L'histoire
Émile, 26 ans est atteint d'un Alzheimer précoce et dégénératif qui lui donne 2 ans à vire au mieux . Il n'a nullement envie de rester allongé sur un lit d'hôpital à attendre des essais cliniques qui de toutes façons ne le guériront pas. En cachette de sa famille et de ses amis, il part en camping car avec Johanne une jeune femme mystérieuse qui parle peut mais qui est d'une redoutable efficacité. Un road movie dans les Pyrénées, avec des amitiés qui se nouent, un drôle de mariage et un vent de fraîcheur en attendant la fin.
Mon avis
Voilà un livre qui a beaucoup fait parler de lui et a reçu des critiques prestigieuses. Il en fallait pas moins pour oser s'aventurer sur le délicat sujet de la fin de vie. Ici, le héros choisit de vivre ces derniers jours en totale liberté. Découvrir des paysages magnifiques et aussi nouer des amitiés profondes. Et puis il y a ce personnage magnifique de Johanne, femme discrète mais dévouée. Elle aussi a souffert de quelque chose et pleine d'empathie et de résilience, elle n'abandonne pas cet homme parfois désemparé, sujet à crises de black out.
La maternité est mise en avant. Celle que refuse Émile à son premier amour Laura, celle perdue par Johanne, et l'attitude de cette femme meurtrie qui devient la maman du héros au fur et à mesure que celui-ci perd la mémoire et régresse dans l'enfance ;
La beauté des paysages, les amitiés nouées font tout le charme de ce livre.
Ce voyage est au fond une quête de soi, de sa propre résilience et de la compassion. Johanne mutique est aussi une femme pragmatique, qui ne va jamais lâcher la tâche qu'elle s'est elle-même confiée. Les personnages féminins dans ce livre sont des femmes fortes, même si elles ont des apparences fragiles. Ce sont les porteuses de vie et d'amour. Sans tomber dans le cliché, mais rien que par le choix des prénoms Émile, Léon sont des prénoms du passé. Johanne, Laura, Laëticia des prénoms actuels.
Hélas, le roman aurait gagné en légèreté si l'auteure avait réduit les histoires d'amour passées des deux protagonistes qui en plus sont des redites qui n'apportent rien à l'intrigue. Et allégé le pathos qui entoure les derniers moments de la vie d'Emile, la simplicité est parfois bien plus touchante que le surplus.
Et puis il y a des références à des auteurs sous forme de citations et un peu trop de Paolo Coelho à mon goût, gourou new-âge qui aligne des vérités que l'on sait déjà.Un roman à lire si vous avez votre boite de mouchoirs, mais je reste mitigée. Certes l'écriture est facile, sans effets littéraires, mais il y a un peu de « trop » dans ce livre.
Biographie :
Née en 1990 à Lyon, Mélissa Da Costa suit des études d’économie et de gestion à l'Institut d'administration des entreprises de Lyon (IAE) (2008-2011), elle est chargée de communication dans le domaine de l’énergie et du climat.Elle suit également des formations
en aromathérapie, naturopathie et sophrologie.
"Recherche
compagnon(ne) de voyage pour ultime escapade" (2017), sortie en
librairie sous le titre "Tout le bleu du ciel" (2019), est
son premier roman. Salué par la presse, il a reçu le prix du jeune
romancier au salon du Touquet Paris Plage.
Extraits :
Je pourrais vous faire une liste des raisons qui m’ont poussé à partir. Ça pourrait vous aider à comprendre et à me pardonner. Vous pourriez en trouver au moins une qui serait valable, pour chacun d'entre vous. La première et la plus évidente, c’est que je ne veux pas de cet essai clinique et que je ne veux pas crever branché à des électrodes. Je ne veux pas être un rat de laboratoire. Si la maladie doit m’emporter, qu'elle m'emporte, mais par pitié que tous ces médecins me fichent la paix !
L’effort physique permet au mental de totalement lâcher prise. Les pensées se succèdent en tourbillon, mais un tourbillon calme et serein. À certains moments on est à peine conscients qu’on pense. Il y a des souvenirs qui remontent tout doucement, qui s’imposent sans provoquer d’émotions douloureuses. On les regarde avec une certaine distance et avec bienveillance.
Si nous pleurons parce que le soleil n’est plus là, nos larmes nous empêcheront de voir les étoiles.
Son visage est baigné de la lueur dorée du coucher de soleil, ce qui accentue encore l’irréalité de la situation. Émile songe : cette fille est un poème.
À faire de vivre dans le passé comme tu dis, ou dans l'angoisse du futur, on finit par oublier qu'il y a de la beauté dans tout... ou presque tout... Quand on est enfant, on le fait naturellement, non ? On s'émerveille devant... devant un caillou qui a des reflets argentés ou... ou devant une plume. On ramasse des pissenlits et on s'extasie devant leur jaune intense. Après ça, on trouve ça laid, les pissenlits... On les considère comme des mauvaises herbes.
Quand on ne peut revenir en arrière, on ne doit se préoccuper que de la meilleure façon d'aller de l'avant.
Accepter de recevoir est un geste de générosité, tu sais... Peut-être encore davantage que le fait de donner.
..marcher seule... On se retrouve plongé en soi, on n’ est plus vraiment conscient de ce qui se passe autour. L’ effort physique permet au mental de totalement lâcher prise. Les pensées se succèdent en tourbillon, mais un tourbillon calme et serein. À certains moments on est à peine conscient qu’on pense. Il y a des souvenirs qui remontent tout doucement, qui s’imposent sans provoquer d’émotions douloureuses. On les regarde avec une certaine distance et avec bienveillance.
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