vendredi 12 août 2022

ZOYA PIRZAD – Le goût âpres des kakis – Éditions Zulma 2010 (ou livre de poche).

 


L'histoire

Un joli recueil de cinq nouvelles dans l'Iran d'hier et d’aujourd’hui. Des coupoles tiraillés entre modernité et traditions, des histoires de solitude, toute un chemin de vie merveilleusement conté par Zoyâ Pirzâd


Mon avis

Le principal sujet de ce livre est l'amour en Iran. Entre la modernité des jeunes qui ont fait des études supérieures notamment en Amérique ou en France, et ceux issus de la tradition où les femmes doivent avant tout savoir tenir leur foyer. Certains hommes libres ont une vision moderne de la femme. Certaines femmes travaillent et n’hésitent pas à divorcer, et vivre leurs désirs. Les femmes mariées sont souvent délaissées par leurs conjoints ou font la loi en exigeant des jolies choses, souvent chères comme un lave-linge, un réfrigérateur, ou des décorations exorbitantes, des bijoux ou des tenues de marques qui ruinent les maris.

Et puis il y a des âmes esseulées qui tentent de vivre leur vie avec gentillesse et honnêteté. Des jolies histoires qui parfois sont sans conclusion, nous permettant d'imaginer des suites que l'on espère heureuses.

Les mots écrit en persan font l'objet d'un glossaire et d'explications en fin de livres. On y apprend ainsi le mode de vie raffiné et délicat des perses même si les jeunes plus éduqués sont pour des décorations modernes, moins de meubles et de bibelots traditionnels. A la fois tendre et triste, ce recueil est un petit voyage en Iran, dans la vie quotidienne des perses. Sans oublier la subtile orientation féministe de l'auteure, qui, l'air de rien, ausculte la société et les désirs d'indépendance des femmes mais aussi des hommes jeunes.


Extraits :

  • Morad s'assit devant la tombe de Sadegh Hedayat.
    Au bout d'une demi-heure,Taraneh eut froid. Plusieurs fois elle eut envie de dire " on s'en va ? " mais elle se souvint de Jean qui répétait toujours à Minouche : " Ce que vous faites de pire, vous les femmes, c'est de tanner les hommes ! Si les femmes comprenaient que les hommes ont parfois besoin de solitude, le monde serait plus supportable ! "
    Elle se leva, s'éloigna de Morad pour lire les noms et les dates de naissance et de mort sur les pierres tombales. Elle parvint jusqu'à la tombe de Marcel Proust dont Morad lui avait parlé maintes fois et dont Minouche disait que si elle apprenait le français, c'était pour pouvoir lire ses oeuvres dans leur langue d'origine...

  • Cette maison était sa dote. Une maison aux vastes pièces lumineuses, protégées par des persiennes, avec son large escalier en colimaçon qui s'élançait depuis le hall d'entrée jusqu'aux chambres à coucher du premier étage. Le sous-sol était organisé autour d'une vasque au centre de laquelle se tenait un ange au regard étonné tourné vers la cour, jonchée d'un fin gravier. Celle-ci gravitait aussi autour d'un bassin entouré d'un massif d'églantines, de roses rouges et d'un plaqueminier.

  • La femme consciencieuse est comme le flambeau qui brûle sans cesse au coeur de la famille et qui fait rayonner tout autour d'elle sa pure lumière et sa bonté.

  • Tu as parfaitement raison. Ça m’est égal. Je n’ai ni le temps d’admirer tes broderies et ton tricot, ni la patience de t’amener des fleurs chaque jour, de te féliciter pour ta cuisine et tes talents de maîtresse de maison, ou encore de te réciter des poèmes d’amour. Pour moi, cela ne fait aucune différence de dormir dans des draps propres et repassés ou par terre sur un matelas sans draps !

  • Quoi ?, se marier sans ma permission ? J'aimerai bien voir ça ! Je n'ai pas élevé un fils pour qu'il nous ramène une étrangère !

  • Monsieur Naghavi ne voyait pas d'un bon œil que les femmes aillent chez le coiffeur. "Pure perte de temps et d'argent, disait-il. Sans compter les mille et une sottises que les femmes y profèrent".


Biographie

Née en 1952 à Abadan, romancière, nouvelliste, Zoyâ Pirzâd est née d’un père iranien d’origine russe par sa mère et d’une mère arménienne.
Mariée, mère de deux garçons, elle débute sa carrière d'écrivain après la révolution de 1979.
Elle a d’abord publié trois recueils de nouvelles dont "Comme tous les après-midi", en 1991. Trois recueils repris aux éditions Markaz à Téhéran en un seul volume. En 2001, elle a publié un roman, "C’est moi qui éteins les lumières", salué par de nombreux prix, dont le prix du meilleur livre de l'année. En 2004 elle publie: "On s’y fera" roman très remarqué.
Zoyâ Pirzâd est aussi traductrice d’Alice au pays des merveilles de Lewis Carol et de poèmes japonais. Elle fait partie des auteurs iraniens qui font sortir l’écriture persane de ses frontières et l’ouvrent sur le monde. Sa langue est un persan simple et quotidien, une langue très équilibrée. La leçon ultime de Zoyâ Pirzâd est humaniste.




