L'histoire
Marcus Goldman, jeune écrivain qui vient de rencontrer un immense succès est en panne d'inspiration, alors que son éditeur le presse de sortir un nouveau roman. A même moment, son professeur et ami de toujours, Harry Quebert est placé en garde à vue pour le meurtre d'une jeune fille de 15 ans Nola, qui fit son grand amour 30 ans plus tôt. Persuadé de l'innocence de son mentor, Marcus va mener l'enquête.
Mon avis
Pour ce deuxième roman, Joël Dicker a fait très fort. Écrire un livre dans le livre, un vrai bon suspense, bien ficelé et agréable à lire.
Bon c'est un polar et ce n'est pas le livre le plus merveilleux du monde, mais au moins d'est addictif. Le roman est très bien structuré, nous naviguons entre 3 époques. L'année 1975 voit naître une passion interdite entre l'émérite professeur Harry Quebert qui vient d’emménager dans le New-Hampshire, dans une belle villa tranquille pour écrire. Il y rencontre Nola, une fascinante jeune fille de 15 ans, alors qu'il en a 34. Cet amour interdit par la loi sur la protection des mineurs ne peut se vivre au grand jour. Mais il inspire à Quebert le roman qui fera de lui un très grand écrivain. Mais Nola a disparu mystérieusement et les enquêtes de la police ne donnent rien.
En 2003, Harry rencontre le jeune Marcus, assez imbu de lui-même même si il cède à la facilité. Le jeune homme veut devenir écrivain, à succès si possible, mais il est un peu paresseux, mène une vie sans discipline même si il réussit brillamment dans une université de seconde zone. Pris en charge par Quebert, l'étudiant apprend la rigueur, la boxe, une bonne hygiène de vie et finit par publier un best-seller dont il profite joyeusement.
En 2008, Marcus a perdu l'inspiration et son éditeur s'impatiente de plus en plus. C'est alors qu'éclate l'affaire de Nola, dont le cadavre est retrouvé dans le jardin de Quebert. Persuadé de l'innocence de son ami, Marcus va tout faire pour rechercher la vérité dans la petite ville d'Aurora (fictive) où vit son ami.
Dicker a l'art et la manière de procéder en se mettant peut-être aussi un peu en scène lui-même. En grand connaisseur de l'Amérique et de la région de la « Nouvelle Angleterre », où il a vécut, il en profite pour tacler la société américaine d'une petite ville où tout se sait et tout se tait.
Le monde de l'édition en prend aussi pour son grade. Comment on fabrique un best-seller en coulisse, les campagnes de promotions prévues à l'avance, les petits arrangements avec la vérité. Mais c'est surtout la vie d'une petite communauté qui est démontée. Avec tous les travers, peut-être un peu caricaturaux, des petits gens. La mère qui veut marier sa fille a un bon parti, le racisme latent (nous sommes en 2008, l'année où le premier président noir Obama sera élu), les jalousies, les mensonges pour se faire bien voir. Et aussi une interrogation sur comment écrire un best-seller, exercice particulièrement réussi pour Dicker dont les livres sont toujours des succès littéraires. Mais on peut regretter une écriture trop classique et linéaire, et surtout des clichés et des réflexions qui ne sont pas assez étayées.
En en 1968, le grand prix de l'Académie Française était revenu Belle du Seigneur. En 2012 l'académie récompense un polar bien fait certes. Mais nous ne sommes pas chez Chandler, James Ellroy, Hammet ou les grands noms des polars (un genre que j'apprécie certes mais quand il y a derrière un vrai fond).
C'est vrai que depuis Dicker s'est amélioré mais en restant toujours un peu sur la même trame, souvent une affaire dans l'affaire ou un polar à tiroirs. Pour résumer, c'est page turner, mais ce n'est pas de la haute littérature non plus.
Extraits :
Vous essayez de me parler d'amour, Marcus, mais l'amour c'est compliqué. L'amour, c'est très compliqué. C'est à la fois la plus extraordinaire et la pire chose qui puisse arriver. Vous le découvrirez un jour. L'amour, ça peut faire très mal. Vous ne devez pas pour autant avoir peur de tomber, et surtout pas de tomber amoureux, car l'amour, c'est aussi très beau, mais comme tout ce qui est beau, ça vous éblouit et ça fait mal aux yeux. C'est pour ça que, souvent, on pleure après.
Environ une demi-seconde après avoir terminé votre livre, après en avoir lu le dernier mot, le lecteur doit se sentir envahi d’un sentiment puissant; pendant un instant, il ne doit plus penser qu’à tout ce qu’il vient de lire, regarder la couverture et sourire avec une pointe de tristesse parce que tous les personnages vont lui manquer.
