mardi 13 juin 2023

ELIF SHAFAK – Crime d'honneur – Édition Phoebus ou Poche 10/18. - 2014

 

L'histoire

Londres 1991. Iskender, 30 ans à peine, sort de prison après 13 années de peine. Il a tué sa propre mère, La jolie Pembé dont il supposait la liaison avec un homme autre que son père. En fait de liaison, il s'agissait de pudiques rencontres avec un homme, à peine un baiser échangé du bout des lèvres. Il faut dire que Pembé a été abandonnée par son mari, alcoolique, joueur, et infidèle qui est parti pour vivre avec une danseuse de cabaret ? Pour nourrir ces 3 enfants, la fougueuse Esma et le petit dernier Yunus scolarisés dans des bonnes écoles à Londres, Pembé travaille dans un salon de coiffure. Mais elle est aussi l'héritière d'un lourd passé familial. Il faut comprendre le pourquoi de ce meurtre, et comment des croyances d'un autre temps et d'un autre pays ont conduit à cette situation là.


Mon avis

On n'est jamais déçu quand on lit un livre d'Elif Shafak. A chaque fois, elle nous offre des histoires qui tentent de réconcilier Orient et Occident. Avec sa poésie naturelle, une structure du roman qui ne nous laisse jamais en rade.

Pour comprendre l'histoire, il faut remonter à 2 générations. Dans un village perdu de la Turquie kurde, la mère de Pimbé n'a donné naissance qu'à 7 filles et pas un héritier. Ce que cette femme, morte en couches après avoir encore donné naissance à une fille mort-née, ne se pardonne pas.

Parmi les benjamines, les deux jumelles Pembé et Jamila sont inséparables. Mais Jamila i est déjà exclue du village : même si sa virginité est restée intacte, elle avait été enlevée par des truands mais les ragots du village font qu'elle ne peut pas se marier et d'ailleurs elle ne le souhaite pas. Son prétendant Arem épouse donc la jumelle, une femme qu'il n'aime pas et qui ne l'aime pas non plus, mais ainsi est fait le destin. Jamila restera au village, dans une modeste maison où elle deviendra sage-femme et guérisseuse, tout en correspondant avec sa sœur tant aimée.

Après un séjour à Istanbul, la famille de Pembé, alors enceinte de son troisième enfant, débarque en Angleterre dans le quartier modeste de Hackney où vivent des familles de migrants. Adem trouvera bien un emploi mais entre la boisson et les dettes de jeu, il fini par délaisser le foyer, pour s'installer avec une danseuse de cabaret dont il devient le serviteur.

Pembé se retrouve seule à élever 3 enfants. Iskender celui qu'elle appelle son sultan, l’aîné, est orgueilleux, violent, soupçonneux. Entouré d'un gang de mauvais garçon, et influencé à son insu par l'islamisme radical qui commence à prendre racine, il se met à surveiller sa mère et découvre qu'elle voit un autre homme en cachette. Sans rien savoir ni comprendre, sans parler avec sa mère, poussé par les mauvais conseils, il décide qu'en tant qu'homme et chef de famille désormais il doit agir. Et il comment l'irréparable.

Sa sœur Esma est douée pour les langues et se fond très vite dans la société anglaise. Elle se rêve en auteur (elle précise bien écrivain sous un pseudonyme), noue une belle complicité avec son petit frère, et ne s'intéresse pas au comportement de sa mère, en bonne adolescente rebelle.

Yunus lui, bien qu'à peine 7 ans tombe amoureux d'une jeune punkette qui vit dans un squat où se retrouve toute une bande hippies, d'anti-capitaliste, où la bière coule à flots tout comme les pétards, la musique punk dans une atmosphère finalement bon enfant. Ce sont les années Thatcher, la crise économique frappe, mais on est aussi à peine sorti du mouvement hippie et les jeunes désabusés refont le monde à leur façon. Yunus qui deviendra un musicien reconnu se sent bien dans cette nouvelle famille. Si il aperçoit sa mère avec un autre homme par hasard, il ne dit rien. Il est d'un tempérament pacifique, et ne perçoit pas le danger mais il sera efficace quand on aura besoin de lui, tout comme Esma, ces deux là sont liés d'une forte complicité.

D'ailleurs Adem, le père malgré ses crises d'ivrogne est plutôt un homme libéral, il est fier des ses enfants, et il est content que les deux derniers aillent dans de bonnes écoles, ne fait pas attention aux tenues de sa fille ou de sa femme qui s'habille sobrement. Il ne fait pas non plus ses prières, plus gagné par la passion du jeu et un amour impossible pour une belle qui le méprise ouvertement. Pas plus qu'il ne songe à demander le divorce, étant pris dans son propre engrenage.

Un récit plein de rebondissement, où nous suivons les vies des principaux personnages, dans la Turquie kurde musulmane très attachée à ses traditions, où l'on parle de djinn, de sorciers, de sort et où on gagne à peine de quoi survivre et dans un Londres en pleine mutation socio-économique. Et avec des actions violentes contre les migrants, on voit aussi comme se met en place le début d'un Islamisme radical, dans un pays jugé bien trop libertaire, et ceci en raison de l'autonmie des femmes.

Elif Shafak nous réserve aussi des petites surprises, mais je ne dévoilerais rien.

Encore une fois, ce livre se lit d'une seule traite, avec cette belle écriture, où se mêlent les parfums de rose, d'épices, ou de sueur du métro. Et au centre de tout cela, Iskender qui fait malgré lui un cheminement en prison, rongé par le remords, la culpabilité qu'il masque par la colère et abandonné des siens.




Extraits :

  • Une fois, après un orage, il était tombé sur des créatures des profondeurs rejetées sur la rive. ça l'avait choqué de voir ces organismes si singuliers sans espoir, après ce déplacement. Au fil des ans, tandis qu'il travaillait dans de nombreuses villes occidentales, il s'était souvenu de cette scène en observant la vie des immigrants de première génération. Eux aussi étaient coupés de leur environnement naturel. Dans leur nouveau cadre, ils avaient du mal à respirer, ils étaient vulnérables, ils attendaient que l'océan les remporte ou que la plage avale leur inconfort, les aide à se faire une place. Elias comprenait ces émotions, car il s'était toujours considéré comme un homme vivant en marge d'autes cultures, mais, fondamentalement, il était différent d'eux. Il pouvait survivre n'importe où, puisqu'il n'était attaché à aucun bout de terre.

  • A une époque, je me croyais de taille à réaliser de grandes choses, à livrer des batailles épiques, à défendre des idéaux. J'allais devenir écrivain et militante des droits de l'homme. Je voyagerais par le monde pour voler au secours des opprimés, des victimes. J.B. Ono- le célèbre auteur de romans où personne ne se laisse piéger par l'amour. J'avais souhaité être au centre du monde. J'ai fini par accepter de n'être qu'un des nombreux personnages d'une histoire, et encore, pas un des principaux.

  • Je ne crois pas être en mesure de devenir un véritable écrivain, et ça n'a plus d'importance. J'ai atteint un âge qui me met davantage en paix avec mes limites et mes échecs. Il fallait pourtant que je raconte cette histoire, ne serait-ce qu'à une personne. Il fallait que je l'envoie dans un coin de l'univers où elle pourrait flotter librement, loin de nous. Je la devais à maman, cette liberté.