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mercredi 10 août 2022

Mick Kitson – Manuel de survie à l'usage des jeunes filles – Métaillé 2020 ou Poche Points Sélection.

 

L'histoire

Sal et Peppa, 13 et 9 ans, se retrouvent dans une forêt des Highlands (Écosse) où elles vivent en mode « survie ». Elles ont fui le foyer conjugal, invivable entre une mère alcoolique et le copain de celle-ci, drogué, délinquant et qui viole Sal depuis 3 ans.

Dans cette forêt, elles se construisent un abri de fortune, et vivent de chasse et pêche. Et puis il y a la rencontre d'Ingrid, une vieille femme, un peu sorcière, et aimante qui va mettre du baume au cœur aux enfants.


Mon avis

Pour les amateurs de « Nature Writing » ce livre est parfait. Il nous fait penser à « Dans la forêt » de Jean Heagland, et à « My absolute darling » de Gabriel Tallent par le pouvoir rédempteur de la Nature. L'amour que porte Sal l’aînée à sa petite sœur est infini et pourtant les deux fillettes sont à l’opposée l'une de l'autre. Sal est réfléchie et pragmatique. Si elle a peur, surtout qu'on les retrouve, elle est sans cesse occuppée dansce camps de fortune. Sans spoiler, puisque c'est révélé dans les premières pages du livre, Sal a tué son beau-père violent et violeur pour éviter que sa sœur ne subisse le même sort. Peppa est joueuse, adore les gros mots et les expressions gaéliques mais elle est aussi gaffeuse tant elle est spontanée

Avec Sal, nous avons un personnage assez unique. Elle n'éprouve pas de regrets, elle veut avant tout protéger ceux qu'elle aime, sa sœur et sa mère, les personnes qui comptent le plus dans sa vie. Mauvaise élève mais très intelligente, Sal se cultive sur internet, prépare son plan pendant 8 mois, et apprend vite la survie en milieu sauvage.

Et puis il y a la mystérieuse Ingrid, une femme âgée qui s'est volontairement coupée du monde pour vivre elle aussi en forêt. Elle va jouer le rôle de mère de substitution aux fillettes, et leur apprendre encore des techniques de survie.

Un petit livre agréable à lire, qui nous parle de la vie dans la nature sauvage des Highlands. On se prend à espérer que Sal, une fois sortie de ce mauvais pas gardera en elle cet amour de la vie sauvageonne et suivra le chemin de la magnifique Ingrid.

Hélas la traduction est une catastrophe ce qui est étonnant pour les éditions Métaillé. Soit c'est un choix de la traductrice pour respecter la langue écossaise mais cela n'est pas mentionné, soit c'est une traduction bâclée qui nuit au roman.


Extraits :

  • Quand on était petites, on avait souvent faim parce que m'man était sortie ou bourrée alors on n'avait pas d'argent et Peppa faisait le tour des appartements de l'immeuble pour demander à manger. (…) Et quand Robert a commencé à s'en prendre à moi il a dit que si j'en parlais, même si j'en parlais à m'man, on viendrait nous cherchait et on nous séparerait. Il a dit que Peppa serait recueillie et adoptée par des Africains parce qu'elle était à moitié africaine et que moi je serais adoptée par des vieux et qu'on ne serait pas ensemble.

  • En grimpant dans la lande en direction du sommet Ingrid nous a expliqué en quoi elle croyait.
    "Je crois qu'il y a une Déesse Mère qui contrôle l'ensemble de la nature et du monde. En fait l'ensemble de la nature est la Déesse Mère elle-même et c'est elle qui crée et qui soigne toute forme de vie. On peut lui parler et sentir sa chaleur dans le soleil et dans la terre au printemps. On la sent sur sa peau dans l'herbe douce, dans la fourrure des animaux et les plumes des oiseaux. On sent son goût dans la nourriture qu'on tire de la nature et l'eau douce d'un ruisseau. On sent son odeur dans la forêt de pins, les feuilles mortes, le chèvrefeuille et les feuilles de chêne sous la pluie. On entend sa voix dans le chant des oiseaux et le vent dans les arbres, dans la neige qui crisse sous nos bottes et dans les cris des chouettes. Et on la voit dans les collines qui ondulent à perte de vue et dans la lande.

  • Mais dès qu'on avait eu allumé le feu je m'étais sentie mieux. Rien que le fait d'être assis devant et de regarder et de sentir sa chaleur vous calme et vous avez l'impression d'être à votre place là où vous êtes. Et assise près du feu ce premier soir j'avais eu l'impression qu'on avait fait ce qu'il fallait, que tuer Robert avait été une bonne chose et que tout allait bien se passer pour nous. Et c'était le feu qui m'avait donné ce sentiment. C'est pour ça qu'on ne peut pas négliger son feu comme je l'avais fait ce matin.

  • Et je croyais que ça marcherait parce que quand on croit que quelque chose va se produire alors ça se produit donc il faut faire attention à ce qu'on croit qu'il va se produire.

  • Je ne sais pas pourquoi tout le monde s'inquiète autant de ce qu'il ressent. Ce qu'on ressent n'est pas vraiment important. Ce qui compte c'est de savoir des trucs et de faire des choses.

