L'histoire
Mitsuko tient une librairie spécialisée en livre rare. Elle vit avec son fils de 7 ans Taro, sourd-muet et sa mère. Un jour une cliente femme de diplomate lui achète pour une fortune de livres. Cette femme dont la petite fille s'est prise d'amitié pour Taro fera tout pour revoir Mitsouko.
Mon avis
Les petits livres d'Aki Shimazaki, qui écrit en français font le succès des librairies. Appréciés pour leur histoires assez courtes, poétiques, ou drôles, tout le monde devrait avoir un petit livre de cette autrice dans son sac.
En résidence littéraire à Montréal où elle vit depuis 1991, elle apprend le français et écrit des cours romans en cycles de cinq, tous inhérents à la nature humaine.Le premier cycle s'appelle le poids des secrets, le second Au cœur du Yamato, le 3ème l'Ombre du charbon dont tous les titres ont des noms de fleurs, et pour le moment le dernier cycle qui n'a pas trouvé son nom.
Dans Hôzuki (nom d'une jolie fleur japonaise rouge qui fleurit l'hiver), ce sont les coïncidences qui n'en sont pas qui sont à l'honneur. Mitsuko tient une librairie d'ouvrages d' philosophie, c'est une grande lectrice. Aidée par sa mère qui a adopté pour l’église catholique, Mitsuko n'a pas de conviction religieuses, alors que son fils Taro très curieux s'intéresse au bouddhisme tout comme l'étrange cliente qui cherche tant à nouer une amitié avec Mitsuko. Sans le savoir, elles ont une histoire commune.
L'occasion de s'interroger sur le hasard, les coïncidences ou la synchronicité. Et servi par l'écriture épurée de l'autrice qui laisse traîner son regard sur les petites joies du quotidien nous emmenant dans son monde ici enchanté.
On peut tout a fait lire les histoires indépendamment les unes des autres, tant elles sont variées et dans des registres différents.
Extraits :
Je me demande toujours qui j'étais dans mes vies antérieures et qui je serai dans mes vies futures. À chaque vie, je ne suis pas la même personne, mais l'âme demeure la même en changeant de corps éternellement. C'est comme un collier de perles sans fin. Lorsqu'une perle en croise une autre, - c'est le moment où on rencontre quelqu'un, comme nous -, ce sont les deux âmes qui se croisent.
Mitsuko, sais-tu quel est le but des religions ? C'est de libérer de la douleur de la vie et de la mort. Le bouddhisme ne fait pas exception. Ce en quoi il est différent des autres religions, c'est que les bouddhistes tentent par eux-mêmes d'atteindre l'éveil, alors que les monothéistes comptent sur leur dieu pour arriver au paradis. - Alors, quel est le but de la philosophie ? - C'est de se demander comment vivre jusqu'à la mort, pourquoi on est né dans ce monde, surtout de comprendre ce que signifie le monde.
Je me rappelle la phrase que Shôji m’a lancée une fois : « La pensée est une prérogative de l’humain. » Je ne savais pas de qui il tenait ce cliché, mais je n’y trouvais que de l’arrogance. Je lui avais dit : « Les animaux aussi parlent, observent, réfléchissent, se souviennent, ont peur, se battent, se cachent… Ils ne vivent pas seulement par instinct, ils pourraient avoir une pensée possiblement plus sage que celle des hommes. »
Devant les clapiers à lapins du zoo où elle a emmené son fils Taro pour fêter ses sept ans, Mitsuko se rappelle son secret, l'adoption de Taro, adorable métis qui s'est révélé handicapé, sourd et muet.
Chacun a une vie unique et des problèmes qui pourraient être incroyable. Comme on dit:" La réalité dépasse souvent la fiction." Mais après tout, la vie d'autrui ne regarde personne.
Si madame Sato avait connu la vérité sur ma vie et sur ma mère, elle aurait sans doute immédiatement cessé de me voir. Peu importe. Je me serais fichée de ce qu’elle aurait pensé de nous. J’ironise dans ma tête : « Se ficher de tout, cela implique-t-il être « sereine » ?
Vous me semblez mener une vie sereine », m'a dit madame Sato, qui a reçu une bonne éducation et de l'instruction. Mariée à un diplomate, elle vit dans l'aisance. « Sereine», je ne sais pas vraiment ce qu'elle veut dire. Je vis à n'en pas douter dans un monde totalement différent du sien. On ne choisirait pas le mien spontanément, sauf pour le métier de bouquiniste.
Par contre , ce dont madame Sato parle ,c'est de l'ésotérisme.Un monde spirituel qu'on ne voit pas. Je nourris des doutes quant à l'état mental des gens qui, comme elle, se préoccupent de choses pareilles. En fait , elle est complètement perdue.
Pourtant, notre relation a pris fin : Shôji m'a demandé de l'épouser et j'ai refusé. L'idée de fonder une famille avec lui, ou avec qui que ce soit, ne me tentait pas, surtout pas celle d'élever des enfants. Je voulais être libre d'obligations domestiques.
Biographie
Née au Japon en 1954, Aki
Shimazaki est une romancière québécoise. Elle est née au Japon
dans une famille dont le père est agriculteur. Durant sa jeunesse,
elle développe une passion pour la littérature. Cependant, elle
travaille pendant cinq ans comme enseignante d'une école maternelle
et a également donné des leçons de grammaire anglaise dans une
école du soir.
En 1981, elle émigre au Canada, où elle passe
ses cinq premières années à Vancouver, travaillant pour une
société d'informatique. Après cela, elle part vivre pendant cinq
ans à Toronto. À partir de 1991, elle s'installe à Montréal où,
en plus de son activité littéraire, elle enseigne le japonais. En
1995, à l'âge de 40 ans, elle commence à apprendre le français
tant par elle-même que dans une école de langue. Puis, elle
commence à écrire en français de courts romans. Tous les titres de
ces livres portent un mot japonais.
Pour son premier roman
"Tsubaki" (1999), elle a obtenu le Prix de la Société des
écrivains canadiens et a été finaliste du Prix Littéraire de la
Ville de Montréal 1999 et du Grand Prix des lectrices Elle Québec
2000. Pour "Hamaguri" (2000), elle s'est méritée le prix
Ringuet 2001 et a été finaliste pour le Prix des Cinq Continents de
la Francophonie 2001.
Ses premiers romans sont publiés dans la
collection "Un endroit où aller" chez Leméac/Actes Sud.
Il s'agit d'une série de cinq titres, un premier cycle intitulé "Le
poids des secrets" (1999-2004), qui racontent la même tragédie,
mais chaque fois sous angle différent puisque le narrateur change
d'un roman à l'autre. Elle a remporté le Prix littéraire
Canada-Japon du Conseil des Arts du Canada 2004 pour "Wasurenagusa"
(2003) et le Prix du Gouverneur général du Canada 2005 pour
"Hotaru" (2004).
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