  • Les humains sont des êtres curieux. Ils trouvent les insectes répugnants, mais se disent chanceux quand une coccinelle se pose sur leur doigt. Ils détestent les rats, mais affectionnent les écureuils. Révulsés par les vautours, ils sont impressionnés par les aigles. Ils méprisent les moustiques et les mouches, mais s’émerveillent devant les lucioles. Alors que le cuivre et le fer ont leur importance en médecine, ils ne leur prêtent guère d’attention, mais ils vénèrent l’or. Ils ne remarquent même pas les pierres sur lesquelles ils marchent et deviennent fous devant les pierres précieuses.

  • Notre père nous envoyait des cartes postales, des cadeaux et de l'argent d'Abu Dhabi, de moins en moins au fil des ans, jusqu'à ce qu'il finisse par couper tout contact. Mon oncle et ma tante nous ont cachés son suicide aussi longtemps qu'ils ont pu, en dissimulant, brouillant, déformant la vérité. Je le sais, parce que je fais la même chose avec mes enfants. C'est devenu une tradition familiale de voiler la vérité, de l'enterrer si profondément dans le quotidien immuable qu'au bout d'un moment on ne peut plus l'atteindre, même par l'imagination.

  • Istanbul... Dans les circonvolutions de ma mémoire, le nom de la ville se distingue des centaines de mots que j'ai rangés tout au fond, au fil de ma vie. Je le pose sur ma langue, je le déguste lentement, avec envie, tel un bonbon. Si Londres était un bonbon, ce serait un caramel - riche, intense et traditionnel. Istanbul, par contre, serait un morceau de réglisse à la cerise - un mélange de saveurs opposées, capable de transformer l'aigreur en sucre, la douceur en amertume.

  • Quoi qu'il se produisît dans un coin du village, ça se savait immédiatement. Les secrets étaient un luxe que seuls les riches pouvaient s'offrir.

  • Un salon de beauté est sans doute un lieu où se faire couper les cheveux avant une mise en plis, mais c’est surtout un lieu de parole. Les femmes n’y viennent pas parce qu’elles doivent arranger leur coiffure tous les quinze jours. Beaucoup ont juste envie de bavarder, d’échanger des mots qui s’écoulent comme l’eau suit les méandres d’un fleuve. De temps à autre, les clientes ont besoin de quelqu’un avec qui papoter, elles aiment se faire chouchouter comme la princesse qu’elles ont rêvé d’être, enfant.

  • Les mots, comme les tribus nomades, n'ont pas d'adresse. Ils voyagent au loin, se dispersent sur la terre.

  • Un homme privé de l’honneur qui lui est dû est un homme mort. Il ne peut plus marcher dans les rues, à moins de s’habituer à déambuler le nez vers les pavés. Il ne peut plus aller au salon de thé ni jouer au trictrac, ni regarder un match de foot au bistrot. Il voûte les épaules, serre les poings, ses yeux s’enfoncent dans leurs orbites et tout son être n’est plus qu’une masse apathique contre les rumeurs, de plus en plus rabougrie. Personne ne lui prête attention quand il parle, ses mots n’ayant pas plus de valeur que des galettes de bouse.

  • Les mères ne montent pas au paradis, quand elles meurent. Elles obtiennent la permission de Dieu de rester un peu plus longtemps dans les parages pour veiller sur leurs enfants, quoi qu’il se soit passé entre eux au cours de leurs brèves vies mortelles.

  • Cette fois, Naze ne chercha pas à s’enfuir. Elle poussa un soupir, enfouit son visage dans l’oreiller et se tourna vers la fenêtre ouverte, comme si elle s’efforçait d’entendre le destin murmurer dans le vent, doux comme le lait. Elle se dit que, si elle écoutait très attentivement, elle pourrait percevoir une réponse des cieux. N’y avait-il pas, après tout, une raison qu’elle ignorait mais qui était sûrement évidente aux yeux d’Allah, pour qu’Il leur ait envoyé deux filles de plus, alors qu’ils en avaient déjà six, et toujours aucun fils ?

  • Depuis qu’elle était petite, Pembe adorait les chiens. Elle aimait leur manière de lire dans l’âme des gens, même profondément endormis, à travers leurs paupières closes. La plupart des adultes croient que les chiens ne comprennent pas grand-chose, mais elle pensait qu’ils avaient tort, que les chiens comprenaient tout. Ils étaient juste indulgents.

  • Pour elle, l'avenir était une terre pleine de promesses. Elle n'en connaissait rien, mais elle ne doutait pas qu'il fût lumineux et superbe, un lieu au potentiel infini, une mosaïque de pierres mouvantes, tantôt en ordre impeccable, tantôt un peu désorganisées, qui se recréait constamment.
    Pour Adem, le passé était un autel, fiable, solide, immuable et surtout persistant. Il fournissait l'explication du début de tout ; il lui donnait une impression de stabilité, de cohérence et de continuité.

  • Le passé se trouve dans un coffre, au grenier, au milieu de choses valables ou sans aucun intérêt. Je préfère le laisser fermé, mais il s’ouvre au moindre coup de vent, de lui-même, et, avant que je puisse intervenir, son contenu s’éparpille. Je remets chaque feuille à l’intérieur, une par une, les souvenirs, bons ou mauvais, jusqu’à ce que le coffre se rouvre quand j’y suis le moins prête.

  • La culpabilité est une émotion bizarre. Ça commence par un doute, petit comme un pou. Ça s’incruste dans votre peau, ça vous suce le sang, ça accroche ses œufs partout.

  • Les noms féminins, quant à eux, évoquent la délicatesse d’un vase en porcelaine fine. Avec des noms comme Nilüfer, « Fleur de lotus », Gülseren, « Buisson de roses », ou Binnaz, « Mille flatteries », les femmes sont les ornements de ce monde, de jolis à-côtés, mais rien d’essentiel.

  • Comparée à celle d’un diamant, la vie humaine est plus brève qu’une pluie d’été. À quatre-vingts ans, un humain est vieux et frêle, mais un diamant n’est encore qu’un nourrisson.

  • Nul besoin d’être noire pour qu’un raciste s’en prenne à vous. Il y a de nombreuses formes de racisme, bien qu’elles soient toutes les mêmes, à mon avis.

  • Si un homme est querelleur, son amour est plein de luttes. S’il est calme, son amour est un baume. S’il se plaint tout le temps, son amour tombera en poussière. S’il est joyeux, son amour parlera de joie. Avant de perdre ton cœur pour une femme, tu dois te demander quel genre d’amour tu peux lui offrir.

  • Les êtres humains étaient destinés à la sédentarité, comme les arbres et les rochers. Sauf si vous étiez un de ces trois personnages : le mystique errant qui a perdu son passé, le fou qui a perdu la tête ou un Majnûn qui a perdu sa bien-aimée.

  • En Angleterre, tout était sens dessus dessous. Le mot "couscous" bien que courant, y était traité avec respect. Pourtant le mot "honte", bien qu'important, était pris à la légère.

  • Ce n'est que la surface. Avec les les gens comme avec la terre, la surface représente rarement le cœur.

  • On appela donc les jumelles par leurs deux noms : Pembe-Kader et Jamila-Yeter, Destinée-Rose et Assez-Belle. Qui aurait pu deviner que de l'un de ces noms ferait un jour la une des journaux dans le monde entier ?


Biographie

Née à Strasbourg en 1971, Elif Shafak, est une écrivaine turque. Elle est la fille d’une diplomate turque. Élevée par sa mère après le divorce de ses parents, elle a passé son adolescence à Madrid puis à Amman, en Jordanie, avant de retourner en Turquie.