Le seul à savoir si Dieu existe ou n'existe pas, c'est Dieu lui-même.
Être avec Nola, c'était vivre vraiment. Je ne saurais pas vous le dire autrement. Chaque seconde passée avec elle était une seconde de vie vécue pleinement. Voilà ce que signifie l'amour, je crois.
Je vous déteste, l'écrivain, tenez-vous-le pour dit. Ma femme a lu votre bouquin : elle vous trouve beau et intelligent. Votre tête, à l'arrière de votre livre, a trôné sur sa table de nuit pendant des semaines. Vous avez habité dans notre chambre à coucher ! Vous avez dormi avec nous ! Vous avez dîné avec nous ! Vous êtes parti en vacances avec nous ! Vous avez pris des bains avec ma femme ! Vous avez fait glousser toutes ses amies ! Vous avez pourri ma vie !
Vous savez ce qu'est un éditeur ? C'est un écrivain raté dont le papa avait suffisamment de fric pour qu'il puisse s'approprier le talent des autres.
Et je m'étais dit qu'une étoile filante, c'était une étoile qui pouvait être belle mais qui avait peur de briller et s'enfuyait le plus loin possible. Un peu comme moi.
Après les hommes, il y aura d'autres hommes. Après les livres, il y a d'autres livres. Après la gloire, il y a d'autres gloires. Après l'argent, il y a encore de l'argent. Mais après l'amour, Marcus, après l'amour, il n'y a plus que le sel des larmes.
Les livres sont devenus un produit interchangeable : les gens veulent un bouquin qui leur plaît, qui les détend, qui les divertit. Et si c'est pas toi qui le leur donnes, ce sera ton voisin, et toi tu seras bon pour la poubelle.
Cette année 1998 fut également celle de l'affaire Lewinsky. 1998, année de pipe présidentielle, au cours de laquelle l'Amérique découvrit avec horreur l'infiltration de la gâterie dans les plus hautes sphères du pays, et qui vit notre respectable Président Clinton contraint à une séance de contrition devant toute la nation pour s'être fait lécher les parties spéciales par une stagiaire dévouée.
Sur mon compte Facebook, je passai en revue la liste de mes milliers d'amis virtuels; il n'y en avait pas un que je puisse appeler pour aller boire une bière.
Couper des arbres pour imprimer des torchons pareils, c'est criminel. Il n'y a proportionnellement pas assez de forêts pour le nombre de mauvais écrivains qui peuplent ce pays.
Blocage mental, Marcus, voilà ce que c'est ! Les pages blanches sont aussi stupides que les pannes sexuelles liées à la performance: c'est la panique du génie, celle là même qui rend votre petite queue toute molle lorsque vous vous apprêtez à jouer à la brouette avec une de vos admiratrices et que vous ne pensez qu'à lui procurer un orgasme tel qu'il sera mesurable sur l'échelle de Richter.
C’est la beauté du droit en Amérique : lorsqu’il n’y a pas de loi, vous l’inventez. Et si on ose vous chercher des poux, vous allez jusqu’à la Cour Suprême qui vous donne raison et publie un arrêt à votre nom : Goldman contre Etat du New Hampshire.
Je compris que pour être formidable, il suffisait de biaiser les rapports aux autres ; tout n'était, finalement, qu'une question de faux-semblant
Le jour tombait et la nuit promettait d'être douce et belle; le genre de soirée d'été qu'il fallait magnifier avec des amis, en mettant des énormes steaks sur le grill tout en sirotant de la bière. Je n'avais pas les amis, mais je pensais avoir les steaks et la bière.
Et j'ai réalisé à cet instant, à cause de cette fille de quinze ans, que je n'avais certainement jamais connu l'amour. Que beaucoup de gens n'avaient certainement jamais connu l'amour. Qu'ils se contentaient au fond de bons sentiments, qu'ils se terraient dans le confort d'une vie minable et qu'ils passaient à côté de sensations merveilleuses, qui sont probablement les seules à justifier l'existence.
Bibliographie
En savoir Plus :
Sur le roman
https://fr.wikipedia.org/wiki/La_V%C3%A9rit%C3%A9_sur_l%27affaire_Harry_Quebert
https://www.telerama.fr/livres/la-verite-sur-laffaire-harry-quebert,86919.php
https://www.bacdefrancais.net/verite-sur-affaire-harry-quebert-coup-de-foudre.php
Sur la série adaptée par Netflix
https://vodkaster.telerama.fr/series-tv/la-verite-sur-l-affaire-harry-quebert/66641
https://www.youtube.com/watch?v=4oQUARVmDpE
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