  • On s'était installées à exactement huit cents mètres à l'intérieur de la forêt derrière une crête qui monte en direction d'un sommet culminant à un peu plus de neuf cents mètres d'altitude. En fait il ne lui manque que huit mètres cinquante pour être un "munro" et là ça aurait grouillé de grimpeurs et de branleurs en K-way venus en faire l' ascension.

  • Survivre se résume en grande partie à prévoir, prendre le temps de réfléchir et faire un plan. Le Guide de survie des forces spéciales dit que le facteur le plus important dans la survie à long terme est l'attitude. La façon dont on réfléchit affecte nos chances de réussite. Si on est négatif et si on pense seulement que les choses vont empirer ou qu'on ne peut pas continuer alors on commence à agir dans ce sens. Et plus on pense et agit dans ce sens plus les choses empirent et plus on prend de mauvaises décisions. Et c'est là qu'il faut prendre le temps de réfléchir, faire un plan et entreprendre une action capable d'améliorer la situation. Même une chose minime peut aider.



Biographie

Mick Kitson a étudié l’anglais à l’Université de Newcastle upon Tyne avant de lancer le groupe de rock "The Senators" dans les années 80, avec son frère Jim.
Journaliste pendant plusieurs années, il est devenu professeur d’anglais à l'âge de 40 ans. "Manuel de survie à l’usage des jeunes filles" (Sal, 2018) est son premier roman.
Il vit avec sa femme dans le Fife, en Écosse, il aime pêcher à la mouche, jouer du banjo, cultiver des framboises, et il construit des bateaux.


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lundi 8 août 2022

Etaf RUM – Le silence d'Isra – Éditions de l'Observatoire – 2020 (ou poche Pocket)  -

 

L'histoire

Deya a 17 ans et est élevée, ainsi que ces trois sœurs, par leurs grands parents paternels. Les parents sont décédés lors d'un accident de voiture, Et voilà que Farida, la grand-mère très attachée aux traditions arabes veut la marier. Deya, qui vit à Brooklyn, est passionnée de lecture, et envisage bien de mener une vie indépendante. Mais stout elle cherche à comprendre l'histoire de sa mère Isra dont elle a peu de souvenirs.


Mon avis

Un livre magnifique qui raconte la difficulté d'être arabe et musulmane quand on est une femme. Avec les trois personnages magnifiques qui tour à tour livrent leurs paroles.

Il y a d'abord Farida, cette grand-mère imposante qui a fui la Palestine lors de l'occupation anglaise. Élevée dans la tradition d'un islamisme pur et implacable, elle est persuadée que le sort des femmes, comme des générations avant elle est de : se soumettre à son mari (se faire battre et se faire violer), de faire la cuisine et entretenir la maison. Une femme « comme il faut » doit se marier entre 13 et 17 ans, donner un fils à son mari et savoir cuisiner. Toujours avide de reproches, elle se montre exécrable avec ses brus et sa propre fille. Il faut aussi éviter le déshonneur de la famille.Pourtant Farida a bien quelques secrets à cacher.

Isra, mariée de force à Adam quitte sa maison en Palestine pour se retrouver confinée à Brooklyn, sous le toit familial. Soumise et silencieuse, elle ne donne pas de fils à son époux, l’aîné de la fratrie, un homme alcoolique, violent, qui la tabasse et la viole, la rabaisse sans cesse. Isra en perd sa foi, elle qui rêvait d'amour, et se remet à lire en cachette de la famille. Ces livres lus en secret vont lui redonner du courage pour tenter de reprendre sa vie en moins, mais il sera trop tard.

Enfin Deya, l'aînée, qui refuse les prétendants et qui reste dans le doute sur sa vie. Elle aussi aime lire et ne s'en prive pas. Et puis petit à petit, elle apprend la vérité sur les drames familiaux, et décide alors de vivre sa propre vie.

Bien sur il existe aussi des témoignages de ces femmes musulmanes dont la condition est déplorable. Mais ce livre, par son écriture franche, parfois poétique est un véritable coup de massue.Même si de nombreux mots arabes ne sont pas tous traduits en français, on comprend de livre sans aucun problème. Les hommes sont souvent des alcooliques qui suivent la tradition, ou alors, parce que nous sommes aux USA, ils sont adoucis par la modernité, et ont oublié les traditions pour se fonder dans leur nouvelle patrie. Mais le plus effrayant est le manque de solidarité chez les femmes. Surtout de la part de Farida, qui considère Isra comme une bonniche, une incapable et croit que les malheurs sont du aux « djinns » , les mauvais esprits, pour ne pas se remettre en question, refuser cette Amérique urbaine trop libre à son goût.

L'amour et la liberté n'existent pas ou se gagne au prix de sacrifice. L'éducation se borne à l'école coranique en attendant le mariage arrangé ou forcé.

Un ouvrage qui résonne en nous longtemps, avec aussi l'hommage à la lecture libératrice et source de culture qui ne sont rien aux yeux du monde. L'ouvrage est inspiré par la propre vie de l'auteure. Il reste pour moi un chez d’œuvre absolu.