Diplômée en relations internationales de la Middle East Technical University d'Ankara, elle est aussi titulaire d'un master en genre et études féminines dont le mémoire portait sur la circulaire Compréhension des derviches hétérodoxes de l'islam.

En 1998, elle obtient pour son premier roman, "Pinhan", le Prix Mevlana récompensant les œuvres littéraires mystiques en Turquie.
Son second roman, "Şehrin Aynaları", entremêle les mysticismes du Judaïsme et de l'Islam dans une Méditerranée historique du xviie siècle. Mahrem confirme par la suite le succès de Şafak, lui valant ainsi le Prix des écrivains turcs en 2000.
"The Saint Of Incipient Insanities" (2004) est le premier roman que Şafak écrit en anglais. Elle y raconte les vies d'immigrants musulmans à Boston et visite le sentiment d'exclusion que ceux-ci peuvent ressentir aux États-Unis. Lorsqu'elle y met la touche finale en 2002, Şafak est chargée de cours au Mount Holyoke College (dans le Massachusetts) auprès de la chaire de Women's Studies. Elle enseigne ensuite à l'université du Michigan dans la discipline “Gender and Women's Studies”. L'année suivante, elle devient professeur à temps plein au département des Études du Proche-Orient à l'université d'Arizona.
Après la naissance de sa fille en 2006, Şafak souffre de dépression post-partum pendant plus de 10 mois. Elle aborde cette période dans son premier roman autobiographique ("Lait noir") et y combine fiction et diverses formes de non-fiction.

Internationalement reconnue, elle est l'auteur d'une douzaine de livres, dont "La Bâtarde d'Istanbul" et "Bonbon Palace" qui sont des best-sellers en Turquie. Elif Şafak écrit aussi des articles pour des journaux et magazines en Europe et aux États-Unis, des scripts pour séries télévisées et des paroles de chansons pour des musiciens rock. Mariée à Eyüp Can, journaliste turc, rédacteur en chef du quotidien Referans, et mère de deux enfants, elle vit à Istanbul. .
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Sur le roman

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Presse

Dans l'univers du roman

Sur les crimes d'honneur

COLIN THIBERT – Mon frère, ce zéro – Éditions Eloïse d'Ormesson - 2021.

 

L'histoire

André, vit du RSA dans une caravane déglinguée en compagnie de l'imposant Jean-Jacques, alcoolique, tout juste viré par sa riche femme pour adultère. Un troisième larron Canard, plongeur dans un établissement de luxe pour personnes déficientes mentales a une affaire à proposer. Enlever le frère jumeau d'un des plus importants hommes d'affaires du pays, sosie parfait de ce dernier pour aller en Suisse et vider les comptes du milliardaire en faisant passer le malheureux Julien pour le vrai patron. Évidemment avec une équipe de bras cassés pareils l'affaire a peu de chance d'aboutir. D'autant que l'appât du gain donne aussi l'eau à la bouche à un stupide détective privé et à quelques autres...


Mon avis

Un polar hilarant mené par une bande de pieds nickelés, losers sublimes dans l'ignorance et le ridicule. Colin Thibert n'a pas son pareil pour nous décrire ce petit monde de marginaux, dont l'intelligence n'est pas la capacité première.

André et Jean-jacques ont été des militants écologistes dans leur passé, et Canard est un demi-cinglé qui se shoote à tout ce qu'il trouve dans l'armoire à pharmacie de l'institut médical pas très regardant semble-t-il. Si l'enlèvement réussit, il ne faut pas longtemps à la police, gérée directement par le Ministre de l'Intérieur, grand ami du chef d'entreprise pour penser à un enlèvement politique. Deux cadavres plus tard,les inspecteurs de la PJ vont chopper les malfrats mais sans Julien, le frère, qu'on aurait aperçu en Suisse mais qui reste introuvable. Et pendant ce temps, en toute discrétion, un peu de bon sens et de chance, l'argent de notre milliardaire s'est tranquillement volatilisé dans des paradis fiscaux, pour une fin amorale.

Voilà un polar plein de rebondissements, très drôle dans son écriture et sa structure, de quoi vous amusez pour une lecture estivale, sans vous prendre la tête. Au passage Thibert éreinte quelques petits travers de la société où l'argent et la renommée sont les deux mamelles qui font tourner le monde des grands. On ne refuse rien à Monsieur Thibault Dastry (notez le nom qui peut vous évoquer quelques grands patrons), qui doit à tout pris cacher le secret d'avoir ce frère si handicapé, qui pourrait nuire à sa belle image. Où la capitaine de gendarmerie se fait systématiquement rabrouer ou « piquer la vedette » par ces messieurs de la Grande Police Nationale. A tous les étages de la société c'est l'appât du gain ou le petit frisson d'être un peu en marge qui est le moteur. Et tant pis si nos 3 éclopés de la vie en sont pour leurs frais. Après tout, la vie est injuste non ?


Extraits :

  • Si désespérée que fût sa situation, il ne se voyait pas braquer une banque, une bijouterie ou un fourgon blindé. Surtout avec le pitoyable Antoine et son copain Canard, dont on pouvait, raisonnablement, craindre le pire. - C'est pas un casse, murmura Antoine, avec un sourire aguicheur. C'est beaucoup mieux ! Pas d'armes, pas de violence... - Comme Spaggiari, quoi ? - Voilà, c'est ça, approuva Antoine qui ne savait pas trop si Spaggiari était un coureur cycliste ou un artiste de la Renaissance italienne. - Creuser des tunnels, c'est pas trop mon truc non plus, grommela Jean-Jacques qui abhorrait l'effort physique. - Des tunnels ? répéta Antoine, l'œil incertain. Pourquoi des tunnels ?

  • - Ooooh ! Un magnifique puzzle de mille cinq cents pièces ! - C'est Rio, non ? dit Canard en examinant l'image. Avec le pain de sucre, là. - Mais non, c'est Naples. Avec le Vésuve qui fume. - Qui ça ? - Le Vésuve. C'est un volcan. - Depuis quand y a un volcan à Naples ? - Depuis les Romains, mec, tu devrais te tenir au courant.

  • - Thibault Dastry a un frère jumeau ? s'étonna le lieutenant Wilmers. Depuis quand ? - Depuis toujours, lieutenant. Un jumeau... - Oh. Oui. Je vois.

  • Un plan audacieux prenait forme dans son esprit. Désaccoutumé de penser, il en fut le premier surpris.

  • - Ce mec ? On peut vraiment lui faire confiance ? - Il est de gauche. - Ça veut rien dire, ça, bordel ! - Quand même !

  • Il était fier de lui : à cinquante ans révolus, il était passé sans difficulté du statut d'apiculteur pacifique à celui de criminel endurci.

  • Quant à la bibliothèque, elle ne recelait pas d'ouvrages plus subversifs que des livres de cuisine, les œuvres de Danielle Steel et de Marc Levy.

  • Lorsqu'il fut amené dans une petite salle d'interrogatoire où l'attendaient un capitaine de gendarmerie à l'air plutôt avenant et un homme en civil au visage émacié qui ne devait pas rire plus d'une fois par an, Jean-Jacques fut convaincu qu'il s'était fourré dans de très sales draps.


Biographie

Né à Neufchâtel en 1951, Colin Thibert, pseudonyme de Pierre Colin-Thibert, aussi connu comme Léon Noël, est un scénariste, romancier, auteur de pièces radiophoniques et anciennement dessinateur de presse. Après des études littéraires, il rmonte à Paris, en 1979, et se lance dans le dessin de presse et l'illustration. Il travaille pour une bonne vingtaine de magazines : informatiques, sportifs, syndicaux et pour des ouvrages scolaires ou techniques. Il signe en 1982 une bande dessinée, Le Goût de l'exploit (éd. Sipe).

