L'histoire
12 nouvelles sur la vie à Buenos Aires ou dans la région de Corrientes qui préfigurent le sublime « Notre part de Nuit », le premier roman de l'auteur argentine. Ici on parle de femmes qui ont fait des choix, des femmes confrontées aux mystères de la vie. On y parle de disparitions ou d'apparitions, liées aux traditions des Saints vénérés en Argentine, la terrible Pomba Gira (vaudou), San La Muerte (à la fois protecteur ou démon), de folies, d'êtres sur le point de basculer.
Mon avis
Paru une première fois en 2016, puis reparu en 2022, suite au succès de son roman « Notre part de nuit3, nous trouvons ici en germe l'écriture fantasque et l'univers entre suspense, horreur maîtrisée, humour et surtout l'importance de la parole données aux femmes.Des femmes qui sont courageuses, ou qui bravent les interdits (dorgue alcool, conventions), qui partent dans la folie ou qui disparaissent mystérieusement comme Adela que l'on retrouvera dans « Notrepart de nuit », un roman dense, mystique que j'avais adoré, pour son audace narrative, sont histoire déjantée. Ici les pauvres seront toujours pauvres, avec un manque de soutien des associations, faute de moyens, l'instabilité politique et les crises économiques, nous passons des bas-fonds de la capitale argentine à la région de Corrientes et du P Paraguay avec sa police ultra-présente. La nouvelle qui donne son nom au recueil est la plus forte, tant elle nous en dit sur la force de ces femmes qui ne se soumettent pas au destin.
Et puis il y a l'écriture, faussement simple de l'auteure, pour mieux faire passer le fondamental et cette fascination pour la mort, l'irréel, le non-dit.
Les âmes sensibles s'abstiendront quoi que rien ne soit horrible dans ce petit recueil, qui joue sur les codes de la bienséance littéraire toute en finesse.
A lire pour un portrait sans complaisance de l'Argentine des années 1997 à 2010. Rappelons que 40% des argentins vivent sous le seuil de pauvreté (chiffres de 2019) et que la gestion actuelle avec un PIB en chute libre n'aide pas à lutter contre le chômage et la pauvreté. Toutefois, dans ce pays, riche en ressource, en cultures (l'un des pays les plus métissés au monde), on peut espérer qu'après les années Covid, la reprise économique et le soutien du FMI permettront aux classes les plus défavorisées de retrouver une dignité.
Ce premier livre traduit en français et dans 15 autres langues a été encensé par la critique littéraire française.Galerie photo des lieux des nouvelles
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Buenos Aires |
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Corrientes la ville |
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Ascuncion au Paraguay |
quartier Moreno - Buenos Aires |
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Quartier Constitution - Buenos Aires |
Extraits :
Çà fait des années que Lala a décidé d'être femme et brésilienne, mais elle est née homme et uruguayen. Aujourd'hui, c'est le meilleur coiffeur travesti du quartier et elle a arrêté de se prostituer ; prendre l'accent portugais lui était très utile pour accoster les hommes quand elle faisait la pute dans la rue, maintenant ça n'a plus de sens. Mais elle y est tellement habituée que cela lui arrive de parler au téléphone en portugais ou, quand elle s'énerve, de lever les bras au ciel en réclamant vengeance ou en implorant la Pomba Gira, son ange gardien, pour qui elle a dressé un petit autel dans un coin de la pièce où elle coupe ses cheveux, juste à côté de l'ordinateur, connecté en permanence sur des sites de tchat. (L'enfant sale)
Tous les jours je pense à Adela. Et si mes souvenirs ne surgissent pas au cours de la journée- taches de rousseur, dents jaunes, cheveux blonds trop fins, moignons à l'épaule, bottines en peau de chamois- il revient la nuit quand je rêve.
Je n’étais pas la princesse du château, mais la folle enfermée dans la tour.
Biographie :
Née
en 1973 à Bueno-sAires, Mariana
Enriquez est écrivain et journaliste.
Née d'un père ingénieur
et d'une mère médecin, elle a fait des études de journalisme à
l’université de La Plata et dirige Radar, le supplément culturel
du journal Página/12.
Elle a publié trois romans – dont le
premier à 22 ans – et un recueil de nouvelles avant "Ce que
nous avons perdu dans le feu" (Las cosas que perdimos en el
fuego, 2016), actuellement en cours de traduction dans dix-huit pays.
Son roman « Notre part de nuit » sorti en 2021 aux éditions du sous-sol est devenu un best-seller mondial et encensé par la critique littéraire mondiale.
Voir :
En savoir Plus :
http://www.editions-du-sous-sol.com/publication/avons-perdu-feu/
https://www.telerama.fr/livres/ce-que-nous-avons-perdu-dans-le-feu,154359.php
Sur l'hitoire de l'Argentine :
Sur les mythes guarani
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