L'histoire
Alors qu'il prépare un doctorat en biologie animale à Missoula (Montana), à 22 ans, Peter Fromm abandonne ses études pour un emploi de 7 mois comme gardien dans les Montagnes Rocheuses. Il s'agit de surveiller des alevins de saumon d'élevage et de les protéger du gel. Car l'hiver est rude dans les montagnes. Alors qu'il na aucune expérience de la vie en altitude où il fait -20°en hiver et -40° la nuit, il accepte cet emploi, motivé par une vie d'aventurier des temps modernes.Mon avis
Ce premier livre de Peter Fromm est son récit des 7 mois passés dans l'Idaho, au cœur des Montagnes Rocheuses. Il doit vivre dans une cabane de moins de 10m2, et si il a emporté pas mal de nourriture, il doit apprendre à faire des stocks de bois pour le rude hiver, mais aussi s'initier à la chasse. Il n'est ravitaillé que tous les 15 jours voir tous les mois car la piste enneigée est fermée et glacée. Si il raconte avec humour cette aventure, il connaît aussi la solitude des journées où il n'y a rien à faire, mais se lit d'amitié avec de chasseurs (cerf puis lynx) ou des braconniers ce qui est interdit, la zone étant une réserve protégée.On suit avec délice ses aventures, ses moments de solitude,ses longues balades en raquettes, quelques galères mais aussi un amour de la nature environnante dont il finit par connaître par cœur les caractéristiques. Un encart de très belles photographies nous permet d'imaginer les paysages, de rencontrer Boones, la petite chienne qui l'accompagne et quelques paysages au cœur d'un territoire méconnu et hostile.
Biographie :
Né en 1958 Milwaukee (Wisconsin), Peter Fromm part faire des études de biologie animale dans le Montana. Pendant 7 mois, il est embauché par l'office de réglementation de la chasse et de la pêche de l'Idaho pour rester seul dans les montagnes, en plein cœur de l'aire naturelle protégée de Selway-Bitterroot, à surveiller l'éclosion d'œufs de saumon.Il suit ensuite des cours de littérature, puis enchaîne des emplois de maître-nageur, puis de ranger au Wyoming.
River Creeks du nom de la rivière qui coule pas loin de sa tente et qui gèle l'hiver) est son premier roman publié chez Gallmeister mais traduit en français seulement en 2020. Il a écrit 8 romans e des recueils de nouvelles, toujours pour parler de la nature qu'il aime tant. Il vit dans le Montana.
Extraits :
-De la mi-octobre à la mi-juin, j’allais être
responsable de deux millions et demi d’œufs de saumon implantés
dans un bras entre deux rivières. La route la plus proche se
trouvait à quarante miles, l’être humain le plus proche à
soixante miles. Si j’étais intéressé, précisa-t-il, je n’aurais
que deux semaines pour me préparer.
J’entendais de moins en
moins ce qu’il disait. Tout me semblait parfait. J’allais enfin
découvrir le monde sauvage. Film ou réalité ? Galère ou liberté
sans limite ? Mais, de toute manière, peu importe ce que j’allais
découvrir, j’aurais une histoire à raconter plus tard, mon
histoire.
Je dis au garde que tout cela me semblait très
intéressant. Si j’avais été plus attentif, j’aurais sans doute
pu l’entendre secouer la tête.
— Et le salaire, ça ne vous
intéresse pas ? demanda-t-il.
Je lui répondis que si, bien sûr,
même si je n’y avais pas songé.
— Deux cents dollars par
mois, lança-t-il.
— D’accord, répondis-je.
C’était
trop beau pour être vrai. Être payé, en plus. Il me conseilla d’y
réfléchir et de le rappeler le lendemain.
— Entendu,
fis-je.
Une formalité. Ma décision était prise.
Je jetai un coup d’œil vers la rivière sinueuse, entre les parois sombres et accidentées du canyon qui découpaient déjà le soleil de ce milieu d'après-midi. Il n'y avait rien au-delà de ces murs de pierre et de verdure, si ce n'est les étendues sauvages de la Selway-Bitterroot, à l'infini. J'étais seul, au cœur même de la solitude.
Nous fîmes griller du poulet sur un feu interdit et bûmes du whisky bon marché comme le font dans les livres les hommes des grands espaces. La bouteille passait d’un gars à l’autre, virilement, à la manière des trappeurs. Plus tard dans la soirée, en essayant de me mettre debout, je m’écroulai, tête la première, et ne pus me relever avant le lendemain. Les beuveries décrites dans les livres m’apparurent alors invraisemblables…
Je souris en imaginant la bagarre frénétique des coyotes, tirant à hue et à dia, jusqu'au plouf final. Et voilà six coyotes, soudain silencieux, sondant les flots et regardant fixement l'endroit où avait glissé leur proie. J'imitai ce que j'imaginais être leur expression stupéfaite et rageuse, me tordant le visage en tous sens avant de prononcer : ''Dommage.''
Je partis d'un grand éclat de rire. Voilà qu'avaient disparu les dernières traces du lynx et du cerf, de l'aigle et des corbeaux. Si j'avais quitté Indian Creek,
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