Extraits :

  • Elle avait enfin compris. La vie n'était rien de plus qu'une méchante blague pour les femmes. Une blague qui était loin de la faire rire. (Isra)

  • INCIPIT. Je suis née sans voix, par un jour nuageux et froid à Brooklyn. Personne ne parlait jamais de ce mal. Ce n'est que des années plus tard que j'ai su que j'étais muette, lorsque j'ai ouvert la bouche afin de demander ce que je désirais : j'ai alors pris conscience que personne ne pouvait m'aider. Là d'où je viens, le mutisme est la condition même de mon genre, aussi naturel que les seins d'une femme, aussi impératif que la génération à venir qui couve dans son ventre. Mais jamais nous ne vous l'avouerons, bien entendu. Là d'où je viens, on nous apprenait à dissimuler notre condition. On nous apprenait à nous réduire nous-mêmes au silence, on nous apprenait que notre silence nous sauverait. Ce n'est que maintenant, bien des années plus tard, que je sais que tout cela est faux. Ce n'est que maintenant, en écrivant cette histoire, que je sens venir ma voix. (Deya)

  • Çà n'a rien d'étrange, répliqua Sarah. Ce sont les personnes les plus seules qui aiment le plus lire. - C'est pour ça que tu aimais lire ? Parce que tu te sentais seule ? - Quelque chose dans ce goût-là. Sarah regarda de nouveau par la fenêtre. " ça été très dur de grandir dans cette famille, d'être traitée différemment de mes frères parce que j'étais une fille, de me réveiller tous les jours en sachant que mes perspectives d'avenir étaient si limitées. (...) c'était bien plus que de la solitude. Je me dis parfois que c'était aussi l'opposé, la sensation qu'il y avait trop de monde autour de moi, trop de liens imposés: il y avait aussi en moi un désir d'isolement pour pouvoir réfléchir par moi-même. (Isra et Sarah, la seule fille de Farida)

  • Isra ne mit pas longtemps à comprendre que la vie de Farida était quasi identique à celle de Mama. Elle passait ses journées à cuisiner et à nettoyer (...) Lorsque ses fils étaient là, elle les choyait comme s'ils étaient des poupées de porcelaine et non des hommes.

  • Isra se dit alors pour la première fois de sa vie que c'était en vérité pour cette raison que les violences sur les femmes étaient si communes. Ce n'était pas qu'à cause de l'absence d'une police à proprement parler, mais parce que les femmes étaient éduquées dans la croyance qu'elles étaient des créatures honteuses et sans valeur qui méritaient d'être battues, éduquées à être totalement dépendantes des hommes qui les battaient. A cette simple pensée, Isra eu envie de pleurer. Elle avait honte d'être une femme, honte pour elle, honte pour ses filles.

  • Tout comme Mama, elle croyait que le silence était la seule voie. Qu'il était plus sûr de se soumettre que de se faire entendre. (Isra)

  • À quoi bon vivre quand on n’était plus qu’un cœur mort dans le poing serré de la solitude ? (Isra)

  • Alger, 1950 . Tâche blanche, informe, qui se précise quand, entrant dans le port, la ville surgit de la mer. Collines en amphithéâtre, odeurs de jasmin, d'anisette, de poubelles, de fruits décomposés, maisons qui escaladent les pentes, et dont le blanc à peu près absolu ne laisse voir par intervalles que le gris d'une place ou le vert foncé d'un jardin. (Isra)

  • Tout ça, c'est à cause de ces livres, poursuivit Farida. Tous ces livres qui te mettent des idées idiotes dans la tête!" Elle se releva, et agita les mains en direction de Deya. "Dis-moi un peu, à quoi ça te sert, de lire?

  • Depuis que Sarah avait fêté ses seize ans, Farida la faisait parader sur la Cinquième Avenue comme s'il s'agissait d'un gigot d'agneau à l'étal.

  • Elle aurait voulu pouvoir ouvrir la bouche et dire à ses parents : Non ! Ce n’est pas de cette vie que je veux. Mais à un très jeune âge déjà, Isra avait appris que l’obéissance était la seule voie qui menait à l’amour. Aussi, ses seuls actes d’insoumission demeuraient secrets, et consistaient essentiellement à lire.

  • Isra priait depuis ses sept ans , s'agenouillait à côté de Mama cinq fois par jour, entre le lever et le coucher de soleil. Ces derniers temps, elle attendait la prière comme un moment privilégié: elle avait hâte de se tenir à côté de Mama, épaule contre épaule, son pied frôlant celui de sa mère. Pour elle, c'était le seul contact physique de la journée.

Biographie

Etaf Rum est née en 1989 à Brooklyn.

Elle est issue d'une famille d'immigrés palestiniens. Après un mariage arrangé, elle déménage en Caroline du Nord. À 19 ans, elle donne naissance à une fille, puis, deux ans plus tard, à un garçon.Etaf Rum fait ses études à l'Université d'État de Caroline du Nord où elle obtient un B.A en langue et littérature anglaise, un B.S. en philosophie et un M.A. en littératures américaine et britannique.En 2019, elle publie un premier roman aux accents autobiographiques, "Le Silence d'Isra" ("A Woman is No Man"). Elle vit avec ses enfants à Rocky Mount, en Caroline du Nord, et enseigne la littérature.


