vendredi 15 juillet 2022

Terry Tempest Williams – Refuge – Gallmeister – Totem - 2022


 


L'histoire

Terry Tempest romance l'histoire de sa famille, qui vit près du Grand Lac salé, à Salt Lake Cit (Utah – Usa). Passionnée d'ornithologie, elle vient faire des recensements des nombreuses espèce d'oiseaux qui vivent dans les marais autour du Grand Lac. En 1993, en raison de pluie importantes, la hauteur du lac atteint le record de 1283,7 m, alors qu'il ne doit pas dépasser les 1282 m. Des inondations noient les marais et chassent les oiseaux. En parallèle, sa mère, déjà victime d'un cancer de sein est atteinte d'un cancer des ovaires, auquel elle ne survivra pas. Très soudée la communauté familiale se ressert. Mais Terry a bien son idée sur ces cancers qui atteignent les femmes depuis quelques années.


Mon avis

Vous 'avez pas besoin d'être un passionné d'ornithologie pour lire ce livre assez enchanteur. En racontant son histoire familiale, l'auteur nous parle de son amour pour sa région et dévoile un scandale important.

L'augmentation des cancers chez les femmes seraient certainement due à des essais nucléaires menées par l'Armée dans le désert du Nevada jusqu'à leur interdiction en 1992. De plus l'exploitation des mines d'uranium, de charbon et de gaz de schiste ont pollué les sols des États du Colorado, de l’Utah, du Nouveau Mexique. Leur exploitations est aujourd'hui terminée (hormis le gaz de schiste) devant les protestation des populations. On se souvient qu'en 1979, la digue du bassin de décantation de la mine d’uranium de Church Rock, au Nouveau-Mexique, se rompit,elle relâcha plus de mille tonnes de déchets radioactifs et plus de 350 millions de litres d’eau acide et radioactive dans le Rio Puerco qui approvisionne en eau une partie de la Nation Navajo.

Mais le charme de ce roman tient à ce lien ténu entre la nature et l'humain. Salt Lake City a été fondée par une communauté de mormons, qui réussirent à implanter une activé agricole dans cette zone désertique. Loin des clichés que l'on peut avoir, les mormons sont certes des chrétiens respectant les vœux d'entraide physique et morale, ne pas vivre au dessus de ces moyens, et surtout respecter la nature et toutes les espèces du vivant ou du non vivant car « Dieu se trouve en chaque chose ». Élevée dans cette tradition, mais sans excès, Terry aime plus que tout la nature dont elle connaît chaque détail. C'est aussi un roman sur la résilience. Alors que les eaux du lac montent, les tumeurs de sa mère s'amplifient. Il faut apprendre à vivre avec le chagrin de la perte, mais aussi l'espoir que la nature redeviendra ce qu'elle fut. Les oiseaux de ce livre sont revenus nicher au Grand lake, et illuminer le ciel de l'infini espoir qui nous maintient en vie, quelque soient nos croyances privées.

Il semble d'ailleurs que certains aspects de la philosophie mormone se croisent avec celles des Indiens Navajos dont la Grande Réserve s'entend sur les 4 états cités plus haut (les four corners).

Un livre qui, malgré la tragédie, nous offre la beauté de la nature. Extrêmement documenté, il reste aussi très actuel avec les crises énergétiques que nous connaissons, mais aussi avec les crises climatiques.


Biographie :

Terry Tempest Williams est née en 1955 dans le Nevada et a grandi dans l’Utah. Naturaliste et activiste engagée dans la défense des droits des femmes, son combat pour la préservation de l’environnement l’amène à témoigner devant le Congrès à plusieurs reprises. Elle y dénonce les effets des essais nucléaires réalisés dans le désert du Nevada et qui sont alors minorés par le gouvernement. Auteur de nombreux récits, essais et poèmes, elle est aujourd’hui une voix incontournable de l’Ouest américain.


Extraits :

  • Je prie les oiseaux parce que je crois qu'ils portent les messages de mon cœur vers les cieux. Je prie les oiseaux parce que je crois en leur existence, en la façon dont leurs chants commencent et finissent chaque journée - invoquant et bénissant la Terre. Je prie les oiseaux parce qu'ils me font penser à ce que j'aime et non pas à ce que je redoute. Et à la fin de mes prières, ils m'enseignent comment écouter"

  • quand Émily Dickinson écrit: "L'espoir est cette chose avec des ailes qui se perche dans l'âme", elle nous rappelle, comme le font les oiseaux, la force pragmatique et libératoire de la foi.

  • Les paysages que nous connaissons et auxquels nous retournons deviennent des lieux de consolation. Nous nous sentons attirés par eux en raison des histoires qu'ils nous racontent, des souvenirs qu'ils renferment, ou simplement en raison de leur beauté pure qui, sans cesse, nous interpelle et nous appelle.

  • Ne dis rien, me répétait Maman. Tu sais ce que toi tu penses, c'est ça qui compte.Et pendant de nombreuses années, c'est ce que j'ai fait : j'ai écouté, j'ai observé et j'ai forgé mes opinions en silence, au sein d'une culture qui pose rarement de questions parce qu'elle détient toutes les réponses.

  • Les premières étoiles apparaissent. Un croissant de lune. (…) Le calme du désert m'éclaire comme une traînée de lumière sur l'eau.

  • J’ai été élevée dans la croyance en un monde spirituel, dans l’idée que la vie existe avant sa manifestation terrestre et continuera à exister après, que tous les êtres humains, les oiseaux, les joncs, et toutes les autres formes d’existence avaient une vie spirituelle avant d’apparaître physiquement sur terre. Que tous occupaient une sphère d’influence qui leur avait été assignée ; que tous ont une place particulière, que tous servent à quelque chose.

  • Je veux voir cette mer intérieure comme une représentation de la Femme – de moi-même – dans son refus de se laisser domestiquer. L'Utah peut bien essayer de l'endiguer, dévier le cours de ses eaux, entrecouper ses rives de routes, cela ne changera rien au bout du compte. Elle nous survivra. En elle, je reconnais la nature sauvage, brute et indépendante. Elle me dépouille de tout stratagème, de tout conditionnement, et elle me déclare : "Je ne suis pas ce que tu vois. Interroge-moi. Tiens-t'en à tes propres impressions."
    On nous apprend à ne pas nous fier à nos propres expériences. Cette mer m'apprend que l'expérience, c'est tout ce que nous avons.

  • Les oiseaux ont le pouvoir de dénouer les fils de mon chagrin.

  • Tout ce que nous avons, c’est l’instant présent.

     

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