Parallèlement il commence à écrire des pièces pour la radio ("Les Mille et un jours" sur France-Inter, de 1983 à 1986) et fait ses premiers pas et ses premiers sketches à la télévision grâce à Jean-Michel Ribes qui réalise alors l'émission "Merci Bernard". Il rencontre Roland Topor, Gébé, Gourio…Il abandonne progressivement le dessin de presse pour travailler de plus en plus à la télévision… (séries de dessins animés, épisodes de sitcom).

Il entre à la Série noire en 2001 avec Noël au balcon. Il enchaîne avec Royal Cambouis en 2002 qui obtient Prix SNCF du polar du meilleur roman policier français, Nébuleuse.org en 2002, Barnum TV (2003) et Cahin-Cahos (2005). Remarqué pour ses publications à la Série noire, il est lauréat du prix polar SNCF pour Royal Cambouis, et du prix Roland de Jouvenel décerné par l’Académie française pour Torrentius, paru aux éditions Héloïse d’Ormesson.
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mercredi 7 juin 2023

NISHIMURA KYOTARO – Les grands détectives n'ont pas froid aux yeux – Piquier Noir poche 2021.

 


L'histoire

Monsieur Sato, très riche homme d'affaires japonais convie les célèbres détectives Hercule Poirot, Maigret, Ellery Queen et Kogoro Aketchi, pour leur confier une mission particulière et grassement rémunérée. Quelques temps auparavant, 300 millions de yens avaient été dérobés sans aucune violence par un individu que la police n'a jamais retrouvé. Pour résoudre cette enquête Monsieur Sato propose aux 4 grands détectives vieillissants de sacrifier la même somme (2 millions de dollars) en recrutant utilisant à son insu un jeune dont le profil psychologique correspond à celle du premier criminel, et le poussant, via son homme de main, de dérober la somme assez facilement puis d'étudier son comportement. L'homme veut prouver que la police japonaise a perdu beaucoup de temps et d'argent en ne menant pas une enquête efficace. Amusés, les 4 détectives acceptent la proposition. Mais tout ne se passe pas comme prévu.


Mon avis

Si en France on connaît quelques grands auteurs de polars japonais, on est loin d'imaginer le succès de Nishimura au Japon, un auteur qui compte parmi les 3 plus grosses fortunes nippones. Si il a commencé a écrire après 30 ans, il s'essaye à la satire sociale, puis publie 4 livres où il met en scène les 4 grands détective, dont il connaît par cœur l’œuvre de leurs auteurs, puis crée son héros, le commissaire Totsugawa qui mène des enquêtes avec comme principe : des trains, une région, un crime. Celui lui vaut un succès considérable au Japon où il tire à plus de 250 000 exemplaires et une série TV. Avec la régularité d'un métronome, il publie 1 titre par mois, écrit à la plume dans un ancien ryokan à près de Kyoto, qu'il partage avec sa consoeur Yamamura Misa. Il vous recevra avec toutes les délicatesses nippone tout en continuant à écrire la nuit, parce qu'il « ne sait rien faire d'autres ». De plus, la traduction n'est pas toujours facile, l'auteur a le goût du pastiche et les jeux de mots que permettent l'écriture japonaise ne sont pas traduisible en français.

Bien évidemment au Japon comme ailleurs tout le monde connaît les héros de d’Agatha Christie, Georges Simenon, Edogawa Rampo et les auteurs américains Manford et Nathan.

Les japonais sont aussi friands de polars que les européens, et la différence Orient/occident est balayée même si malicieusement l'auteur glisse quelques comportements typiquement nippons dans son roman qui n'est pas dénoué d'humour, bien au contraire.

Nous retrouvons tous les « tics » ou petites manies des détectives qui ont traversé les siècles et nos vies aussi,et que l'on réadapte régulièrement à la télévision.

Bien évident nos 4 grands détectives vieillissant mais toujours en forme vont résoudre l'énigme proposée en un tour de main, avec un regard amusé devant les déductions un peu hâtives de la police et tout aussi par rapport à leur hôte.

Si on peut aisément deviner la fin, le charme reste dans la lecture, hilarante, et pleine de rebondissements. On ne s'ennuie pas, on s'amuse beaucoup à voir cet auteur – qui ne sera jamais un prix Goncourt et qui s'en moque je pense – dont l'écriture vive, le sens du rebondissement et un « tempo » qui ne laisse pas de répit va vous passionner. Un chouette moment de lecture, et finalement une forme d'hommage aux grands maîtres du polar.


Extraits :

  • la plupart de ceux qu’on appelle « les grands criminels » ne sont en réalité que les victimes de leur faiblesse.

  • La plupart des être humain sont faibles. C’est la nature qui veut ça. Toi et moi, par exemple, nous sommes des assassins ou des criminels en puissance et si nous ne passons pas à l’acte, ce n’est pas tant grâce à notre force de caractère qu’à cause de notre éducation et de la morale sociale.

  • Son expérience personnelle lui avait appris que l’on pouvait presque toujours les ramener à trois : la peur, le profit ou les femmes.


Biographie

Kyōtarō Nishimura (1930- 1922) est un écrivain japonais de roman policier.
Après avoir travaillé pendant onze années dans l'administration, il commence à écrire dans l'approche de la trentaine.
Il remporte le prix Edogawa-Rampo en 1969 pour "Tenshi-no Shokon" ("La cicatrice de l'ange") et le prix des auteurs japonais de romans policiers en 1980 pour "Taminaru Satsujin Jiken" ("L'affaire du meurtre de Terminal").

Une dizaine de livres ont été traduit en français,


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Sur les auteurs cités

mardi 6 juin 2023

PETER HELLER – Celine – Editions Actes Sud - 2019

 

L'histoire

Celine Watkins, 68 ans, est une sculptrice reconnue mais aussi une détective privée célèbre pour retrouver des personnes disparues. Quand la jeune Gabriela s'adresse à elle pour tenter de retrouver son père, officiellement mort, tué par un grizzli dans le Montana, elle décide de prendre en charge cette dernière enquête, accompagnée par son mari, le silencieux mais toujours présent Pete. La voilà partie dans un road movie, de New-York en passant par le Colorado, le Wyoming et le Montana, au volant du camping-car de son fils. E,n chemin, elle se remémore des éléments de son passé dans le Maine, les choix de vie qu'elle a fait et un avenir qui s'amincit, elle est atteinte d'un emphysème qui l'empêche de respirer.


Mon avis

Avis très mitigée sur ce roman, qui n'est pas un polar mais plutôt un suspens psychologique où la nature sublime ds grandes plaines et des montagnes est omnium-présente. Pourtant je ne le qualifierais pas non plus de « nature writing », la nature est ici décrite comme un peintre, mais ne joue qu'un rôle pacificateur dans une intrigue assez mince.

Bien évidemment il y a le personnage de cette grand-mère qui s'habille avec chic et porte un glock 26 (une arme de point) à la ceinture. Cette femme en presque fin de vie, est tenace, parfois impulsive, tempérée par son mari et a vécu une enfance et une adolescente privée d'un père volage et peu enclin à la vie de famille. A 15 ans, elle tombe enceinte et veut garder le bébé, mais elle est obligée par sa très snob famille d’accoucher sous X. Elle se marie et a un fils Hank, un peu alcoolo, journaliste d'une quarantaine d'années puis divorce avant de rencontrer son adorable compagnon. Si le succès artistique et policier arrivent vite, Celine est aussi passée par des moments de troubles, alcoolisme, drogues, mais elle s'en est sortie, car au fond c'est une battante.