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vendredi 5 août 2022

Larry Brown – Fay – Éditions Totem N° 71 - 2016

 

L'histoire

Fay, 17 ans, uniquement vêtue d'une jupe, d'un chemisier et de son sac s'enfuit de chez elle. Sa famille vit dans la plus pauvre pauvreté, son père est violent et alcoolique et à des penchants pour sa fille. Adoptée par un couple dysfonctionnel, elle apprend les bonnes manières, est bien habillée et coiffée et et devient une magnifique femme. Sans trop sans rendre compte, cette ingénue faussement naïve va tracer son chemin non sans laisser des dégâts.


Mon avis

Dans la série des incroyables héroïnes, Gallmeister, qui ne paye par pour mes chronique, fait encore très fort avec ce personnage incroyable de Fay. Une jeune-fille polie, qui réalise peu à peu son pouvoir de séduction sur les hommes. Ambitieuse mais sans aucune éducation (elle sait à peine lire et on suppose qu'elle ne sait pas très bien pas écrire). A peine majeure, elle fume, boit de bière, mais parle dans un langage très policé que lui a enseigné Amy, la femme d'un policier qui a perdu son bébé dans un accident de voiture. Fay marche, vers son destin, et subit les agressions ou les gentilles des hommes dont elle fait perdre la tête

Uniquement guidée par son instinct de survie, elle chamboulera tout sur son passage, sans ce rendre compte des dégâts qu'elle fait. Fay, cette femme-enfant, est toujours à la recherche de sécurité, un homme qui la protège, encore faut-il que cet homme réponde à ses propres critères et finalement son besoin contradictoire mais tout aussi vital de liberté.

L'écriture est simple, sans effet de style, presque banale, pour mieux se centrer sur les protagonistes. C'est un roman noir , lancinant et sensuel qui explore la misère sous toutes ses formes en faisant la part belle à la nature. Beauté de la nature, présence de l'eau , contre les âmes humaines noires . C'est aussi un roman qui montrent les femmes comme des victimes des hommes , qu'elles soient tout simplement jalouses ou bien des proies .
Et parmi toutes ces âmes , se balade une gamine un peu trop sexy pour son propre bien , qui voulait juste avoir un toit sur la tête et de quoi manger ... et peut-être quelques grammes d'amour dans une Amérique paumée.
Sombre, tendre et implacable .



Extraits :

  • Au loin, dans l'eau, des silhouettes noires et lisses apparaissaient et disparaissaient, humides et luisantes, dans la faible houle et elle les identifia parce qu'elle les avait vues à la télévision chez Sam. Des dauphins. Debout, immobile, elle les regarda pendant quelques instants, se demandant s'ils avaient un endroit qu'ils pouvaient appeler leur foyer.

  • Fumer à nouveau.En avoir une entre les doigts.Tous les chewing-gums et les bonbons qu'elle s'était mis dans la bouche, puis l'hypnose, à laquelle elle s'était soumise, à Tupelo, et arrêter, arrêter jour après jour, tout ça pour quoi?Pour se retrouver à nouveau avec une cigarette entre les doigts. si on se rendait malheureux en arrêtant, pourquoi arrêter? Et si ça tuait, merde, elle pouvait se tuer sur cette route, cet après-midi, mais ça ne signifiait pas que ça arriverait.

  • Dieu avait-il dit : Bon, désolé d'avoir été obligé de tout gâcher mais, maintenant, je vous donne ça ! Peu probable. Dieu ne faisait pas ce genre de truc. Il ne tendait pas la main et ne déplaçait pas les gens comme des pions. Les gens faisaient seuls ce qu'ils voulaient.

  • Il doubla deux voitures et elle regarda les gens qui se trouvaient à l'intérieur, se demanda où ils allaient. Il y avait tant de gens, sur la route. Tout le temps. Parfois, elle avait l'impression qu'il y avait trop de gens, dans le monde.

  • Quand on t'offre un cheval, ne regarde pas ses dents.


Biograhie

Larry Brown (1951 – 2004) est né et a vécu dans le Mississippi. Après avoir servi dans le Corps des Marines de 1970 à 1972 et exercé de multiples petits boulots (bûcheron, charpentier, peintre, nettoyeur de moquette, tailleur de haies), il fut pompier pendant seize ans jusqu'en 1990.

Il commence à écrire des nouvelles à partir de 1980. Un éditeur remarque un jour une de ses nouvelles dans un magazine et, enthousiasmé par son écriture forte, décide de prendre contact avec lui
Son premier roman est publié en 1989. A partir de 1990, il se consacre à l'écriture. Il enseigne l'écriture dans plusieurs universités. En quelques années, Larry Brown est reconnu comme un grand romancier, par la critique qui lui décerne de nombreux prix tel le Southern Book Critics Circle Award for Fiction (qu'il est le seul auteur à l'avoir reçu deux fois), comme par les lecteurs.
Il décède d'une crise cardiaque en 2004 à l'age de cinquante trois ans, laissant une œuvre forte et inachevée de six romans, deux recueils de nouvelles, une autobiographie et un essai. Deux nouvelles et le roman Joe (réalisé par David Gordon Green avec Nicolas Cage) ont été adaptés au cinéma. Il fait un caméo dans le film Big Bad Love d'Arliss Howard en 2001.


