L'histoire
Le détective C.W. Sugrue, est chargé d'une mission. Retrouver un écrivain qui jouit d'une petite célébrité, ivrogne patenté. L'homme est vite retrouvé, accompagné d'un bulldog amateur de bières, dans un bar minable dans la banlieue de San Francisco. Devenu amis, notre détective accepte une autre mission quasi impossible, retrouver une jeune fille disparue, il y a 10 ans. Mais qui était donc Betty Sue ? Et qui manipule qui ?
Mon avis
Dans le genre polar amusant, voici James Crumley auteur prolifique qui abandonne son premier enquêteur pour un nouveau privé haut en couleurs. Grand buveur de bières et autres bourbons, amateur de jolies filles,il n'en oublie pas son travail, dans une « enquête dans l'enquête ».Crumley fait partie de l'école du « Montana » avec Jim Harrison, Thomas Mc Guane et Richar Ford.Âmes sensibles s'abstenir, ici à l'eau de source, on préfère l'eau de vie, même si ces personnages sont des cabossés, des handicapés des sentiments et de la vie saine. L'intrigue nous entraîne à travers divers états des USA, à la rencontre de personnages tout aussi déjantés, imbus d'eux-mêmes, manipulateurs mais aussi des sacrées amitiés, franches et la vie à la mort. Quelques bastons, un brin de tendresse et un style à se tordre de rire, tous les ingrédients de l'anti-polar sont réunis pour notre plus grande joie.
Sans temps mort, cette quête éperdue ne s'embarrasse pas de délicatesse, ça picole, ça baise, ça canarde dans tous les coins. Autour des trois compères, le privé, le poète et le bouledogue, s'agitent des gangsters, des femmes fatales, des pornographes, des filles perdues, des mères inquiètes, des amoureux éconduits. Des collines du Montana jusqu'à la baie de San Francisco, mais en passant par les chemins de traverse, le trio cherche une femme mais aussi une rédemption, un sens à la vie, une réponse à des questions existentielles qui n'en trouveront jamais. Noir et drôle, chacun en prend pour son grade, dans un deuxième degré (ou 40° aussi) qui pourrait être aussi vu comme un pastiche du polar américain. Mine de rien, l'auteur pose un regard désabusé sur la société américaine, où les pauvres errent sans but, où la réussite se paie au prix fort pour les femmes, et un petit souffle de féminisme, car Betty Sue, cette mystérieuse héroïne est une femme qui veut avant tout sa liberté.
Biographie :
Né au Texas en 1939, James Crumley est mort en 2008 au Montana. Après avoir fait ses études au Texas et servi pendant deux ans dans l'armée, il devient professeur de composition littéraire. Il "visite" ainsi de nombreuses universités, il a la bougeotte et le métier de professeur ne lui convient pas. Attiré par le poète Richard Hugo, comme d'autres écrivains de sa génération (Jim Welch, Bob Reid, Neil Mac Mahon, John A. Jackson), il débarque à Missoula, Montana au milieu des années 60. Il s'essaye à la poésie et l'écriture de nouvelles, et anime des ateliers d'écriture en compagnie de Richard Hugo, James Lee Burke et d'autres...En 1967, il écrit son premier roman, "Un pour
marquer la cadence" (One to Count Cadence), qui n'est publié
qu'en 1969. Sur fond de guerre du Vietnam, ce roman raconte une
histoire d'amitié entre un sergent dur à cuire et un soldat
gauchiste. Crumley met déjà le pied dans le roman noir, genre dans
lequel il excellera par la suite. James Crumley a reçu de nombreux
prix dont le Trophée 813 de la meilleure réédition en 1987 pour
"Le dernier baiser", le Prix Mystère de la critique en
1989 pour "Fausse piste" ou encore le Dashiell Hammett
Award en 1994 pour "Le bandit mexicain et le cochon".
Extraits :
Lorsque enfin je rattrapai Abraham Trahearne, il buvait de la bière en compagnie d’un bulldog alcoolique du nom de Fireball Roberts dans un bar décati juste à la sortie de Somona, en Californie – il buvait, consciencieusement, la sève d’un bel après-midi de printemps.
La maison, c’est l’endroit où on reste le temps de soigner sa cuite.
J’ai traversé la route pour aller me laver la figure dans le torrent, histoire de rincer tous ces kilomètres dans l’eau glacée. Fireball m’a jeté un sale œil, mais il en a finalement lapé une petite gorgée. Il s’est immédiatement ébroué, secouant la tête, comme horrifié par le gout. Je l’ai ramené sur la route et lui ai donné une bière. On en avait bien mérité une, tous les deux. Je tiens à préciser que FireBall est un chien !
Etant donné que vous foutez rien aussi bien que n’importe qui, je me suis dit qu’on pourrait rien glander ensemble.
Un jour, il y a deux ans, il m'a appelée de Sun Valley pour m'annoncer qu'il demandait le divorce. Cela ne m'a pas surprise. Il avait déjà fait ce genre de chose. Cette fois-là, pourtant, il est allé au bout, et laissez-moi vous dire qu'il l'a payé très cher. Comme il l'a dit lui-même, je l'ai dépouillé comme un grizzly qui dépiaute un saumon, pour ne laisser de lui que deux yeux de poisson mort et une longue arête.
J'essaie de garder deux verres d'avance sur la réalité et trois de retard sur les ivrognes.
Des fois j’arrive plus à savoir si c’est moi qui débloque ou si c’est le monde qu’est devenu une fosse septique.
Vous laissez pas cogner le cul par la porte en sortant.
Le bon temps, c’est le cinquième verre qu’on prend dans un patelin inconnu, ou soulager une gueule de bois avec une douche bien chaude et une bière bien froide dans une chambre de motel, ou alors avec le goût salé d’un sein d’autostoppeuse à demi morte de fatigue dans la saleté duveteuse de son sac de couchage. Right on. The good times are hard times, mais c’est le seul bon temps que je connaisse.
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