Bref une enquêtrice singulière qui va bien évidemment résoudre l'énigme posée, avec les moyens du bord, un peu à l'ancienne, à partir de cartes topographiques, de téléphones portables d'un autre temps, et d'une bonne dose d'intuition. Le tout sous forme de road-movie à travers plusieurs états, où les descriptions de la nature, faune et flore sont peut être un peu trop présente. Sur les 330 pages du roman, la moitié sont consacrées à une nature que nous ne connaissons pas ou peu, des paysages magnifiques dont nous pouvons avoir quelques vues sur Google, mais en aucun cas cette nature ne joue une rôle, si ce n'est celui de la beauté des grands espaces dans le livre. Nous ne sommes pas dans « My Absolute Darling » de Gabriel Talent où la nature est fondamentale dans l'intrique, ni dans le best-seller de Delia Owens « Là où chantent les écrevisses » où la nature est amie/ennemie avec des personnages extrêmement puissants, même si ils sont parfois odieux. Ici, un peu discret enquêteur de la CIA nous met assez facilement sur la piste de ce qui a pu conduire le père disparu, photographe qui était au Chili lors de l'assassinat de Salvador Allende et le rôle supposé de la CIA dans le changement de régime, mais juste en effleurant le sujet, sans un réel travail de documentation qui aurait permis d'éclairer les activités de l'Agence Américaine sur ses activités sur l’Amérique du su Sud. Mais on appréciera l'écriture poétique et et douce de l'auteur, devenu célèbre pour « La constellation du chien » que j'ai bien envie de lire.


Extraits :

  • Elle avait cette démarche de jeunette dégingandée, les pommettes hautes, le nez proéminent et les grands yeux d'une jeune fille qui n'était pas belle, ni même jolie, peut-être, mais les adultes possédant une once de discernement savaient qu'elle deviendrait sublime avec l'âge, et même fascinante. Pour l'instant, elle n'était qu'une pauvre petite qui gardait une souris en peluche prénommée Myriam dans un minuscule panier sous son lit et passait la moitié de son temps dans le trou d'eau en contrebas de l'étable à repêcher les papillons de nuit pris au piège à la surface des eaux noires. D'autre part, elle était loin de chez elle et la vie d'agent secret et de résistante qu'elle s'était imaginée venait de s'évanouir dans un crépitement d'étincelles comme les rubans de pellicule qui cassaient sur le projecteur de l'école le vendredi soir.

  • J'ai emmené Mimi skier ici pour son treizième anniversaire. Je me souviens qu'on avait pris un gros téléphérique jusqu'au sommet - cette montagne-là, tu l'as vois ? - et une fois au-dessus de la couche de brouillard, le soleil brillait, le ciel était très bleu, et à l'approche du sommet, il y a eu une annonce dans la cabine qui disait quelque chose comme : "Si vous n'êtes pas un excellent skieur, restez dans le téléphérique pour le trajet du retour. "

  • Si la quantité de bonheur contenue dans une vie s’épuise, peut-être est-il possible de continuer à y trouver de la beauté, de la grâce et un amour infini.

  • C'est sans doute le matin, un filet de brume flotte au-dessus de la rivière, comme de la fumée, et un homme est sans doute en train de pêcher, sa canne inclinée en plein lancer.
    S'il est là, c'est uniquement pour nous rappeler que les humains ne sont pas de taille face à la grandeur et à la beauté flagrantes.
    Que la beauté la plus incontestable est peut-être celle qu'on ne peut jamais toucher.
    Que Dieu existe là-haut, sous une forme ou une autre, sur ces sommets, dans ces lacs reculés et ce vent cinglant.

  • Elle se rappelait avoir descendu l'allée, les feuilles qui tourbillonnaient dans le vent, et cette bourrasque dont le souffle avait assombri le vert des vieux arbres tels les doigts d'une harpiste tirant une note grave de son instrument.

  • Le petit jardin de devant était envahi par l'armoise, les herbes jaunies qui arrivaient aux genoux et une amarante se pressait contre la porte d'entrée comme un chien errant espérant pouvoir entrer.

  • Hank comptait parmi ces rares jeunes hommes fascinés par leur mère. Il se disait souvent qu'elle menait une vie beaucoup plus intéressante que lui, ce qui, à son avis, était une inversion de l'ordre naturel, et qui expliquait peut-être en partie sa décision d'écrire des récits d'aventure.

  • Après sa mort j’ai ouvert la fenêtre un peu plus grand et quand il pleuvait je laissais les gouttes éclabousser le rebord en brique et rebondir sur mon visage et dans le noir je m’imaginais que c’était une caresse de ma mère. Cette pluie, c’était peut-être elle. A cette époque, je pensais que la nuit permettait certaines choses qui étaient impossibles le jour.

  • Ses nombreux petits-enfants l’adoraient aussi parce qu’il était clair, y compris pour les plus jeunes, qu’elle avait tout vu ou presque durant sa longue existence, qu’elle comprenait la complexité et les nuances de l’âme humaine, et il était encore plus évident qu’elle aimait les gens par-dessus tout d’une adoration qui allait au-delà des mots, tant et si bien qu’elle leur adressait un clin d’œil et tolérait certaines de leurs bêtises parce que Dieu savait qu’en son temps, elle-même en avait fait, des bêtises.

  • Pendant qu'ils marchaient, Céline songea qu'ils cherchaient un père disparu deux décennies plus tôt, mais qui avait abandonné son enfant bien plus tôt encore et que cette enfant avait pratiquement toujours vécu sans lui. Comme elle-même. Que le retrouver à présent allégerait sans doute le cœur de la jeune femme , mais ne la soulagerait jamais de la tristesse qu'elle avait au fond d'elle.

  • Dans le monde selon Céline et Pete, l'endroit le plus intéressant d'une ville était la bibliothèque.

  • Céline sentit son corps se pencher en avant. D'après son expérience, il existait deux catégories d'histoire : celles qui suivaient des lignes prévisibles comme les sentiers tracés par le gibier sur le flanc d'une collline, et celles qui bifurquaient dès le départ vers autre chose, plus sauvages, qui battaient la campagne à la première occasion. Les plus étranges se chargeaient d'une odeur particulière.

  • Elle possédait également ce que Mimi appelait une Passion pour les Perdants. Céline prenait toujours le parti des faibles, des dépossédés, des enfants, de ceux qui n’avaient aucune ressource ni aucun pouvoir : les vagabonds et les sans-abri, les malchanceux et les toxicos, les abandonnés, ceux rongés par le remords, les brisés. Impossible de compter le nombre de chiens décharnés et tremblants que son fils avait fini par aimer, ni les familles chaotiques qui avaient séjourné chez eux plusieurs jours. Elle n’était donc pas une détective privée comme les autres. La plupart des gens se les imaginent comme des espèces de tueurs à gages – blasés, mercenaires, durs à cuire. Céline était une dure à cuire. Mais elle ne travaillait pas pour les nantis, elle n’espionnait pas les époux volages, ne surveillait pas de garçonnière et ne retrouvait pas les bijoux de famille.

  • Elle avait fini par croire que l'univers se composait de courants, comme une rivière ou un océan. Quand on voulait aller quelque part et que le cosmos vous entraînait dans une direction, autant suivre le mouvement. Surtout si on vous prenait en chasse.