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mercredi 3 août 2022

Andrea CAMILLERI – l'Age du doute – Poche Pocket 2013

 


L'histoire

Le commissaire Montalbano a 58 ans. Il doit résoudre une enquête, qui s'avère complexe, mais il est en plein crise de voir la vieillesse se profiler. Et surtout il tombe amoureux d'une jeune femme qui pourrait être sa fille. Entre les palpitements du cœur et la raison, va-t-il réussir cette enquête dont il ne voit pas le fin ?


Mon avis

Le commissaire Montalbano est pour les italiens, l’équivalent d'un Hercule Poirot ou d'un Sherlock Holmes pour les britanniques, d'un Commissaire Maigret pour les français. Les adaptations télévisuelles sont particulièrement suivies, et les lieux de tournage sont devenus des parcours touristique privés.

D'emblée de jeu, le traducteur nous explique les difficultés de traduire Camille ri, qui mélange à l'italien classique, les expressions spécifiques de la région d'Agrigente en Sicile à l'ouest. Des mots que l'ont qualifieraient d'anciens, des expressions donnent un genre unique, qui sont un régal à lire, car la compréhension n'en est pas du tout altérée. Même si dans ces derniers romans, il abandonne un peu son langage favori, le lecteur italien qui le suit étant déjà largement familiarisé avec cette forme d'écriture.

Comme toujours, on retrouve la fine équipe qui entoure le commissaire, haute en couleur, et la bonne chère qu'apprécie tant le Commissaire Montalbano, tout comme les bons vins, ce qui lui vaut des heures de marche autour du Port. La ville de Vigata est fictive.

Sur le fond c'est un roman un peu sombre. Tiraillé par un amour qu'il sait impossible, alors qu'un vrai coup de foudre existe entre lui et une jolie et intelligente jeune femme, Montalbano se rend compte qu'il n'est plus tout jeune, et que cet amour est impossible. Aussi il apparaît lunaire, ou de très mauvaise humeur dans l’enquête qu'il mène, ce qui va lui valoir les foudres du Questeur, les remarques acerbes du légiste, et le haut mécontentement de sa compagne de toujours Livia. Ici, le tragique l’emporte sur l'humour, les multes interrogations du héros donnent à ce roman un charme particulier.


Biographie :

Andréa Camilleri est né en 1925, dans le village d'Empédocle qui donnera la ville fictive de Vigata et mort en 2019 à Rome.

Andrea Camilleri est un metteur en scène et un écrivain italien.
Fils unique dans une famille de la haute-bourgeoisie, mais désargentée, il poursuit ses études à Palerme où il fréquente la bohème. Il commence alors sa carrière d'écrivain par des nouvelles et des articles pour des journaux et des revues ainsi que de la poésie.

En 1947, il remporte le prix de poésie Libera Stampa devant Pasolini et en 1949, à Florence, un prix prestigieux pour une pièce de théâtre, "Jugement à minuit". Quelque temps après, il reçoit une bourse de l'Académie des arts dramatiques et quitte la Sicile.C'est le début de sa première carrière : il est metteur en scène et enseignant et théoricien d'art dramatique. Il collabore à "L'Enciclopedia dello Spettacolo" et enseigne au Centro sperimentale di cinematografia.

En 1982 enfin, à cinquante-sept ans, il publie son premier roman, "Le cours des choses" ("Il corso delle cose"), bientôt suivi de nombreux autres. C'est sa deuxième carrière, celle du romancier, dont l'inspiration suivra une double voie. Le commissaire Montalbano tirerait son nom de l'admiration que porte Camilleri à Manuel Vázquez Montalbán et son héros Pépé Carvalho, autre investigateur gastronome.Il connaît un énorme succès en Italie comme ailleurs, notamment grâce à ses romans mettant en scène le commissaire Montalbano. Traduit en trente langues, il est l'auteur de plus de cent ouvrages littéraires et a vendu vingt-six millions de livres rien qu'en Italie.
Andrea Camilleri a aussi travaillé comme directeur de télévision et de théâtre à Rome.



Extraits :

  • Avant de sortir, il lui jeta un coup d’œil. On aurait dit un chien mouillé : les vêtements qu'elle s'était remis encore humides, étaient tout froissés, le chignon de ses cheveux noirs s'était défait et ils lui cachaient la moitié du visage. Et elle avait une manière de s'asseoir que le commissaire avait déjà remarquée chez certains réfugiés, prêts à quitter pour toujours le siège qu'ils occupaient ou à y rester pour l'éternité.

  • l areçoit ‘n appel tiliphonique de l’acapitainerie annonçant que l’Havanna vient de signaler qu’il entre au port avec un naufragé à son bord. Enfin, pas lui pirsonnellement en pirsonne mais l’un de ses adjoints qui a une forte propension à déformer les noms propres. Le Vanna a donc arepêché un cadavre gisant dans ‘n canot.

  • Mieux valait ne pas y pinser, à ces histoires, passque ce que racontaient les pêcheurs était terrible : les filets qu'on jetait à l'eau remontaient souvent avec des cataferi, des cadavres,ou des morceaux de cataferi qui étaient nouvellement balancés à la mer. Des restes de centaines d'hommes, de femmes, d'enfants qui avaient espéré arriver, après un voyage affreux à travers les déserts et les lieux désespérés qui les avaient décimés, dans un pays où ils auraient pu gagner leur quignon de pain.

