, je me suis retrouvé à Las Vegas au nouveau Mexique. J’avais besoin d’argent et j’ai dévalisé l’une de leurs petites banques aux taux d'intérêts exorbitants. Je croyais rendre service. On ne vole pas un voleur pas vrai ?
Les gens ne croient pas qu'une fille de quatorze ans puisse quitter sa maison pour aller venger la mort de son père en plein hiver. Cela ne semblait pas si étrange alors, mais j'admets que cela n'arrivait pas tous les jours. Je venais juste de fêter mon anniversaire lorsqu'un lâche du nom de Tom Chaney abattit mon père à Fort Smith en Arkansas.
La nature nous enseigne qu'il faut se reposer après les repas et les gens trop occupés pour suivre ses conseils meurent souvent avant cinquante ans.
Mais je n'avais ni la force ni l'envie de débattre avec un pochard. Quel mérite y a-t-il à dominer un idiot ?
Je ne vous ralentirai pas. Je suis bonne cavalière.
— Je ne compte pas non plus m'arrêter dans des pensions aux lits douillets où l'on se fait servir des bons petits plats. On voyagera vite et on mangera léger. Et le peu de sommeil qu'on prendra, ce sera à la belle étoile.— J'ai déjà dormi à la belle étoile. L'été dernier, papa nous a emmenés à la chasse au raton laveur, moi et Petit Frank.— À la chasse au raton laveur ?— Nous y avons passé toute la nuit.
Bibliographie
Né en Arkansas
en 1955 et mort en 2020, Charles McColl Portis est un écrivain
américain. D'abord engagé dans les marines et promu sergent, au
moment de la Guerre de Corée, Charles Portis fréquente à partir de
1955 l'Université de l'Arkansas où il commence sa carrière de
journaliste en écrivant dans les journaux étudiants.
Diplômé
en journalisme en 1958, il travaille pour l'Arkansas Gazette puis
pour le New York Herald Tribune pour lequel il couvre en particulier
la période du combat pour les droits civiques dans son Sud natal.
En
1964, il abandonne le journalisme et commence une carrière
d'écrivain en écrivant ses premiers textes de fiction.
Son
premier roman "Norwood" paraît en 1966 et rencontre le
succès. En 1970, il sera adapté au cinéma par Jack Haley Jr. avec
Glen Campbell et Kim Darby. Le roman mêle un road movie du Texas à
New York avec les rencontres et le regard décalé d'un vétéran des
marines sur la société américaine du Sud ou des grandes
métropoles.
Son deuxième roman "True Grit" utilise
les ressorts classiques du western et demeure l'œuvre la plus connue
de Charles Portis.
Charles Portis a publié trois autres romans,
"Un chien dans le moteur" ("The Dog of the South",
1979), "Masters of Atlantis" (1985), "Gringos"
(1991), et un certain nombre de nouvelles et d'articles.
Voir aussi :
En savoir Plus :
Sur le roman
Sur le film des frères Coen
https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=145213.html
https://www.youtube.com/watch?v=IdQlJUauNqI (bande annonce)
Sur l'Arkansas
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chactas_(peuple) (Choctaws)
https://www.arizona-dream.com/usa/amerindiens/tribus/choctaw.php
Play List




