Biographie

Né en 1959 à New-York, Peter Heller est un écrivain américain de récits d'aventures et de romans.
Écrivain “de plein air”, Peter Heller collabore régulièrement à des magazines comme NPR, Outside Magazine et Men’s Journal. Auteur de quatre livres de non-fiction sur la nature, l’environnement, le voyage, l’aventure, il a été couronné par de nombreux prix. Bien qu’il soit new-yorkais, qu’il ait étudié dans le Vermont et le New Hampshire et qu’il vive aujourd’hui à Denver, son CV correspond à celui de tout bon auteur du Montana qui se respecte : il a été plongeur, maçon, bûcheron, pêcheur en mer, moniteur de kayak, guide de rivière et livreur de pizzas.
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Sur le roman

Presse

dimanche 28 mai 2023

ABIR MUKHERJEE – Le soleil rouge de l'Assam – Editions Liana Levi 2023

 

L'histoire

1922. Le capitaine de police de l'Empire britannique, Wyndham, décide de se désintoxiquer de l’opium dont il est devenu dépendant. Sur les conseils des son médecin, il part pour un séjour de 10 jours dans un ashram spécialisé dans le traitement des addictions dans un village perdu de l'Assam. Le traitement est difficile, et Wyndham repense à sa toute première affaire à Londres alors qu'il n'était qu'un jeune officier de police. Et quand un résident de l'ashram est trouvé mort dans des conditions suspectes, notre capitaine va renouer avec un lointain passé.


Mon avis

Voici le quatrième roman de la série Wyndham, le célèbre capitaine de Sa Majesté dans l'Empire des Indes. Et aussi l'âge de raison pour le héros, qui a toujours aimé les bonnes choses de la vie : l'alcool, le tabac, les jolies femmes mais hélas l'opium dont il est devenu trop dépendant et qui pourrait nuire au reste de sa carrière.

L'âge de raison aussi pour son auteur qui délaisse un peu le coté humoristique qui est pourtant sa marque de fabrique au profit d'une histoire qui relie le passé de son héros à ce qu'il vit dans l'Ashram. Voila donc le capitaine parti pour les régions montagneuses de l'Assam, qui vit de production de thé, loin de son fidèle lieutenant Sat.

Le traitement n'est pas de tout repos, il s'agit de vider le corps par des breuvages hématiques, avec une alimentation de riz-lentilles bouillies et des tisanes. Fièvres, délires, mauvais sommeil, le traitement de moines hindouistes n'est pas de tout repos. Et voilà qu'un patient du centre est retrouvé mort, dans des circonstances qui semblent suspectes à notre fin limier. Quand il commence à retrouver un peu de santé, l'un des moines bouddhistes lui propose de s'installer à Jatinga, le petit village montagneux proche, où il n'y a pas grand chose à faire, à part le club so british fréquenté par les blancs de la bonne société. L'occasion est trop belle pour aller fouiner au sujet de ce mort et de succomber (chastement) aux charmes de la si jolie Emilie Turner, femme de l'homme d'affaires qui règne sur la région.

Mukherjee nous emmène aussi dans les bas fonds de Londres, en 1905, où un crime horrible à eu lieu. Si le tout jeune agent de police Wyndham comprend qui est le meurtrier, la police et les habitants ont un coupable tout trouvé en un homme de confession juive. A l'époque, l'exode des juifs chassés de Russie pour s’installer à Londres était mal perçu par le peuple, un racisme primaire et stupide. Et comme bien souvent, l'étranger est le bouc émissaire, et si les preuves directes implique le suspect, il n'en est pas moins l'objet d'une machination montée avec la complicité de la pègre locale. Malgré ses protestations le jeune agent comprend qu'il vaut mieux ne rien dire, sous peine d'être à son tour menacé, le jeune juif est pendu et un sentiment de culpabilité reste toujours enfoui dans la mémoire du capitaine. On sait que l'auteur se documente soigneusement avant d'écrire, et sa vision de Londres 1905 reste celle d'une ville coupée en deux, les beaux quartiers à l'ouest et près du port, les bouges où vivent la pègre locale, les migrants juifs qui travaillent dans le textile ou comme employés de maison, les pubs crasseux où l'on sert du whisky frelaté ou de la mauvaise bière dans des ruelles sales et véritables coupe-gorges. La pègre est en charge des basses œuvres qui vont l'enrichir, mais plus encore certains bourgeois si respectables en apparence. Bref toujours le même schéma récurrent.

Deux enquêtes pour le prix d'une et sous des airs de ne pas y toucher, l'auteur tacle la politique migratoire actuelle de la Grande Bretagne, son isolement en raison du Brexit. Néanmoins je regrette un peu dans cette histoire le manque d'humour si caractéristique de l’œuvre (mais il y a quand même des petites phrases bien senties) mais j'apprécie le travail d'horlogerie pour retrouver un passé lointain, qu'il soit londonien ou à ce que l'on appelait les colonies d'Inde. Tout comme la jolie prise de position contre toute forme de racisme, qui a guidé l'auteur dans sa démarche, au détriment du légendaire « fair-play » so british.


Extraits :

  • Avant les Juifs étaient venus les Irlandais pour échapper à la famine, et avant eux les Huguenots fuyant les guerres de religion. Il y a toujours eu quelqu'un pour fuir quelque chose et venir là sans rien parce qu'il n'avait pas le choix, et qu' une vie de manque vaut mieux que pas de vie du tout.

  • Il y a une raison qui fait que les jeunes idéalistes deviennent de vieux cyniques. C'est ce que l'on appelle l'expérience.

  • Alors qu'à l'évidence, les ennuis sont le plus souvent provoqués par des gens qui vous ressemblent et non par ceux qui sont différents. Peut-être est-ce pour cela que j'avais toujours été du coté du perdant. Certains me qualifiaient d'opposant. Je me trouvais simplement correct. Je jugeais donc écœurant qu'Harmsworth puisse vouloir faire de moi un complice pour répandre ses demi-vérités et ses informations déformées.

  • Nous sommes peut-être tous créés à l’image de la divinité, mais certains sont visiblement plus proches de l’original que d’autres.

  • S’attarder sur des histoires d’amour, comme admettre aimer la cuisine française, est une faiblesse plutôt répugnante et résolument non anglaise.

  • C’était aussi une ironie. Vous pouviez apparemment être poursuivi pour avoir dit la vérité à propos d’un homme riche, mais répandre mille calomnies sur les pauvres et en sortir indemne.

  • En fait, c’était pire avant leur arrivé. Mais les gens ne veulent pas l’entendre. C’est plus facile de rendre quelqu’un d’autre responsable de vos difficultés que de vous regarder dans la glace et voir la poutre dans votre œil. Et les torchons comme La Gazette sont ravis de fournir les cibles. Diviser pour mieux régner.

  • Nous sommes outragés à l'idée qu'un homme avec une teinte de peau différente puisse avoir la témérité de manger dans la même pièce que nous, en négligeant allègrement le fait que ce pays est le sien et que nous y sommes les étrangers.

  • Faute d'information sur eux je décide de m'en remettre à l'intuition naturelle de l'Anglais quant aux étrangers. Autrement dit, compter sur les préjugés ancrés et aiguisés pendant des générations.