  • Un pauvre type tué comme ça, ce n'est pas que de nos jours ça fasse les gros titres, comme disent les journalistes. la presse nationale peut y consacrer au maximum cinq lignes, la locale une demi-colonne.

  • On dit souvent que le mort est 'ne libiration. Pour les morts, naturellement, passque en fait, pour ceux qui restent, c'est presque toujours un grandissime tracassin.

  • Appelle-moi tout de suite le lieutenant Belladonna à la Capitainerie ! - C'est pas un lieutenant, Dottori.- Et qu'est-ce que c'est ,- Une femme.
    Il ne pouvait pas perdre de temps avec Catarella et poursuivit sa course.


En savoir Plus :

Nota : les adaptations télévisuelles de la RAI, diffusée sur F3 sont assez réussies surtout par les choix des lieux, la musique et une distribution qui correspond assez aux personnages des romans. D'autant qu'André Camilléri a participé aux premiers scénarios.

dimanche 31 juillet 2022

Nathalie ROY – La vie épicée de Charlotte Lavigne (tome 1, Piment de Cayenne et pouding du chômeur) – Poche Pocket 2015.

 

L'histoire

Charlotte Lavigne, 33 ans, québécoise pur jus a 2 passions dans la vie : la cuisine en vraie gourmande et trouver le grand amour. Documentaliste pour une émission de télévision, on suit ses aventures de grande gaffeuse, de gourmande patentée et de minis imbroglios franchement très amusant.


Mon avis

Dans la littérature « girly » on connaissait Bridget Jones, succès international. Voici pour nous dépayser une québécoise pur jus. Dépensière, ayant un sérieux penchant pour les vins et les cocktails mais aussi pour les bons petits plats, Charlotte rêve de réussir un dîner parfait, sans gaffes, sans cuisine qui brûle ou sur-dosage intempestif. Elle souhaite aussi trouver l'homme de sa vie, un certain Max un peu guindé pour cette fofolle déjantée.

Voilà le livre idéal pour ne penser à rien qu'à sourire. Truffé d'expressions typique de Montréal, très urbain, la trentenaire est bien une fille de son temps. L'iphone vissé à l'oreille, accroc de mode qu'elle ne peut s’offrir ou de gadgets inutiles, elle navigue dans le milieu de la télévision, avec la présentatrice vedette snobinarde à l'égo boursouflé, une mère cougar girl, sa meilleure amie, et son ami gay aux petits soins pour son moral et sans clichés.

Le style, amusant à souhait et écrit par une québécoise vous fera découvrir tout un vocabulaire qui n’empêche en rien la lecture du roman. On rêve vite d'un petit voyage à Montréal pour aller une balade gourmande ou pour le plaisir d'un endroit pas si français que cela.

Il y a d'ailleurs toute une série de 4 romans où l'on suit les aventures de Charlotte.

De la lecture facile, cocasse, avec des petits tacles discrets à cette génération de « trenta » dans leurs petits défauts et dans leur bon cœur dans l'ambiance franche qui règne sur les femmes de Montréal.


Biographie :

Nathalie Roy est journaliste, réalisatrice, scénariste et romancière. Originaire de Sherbrooke, elle a étudié les arts et technologies des médias au Collège de Jonquière.
Dans le milieu des communications depuis plusieurs années, elle possède un curriculum vitæ bien rempli : La Tribune de Sherbrooke, J.E., Dans la mire, Salut Bonjour, Les Nouvelles TVA , Série SOS à Canal D, Kilomètre Zéro à Télé-Québec, et Kampaï à Radio-Canada. Elle est l'auteur d'une trilogie à succès, La Vie épicée de Charlotte Lavigne, dont le premier tome est paru à l'automne 2011.


Extraits :

  • Mon collègue Martin, lui, a parié qu’elle n’a pas toujours porté des soutiens-gorge de bonnet C. Moi, je ne suis pas certaine que Roxanne ait subi une augmentation mammaire. Et puis, qui suis-je pour la juger? Depuis des années, je me dis: «Dès que j’ai économisé 5 000 dollars, je fais grossir mes seins.»
    Malheureusement, il me faut toujours payer des factures exorbitantes de restos, d’épiceries, de chocolateries, de fromageries, de boutiques d’articles de cuisine, de SAQ, etc.

  • Maman a un sixième sens pour démasquer les arnaqueurs. Elle les renifle des kilomètres à la ronde. Sauf quand il s’agit de sa vie personnelle. Côté cœur, elle peut se laisser berner par n’importe quel homme qui porte du Armani… ou les derniers jeans à la mode. Pourvu qu’il soit sexy… et jeune.

  • Cuisiner demande quand même de la précision et de la concentration.

  • Mais les amis, après tout, c’est fait pour vous réconforter. Et le mensonge est une des meilleures techniques de réconfort que je connaisse.

  • Une amitié faite de hauts et de bas. Les hauts étant nos séances intensives de magasinage, nos longues soirées à boire du vin en se racontant nos histoires d’amour et nos potinages au téléphone jusqu’à tard le soir.