Biographie

Née en 1974 à Londres, Abir Mukherjee a grandi dans l’ouest de l’Écosse dans une famille d’immigrés indiens. Fan de romans policiers depuis l’adolescence, il a décidé́ de situer son premier roman à une période cruciale de l’histoire anglo-indienne, celle de l’entre-deux-guerres.
Premier d’une série qui compte déjà̀ quatre titres, "A Rising Man" (L’attaque du Calcutta-Darjeeling) a été́ traduit dans neuf pays.
En savoir plus :


Sur le roman

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Presse

Dans l'univers du roman

Sur l'antisémitisme en Grande Bretagne

Sur les problèmes raciaux en Grande -Bretagne

Sur la province d'Assam en Inde


Sur le suicide des oiseaux à Jatinga


jeudi 25 mai 2023

LORI NELSON SPIELMAN – l'infini des possibles – Poche Pocket 2021

 

L'histoire

Dans la famille Fontana, émigrés italiens à Brooklyn, une malédiction se transmet depuis 5 générations : les filles cadettes ne peuvent pas se marier ni avoir d'enfants (au risque de les perdre et). C'est le cas d’Emilia, 29 ans qui travaille comme pâtissière sous les ordres de l'austère Nonna, la grand-mère acariâtre qui les élevées, elle et sa sœur aînée Daria. Aussi quand la sœur cadette de Nonna, l'excentrique Poppy appelle Em et sa cousine, une cadette elle aussi, leur propose un somptueux voyage en Italie, et surtout la promesse de rompre le sort, il ne faut pas beaucoup de temps à Emilia pour défier sa famille et partir à la découverte de son lointain pays d'origine.


Mon avis

Ce roman, sous le sceau d'un drame familial, est un joli road trip porté par Poopy. Il faut dire que dans la famille Fontana, les cadettes sont victimes d'un sort soigneusement entretenu par les mères ou grand-mères. Emilia dont la mère est morte jeune, est la cadette, élevée par la peu aimable Nonna Maria, qui décide de tout. Elle travaille comme pâtissière dans l'entreprise familiale et vit dans un petit studio. La malédiction elle connaît et du coup elle ne fait aucun effort pour attirer les hommes, même si son ami de toujours Matt est amoureux d'elle et ne croit en rien à ce genre de sort. Pour sa cousine Lucy, elle aussi cadette,une jeune femme volcanique se laisse transformer en sexy girl par sa mère et enchaîne les conquêtes amoureuses sans succès.

Quand un jour, la grande tante Poppy téléphone à En, pour lui proposer un voyage d'une dizaine de jours en Italie, tout frais payés, et qu'elle voit cette femme, assurément belle, ne faisant pas son âge et très soignée de sa personne, le charme opère. Malgré les récriminations de Daria et de l'infernale Nonna, celle que l'on traite le plus souvent comme une bonniche décide de suivre sa tante en compagnie de Lucy.

Car Popppy les initie à la dolce vita et aux plaisirs de la vie italienne, car elle est fortunée, mais surtout, elle doit rejoindre pour ses 80 ans son amore mio de toujours, un allemand Erich, dit Rico avec lequel elle a passé les plus belles années de sa jeunesse, révélant par petites touches son étrange destin et levant le voile sur un secret familial jusque là bien gardé. Poppy c'est l'optimisme, la bonne fée, intransigeante aussi en poussant ces nièces à être elles-mêmes. De roman tout en douceur fleure bond l'Italie de rêve, avec ses paysages magnifiques. Mais trop d'optimiste tue l'optimisme et si la lecture nous invite au voyage, il y a un coté un peu naïf, comme un conte pour jeunes femmes, dont l'autrice reprend les codes, avec la méchante sorcière Sonna, la bonne fée Popper, une héroïne entre Cendrillon et Blanche-Neige, bref pour moi cela manque cruellement de réalisme. C'est mignon, quelques légers traits d'humour, mais je préfère largement la littérature qui fait réfléchir ou joue sur toute une gamme d'émotion.



Extraits :

  • Le film qui est censé défiler devant nos yeux quand on meurt. J’avoue que j’en ai la chair de poule rien que d’y penser. Mon film sera en partie dramatique, en partie mystérieux, avec un peu de suspense et quelques scènes de comédie romantique. » Ses yeux noirs pétillent. « Vous, mes trésors, vous en êtes encore à l’étape de la réalisation. Faites que votre film soit fascinant ! Que chaque scène soit excitante ! Quand l’heure viendra de regarder le film de votre vie, j’espère que vous pleurerez à chaudes larmes, que vous hurlerez de rire et serez pétrifiées de honte. Mais, pour l’amour de la déesse, ne laissez pas votre vie être un de ces films assommants.

  • Au bout du compte, la vie est une équation très simple. A chaque fois que tu aimes, que ce soit un homme ou un enfant, un chat ou un cheval, tu ajoutes de la couleur à ce monde. Quand tu ne réussis pas à aimer, tu le ternis.

  • "Est-ce que... tu es en train de mourir ?" "N'est-ce pas notre sort à tous ?" Elle me sourit, comme si c'était moi qui avais besoin de réconfort. "Oui, bien sûr, mais tu... je..." Je me mets à bégayer. Ma tante me prend la main. "Je préfère largement dire que je suis en train de vivre, pas toi ?"

  • Qu'est-ce que tu fais? je lui demande en regardant par-dessus mon épaule. - Je retire les empreintes de pied sur ton dos. - Les empreintes de pied? - Celle que ta soeur laisse en te marchant dessus

  • Tu ne vois pas que c’est la chance de ta vie ? Et tu es sur le point de la laisser passer. Tu es prête à faire une croix dessus, tout ça parce que tu as trop peur d’avancer.

  • Tu découvriras Emilia que la vie n'est pas toujours circulaire. Le plus souvent c'est un dédale tortueux, plein de détours et d'impasses, de faux départs et de souffrances. Un dédale exaspérant, vertigineux, dans lequel il est impossible de se retrouver et pour lequel il est inutile de dresser des plans. Elle presse ma main, mais pas un seul coin, pas un seul virage ne dois jamais être évité.

  • Comme toutes les idées reçues, la vraie malédiction résidait dans le désespoir créé par le mythe, l’érosion de la confiance en soi, l’impossibilité de croire en ses rêves… et en soi-même.

  • C'est fascinant, comme il suffit que quelqu'un nous dise quelque chose à propos de nous-mêmes - bons ou mauvais - pour qu'on fasse tout pour lui donner raison.

  • Mais tu vois, une fois plantée dans la bonne terre, on s'épanouit comme une fleur. Ça t'arrivera aussi, quand tu auras trouvé l'endroit où tu te sentiras vraiment à ta place.

  • Poppy pose sa main sur la mienne. « Quand tu commences à t’habiller en ne pensant qu’au confort, c’est le début de la fin, ma chérie. Es-tu déjà entrée dans une maison de retraite ? Il n’y a plus que des élastiques et du Velcro. »

  • Pour le garder, elle devait se montrer féroce, dominer son monde par la colère. Ceux qui ne peuvent pas gagner les cœurs par l’amour contrôlent souvent par la peur.

  • La vie est plus belle quand on compte les amis plutôt que les années, tu ne trouves pas ?

  • Parfois, il faut essayer plusieurs personnages avant de trouver celui qui nous convient le mieux. Tant qu'on n'a pas décidé de ce qu'on n'est pas, on ne peut pas savoir qui on est.

  • La lagune dessine une courbe et nous entrons dans une large bande d'eau bordée d'anciens palais, d'églises à coupoles et d'hôtels somptueux peints de nuances pêche, roses et jaunes.