  • Mieux vaut pleurer dans une limousine que dans un bazou.


En savoir Plus :

samedi 30 juillet 2022

Sarah MARQUIS – Sauvage par nature – Poche Pocket

 

L'histoire

Sarah Marquis est une aventurière. Elle marche à travers le Globe, équipée d'une charrette de 50 kilos et d'un sac à dos. Elle a parcouru la planète lors d'expéditions soigneusement préparées. Ici elle relate son parcours de 2010 à 2013, où elle marche 20 000 kilomètres.


Mon avis

Sarah Marquis a choisi la marche, avec un équipement minimal. Pour ce défi, elle va traverser la Mongolie, le désert de Gobi, le Laos, la Thaïlande puis le bush australien en 3 ans. Elle fera 2 tentatives de marche dans le désert du Gobi avant de réussir son pari. Conditions de vie particulièrement difficiles, vent, sécheresse, froid, tempêtes de pluie, elle fera des rencontres très tranquilles et amusantes avec la faune, mais plus difficiles avec les humains. Les hommes mongols qui ne respectent pas les femmes, et encore plus cette étrangère « nez long », mais aussi des amis, des aides solidaires. On imagine la difficulté de cette entreprise et le mental d'acier qu'il faut avoir.

Les récits sont assez brefs (on aurait aimé en savoir plus), mais elle nous livre ses réflexions personnelles, son amour des grands espaces et de la solitude, sa difficulté à se nourrir, étant végétarienne, et la tristesse de voir la civilisation « occidentale » faire des ravages sur la nature (déboisement, feux de brousse, exploitations minières.

Sarah aime la solitude et se fondre dans le paysage. Elle n'est pas anti-sociale, mais dans des coins reculés du globe, on imagine facilement les dangers que peut courir une jeune femme qui marche seule.

Il est regrettable que les cartes ne soient pas plus détaillées. Et Sarah Marquis n'est pas écrivain, mais on ne lit pas ce genre de livre pour la prose et les jolis mots, même si on la sent sincère et avec un joli sens de l'autodérision. Plus pour voyager avec l'auteure et imaginer son environnement. Un livre parfait pour les vacances.



Biographie :

Née en 1972 dans le Jura Suisse, Elle passe sa jeunesse à Montsevelier et se passionne pour les aventures et la vie sauvage. Après avoir essayé le cheval et le canoë, elle choisit la marche à pied sur de longues distances.En 2000 elle effectue sa première longue randonnée en solo du Nord au Sud de l'Ouest des États-Unis (4260 km en 4 mois) en passant par les Montagnes rocheuses et le Désert des Mojaves.

 La traversée des déserts australiens en 2002-2003 en 17 mois et 14000 km est racontée dans son premier livre (L'aventurière des sables, 2004).  

En 2006 elle suit la Cordillère des Andes, du Chili au Machu Picchu (7000 km en 8 mois).

En 2014, le magazine National Geographic a nominé Sarah Marquis "Aventurière de l'année".

En 2018, Sarah Marquis traverse à pieds, du Sud au Nord, la forêt primitive de la Tasmanie. Ses explorations et ses observations personnelles sont décrites dans son livre "J'ai réveillé le tigre".


Extraits :

  • Ce jour-là, en Mongolie centrale, cette femme me fait le plus beau des cadeaux. Elle me rappelle que j'appartiens à la tribu des femmes de cette planète. Et qu'entre elles les femmes doivent s'aider et non se déchirer.

  • Ce jour-là, en Mongolie centrale, cette femme me fait le plus beau des cadeaux. Elle me rappelle que j'appartiens à la tribu des femmes de cette planète. Et qu'entre elles les femmes doivent s'aider et non se déchirer.

  • On ne vole pas l'histoire des gens, des plantes, des arbres, on attend patiemment qu'ils daignent la partager avec vous.

  • Mes habits de nuit sont pleins de couleurs et féminins, ils me font sourire, c'est important pour le moral. Ceux de jour me camouflent de par leur couleur sable, leurs odeurs, mais surtout ce sont des vêtements d'homme. Je plie mon camp et effectue mes premiers pas sans regarder au loin. Mon corps mettra deux heures avant de reprendre ses marques et fonctionner sans trop de douleurs.

  • L'histoire qui suit est mon histoire. Je la dédie à toutes les femmes de par le monde qui luttent encore pour leur liberté et pour celles qui l'ont obtenue mais qui ne l'utilisent pas. Mettez vos chaussures. On part marcher.

  • La sensibilité est l'unique réponse pour comprendre un paysage. Il faut laisser de côté la logique, les théories, le bon sens et tout le reste. Les blocages de l'esprit sont comme des barrières imaginaires que nous nous créons et qui nous empêchent de voir.

  • Dans la nature, il est impératif de se lever très tôt. Ce matin est un jour particulier qui m’annonce de belles rencontres. C’est magique d’être témoin d’une scène de vie animale en milieu naturel. Je m’enfonce loin du monde et des lois qui le régissent. Je pénètre en terre aborigène.

  • Définition de l’aventure : "Toute entreprise où le risque est considérable et dont la réussite est douteuse".


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