Biographie

Née en 1961 dans le Michigan, Lori Nelson Spielman est une romancière. Titulaire d'un B.A. de l'Université de Central Michigan et d'un master de l'Université d'État du Michigan, elle a travaillé en tant que orthophoniste, conseiller en orientation et enseignante.
Son premier roman, "Demain est un autre jour" ("The Life List", 2013), obtient un immense succès critique et public. Il est traduit dans 27 langues et les droits d’adaptation cinématographique en ont été achetés par la Fox.
Après la publication de son deuxième roman, "Un doux pardon" ("Sweet Forgiveness", 2015), elle démissionne de son poste d'enseignante pour se consacrer à l'écriture à plein-temps.
Après le succès de ses deux romans, Lori Nelson Spielman revient avec "Tout ce qui nous répare" ("Quote Me", 2018), un roman poignant, où une femme doit faire la paix avec son passé pour surmonter le deuil et aller vers la sérénité.
Elle vit à East Lansing, Michigan, avec son mari.

Sur le roman

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Presse

Dans l'univers du roman

Sur la cote Amalifitaine

Sur le rôle des femmes en Italie

Sur le quartier Bensonhurst

101 livres

Liste non exhaustive, il y en a encore beaucoup d'autres. Le classement n'est aucunement indicatif. 

J'ai aimé tous ces livres.

 

  1. Marelle – Julio Cortazar – Gallimard
  2. La Peste – Albert Camus – Folio
  3. Le Jeu des perles de verre – Herman Hesse – livre de poche
  4. Le coeur est un chasseur solitaire – Carson Mac Cullers
  5. Demande à la poussière – John Fante – 10/18
  6. Crimes et Châtiments – Dostoievski – Folio
  7. La vieille sirène – José Luis Sampedro – Corti
  8. Les chemins du désert – Yasushi Inoué – livre de poche
  9. Cent ans de solitude - Gabriel Garcia Marquez
  10. L'Homme sans qualités - Robert Musil – livre de poche
  11. La route du Retour – Jim Harrison – 10/18
  12. Le livre de sable – JL Borgès – Gallimard
  13. L'ombre du vent - JL Calfon
  14. La confession impudique – Tanizaki – livre de poche
  15. La métamorphose – Kafka – Folio
  16. le livre de l'intranquillité – Fernando Pessoa - Gallimard
  17. le baron perché – Italo Calvino – livre de poche
  18. Mt et les merveilles de la forêt – Kenzaburo Oe – Gallimard
  19. Peter Handke – Histoire du Crayon – Gallimard
  20. L'adieu aux armes – Hemmingway – Folio
  21. Le prophète – Khalil Gibran – Folio
  22. Tendre est la nuit - Scott Fitzgerald – livre de poche
  23. Requiem des innocents – Louis Calaferte - Folio
  24. Mademoiselle Else – Artur Schnitzler
  25. Confession d'un masque – Mischima – Folio
  26. Les vestiges du jour – Ishiguro – 10/18
  27. La promesse de l'aube – Romain Gary – Gallimard
  28. Journal (tous les tomes – Anais Ninn – Livre de poche
  29. Stefan Zweig – la confession des sentiments – livre de poche
  30. Antonio Tabucchi – Les oiseaux de Fra Angelico - 10/18
  31. Tropique du Cancer – Henri Miller – livre de poche
  32. Ma part d'ombre – James Ellroy – 10/18
  33. Le Monde du bout du monde – Luis Sépulveda – 10/18
  34. Virginia Woolf – les vagues – livre de poche
  35. le rivage des syrtes – J. Gracq - Corti
  36. Singrid Unset – Printemps
  37. Vendredi ou les limbes du pacifique – Michel Tournier – Folio
  38. Ilona est venue après la pluie – Alvaro Mutis - Gallimard
  39. Belle du Seigneur – Albert Cohen – livre de poche
  40. Le serpent à plumes – DH Lawrence – folio
  41. Ferdyduke – Gombrowitcz – 10/18
  42. Portrait de groupe avec dames – H. Boll – livre de poche
  43. Angel – Elisabeth Taylor - Bourgois
  44. les belles endormies – Kawabata – livre de poche
  45. Anna Karenine – Tolsoi – La pléiade
  46. Marguerite Yourcenar – les mémoires d'Adrien - Folio
  47. James Joyce – Ulysse - folio
  48. Belle du seigneur – Albert Cohen – livre de poche
  49. Henry James – le tour d'écrou – livre de poche
  50. Leo Perutz – le cavalier suédois – 10/18
  51. Nadja – André Breton - Gallimard
  52. Coeur de Chien – Boulgakov – folio
  53. Ismail Kadaré – Qui a ramené Doruntine – folio
  54. Irme Kertèsz – journal de galère – Actes Sud
  55. Selma Lagerlof – le banni – livre de poche
  56. Anita Brookner – la porte de brandebourg – folio
  57. Marguerite Duras – le marin de Gibraltar – livre de poche
  58. Raymond Carver – les vitamines du bonheur – livre de poche
  59. Ballade du silence craintif – Rafael Alberti – le temps des cerises
  60. Le désert des tartares – Buzzati – folio
  61. Less than zero – Breat Easton Ellis – 10/18
  62. Journal – Katherine Mansfield – folio
  63. La femme des sables – Kobbo Abbé – livre de poche
  64. Michel del castillo – Ana non – livre de poche
  65. Mouloud Ferraoun – le fils du pauvre – Le puy
  66. Les caves du vatican – Andre Gide – folio
  67. les bébés de la consigne automatique – Murakami Ryu -
  68. Toni Morrison – Beloved - Knopf
  69. John Riel – La vierge noire et autres racontars – 10/18
  70. l'étrangère aux yeux bleux - Youri Rytkhèou – Acte Sud
  71. Carlos Ruiz Rafon – l'ombre du vent – grasset
  72. Sappire – Pusch – point seuil
  73. Gunter Grass – le crabe – livre de poche
  74. le journal d'Anne Franck – livre de poche
  75. Nina Berberova – l'accompagnatrice – Acte Sud
  76. Raymond Chandler – la dame du lac – folio
  77. L'écume des jours – Boris Vian – Livre de poche
  78. Jean Giono – le Hussard sur le toit
  79. Kated Yacine – Nejma -Point Seuil
  80. Le deuxième sexe – Simone de Beauvoir - Folio
  81. Carmen Posadas – cinq mouches bleues – 10/18
  82. Arturo Perez Reverte – Club Dumas – livre de poche
  83. Journal d'un curé de campagne – Georges Bernanos – livre de poche
  84. Lettres et journaliers – Isabelle Eberhardt – Actes Sud
  85. Naguib Mahfouz – la quête – Livre de poche
  86. La bascule du souffle – Herta Muller – Gallimard
  87. José Saramago – l'autre comme moi – Seuil
  88. le veil homme et les loups – Julia Kristeva – Fayard
  89. Michel Leiris – l'âge d'homme – Gallimard
  90. Primo Lévi – Maintenant ou jamais – Julliard
  91. Saul Bellow – Herzog – Gallimard
  92. Ella Maillard – Oasis interdites – Payot
  93. Louves de mer – Zoé Valdès - Gallimard
  94. La montagne de l'âme – Gao Xingjiang – Gallimard
  95. Lao She – Gens de Pékin – livre de poche
  96. Au dessous du volcanM. Mac Lowry – Folio
  97. Elsa Morante – Aracoeli – Gallimard
  98. Oreillers d'herbe – N. Soséki – Rivages
  99. Petit éloge de la rupture – Brina Svit – Folio
  100. Disgrace – JM Coetzee – Seuil
  101. Meurtre au comité central – MV Montalban – 10/18